L'île Rouge est un roman initiatique qui nous mène de Bordeaux à Madagascar à la fin du 19ème siècle. Jean-Baptiste Domergue est un modeste commis aux écritures qui vivote dans l'entreprise de son lointain cousin Octave Biraben. Nous sommes en 1895 et la compagnie bordelaise a grand besoin de vanille et de café. Jean-Baptiste est donc envoyé sur l'Ile Rouge (Madagascar), à Fort-Dauphin, afin de gérer le comptoir de la compagnie et d'organiser l'expédition des épices vers la France. Le choc est rude pour le jeune homme qui doit s'adapter à un autre climat, à d'autres cultures, voyager dans l'Océan Indien et surtout oublier la belle Mathilde qui lui a brisé le coeur.
Au cours de ses pérégrinations, le jouvenceau va grandir et faire un apprentissage politique et diplomatique accéléré. Car son arrivée sur l'île a coïncidé avec la seconde expédition française de 1895. Lorsque Domergue fait la connaissance de la cour malgache, le règne de la reine Ranavalona III connaît son crépuscule.
Michel Marty a composé un très joli roman d'amour et d'aventures qui m'a fait découvrir l'histoire passée de l'île rouge, son annexion et sa« pacification » par les troupes françaises: « C'est alors qu'en septembre débarqua, venant de France, un certain « Galani »- comme disaient les indigènes. A quarante-sept ans il venait d'être nommé général de brigade, et par ordre du ministre André Lebon, il concentrait entre ses mains tous les pouvoirs civils et militaires, pouvoirs d'autant plus étendus que les instructions et les messages de la métropole mettaient cinq mois à traverser les mers. (…) Les instructions ministérielles étaient claires: ramener l'ordre dans cette pétaudière sans que cela coûtât un centime à la République. Galliéni obtint cependant de choisir ses collaborateurs. Il désigna deux capitaines inconnus, un certain Joffre et un autre du nom de Lyautey ».
L'île Rouge sera désormais pour notre héros romantique, non plus un ailleurs lointain, synonyme d'exil temporaire, mais grâce aux femmes, une demeure, promesse d'une existence nouvelle. Car du passé Jean-Baptiste Domergue fera table rase et c'est l'émergence progressive de cette dualité que Michel Marty a si bien mis en oeuvre dans son roman.
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