Michel Maffesoli est un sociologue français, auteur de plusieurs ouvrages éclairants sur notre société contemporaine.
Dans "Etre postmoderne", l'auteur émet une idée simple: Nous avons définitivement tourné la page d'une époque, la modernité, pour en ouvrir une autre, celle que l'on vit actuellement, la postmodernité.
La modernité, qui a débuté à la fin du moyen âge avec la Renaissance s'est caractérisée par le règne de la Raison et s'est appuyée sur la révolution scientifique pour essayer d'expliquer, contrôler et maitriser l'Homme et la Nature. C'est la domination des conceptions et théorisations abstraites et du calcul rationnel et froid qui a rompu avec la spiritualité et les traditions. En bref, c'est le début de ce que l'on appelé
Le Progrès et qui a culminé à l'époque des Lumières.
Ceci a eu pour conséquence, un individualisme exacerbé et un renfermement de l'Homme sur lui même.
La postmodernité est au contraire le retour du sensible ou de ce que Maffesoli appelle la raison sensible. Cette nouvelle époque fait la part belle à l'affect, au sacré, à l'inconscient et à l'invisible. Bref, c'est le retour d'un romantisme et d'une horizontalité puisant dans les traditions, dans la communion avec ses semblables et son habitat et dans l'expérimentation du Réel et du présent.
Notre nouvelle époque est celle du retour d'un Humanisme Intégral, réconciliant le corps et l'âme, complétant le matérialisme asséché de la modernité par cet immatériel spirituel indispensable et qui fonde la condition humaine.
Ce qui est déroutant dans cette analyse, c'est l'optimisme original de l'auteur quant à notre époque. Il est convaincu que cette nouvelle énergie "juvénile" et "Dionysiaque" qui se manifeste par exemple dans les évènements sportifs, les concerts musicaux, les nouvelles formes de solidarité et de partage y compris via les réseaux sociaux, promettraient un avenir réjouissant.
Pour ma part, je demeure assez sceptique et ne partage pas totalement cet optimisme. En effet, l'auteur n'aborde que très rarement les ravages du progrès technologique dogmatique (Le transhumanisme promu par la Silicone Valley), le nihilisme contemporain, l'accroissement des inégalités et la crétinisation des masses. Tares indéniablement encore présentes dans cette époque postmoderne.