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EAN : 9782351780688
230 pages
Gallmeister (12/09/2013)
4.21/5   200 notes
Résumé :
Décembre 1917. Une compagnie de l’US Marines Corps débarque en France et est envoyée au front. Pour la première fois, les hommes de la Compagnie K découvrent la guerre : attaques de nuit, balles qui sifflent, obus qui explosent, ordres absurdes, grondement de l'artillerie, la pluie et le froid, la tentation de déserter. Les cent treize soldats qui composent cette compagnie prennent tour à tour la parole pour raconter leur guerre, toutes les guerres. L'un après l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (72) Voir plus Ajouter une critique
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Présenté comme un chef d’œuvre de la littérature outre-atlantique, compagnie K nous narre le quotidien d'une compagnie de Marines envoyée sur le front en France en Décembre 1917.

113 soldats du capitaine au dernier troufion sur 250 pages. Chacun a voix au chapitre sur une demi-page à 2-3 pages. Des mini tranches de vie qui forment un tout, du départ des USA fin 1917 au retour et l'après guerre. Tout est abordé, ou survolé, le viol, le meurtre, la lâcheté, la bravoure, la peur, le sang, la chtouille, la vermine, la complicité, la camaraderie, l'absurdité. Presque un thème par soldat.

La triste réalité de la guerre et ses à côté, sans fard. Dans un style très simple sans artifice littéraire ou stylistique. La facilité narrative du journal intime, où les soldats racontent eux-même ce qu'ils ont vécu (ce qui pour certains est impossible, les morts n'écrivent pas après coup), associé à la diversité des sujets abordés et la multitude d'intervenants dans un format très court, font de ce roman une œuvre très abordable, à la fois triste et drôle, que je conseille à tout le monde, même si cela reste la guerre, côté force combattante américaine.
Depuis le début de ma lecture, quelque chose me titillait, quelque chose d'un brin désuet dans le style. Et voilà que j'arrive à la fin. Quoi ? L'auteur a fait la guerre ? Mais laquelle ? 14-18 ? Mais il avait quel âge quand il a écrit ce roman, qui vient de sortir non ? Et oui, il vient de sortir, en France, mais il a été écrit en 1933. Ah tout s'explique. Je n'avais qu'à lire la présentation avant...

Pour le petit reproche, Compagnie K est le pendant littéraire pour la guerre 14-18 de la Easy company en 39-45 (Band of Brothers pour les intimes, excellente série TV), mais sans la dimension épique, sans le suspense.
Je n'ai pas été emporté par ma lecture, pas d'immersion. Une lecture intéressante, instructive, mais contrairement à ce qui est dit dans beaucoup de critiques dithyrambiques, cela ne prend pas aux tripes. En tout cas pas les miennes.

Lu et critiqué dans le cadre de l'opération masse critique. Merci à Babelio et aux éditions Gallmeister
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Voici un ouvrage saisissant de vérité, brut, sans fioritures, sans artifice, sans voyeurisme ni apitoiement,un livre coup de poing, lu d'une traite grâce à de très courts chapitres qui m'ont fait penser aux récits d'un grand-pére, gazé au fort de Vaux, à côté de Verdun....
Cent treize narrateurs, jeunes hommes perdant leurs illusions de façon brutale, des témoignages secs, précis, nets, traversés de fulgurances en scènes de quelques secondes comme la vision du christ en croix répondant au soldat :"dis moi ce que je dois faire si tu le sais", la vision éphémère de la campagne française" couverte de coquelicots et de moutarde en fleurs", ce soldat pleurant de bonheur à l'hôpital aux côtés du chirurgien qui va l'amputer de sa jambe,de même, ce soldat blessé gravement par les barbelés, entendant le maire de sa ville exaltant les mérites des soldats morts au champ d'honneur et achevé par un soldat ...allemand...
Un récit apocalyptique et inoubliable où les morts reviennent d'outre tombe et le quotidien qui les accompagne: la veulerie, le mépris, l'incurie ou la vanité idiote de certains gradés, leur brutalité et leur suffisance, les corps en souffrance, la violence des armes,le cauchemar dans les tranchées entre les cadavres avec ce commentaire d'un de ces soldats:"j'aimerais qu'ils puissent savoir que j'ai honte pour l'humanité entière", les permissions,les combats, les tués,les cruautés, les horreurs, les gueules cassées, la crasse, les poux, la promiscuité, les exécutions de prisonniers.....
Les scènes grotesques ou dramatiques se succèdent en l'espace d'un moment très court de mort ou de vie, d'une réflexion, d'une pensée, d'un dialogue ou d'un flash.
Parfois, les soldats racontent leur propre mort ou évoquent celles qu'ils ont données à coups de baïonnette ou de fusil....
La guerre que l'auteur raconte est effroyable , stupide, hasardeuse, incohérente menée par des hommes qui condensent ou qui résument l'étendue d'une humanité condamnée à l'inhumanité, à des secondes d'effroi ou des années à souffrir....à se remémorer....
Un ouvrage remarquable,féroce, extrêmement violent, mais moderne à la fois, un chef d'oeuvre à mes yeux que chacun devrait lire ...en cette année de centenaire....







