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EAN : 9781684051250
80 pages
IDW Publishing (13/03/2018)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Illustrated in haunting black and white over 30 years ago, these comics are re-presented in a new edition, adapting three of H.P. Lovecraft's most famous stories involving the Cthulhu Mythos.

"The Nameless City" is considered the first story of Lovecraft's Cthulhu Mythos, detailing the discovery of an ancient city in the deserts of the Arabian Peninsula built by an unnamed race of beings of reptilian appearance. In "The Festival" a man arrives at the... >Voir plus
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Ce tome comprend des adaptations de 3 textes de l'écrivain Howard Phillips Lovecraft. Ces bandes dessinées ont été réalisées dans la première moitié des années 1980, mais leur publication a été décalée, suite à l'annulation du magazine dans lequel elles devaient paraître. Ce tome comprend également une introduction de 3 pages rédigée par José Villarrubia, revenant sur les adaptations des écrits de Lovecraft en comics, peu nombreuses par rapport à celles d'autres écrivains comme Robert Erwin Howard (1906-1936), et sur l'impact de l'oeuvre de Lovecraft sur des créateurs aussi différents que Richard Corben, Alan Moore, Grant Morrison,, Scott Snyder, Mike Mignola, Steve Niles, Joe Hill, et des artistes comme Chris Burnham, Sean Murphy, Ben Templesmith, Sean Phillips, Gabriele Rodriguez. Il comprend également un prologue d'une page, écrit par Esteban Maroto en 2016, sur sa vision de l'oeuvre de Lovecraft, et une préface (1 page) également rédigée par Maroto, revenant sur les déboires éditoriaux de ces récits et sur le fait que 34 ans plus tard il ne les illustrerait pas de la même manière. Ces histoires sont en noir & blanc.

The Nameless city (12 pages, écrit par HP Lovecraft en 1921) - Une sorte de créature monstrueuse se penche sur un cadavre alors que le récitatif indique que N'est pas mort ce qui à jamais dort et au long des ères étranges peut mourir même la Mort. Puis il évoque une cité éloignée de tout, dans un désert de l'Arabie, une cité sans nom. Personne ne se rappelle qui l'a construite ou si elle a jamais été habitée, mais les caravanes et scheiks s'en tiennent à l'écart. Une nuit le poète dément Abdul Al-Hazred a rêvé de la Cité sans nom et a couché sa position et sa description dans son journal. Ce journal est tombé entre les mains du voyageur qui raconte l'histoire et qui vient d'atteindre les ruines des contreforts de la Cité sans nom.

The festival (11 pages, écrit par HP Lovecraft en 1923) - L'histoire s'ouvre avec une citation d'Algernon Blackwood relative aux dieux, aux monstres et aux créatures mythiques. le narrateur revient dans la ville de son enfance, Kinsport dans la Massachussetts, au moment des fêtes de Noël. Il a été convoqué par les anciens de sa famille pour participer au festival dont l'existence précède les fêtes païennes qui elles-mêmes précédaient Noël. Il passe à travers les rues désertées en relevant les accessoires macabres comme les vieilles anciennes en bois ou les boutons de porte ouvragés. Il finit par arriver à sa destination, une vieille demeure construite avant 1650, où il est accueilli par un vieil homme silencieux au visage figé comme de la cire.

The call of Cthulhu (32 pages, écrit par HP Lovecraft en 1926) - Francis Wayland Thurston, un anthropologue, a hérité de son grand-oncle, George Gammell Angell, décédé peu de temps auparavant, après un voyage, les causes de sa mort restant mystérieuses. Dans ses affaires, il découvre une boîte fermée dont il trouve la clef. À l'intérieur se trouve un bas-relief, et des articles de presse découpés. le document principal porte le titre de Culte de Cthulhu.

L'introduction fort intéressante de José Villarrubia évoque le peu d'adaptations des récits d'Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) jusque dans les années 1980, essentiellement du fait de la difficulté de représenter ce que l'auteur qualifie souvent d'indescriptible. Esteban Maroto (né en 1942 à Madrid) explique qu'il a réalisé ces histoires à la demande d'un éditeur lançant un magazine consacré à des grands écrivains, et à l'adaptation en bandes dessinées de leurs oeuvres. Il précise qu'il s'est inspiré des adaptations précédemment réalisées par Alberto Breccia (1919-1993, dessinateur argentin), histoires rassemblées dans Les Mythes de Cthulhu, initialement parues en 1978/1979. Il précise également qu'il a revu les textes à l'origine écrit par Roy Thomas pour l'édition anglaise, afin de les rendre plus proches de ce qu'il souhaitait.

