AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782824618357
240 pages
City Editions (17/03/2021)
4.11/5   79 notes
Résumé :
Survivre à un père abusif. Se reconstruire après une enfance brisée

Aux yeux de tout le monde, la famille de Betty est dévouée et aimante. Dans son village de la région parisienne, elle donne l'impression d'une famille parfaite avec un père qui travaille dans l'informatique et une mère au foyer modèle. Mais derrière les portes closes de la maison, les parents se révèlent être de véritables bourreaux.
Les enfants subissent sans arrêt coups et i... >Voir plus
Que lire après Ce n'était pas de l'amourVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
4,11

sur 79 notes
5
10 avis
4
8 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Une affaire, une histoire, dont je n'ai entendu parler que très récemment alors qu'elle est tout particulièrement hors norme. Betty Mannechez, aidée par la plume de Julien Mignot, nous narre un enfer familial quotidien qui durera presque jusqu'à sa majorité et avec lequel elle a eu encore longtemps affaire. C'est, un peu comme le livre de Camille Kouchner remettait en cause la société, une remise en cause des institutions sociales, leur aveuglement : celui du monde médical, des services sociaux, et surtout les failles du système judiciaire (et encore plus des failles ou de la myopie de l'exécutif après décision judiciaire). Les procès dont il est question ont lieu après l'affaire d'Outreau et le père de Betty était assez malin et assez riche pour se payer les «  avocats d'Outreau » Betty explique bien le fonctionnement de la famille Mannechez, celui d'un clan et même, celui d'une secte. Comment une telle situation est-elle encore possible sans que personne ne découvre rien pendant douze ans (malgré 3 IVG!) ? Comment est-il possible que le père ait gagné les deux premiers procès alors qu'il n'était pas très difficile de démonter le témoignage de Betty, de se poser des questions sur les dates ??? Une affaire d'inceste qui va jusqu'au meurtre, ce n'est pas courant, puisqu'à partir de là, le secret ne peut qu'exploser à la face de tous. C'est aussi une histoire de manipulation car, de toute évidence, avant même d'être incestueux, le père de Betty est un grand pervers narcissique. Quand à la mère de Betty, elle est en-dessous de tout, son deal avec son mari est minable, d'une immaturité ahurissante. C'est déprimant, noir, très noir.
Commenter  J’apprécie          150
Ce livre est édifiant à plus d'un titre !
Premièrement, il raconte l'enfer quotidien vécu par l'auteure et ses frères et soeurs au sein d'une famille violente et perverse. Un quotidien fait de viols et de pratiques sexuelles incestueuses, d'humiliations verbales et de rejet, de coups et de brimades, de privations alimentaires et affectives, d'isolement social tout en donnant, à l'extérieur, l'apparence d'une famille "normale" à qui l'on ne pouvait que faire confiance compte tenu de son aisance sociale et financière (c'est un lieu commun de dire que ce genre d'histoires ne se passent que dans les milieux défavorisés... mais la réalité est hélas tout autre).

Deuxièmement, il raconte le sacrifice de Betty (victime d'inceste dès l'âge de 8 ans et qui subira trois IVG) qui, pour sauver les autres membres de sa famille, va prendre le risque de quitter le domicile familial et dénoncer ces agissements à la face du monde et aux autorités censées les condamner. Une démarche qui se voulait salutaire et altruiste mais qui, in fine, se retournera contre elle, la détournera de tous les membres du clan et générera chez elle une grande culpabilité dont elle ne s'est, aujourd'hui encore, pas débarrassée.

Troisièmement, il évoque un point rarement évoqué dans ce genre d'histoires de vies : la complicité évidente de la mère qui, pour pouvoir dépenser sans compter l'argent du ménage, facilitera (et même organisera) les frasques sexuelles de son tyran de mari. Un "deal" passé entre deux monstres qui, on le verra, n'auront jamais le courage d'assumer, ce qui aurait été de nature à libérer leur fille de sa culpabilité.

Quatrièmement, il souligne en filigrane l'absence et le silence assourdissant des autres membres de la famille (comment ne pas voir que ce qui se passait là n'était pas normal ? comment ne pas voir que les enfants n'étaient pas heureux ?) ainsi que celui des référents habituels des enfants : le corps médical, le corps enseignant... A leur corps défendant, il faut dire que les parents Mannechez savaient bien y faire pour brouiller les pistes...