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Au départ, c'était des bleus.

Des jeunes adultes, loyaux et idéalistes, tous animés de l'énergie débordante de leur jeunesse, jeunes chiens fous à la joie de vivre brouillonne, naïvement étonnés du triste sérieux des français, plongés dans la guerre depuis trois ans.

La compagnie K débarque en France en 1917.
Et le quotidien du trouffion, fut-il américain, les rattrape, avec la violence des armes, le bruit, la faim, le froid, la crasse, les brimades, la souffrance des corps, l'incurie et la vanité des gradés. Une triste réalité qui parle aussi de courage, de fraternité entre soi ou avec l'ennemi, de désertion, de l'esprit qui s'égare jusqu'à la folie et, dans les rêves de ces garçons, le désir de douceur d'une femme.
Le retour à la vie civile après la guerre est d'une brutale banalité.

Par ses chapitres courts de tranches de vie de soldat, ce livre prend aux tripes, plus que ne le ferait un bel ouvrage littéraire et narratif. Je me suis vue ouvrir le carnet de route d'un grand-père, retrouvé dans la poussière d'un grenier. L'essentiel est là, dit en mode factuel, parfois ironiquement grinçant ou humoristique, souvent fataliste, toujours tristement effrayant.

Le ton de ces brèves de combattants est si moderne que la guerre s'affiche en couleurs, sans ce noir et blanc désuet de nos images d'archives. Par son expérience personnelle, William March en dresse un tableau animé d'une grande justesse et d'une belle humanité.

De très beaux passages, comme des fulgurances, à l'image de cette vision onirique du Christ en croix répondant au soldat vindicatif demandant des comptes: "Dis-moi ce que je dois faire si tu le sais!..."
Et aussi cet homme, sur son lit d'hôpital, qui pleure de bonheur parce qu'il est blessé...

Poignant!
Mon conseil est de ne pas lire ce livre par petites touches, au prétexte de sa construction en chapitres indépendants. Il faut accepter de s'y plonger, de s'imprégner, de se faire bousculer... Juste quelques heures de furie pour nous, lecteurs, en modeste devoir de mémoire pour ce centenaire de la Grande Guerre.
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« La compagnie K a engagé les hostilités le 12 décembre 1917 à 22h15 à Verdun (France) et a cessé le combat le 11 novembre 1918 au matin près de Bourmont […] ayant participé, au cours de la période susmentionnée, aux opérations décisives suivantes : Aisne, Aisne-Marne, Saint-Mihiel et Meuse-Argonne. », dixit le Caporal Stephen Waller. Ainsi donc, c'est cette fameuse compagnie K que l'on découvre au gré d'une centaine de fragments. Cent treize soldats, lieutenants, caporaux, sergents prennent tour à tour la parole le temps d'une pensée, d'un souvenir, d'une réflexion liés directement à leur quotidien de guerre.