Esteban Maroto a connu une longue carrière de dessinateur, publié entres par Warren Publishing avec des histoires de Vampirella ou des histoires complètes comme Prison Ship avec Bruce Jones, ou par DC Comics pour Aquaman: The Atlantis Chronicles avec Peter David. le lecteur retrouve les caractéristiques des dessins de cet artiste. Il réalise des dessins dans un registre descriptif, avec des traits de contour assez fins. Il représente les visages avec une grande finesse, leur donnant une apparence très réaliste, sans en gommer les plis. Il utilise les expressions d'effroi avec parcimonie, préférant les expressions plus naturalistes, réservées ou réfléchies. Il lui arrive de détourer des parties comme les sourcils ou les cheveux sans les remplir de noir, pour un effet exprimant la stupeur chez le personnage ou une émotion très intense qui le submerge complètement. Chaque personnage a fait l'objet d'un casting raisonné, avec des acteurs beaux, un peu génériques. Il fait varier les tenues vestimentaires en fonction de la classe sociale du personnage et de son occupation. le langage corporel est celui d'adultes en bonne santé, mesurant leur geste, ne gesticulant pas pour un oui ou pour un non. le lecteur peut facilement se projeter dans ces individus normaux.

L'artiste doit donc donner à voir les différents endroits où se tiennent les personnages. Dans le registre des lieux normaux, il fait preuve d'un dosage très sophistiqué entre ce qu'il montre clairement et ce qu'il suggère. La première vision de la Cité sans nom est en ombre chinoise dans le lointain, très évocatrice, sans aucun détail précis. Par la suite, il représente les pierres usées, les colonnes érodées, avec la forme des pierres taillées, ainsi que les marques laissées par le temps, rendant bien compte des textures. Il en va de même pour les façades de Kingsport, l'intérieur de la vieille demeure dans laquelle entre le narrateur, ou encore la rue portuaire de Newport, et l'intérieur de la maison de George Gammell Angell. Dans ce registre, Maroto sait donner la consistance nécessaire aux lieux pour que le lecteur puisse s'y projeter, tout en conservant une lisibilité immédiate à ses dessins. La difficulté du défi augmente d'un cran quand il doit donner à voir l'indicible, c'est-à-dire les lieux et les créatures du mythe de Cthulhu. Dans ce registre, le premier récit emmène le lecteur dans ce qui s'apparente essentiellement à des cavernes souterraines, au volume bien rendu. L'élément fantastique en termes de décor est constitué par une porte d'une taille monumentale, et Maroto utilise des formes à demi organiques pour évoquer des morphologies assez vagues pour rappeler des animaux classiques, mais aussi assez vagues pour ne pas être totalement reconnaissables et rester étrangères.

Le deuxième récit repose également sur la découverte de caverne souterraine de belle taille, mais sans sculpture ou architecture particulière. Esteban Maroto transcrit leur volume et la texture de la pierre avec conviction. Dans l'appel de Cthulhu, il doit représenter les cités cyclopéennes, la créature du bas-relief, et R'Lyeh. le défi est de taille puisque les récits de Lovecraft reposent pour partie sur le fait que ces Cités et créatures ne sont pas totalement déchiffrables et interprétables par l'oeil humain. Il doit donner à voir des structures gigantesques, évoquant l'architecture humaine, tout en étant différente et construite par des créatures non humaines, des matériaux plausibles sans être reconnaissables. Il s'en sort plutôt bien en montrant que les êtres humains ne sont pas adaptés à la taille des portes ou des escaliers. Il montre des parties séparées de différents bâtiments, comme autant de visions choc qui ne peuvent effectivement pas être réassemblées en un tout cohérent par l'esprit humain.

Le dernier défi visuel à relever consiste à représenter les créatures immondes et contre nature. le lecteur en ressort moins convaincu que pour le reste, car Esteban Maroto reste dans un registre à demi-reconnaissable, en particulier avec des appendices en forme de bras, de courts tentacules disposés en dépit du bon sens, des bouches pleines de dents démesurées et baveuses, des espèces de créatures chauve-souris très basiques, ou encore la statuette répulsive et grotesque mais plus ridicule qu'effrayante. Pour les monstres il utilise des conventions visuelles de comics, avec des contours plus imprécis et plus irréguliers, mais sans parvenir à laisser assez de place à l'imagination du lecteur pour s'inquiéter, tout en l'ayant guidé dans une direction sinistre. le résultat n'est pas vraiment en toc avec des monstres en caoutchouc au point d'en être ridicule ; mais il n'est pas assez sinistre au point d'en être effrayant. Il réussit par contre de belles scènes comme l'arrivée du voyageur en chameau dans les ruines de la Cité sans nom, la danse sauvage et cruelle de la femme nue dans le Festival, ou encore les individus civilisés face au rite païen des sauvages dans L'appel de Cthulhu. En termes d'adaptation, Esteban Maroto sait s'éloigner du texte et montrer, plutôt qu'illustrer des pavés de texte, même si parfois les images montrent quand même ce qui est dit dans le récitatif.

Ces 3 récits constituent une tentative convaincante d'adapter les nouvelles d'Howard Phillips Lovecraft, en dépit de de la difficulté de devoir montrer l'indicible. Esteban Maroto évite l'écueil des clichés éculés des gros monstres baveux, avec des images plus sophistiquées et déconnectées des tics graphiques des comics de monstres. Il sait évoquer les lieux et les personnages avec un degré de plausibilité satisfaisant. Il arrive à donner une idée des décors cyclopéens chers à Lovecraft dans toute leur démesure impossible à appréhender. Par contre il butte sur le bestiaire, trop littéral pour être vraiment effrayant.
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