Je trouve tout à fait incroyable d'être le premier à écrire une critique de ce livre magnifique d'
André Malraux.
En février 1933, après l'incendie du Reichstag, Hitler frappa le parti communiste : près de 4000 de ses militants furent alors arrêtés, dont son chef, Thaëlmann. Tous les partis furent successivement dissous à l'exception du parti national-socialiste qui fut érigé en parti unique le 14 juillet 1933. Voilà le décor dans lequel s'inscrit ce roman injustement oublié de
Malraux.
Son héros, Kassner, échappe à la prison et à la mort grâce à un détenu communiste qui prétend être Kassner pour préserver un cadre important du parti.
Dans un très beau passage où le véritable Kassner retrouve la femme qu'il aime, Anna, celle-ci lui demande : "ils ont accepté la fausse identité ?
- Quelqu'un a déclaré qu'il était Kassner.
Elle leva les yeux dans un silence si précis qu'il put répondre :
- Non, je ne sais pas qui ...
Elle s'assit sur le divan, près de la fenêtre. Elle se taisait et le regardait comme si une part de lui même était restée dans la mort avec celui qui s'était livré."
Peu de femmes laissent une empreinte forte dans les romans de
Malraux. Anna fait exception. Sans doute ce personnage de femme lui est-il inspiré par celle dont il était alors très amoureux,
Josette Clotis.
Comme dans tous les romans de
Malraux (ou presque) la politique est bien présente ; mais je vois aussi dans ce livre une relation d'amour qui me rend son auteur plus proche et plus attachant.