Enfin, il met en évidence la difficulté pour les autorités, les services sociaux, la justice d'investiguer comme il se doit dès lors qu'il y a doute, de protéger la plaignante, mais aussi de faire la part des choses entre des déclarations contradictoires faites par les uns et les autres. En effet, pas facile pour Betty de maintenir sa première version des faits, dès lors que son père, sa mère, sa soeur lui imposent un chantage affectif pour lequel elle n'est, de fait, pas armée. Comment pouvait-elle ne pas tomber dans les pièges tendus par son gourou de père ? Comment aurait elle pu faire face aux arguments fallacieux des ténors du barreau embauchés par celui-ci ? Au final, à la suite des déclarations mensongères des différents membres de la famille (y compris de Betty manipulée), il sera dit qu'il s'agit "d'inceste consenti" ! Un comble d'entendre cela dans un prétoire et de le retrouvé écrit dans les comptes-rendus.

Une histoire d'inceste de plus me direz-vous ?
Non, là, cette histoire est éclairante du niveau de perversité et de manipulation que peuvent avoir certains parents dès lors qu'ils ne sont pas confrontés à des garde-fous. Il montre bien le phénomène d'emprise psychologique et affective dans lequel les frères et soeurs sont enfermés, y compris l'aînée des soeurs qui croît vraiment aimer son père et revendique haut et fort de vivre en concubinage avec lui et de lui avoir fait un enfant "car elle l'aime" ! Enfermés dans un fonctionnement familial dysfonctionnel et systémique, les enfants n'avaient aucun moyen de confronter leur vie avec celle des autres enfants. Pour eux, c'était la normalité ! Mais, pour le lecteur, une réalité, une normalité des plus glaçantes !!!

Comme Betty Mannechez n'a pas été entendue lors des différents procès qui se sont tenus sur environ dix ans, elle a décidé de coucher sur le papier son histoire, sa vérité, son ressenti pour rendre hommage à sa soeur décédée en 2014 (tuée par son père/compagnon), témoigner auprès de la société, et pour mettre en lumière la nécessité, pour tous, de mener le combat : IL FAUT QUE CELA CESSE.

Un livre difficile à lire mais qu'il faut lire. Il faut que tout un chacun cesse de mettre la tête dans le sable ! L'inceste est un vrai problème de société. Il est plus que temps que la France y mette un terme par tous les moyens utiles et nécessaires.

Commenter  J’apprécie          20
Commenter  J’apprécie          00
bonjour les babeliophiles, aujourd'hui retour sur ma lecture "ce n'était pas de l'amour :survivre à un père abusif" je ne vous cache pas que pour lire ce livre il faut avoir le coeur bien accroché tellement il est dur, HORRIBLE le 1er mot qu'il me vient, j'en ai eu des frissons par moment un gourou ce père la avant qu'il ne commette l'irréparable mais l'irréparable avait été fait depuis bien longtemps, sans que personnes ne s'en souci ce livre montre aussi les problèmes de justice, de suivi, de médecins aussi à mon avis bien sur.
Un livre à lire mais attention à ne pas mettre entre toutes les mains.
mais comme je dis toujours ceci n'est que mon avis personnel
Commenter  J’apprécie          90
⊱🖤⊱ PLUS JAMAIS ÇA ⊱🖤⊱
"Ce n'était pas de l'amour" de Betty Mannechez.
Un témoignage bouleversant, émouvant, courageux sur l'inceste et ses ravages.
Si vous n'aviez qu'un livre à lire durant cette année 2021, alors lisez celui-ci afin de permettre à cette jeune femme, de porter sa parole « haut et fort ».
La quatrième de couverture en dit suffisamment, je n'ajouterai rien de plus. Betty Mannechez a mis six ans à produire son récit. Il est écrit tout en retenue, sans aucun détails sordides ; mais reste malgré tout difficile à lire, tant la réalité dépasse l'entendement.
Ce livre est un véritable cri du coeur, un appel au secours pour que ce drame terrible qu'est l'inceste soit dénoncé, jugé et condamné tel qu'il devrait l'être.
« Comme des milliers d'autres enfants victimes de l'inceste, nous devons nous battre contre l'aveuglement de la société et une justice parfois laxiste et perverse ».
Je terminerais par ces quelques mots de Betty :
« Aujourd'hui mon combat, c'est l'enfant. L'inceste broie tout. Cela commence par une trahison : ceux qui sont censés nous protéger et nous aider à grandir, ce sont eux qui nous détruisent. C'est pourquoi après, nous évoluons avec d'énormes difficultés. Nos repères sont en miettes, nos liens essentiels sont cassés... À ce jour, je reste prisonnière de mon passé, je ne suis pas totalement libérée de l'emprise psychique de mes parents. La vie, la vraie vie m'est encore en partie inconnue. Il y a des caps que je n'arrive toujours à passer... J'espère que l'écriture me permettra de tourner quelques pages. »
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ma sœur, ma Ninie, Je vais donc par ces écrits te bénir en soignant mes maux par les mots de mon cœur. Tu t'es envolée et moi, impuissante, je t'ai regardée déployer tes ailes. D'un seul coup, ton visage a perdu son masque de souffrance, la paix s'est dessinée sur chacun de tes traits, tu semblais dormir. Je t'ai regardée pour graver au plus profond de ma mémoire chaque détail de celle que tu étais encore. Je t'ai caressé la peau. J'ai porté ta tête contre ma joue et pour que ma main n'oublie jamais sa douceur, j'ai embrassé tes cheveux, pour respirer ton odeur et ne jamais l'oublier. Je t'ai répété à quel point je t'aimais pour que cette mélodie t'accompagne tout au long de ton voyage, je voulais que chacune de mes larmes te pousse vers un nouveau bonheur, vers ce paradis que j'imagine si beau, car la terre était pour toi l'enfer. Tu m'as quittée ! Par amour pour toi, je dois l'accepter, je n'avais plus le droit de te demander de t'accrocher à la vie. Nous étions deux contre tous, et tout n'était que douleur. Tu t'es battue jusqu'au bout de tes forces, et même au-delà, la mort était ta seule délivrance, elle a fini par t'emmener, tu es partie. Je ne sais pas où tu es, j'attends un signe de toi, je sais que tu me le donneras car tu m'aimes, tu vas vouloir me rassurer. Tu es dans mon cœur, encore plus profondément qu'avant. Je t'aimerai jusqu'à mon dernier souffle. Je partagerai avec toi tous les bonheurs, ma pensée t'unira à moi sans cesse. Rien ne nous a jamais séparées, ce n’est pas le ciel qui fera barrage à notre amour. Je me dis que tu es partie en voyage et qu'un jour, je te rejoindrai. Je t'aime, tu le sais, tu m'aimes, je le sais aussi. Ma douleur ne doit pas t'empêcher d'être en paix. Elle est juste le prix de mon amour pour toi. Je vais apprendre à respirer avec elle.

