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EAN : 9782709670098
296 pages
J.-C. Lattès (15/02/2023)
4.21/5   19 notes
Résumé :
Depuis 2019, les 18-34 ans consomment plus d'actes esthétiques que les 50-60 ans.
À partir de ce constat alarmant, Elsa Mari et Ariane Riou ont mené l'enquête. Elles ont poussé la porte des cliniques convoitées, conscientes de cette frénésie de l'intervention.
Elles ont écouté des mères et des filles remodelées, la chirurgie en héritage. Mais aussi des jeunes hommes, alléchés par les tarifs, au risque de graves complications.
À qui la faute ? Qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Sur les sujets touchant à la chirurgie esthétique, j'avais déjà lu un recueil d'articles de chercheurs en sciences humaines, publié en 2022 aux éditions Khartala: le corps de l'identité. le passionnant livre des journalistes Ariane Riou et Elsa Mari, publié en début d'année 2023, interroge la diffusion massive, au cours des dernières années, de la chirurgie et médecine esthétiques auprès d'un public de plus en plus jeune.

Par rapport aux communications de chercheurs, qui travaillent par définition sur un temps long et des sujets assez précis, le mérite d'une enquête journalistique est de brosser un tableau du temps présent dans son aspect systémique. C'est tout l'intérêt de ce livre, Génération bistouri, qui confronte le lecteur à une facette ahurissante de notre époque.

Effectivement, si vous n'êtes pas familiers des réseaux sociaux, plus habitués à traîner en médiathèque que sur W9, sur Babelio que sur TikTok, vous aurez peut être du mal à croire tout ce que vous allez lire. Les deux journalistes du Parisien se sont donné les moyens d'une enquête approfondie au cours de 9 mois entre 2021 et 2022. La somme des entretiens, conférences, voyages, témoignages, expériences qu'elles rapportent est édifiante.

Le propos interroge les racines sociétales du recours démesuré à ce qui peut s'apparenter à un dévoiement du serment d'Hippocrate. Les autrices mettent en lumière les questions éthiques que posent ces pratiques, anciennes ou émergentes, en tout cas très lucratives, du corps médical. Leur enquête permet de mesurer l'ampleur du système mis en place pour susciter le besoin de ces actes inutiles, créer une addiction et exploiter ce business à tous les niveaux.

Médecins et cliniques des quartiers chics, tour operator vers des pays low cost, injectrices illégales, rabatteurs de clientes rémunérés et agences de com de types mafieux, tout concourt à alimenter le fantasme d'un corps remodelé accessible à tous, gage d'une vie meilleure. Celle des influenceurs et starlettes de télé-réalité qui se transforment au fil des mois en bimbos siliconées sur le modèle de la grande prêtresse, Kim Kardashian.

Dans ce monde ou la perfection n'est jamais atteinte, le flux continu de la télé et des réels des réseaux, les Miroirs, les filtres, le bombardement d'injonctions créent l'illusion de la chirurgie comme d'une solution facile et sans danger, pour être enfin acceptable... Mais le tonneau des Danaïdes n'est jamais vide et l'engrenage de l'addiction est infernal, quand ce ne sont pas les arnaques ou les accidents liés aux pratiques mal maîtrisées ou frauduleuses qui mutilent où défigurent les candidates malheureuses.

Un livre vraiment à lire pour se faire une idée globale sur le sujet, de ses enjeux tant éthiques, économiques que sociétaux, à compléter par des lectures plus universitaires.
A titre personnel j'en retiendrai aussi, qu'il faut se protéger absolument de ce bombardement d'images et cette surexposition de soi permanente qui rend hyper vulnérable de façon aussi insidieuse que perverse. Se protéger et sensibiliser les jeunes, protéger nos enfants. Apprendre ou ré apprendre à regarder des corps humains, à commencer par les nôtres, dans leur diversité avec bienveillance...
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Deux journalistes, Elsa Mari et Ariane Riou, ont pendant neuf mois mené une minutieuse enquête auprès d'influenceuses, patients, chirurgiens, praticiens non diplômés et peu scrupuleux.

Un constat : depuis 2019, les 18-34 ans recourent à davantage d'actes esthétiques que les 50-60 ans.

Pourquoi ?
La télé-réalité, la pornographie (désormais accessible à tous, même aux plus jeunes), et surtout les réseaux sociaux, en particulier Instagram, proposent des « modèles », eux-mêmes standardisés, et génèrent des complexes.

Petits seins, fesses plates, bourrelets de graisse au niveau du ventre ou des cuisses, lèvres trop fines, nez trop long, début de calvitie : à l'aulne des bimbos et des hommes aux corps « parfaits » qui envahissent nos écrans, la tentation est forte de « passer à l'acte ».

« Un complexe ne disparaît pas, il s'efface » à coups de bistouri ou d'injections.