Certes, on pourrait se dire « Voilà encore un récit de guerre » et forcément l'on retrouve les grands thèmes récurrents à ce genre de sujet : le manque de nourriture, les tranchées, les morts massives, la désertion, les corps abîmés, blessés, atrophiés… Mais « Compagnie K », ce n'est pas seulement ça. C'est aussi et surtout la première guerre mondiale vue par les américains, c'est une construction narrative audacieuse et pertinente. du soldat à l'agonie à celui qui s'illustre par ses faits d'armes, toute cette galerie de portraits forme un immense tableau dont le lecteur/spectateur observe avec attention chaque détail, bouleversé par la force et le réalisme de ces fragments. Cent treize anonymes qui tout à coup reprennent vie sous nos yeux et retrouvent une identité. Des portraits qui se répondent, se complètent et s'enrichissent. Un roman brut, sans fioritures, mais absolument passionnant, écrit par un américain qui a lui-même combattu en France en 1917.

Je tiens à remercier vivement Libfly et les éditions Gallmeister pour cette découverte marquante réalisée dans le cadre de « La Voie des indés ».
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Vision panoptique de la Grande Guerre par les voix de 113 soldats américains. Lecture indispensable.

Engagé volontaire dans les Marines en 1917, William March quitta l'Alabama pour Verdun en février 1918. Son premier roman, «Compagnie K», du nom de son unité dans l'armée, fut publié en 1933. Il eut un succès immédiat aux Etats-Unis, et est enfin édité en français, quatre-vingts ans plus tard, grâce aux éditions Gallmeister.

En 113 brefs chapitres, qui expriment les points de vue d'autant de soldats de la compagnie K, ce récit hors normes livre une vision panoptique de la guerre et de l'expérience des soldats, dépouillée de tout pathos, authentique, terrifiante.

«J'aimerais que les types qui parlent de la noblesse et de la camaraderie de la guerre puissent assister à quelques conseils de guerre. Ils changeraient vite d'avis, parce que la guerre est aussi infecte que la soupe de l'hospice et aussi mesquine que les ragots d'une vieille fille.»

«Compagnie K» est la guerre dans la tête, les tripes et le coeur des soldats. On est confronté aux manques, de nourriture, de souliers confortables, de bain, qui progressivement deviennent des obsessions, à l'idée de l'héroïsme et à la désillusion, au courage, à la chance, aux contacts, souvent complexes, avec des civils français subissant l'horreur de la guerre depuis déjà quatre ans, au sifflement des obus qui rend fou, à la peur qui génère les actes les plus horribles, à l'horreur nue, aux mauvaises décisions, aux erreurs de jugement et à leurs conséquences irrattrapables, à la culpabilité, à la fin de la guerre quand d'un coup les tirs cessent, aux blessures, aux séquelles, à l'impossibilité de se réintégrer, à la reconnaissance des soldats avec des médailles et des discours mais si peu par les actes, à la fiction sur le champ de bataille pour supporter la guerre.

«J'ai jamais vu les tranchées aussi calmes que cette fois-là à Verdun. […]
Les gars ont inventé une histoire comme quoi il y avait personne devant nous, rien qu'un vieux qui avait une bicyclette, et sa femme qui avait une jambe de bois. le vieux roulait sur les caillebottis et sa femme transportait la mitrailleuse en courant derrière lui. Et puis l'homme s'arrêtait, il lançait une fusée pendant que la vieille envoyait la mitraille. Et après ils remettaient ça, jusqu'au matin.
Les gars ont tant parlé du vieil Allemand et de sa femme à la jambe de bois qu'au bout d'un moment tout le monde s'est mis à croire qu'ils étaient vraiment là.»

Certaines situations, terribles, comme la fusillade de prisonniers de guerre allemands, sont racontées par les voix de plusieurs soldats, condensé d'humanité du pire jusqu'au meilleur. Enfin, même au coeur du pire, on croise parfois l'humour, un combat au déroulement négocié entre américains et allemands, ou encore le sort du pire soldat de tous, celui qui n'a jamais réussi à apprendre à tirer.

A l'instar de ce soldat qui, mourant, efface toute trace de son identité, pour que son nom ne serve jamais à glorifier la guerre, «Compagnie K» est, porté par 113 voix, un livre sans héros pour une guerre sans héroïsme.

