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EAN : 9782907993869
59 pages
Syllepse (16/12/1998)
4.33/5   3 notes
Résumé :
En 1947, Jean Malaquais, auteur des Javanais et de Planète sans visa, s'attaquait à Aragon, devenu stalinien. Un texte violent et court qui garde encore aujourd'hui son actualité.

Édition comprenant des annexes avec des citations d'Aragon et des surréalistes opposés à Aragon.
Le surréalisme fut un mouvement international dont beaucoup d'aspects, d'œuvres et de participants demeurent imprévisibles, méconnus, délaissés. Il recèle encore beaucoup ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Et maintenant je vais me laver les mains et me rincer la bouche


En ces temps ou la « nation » et son exceptionnalité semblent reprendre du souffle… au nom de la crise, le déni par certain-e-s de l'impérialisme français et de son complexe militaro-industriel, de la barbarie colonisatrice et des territoires toujours colonisés – sans oublier la négation du droit à l'autodétermination des peuples… un petit retour sur le cas particulier d'un ex-poète, ex-surréaliste, devenu nationaliste cocorico et nationaliste stalinien.

Gérard Roche présente le texte de Jean Malaquais. Il revient sur son contexte, les évolutions de Louis Aragon, André Gide… et en référence à Anatole France, « il n'y avait plus lieu de « s'alarmer outre mesure que cet homme comme à faire de la poussière » ».

« Je ne connais pas de mélange plus curieux de hargne, de glande lacrymale et de constipation chronique que cette dame qui se sent toute chose quand sur un manche à balai on hisse les couleurs de « sa » patrie, ce monsieur qui s'étrangle d'émotion quand bat le tambour de « son » régiment ». Jean Malaquais, avec un humour souvent dévastateur, s'en prend à la « fanfreluche officielle », à ces « notre » – « nos », à celles et ceux qui pensent que leur pays à inventé « la plupart des choses dont parlent les encyclopédies, depuis l'amour romantique jusqu'au fil à couper le beurre », aux démagogues de cirque et à leurs gammes oratoires, à Louis Aragon en rappelant son passé et son évolution à rebours, sa liquéfaction « sous la dissolvante emprise des normes bourgeoises », sa passion « celle de la Russie sous Staline ».

Jean Malaquais parle du « bénitier stalinien », de prose et de morale, de rimes et de balles, d'André Gide, des procès de Moscou, des soutiens à la grande boucherie de 1914, de celles et ceux qui propagèrent la soit-disant « démocratie soviétique », des xénophobes à tous crins, des funambules macabres… Les citations choisies sont bien des moments de « poésie de la bassesse »…

« Que le patriote bêlant dont l'oreille et le foie s'épanouissent au cocorico d'Aragon ne se gêne pas ; il le trouvera dans la poubelle au bas de mon escalier, et il peut l'y ramasser. Et maintenant je vais me laver les mains et me rincer la bouche »

Le texte est compété par une petite biographie de Jean Malaquais, apatride par choix, auteur entre autres de Planète sans visa, ainsi que part un dossier Aragon dont des pages à la gloire du « camarade Staline ».

« Toute l'eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuelle » – Lautréamont

Et relire par exemple Benjamin Péret… (Barthélémy Schwartz : Benjamin Péret l'astre noir du surréalisme)
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le prototype du patriote professionnel apatride , celui qui a atteint une espèce de grandeur dans le maniement du bénitier stalinien , est le dénommé Louis Aragon , poète par la grâce des dieux , clarinette par la grâce de Saint Joseph : Louis Aragon , ex-dadaïste , ex-surréaliste , auteur du " Con d'Irène " , du " Paysan de Paris " , du Traité du style " , ex-lui-même ; Louis Aragon qui écrivait : " Qu'il me soit permis , ici , chez moi , dans ce livre , de dire à l'armée française que je la conchie " , ( je cite de mémoire ) -- Qui écrivait comme ça quand il avait du génie : Louis Aragon qui , tel le barde de service de l'Ouzbékistan , s'époumonait : " Hourra l'Oural " -- Qui s'époumonait comme ça quand il n'avait plus guère de génie ; Louis Aragon qui , plus cocardier que feu Déroulède s'égosille de la voix des coqs : " ... jamais éteint , renaissant de sa braise , perpétuel brûlot de la patrie . " Qui s'égosille comme ça quand , en fait de génie , il lui reste des briques .

Mais , peut-être suis-je injuste , peut-être me laissant aller avec complaisance au franc dégout que m'inspire la profession de patriote apatride , suis-je trop content d'accabler le nommé Louis Aragon . L'accabler au point de lui dénier une once de vraie émotion . peut-être au prix de mon écœurement a-t-il gagné d'autres adhésions plus valables , plus désintéressées que la mienne .
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" Il y a une poésie de la bassesse " , écrit en se regardant dans la glace , le nommé Louis Aragon , à propos des " pages de journal " ( 1939-1942 ) d'André Gide ; et , dans le même texte , lequel en fait de bassesses est son chef-d'œuvre , il ajoute : " Je sais qu'il ne manquera pas de gens pour dire que vraiment on voit un peu trop d'où me vient la dent que je lui conserve ; " -- Eh bien , Dieu merci non , il ne manquera pas . Trop de gens savent en effet qu'Aragon pâmait d'aise à d'aise à toute virgule échappée de la plume de Gide quand Gide pensait que l'URSS ce qu'Aragon estime obligatoire que l'on en pense , et qu'il ne se lasse pas d'exiger la peau de Gide depuis que Gide ose penser qu'en URSS , on la crève . Trop de gens savent à quels nobles sentiments obéissent les véhémentes protestations d'Aragon contre le retour de Gide " parmi nous qui regardons encore des vides sanglants à nos cotés " -- TROP , trop , trop de gens . Mais si quelque naïf ne le savait point , Aragon en personne se charge de l'apitoyer sur les plaies de son cœur , cette dent , petit naïf , Je la lui garde à cause de ses deux livres sur son voyage au pays de ma flamme . Ce mortel péché -- Aragon ne dormira pas tranquille , Jeanne d'Arc ne cessera de renifler ses larmes -- tant que Gide ne l'expie pas dans son sang .
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Le prototype du patriote professionnel apatride, celui qui a atteint une espèce de grandeur dans le maniement du bénitier stalinien, est le nommé Louis Aragon poète par la grâce des dieux, clarinette par la grâce de saint Joseph : Louis Aragon, ex-dadaïste, ex-surréaliste, auteur du «con d’Irène», du «Paysan de Paris», du «Traité du Style», ex-lui-même.
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Je ne connais pas de mélange plus curieux de hargne, de glande lacrymale et de constipation chronique que cette dame qui se sent toute chose quand sur un manche à balai on hisse les couleurs de « sa » patrie, ce monsieur qui s’étrangle d’émotion quand bat le tambour de « son » régiment
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Que le patriote bêlant dont l’oreille et le foie s’épanouissent au cocorico d’Aragon ne se gêne pas ; il le trouvera dans la poubelle au bas de mon escalier, et il peut l’y ramasser. Et maintenant je vais me laver les mains et me rincer la bouche
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