Oui mais…

…dans ce « commerce de la beauté », il est en vérité surtout question d'argent.
« La chirurgie esthétique est un filon en or, certains le creusent sans vergogne. »
« Il y a les acteurs visibles et les intermédiaires, rabatteurs de l'ombre, qui assurent discrètement la prospérité de ce business. »… au premier rang desquels, les influenceuses, véritables « vitrines » qui bénéficient d'une « gratuité de soins »
À côté des chirurgiens renommés (à qui il arrive néanmoins de « déraper »), certains s'improvisent praticiens esthétiques, sans aucune qualification et en toute illégalité. Les conséquences sont désastreuses.

… il est aussi souvent question de souffrance et de désillusions
« À la ‘perfection' de la chirurgie sont venus se coller d'autres mots : ‘douleurs', ‘séquelles' , ‘irréversible' ».

Etayée de cas concrets (tout au long de ma lecture je suis allée consulter les comptes Instagram de tel chirurgien, de telle influenceuse, …) j'ai trouvé ce récit captivant… et édifiant !
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Ce livre est l'aboutissement d'une enquête menée durant neuf mois où il fut question pour Elsa Mari et Ariane Riou de pénétrer le milieu de la chirurgie / médecine esthétique.
Elles ont rencontré les “acteurs” principaux, ceux qui tiennent les ficelles, les patients, le milieu de la chirurgie esthétique, les influenceurs et assimilés soit cent heures d'enregistrement a l'issue de cette enquête.

J'ai trouvé ce livre très intéressant dans la mesure où je sors totalement de ma zone de connaissances.
Nous entrons dans un monde où le corps naturel est clairement en sursis, condamné.
Pour commencer, j'ai enfin saisi la nuance entre chirurgie et médecine esthétique, elle est infime mais non négligeable pour autant.
Le coeur de cible a changé, d'un âge moyen situé entre 50-60 ans, le bistouri attire dorénavant la tranche d'âge des 18-34 ans.
Un public jeune pour qui le souhait n'est plus d'améliorer un complexe mais de modifier parfois complètement son corps.

Je ne juge pas les raisons des patients même si je ne les comprend pas mais ce que je juge très fort, ce sont les coulisses de ce royaume du business.
Le rabattage, les partenariats cliniques, sociétés de transport et hôtels en échange d'une “clientèle” régulière, des pratiques dangereuses et illégales et des diplômes inexistants.
Des pratiques invasives dans des milieux dénués de toute hygiène, des conditions plus que déplorables sous couvert de prix défiant toute concurrence!
Et, cette sorte de pacte, l'air de rien, entre certains chirurgiens et influenceurs qui déambulent en détente sur les réseaux sociaux banalisant dramatiquement le bistouri, l'injection et assimilés.

Les témoignages des “ratés“ me laissent sans voix.
Pour avoir le même fessier que son influenceur préféré, on opte pour le risque de mourir…
Que dire…?
Rien, aucun mot ne me vient.

À l'heure où certains influenceurs regrettent ces actes de médecine / chirurgie esthétique, peut-on espérer un revirement dans le bon sens?
Et c'est vraiment de cela dont on parle, du bon sens.
Parce que parfois, cette chirurgie / médecine esthétique supprime des complexes profonds, réconcilie des esprits et des corps, améliore, ravive l'estime de soi.
En conclusion, je comprends qu'à bon escient, pour de vraies raisons (et non pas pour faire comme son influenceuse préférée) et avec des professionnels, faire preuve de discernement et de bon sens permet de ne pas diaboliser l'ensemble.