Virginie Mannechez a été assassinée le 7 octobre 2014 par celui :
qu'elle venait de quitter,
dont elle avait un fils de 13 ans,
mais qui était, avant tout, son père biologique.

La mort de ma grande sœur m'a fracassée. C'est la personne que j'ai le plus aimée au monde. C'était la seule lumière dans une enfance violentée, abusée, dévastée. Entre nous, il y avait un secret, ce secret que nous ne devions surtout pas révéler à l'extérieur – même nos frères ne savaient pas réellement ce qu'il en était. Ce secret dans lequel nos parents nous ont plongées et verrouillées. Ce n’était pas un joli secret entre deux sœurs adolescentes, mais un secret horrible démontrant que l'être humain est capable du pire : notre père et notre mère nous ont élevées dans une ambiance sectaire totalement incestueuse.

J'ai mis très longtemps à comprendre que nos parents nous ont volé notre enfance et empêché de vivre nos émotions. Nous devions les enfouir derrière un mur infranchissable. En fait, nous vivions dans une réalité entièrement construite et formatée.

Plusieurs fois j'ai vu ma mère se prendre une « dérouillée ». Pour autant, maintenant que je suis mère à mon tour, je ne peux pas lui pardonner de ne pas être intervenue. Elle était une adulte, nous étions des enfants, elle l'avait choisi, pas nous. Elle était notre mère et nous ses enfants. Son rôle était de nous protéger contre tout, même contre son mari !

D'abord ma mère. Tout chez elle - son discours, son attitude larmoyante - m'insupporte. Certes, elle était sous la menace, sous l'emprise de son mari, mais elle n'a rien fait pour nous protéger. Au contraire ! Elle se présente comme une femme qui était en danger de mort. Sauf que pour se sauver, elle nous a envoyées à l'abattoir tout en nous traitant de putes. Elle était en âge de vivre une sexualité, pas nous. Elle a choisi son partenaire sexuel, elle l'a même épousé. Nous, il nous a été imposé.

C'est tellement bon, la complicité avec ses enfants. Comment mes parents arrivaient-ils à être heureux en nous rendant aussi malheureux ?

- Où est ma Ninie ?
- Ton père l'a tuée, son patron aussi, et lui aussi. T'es pas au courant ? C'est passé hier sur France 3 Picardie à 19 heures. Tout le monde est mort. Sauf l'enfant de Ninie, mais il a tout entendu !
La terre s'ouvre sous mes pieds et je tombe.

