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EAN : 9782130857976
338 pages
Presses Universitaires de France (18/10/2023)
4/5   1 notes
Résumé :
Les philosophes continentaux ont-ils aujourd’hui rompu avec Kant ? Se sont-ils finalement rangés au darwinisme mental des cognitivistes ou au totalitarisme mathématique des « réalistes spéculatifs » ? Une attaque radicale des structures de la connaissance supposées inébranlables depuis la Critique de la raison pure est bel et bien à l’œuvre. Arbitraire, la synthèse a priori, discutable, la finitude de la connaissance, improbable, la nécessité... >Voir plus
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Contre le réalisme spéculatif de Meillassoux, Malabou va défendre une théorie singulière pour repenser Kant et l'inscrire dans le débat contemporain : il ne s'agit rien de moins que de repenser le transcendantal et admettre la rationalité elle-même comme épigénétique.
Une épigenèse transcendantale. Oui, l'idée est séduisante : les catégories ne sont pas prédéterminées, elles ne sont pas génétiques, elles sont épigénétiques, elles se redéterminent. Non seulement elles se forment épigénétiquement, mais l'a priori lui-même est une oeuvre d'épigenèse. Kant lui-même use de l'analogie biologique. Mais est-ce autre chose qu'une analogie (question bien discutée dans le livre) ? Pourquoi aller jusqu'à biologiser le transcendantal ? N'est-ce pas ici confondre la raison comme fait et le fait de présence de la raison ? de fait, une théorie de la connaissance peut bien s'intéresser à l'amendement (dis)continuel des catégories, mais la notion même de transcendantal, par définition plus que par idéologie, interdise que l'on prenne la raison pour autre chose qu'une raison "pure", que la causalité physico-biologique ne ferait qu'autoriser a priori en tant que causalité générique et permettre a posteriori en tant que causalité physico-biologiquement déterminée sans jamais constituer a priori la nature du transcendantal (si celui-ci est a priori épigénétique, il ne se laisse pas avoir par une déterminabilité, l'espèce de puissance d'amendement que porte le transcendantal se détermine toujours comme condition indépendante des dispositions neurobiologiques). Une épigenèse transcendantale implique t-elle nécessairement des considérations biologiques ? Je le réfute, car impliquer la correctivité des catégories peut tout à fait se comprendre en un sens logique, de telle sorte que la neurobiologie ne soit "qu'un" parallèle qui explique la possibilité déterminée de la manifestation de cette correctivité logique, que l'on constate à son propre niveau, et qui explique pourquoi les circonstances nous mènent à choisir - en tant qu'hommes et non en tant qu'êtres raisonnables - une correction a priori possible qui ne l'était pas nécessairement dans un ancien paradigme - pour qu'il y ait de la raison chez les hommes, il faut a priori qu'il y ait disposition biologique, sans préciser a priori la détermination de cette disposition, mais c'est bien parce que la raison est comprise a priori sans référence à une disposition biologique, y compris interactive. Je ne trouve pas suffisamment d'arguments du contraire, quoique le live soit très bien amené par ailleurs : la distinction entre le normatif et le non-normatif demeure, et si Kant lui-même va traiter de la raison comme un fait il ne vient jamais confondre cette raison factuelle, telle qu'elle développe la raison transcendantale (normative), et le fait de présence de la raison, qui est tout autre chose. Si les catégories ne se laissent amender, comment peut-on décemment admettre la distinction entre le logique et le biologique ? L'interactivité est ici comprise comme véritable constituant, si ce n'est déterminant, de la théorie de la connaissance. Mais cela ne suffit pas comme argument : les mathématiques constituent un exemple qui nous montre en quoi l'interactivité est pensable dans sa légitimité sans référence à la neurobiologie. Au lieu de remettre en cause le remplacement de la référence mathématique du réalisme spéculatif par le modèle neurobiologique de Malabou, ne faudrait il pas cependant admettre la profonde possibilité, pour la neurobiologie, de renforcer notre compréhension du transcendantal, d'être l'occasion de découvertes logiques et psychologiques sur notre pouvoir de connaitre ? Si, sans aucun doute : mais ce serait là une découverte par la neurobiologie en tant qu'elle permet l'expression d'une catégorie transcendantale, pas une détermination de cette catégorie elle-même (si B manifeste A sans être A, on peut bien remonter à A à partir de B sans déterminer A par B).
Le transcendantal se reconduit, il se corrige, se détermine, tout en conservant un caractère irréductible - phénoménologiquement irréductible. Telle serait plutôt ma conclusion : le transcendantal est une espèce de pouvoir noétique - pour qu'il y ait raison, il faut a priori qu'il y ait tel pouvoir épigénétique, qu'importe le support qui le permet.
Cette étude du transcendantal se concentre sur Kant, en particulier sur quelques paragraphes de la Critique de la raison pure et de la Critique de la faculté de juger. le but n'est rien de moins de montrer que Kant peut très bien s'insérer dans le dialogue contemporain et de critiquer le réalisme spéculatif. Mais, tout de même, bien des positions de la phénoménologie transcendantale pourraient être utiles.
Du fait de toutes ces remarques, je suis évidemment en accord sur sa critique de Meillassoux sur le transcendantal - j'accepte l'épigenèse, pas la biologisation (aussi curieux et absurde que cela semblerait à Malabou), et justement. Reste qu'il y a un autre point tout aussi important : la pensée de la contingence, que Malabou affirme plus radicale chez Kant que chez Meillassoux. Chez celui-ci, seule la contingence est nécessaire (sa réponse au problème de Hume). Cela ne change finalement rien au monde, pour Malabou. La finitude kantienne, comprise avec l'épigenèse, permet au contraire une pensée de la contingence plus féconde, en inscrivant la contingence à même la rationalité. Sans doute, mais les deux discours sont-ils si irréconciliables ?
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