En quoi la guerre nous concerne-t-elle ? "Compagnie K" permet d'approcher une réponse à cette question qu'on ne finit jamais de sonder.

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/03/29/note-de-lecture-compagnie-k-william-march/
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critiques presse (3)
Lexpress
04 octobre 2013
Compagnie K est un récit apocalyptique, où les morts surgissent d'outre-tombe en dénonçant la guerre, toutes les formes de guerre. Et où les rescapés ne trouvent pas de mots assez forts pour nommer l'innommable. Froide comme un linceul, l'écriture de William March nous glace d'effroi.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
19 septembre 2013
Ce roman est un chef-d’œuvre, reconnu comme tel aux Etats-Unis depuis sa parution en 1933 et inédit en français jusqu’à aujourd’hui.
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
18 septembre 2013
Scènes de quelques secondes, ­séquences de plusieurs semaines, bru­talité de l'instant ou attentes inter­minables, ces temps différents se déclinent au long de ces témoignages fictifs, qui composent un roman magistral, pulvérisant tous les bons sen­timents.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
A mon avis, un des hommes devrait avoir une fusée volante dans la main droite. Comme ça, quand les mitrailleurs ouvriront le feu, il pourra tenir la fusée entre le pouce et l'index et attendre qu'il y ait une balle qui passe par là pour l'allumer. C'est là que la fusée part, elle atterrit de l'autre côté des lignes allemandes, où le Kaiser est justement en train d'épingler des croix de fer sur tout un régiment. Pile au moment où le fusée redescend, voilà le Kaiser qui se baisse et la pointe brûlante du projectile se plante en plein dans son derrière militaire. Il fait un bond en avant et il se frotte le train en pensant qu'on vient de lui flanquer un coup de botte et que c'est la mutinerie. Sa Majesté impériale prend peur et se met aussitôt à courir en direction de nos lignes. Sur ce, toute l'armée allemande forme les rangs derrière le Kaiser en cherchant à lui expliquer ce qui est arrivé, mais il ne veut rien entendre : il court tout ce qu'il peut, tant et si bien qu'il finit par atteindre la Marne, il essaie de sauter, mais il se rate et il se noie. Alors l'armée allemande tout entière, par politesse, saute derrière lui et se noie aussi, et la guerre est finie et on rentre tous aux États-Unis.
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Cher Madame,
Votre fils Francis est mort au bois de Belleau pour rien. Vous serez contente d'apprendre qu'au moment de sa mort, il grouillait de vermine et était affaibli par la diarrhée. Ses pieds étaient enflés et pourris, ils puaient. Il vivait comme un animal qui a peur, rongé par le froid et la faim. Puis, le 6 juin, une bille de shrapnel l'a frappé et il est mort lentement dans d'atroces souffrances. Vous ne croirez jamais qu'il a pu vivre encore trois heures, mais c'est pourtant ce qu'il a fait. Il a vécu trois heures entières à hurler et à jurer tour à tour. Vous comprenez, il n'avait rien à quoi se raccrocher : depuis longtemps, il avait compris que toutes ces choses auxquelles, vous, sa mère, lui aviez appris à croire, sous les mots honneur, courage et patriotisme, n'étaient que des mensonges...
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C'est de la guerre qu'ils parlent, et de comment c'est les nantis qui l'ont causée uniquement pour protéger leurs propres intérêts. Que l'idéalisme ou l'amour de la patrie puissent avoir un rapport avec la guerre, ça les fait rire. La guerre, pour eux, c'est brutal et dégradant, et les imbéciles qui se battent sont des pions destinés à servir les intérêts des autres.
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Tout ce en quoi on m'a appris à croire sur la miséricorde, la justice et la vertu est un mensonge, je me disais.. Mais le plus gros mensonge de tous, c'est la phrase « Dieu est amour ». C'est vraiment le mensonge le plus terrible que l'homme ait jamais conçu.
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Les soldats sont pas censés réfléchir. Le principe, c'est que, s'ils pouvaient réfléchir, ils seraient pas soldats. Les soldats sont censés obéir, et laisser leurs supérieurs se charger de réfléchir.
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