Merci aux Éditions J.C. lattès et à Netgalley de m'avoir permis cette découverte.
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Ce livre fait peur vraiment.et/ou la nouvelle génération est idiote.
Narcisse d'eux même, visant des idéaux qui n'existent nulle part sauf sur Instagram, Snapchat ou Tik-Tok, des mômes parfois cautionnés par leurs parents (et c'est peut être le pire), passent sur le billard pour modifier des morceaux de leurs corps.
Je ne comprends pas. Même moi, qui ne suis pas tendre avec moi-même et qui a atteint l'âge de 56 ans, je ne passerais jamais entre les mains d'un chirurgien esthétique. Je ne suis physiquement ce que la vie a fait de moi. Mon histoire se reflète dans mon corps et mes très rares rides. Je ne pense pas être exceptionnelle. Je suis une personne très ordinaire. Comment des adolescents peuvent-ils avoir accès à la chirurgie esthétique ? C'est ce que ce texte nous explique et ce n'est pas rassurant. Il serait temps que certains gamins plongent la tête dans les livres et réfléchissent un peu au lieu de vivre leurs vies sur les réseaux sociaux, qui n'ont de sociaux que le nom. On y rencontre une quantité invraisemblable de cinglés, d'incultes même sur des sites qu'on imaginait culturellement élevés. Je préfère mes livres et mes ami(e)s de la vraie vie.
Nous suivons le parcours de déçus de la chirurgie, de malade de la chirurgie (accro au bistouri). J'ai adoré les poupées Barbie enfant, mais j'ai toujours été consciente que ce modèle n'existait pas. Apparemment, les jeunes générations veulent tous ressembler aux Kardashians, refaites de la tête aux pieds et que je trouve grotesques.
Effectivement, la question des conséquences d'injections de produits divers et variés et le vieillissement desdits produits dans le corps est inquiétant. Non décidément, je ne comprends pas cette génération.
Un très bon texte à lire pour s'informer et comprendre les enjeux financiers derrière.
Merci aux Editions JC Lattès et NetGalley de m'avoir permis de découvrir celui-ci.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Si les femmes ont toujours été soumises à des normes inatteignables avec la publicité, la presse féminine ou le culte des régimes, le matraquage de cet idéal sur les réseaux sociaux démultiplie ce sentiment douloureux de ne jamais être à la hauteur et d'échouer. Pour le psychanalyste Michaël Stora, ils créent une « dysmorphophobie sociérale ». On passe son temps à se comparer, s'inspecter, se prendre en photo, essayer des filtres, scruter le moindre défaut jusqu'à l'obsession.
Au cours de notre enquête, nous avons constaté à quel point la souffrance des jeunes, traînant un corps fardeau, était profonde. Au congrès Aime, à Paris, la docteure Catherine de Goursac rappelait, mi-juin 2022, que « 67% des femmes adultes et 78% des jeunes n'aiment pas leur apparence ». Dans la plupart des cas, les patients ne s'arrêtent pas à une retouche, mais après les lèvres, viennent les seins, le nez, le ventre. Une addiction que la plupart, clairvoyants, reconnaissent aisément. La chirurgie la provoque puisque c'est une toute-puissance que l'on pense exercer sur soi-même, laissant croire que le bénéfice est total. Ainsi, en s'uniformisant selon les mêmes codes, avec les mêmes techniques, on aboutit à des clones. On ne ressemble plus à soi, mais à un autre et même à tous les autres.
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La spécialité est-elle une dérive en soi? Ses opposants diront qu'elle contrevient à l'article R. 4127-41 du code de déontologie médicale qui précise qu'« aucune intervention mutilante ne peut être pratiquée sans motif médical très sérieux, et sauf urgence ou imposibilité, sans information de l'intéressé et sans son consentement ». Ses défenseurs affirment, au contraire, que cette spécialité répond en tout point à la définition de l'OMS qui considère la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». Une chose est sûre, leur intérêt est loin d'être seulement médical. Au fil de notre enquête, certains sont arrivés à nos rendez-vous dans des voitures à plus de 50 000 euros, nous ont reçues dans d'immenses cabinets aux allures de galerie d'art. Les tables sont en marbre, les escaliers, tapissés de velours, le sol, du parquet chevron. Le docteur Frédéric Sarfati, dont la fenêre donne sur le jardin des Tuileries, I'assume sans ambages : « On fait du business ! [...]
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Mais les instances veulent endiguer cette grande fuite des médecins. Seule discipline reconnue, celle de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique. Le docteur Boyer explique : « Que des spécialistes en charge de réparer une cloison nasale ou une fente labiale soient amenés à faire de l'esthérique paraît logique, d'autant que la frontière est souvent mince entre les deux. Mais est-ce que la priorité est de former un médecin dix ans, aux frais du contribuable, pour quil puisse faire des injections dans les lèvres? Est-ce indispensable à nos concitoyens? C'est au législateur d'en décider. Actuellement, C'est non. La médecine esthétique n'existe pas en France. »
Ainsi, ceux qui l exercent sont souvent d'anciens généralistes ou urgentistes reconvertis. Certains se forment à un diplôme à la faculté délivrant une compétence qui, faute d'être reconnue, ne peut figurer sur leur plaque. D'autres, pensant la C'est tâche facile, s'entraînent sur leur entourage. l'anarchie totale!
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En s'uniformisant selon les mêmes codes, avec les mêmes techniques, on aboutit à des clones. On ne ressemble plus à soi, mais à un autre et même à tous les autres.
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Elle s'en veut d'avoir cédé à tant d'impulsivité. « Mais voilà... Avant d'être influenceuse, je suis influencée. » Aujourd'hui, dans le miroir, elle voit une « pétasse en sous-vêtements, ronde devant et ronde derrière ». Sa famille lui dit que ce n'est pas elle. Elle se sent prisonnière de cette enveloppe de bimbo. « Je l'ai pour la vie.. » Dans cet entre-deux où l'on n'est plus fillette et pas encore femme, des milliers d'ados complexées lui confient leurs désirs de bistouri qu'elles n'osent partager avec leur mère. Luna met en garde « ses petites soeurs » des réseaux sociaux. « Je n'ai pas envie qu'elles se retrouvent avec un corps hypersexualisé comme moi et qu'elles le regrettent. C'est celui que j'avais décidé d'avoir à 18 ans pour faire plaisir aux hommes et dont je ne veux plus à 26 ans. » Corps étranger, corps cobaye.
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