Sans la moindre émotion, Denis Mannechez poursuit son œuvre de mort. Il repère Virginie à l'arrière de l'entreprise, sur une dépanneuse, en train de rentrer un 4 x 4. Il tire dans son pare-brise, puis arrive à la portière côté conducteur. Une première balle dans son épaule gauche et immédiatement une autre en plein dans la tempe. La jeune femme de 33 ans tombe sur le côté. Sa sinistre mission accomplie, Denis retourne l'arme contre lui et se tire une balle dans la tête.

En outre, ils disposent d'un témoin de poids qui va leur raconter la scène. Il a entendu le premier coup de feu et entrevu la suite du carnage depuis l'étage : c'est Quentin, 12 ans. Son père-grand-père a tué sa mère-demi-sœur parce qu'elle voulait une vie enfin normale. Je pense à lui constamment. Comment parviendra t-il à surmonter cela ?

La justice, en se trompant lors des deux procès, en ne réincarcérant pas mon père, a commis une terrible erreur et, désormais, de n'avoir rien fait pour empêcher la conséquence, mais c'est trop tard. La juriste qui a aidé passionnément Virginie sera dégoûtée et changera de métier.

Je verse des larmes lourdes, chargées de toute cette histoire. Mes enfants ont désormais peur pour leur maman. Il me faut « combattre le diable avec l'amour » pour eux, car c'est le seul sentiment créatif. C'est aussi le seul que je n'avais pas le droit de ressentir, enfant. Donc il doit l'emporter sur la raison, la force et le courage pour l'honneur de Ninie. Il me faut faire face et déchirer le voile pour laisser la vérité éclatante faire jour. Que cette fois, ce soit bien le procès de mon père, pas le nôtre.

- Tu sais, Denis, Virginie et moi, nous n'étions pas comme ta mère, nous n'étions pas des putes. Le Mal, ce n'est pas nous, le Mal, c'est toi. Moi, j'étais juste une enfant malheureuse qui voulait de vrais parents.

Pour la première fois, nous, les enfants, ne disons pas ce qu'il a envie d'entendre, mais ce que nous avons à lui dire. Et, encore plus surprenant, il écoute et semble comprendre. Denis est remis à sa place, peu importe son handicap. Je suis passée par l'enfant qu'il a été pour l'atteindre. Il sait, au fond de lui, ce qu'il a fait. Il en découvre seulement maintenant les conséquences : ses enfants ne l'aiment pas, Virginie incluse. Sa vie est, par conséquent, un échec complet.
Commenter  J’apprécie          20
Autrefois, nous avions eu des discussions sur la grossesse. Toutes les deux, nous voulions avoir des enfants. Nous étions même prêtes à adopter. Mais absolument pas pour leur offrir l'enfance que nous connaissions. C'est pourquoi l'idée d'avoir un enfant avec notre propre père n'était pas vraiment notre objectif. Comment transformer le plus beau moment du monde en quelque chose de sale, de laid, d'anormal, d'absurde ? Pour Denis et Laurence pourtant, tout est normal, dans leur nouvelle configuration, tout est logique, les rôles sont bien définis ! J'ai envie d'hurler ! Hurler contre ce mélange des genres !
Un psy expliquait que ce n'est pas un hasard si on présente une famille comme une arborescence. Cependant, les parents incestueux "cassent" toute cette logique en changeant de branches ! Avoir un enfant avec son propre enfant... comment croire qu'on distribue de bonnes cartes au bébé à naître ? Juste un maelström impossible à dénouer.
Commenter  J’apprécie          00
La France a encore beaucoup de travail à faire pour lutter contre ce fléau, ce tabou. Mais à l'époque, cela donnait une "réassurance" à mes parents : tout s'est bien passé, aucune réaction de l'extérieur. Et cela constituait donc un encouragement à continuer ce mode vie délirant et sectaire.
Commenter  J’apprécie          20
Les assistantes sociales ou le personnel scolaire ne repèrent pas les enfants comme nous : ils se soucient des enfants qui posent des problèmes de comportement. Or nous, nous étions sages comme des images.
Commenter  J’apprécie          30
Je sais que c'est un monstre, mais la seule mère que j'ai, c'est elle !
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Betty Mannechez (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Betty Mannechez
Témoignage des enfants de Denis Mannechez aux Assises de l'Eure
autres livres classés : témoignageVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus

Lecteurs (225) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
288 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *}