C'est l'histoire d'un certain nombre de personnes qui se retrouvent à Madagascar, certains pour des vacances comme Mathilde, d'autres pour le boulot comme Philippe, d'autres pour rendre heureuse la femme qu'ils aiment comme Maurice...
Ils ne vont pas se rencontrer (alors qu'au départ, c'est ce à quoi on s'attend). On va suivre les destinées des uns et des autres grâce aux changements de narrateurs à chaque chapitre. le titre du roman annonce bien la couleur : cette expérience malgache finira mal pour tout le monde.
Ce que j'ai bien aimé dans ce bouquin, c'est qu'on assiste à une vision assez crue des rapports entre occidentaux et malgaches et surtout du peuple malgache en général. Je n'aimerais pas être malgache et lire ce bouquin!!!
Il y a autre chose aussi que j'ai bien aimé : c'est que dans les chapitres qui concernent un personnage en particulier, le lecteur (enfin moi) a un peu l'habitude de tout prendre pour argent comptant : ce qu'on dit sur le personnage, c'est la vérité absolue. et quand par le plus grand des hasards (!!!), 200 pages plus loin, on a sa femme comme narratrice et qu'on apprend des trucs de "ouf" qu'on n'aurait non seulement pas soupçonné mais même pas envisagé, c'est génial comme effet de surprise. Et ça, ça se reproduit pour quasi tous les personnages (en tout cas les principaux : Philippe, Mathilde et Maurice) au moyen d'astuces diverses : vite-dit dans le journal, copine de copine, journal intime...
Assez original donc ce roman, avec pas de morale à deux balles à la fin, juste la triste réalité de la vie qui ne fait pas de cadeau.
Mais... pourquoi Madagascar?
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" Les Malgaches sont des menteurs-nés. [...] Rien ne les atteint, aucune mauvaise conscience ne les fait reculer parce qu'ils n'ont pas d'amour-propre[...]. Ils sont sans fond, ce sont des gouffres d'inaffectivité et il faut les accepter comme ça, [...] c'est parce que la vie n'a pas tant d'importance que ça pour eux, c'est parce que la vie n'est qu'un passage ici [...]. Ils sont authentiques dans le mensonge, tout autant qu'ils sont authentiques dans leur mine contrite feinte, dans leurs larmes feintes, dans leurs éclats de rire feints dans leur amitié et leur compassion feintes, [...] c'est le règne du non-être."
Tous ces types, tous sans exception, étaient en rupture complète avec la France. Mariés et pères de famille en France où ils travaillaient dans l'informatique ou comme VRP, ils se retrouvaient à Diégo célibataires sans attaches, s'improvisaient restaurateurs, se reconvertissaient dans le tourisme, la location de 4x4 ou l'hôtellerie avec leurs petites économies. Ces types se tapaient des minettes malgaches de vingt ans en se prenant pour Eddy Barclay, tout ça parce qu'ils avaient une voiture de moins de quinze ans et qu'ils étaient abonnés à Canal Sat. Tout ça dans une ville abandonnée, en ruine, complètement mise sur les rotules par la guerre de 2002, une ville portuaire entourée par la mer mais où l'on ne voyait ni ne sentait jamais la mer.
Amaury venait de passer au téléphone la totalité du trajet séparant la gare Saint-Lazare de celle de Garches-Marne-la-Coquette. Ce temps-là, soit vingt minutes environ, il avait pourtant prévu, au moment de monter dans le train, de le consacrer tranquillement à refaire ses calculs sur son nouveau téléphone portable. Car, pour Amaury, étrenner les fonctions annexes d’un nouveil appareil (la fonction calculette dans le cas présent) constituait toujours un moment privilégié de grande concentration et de détente combinées, surtout lorsqu’il pouvait s’affaler sur un carré de banquettes vides de la ligne Saint-Lazare-Saint-Nom-la-Bretèche, réputée sûre. Ce temps-là, donc, il le passa au téléphone. Non pas que les deux appels qu’il reçut fussent de prime importance (les conversations ayant consisté, précisément, en l’inventaire ostentatoire qu’il fit desdites fonctions annexes de son téléphone à deux de ses amis). Non. Mais Amaury redoutait peut-être davantage la solitude qu’il ne voulait bien l’admettre, fût-ce une solitude de vingt minutes.
Philippe n’était pas fou. La preuve, il avait parfaitement conscience que, parmi ses comportements solitaires, certains pouvaient sans ambiguïté le faire passer pour un fou aux yeux des gens normaux. Et puis, comme il était le seul à le savoir et que seul compte au bout du compte ce que l’on sait, observe ou apprend de vous, cela revenait à faire officiellement de lui un être normal. Et même, se plaisait-il parfois à penser, bien mieux que normal puisque tout à fait maître de ses folies passagères :
« Si je ne referme pas immédiatement quatre fois cette porte, un jour je le paierai, c’est certain. Je n’ai pas le choix, c’est un ordre. C’est ridicule, je sais, c’est absurde mais c’est comme ça. C’est le prix à payer pour ma tranquillité. J’ai l’habitude, je sais ce que je fais, ça me regarde. »
Les spécialistes estiment entre 2 et 4 % la proportion de gens souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Rien ni personne ne peut les empêcher d’aller se laver les mains quarante fois par jour, de déplier et replier pendant trois quarts d’heure le même vêtement au moment de le ranger dans leur armoire, de vérifier cinquante fois les interrupteurs et le gaz avant de quitter leur domicile. Ce sont des êtres asociaux, déplaisants, enfermés dans leurs manies, nocifs pour leur entourage, difficiles à soigner. Ils inspirent une incompréhension sévère, voire le rejet et la peur. On assimile un TOC à une pathologie de l’anxiété trouvant, bien entendu, ses justifications dans un traumatisme survenu chez le sujet au cours de sa petite enfance.
Philippe, pour sa part, considérait plutôt son anomalie comme une superstition poussée, comme un avatar de son exceptionnelle clairvoyance. Comme, en quelque sorte, l’un de ces privilèges inéquitables qu’on cherche à dissimuler à tout prix de peur se les voir retirer aussi vite qu’ils vous ont été accordés un beau jour sans raison. Lui qui n’allait jamais à l’église, lui qui n’était pas baptisé ni n’avait jamais lu une page entière de la Bible, lui chez qui la seule évocation de Dieu par un vrai croyant éveillait une indulgence un peu méfiante (« Dieu ça fait secte, ça fait déprime »), lui qui sur ce point précis manifestait une goguenardise bien française, il n’avait trouvé d’autre mot que Dieu, précisément, pour caractériser cet interlocuteur abstrait, secret et invisible, par lequel il se sentait désigné :
« Je te dis merci, Dieu. Merci de m’avoir fait comprendre ceci : qu’il suffit que je me donne un petit peu de mal pour toi sur des trucs aussi anodins que de refermer quatre fois de suite la porte de mon bureau, ou d’éviter chaque matin de marcher sur les joints de carrelage de ma salle de bains, pour être épargné par le mauvais sort. »
T'habites tranquille dans un pays civilisé, t'as des mecs qui se sont battus pour la médecine, t'as des savants qui se sont cassés le cul pour te faire vivre vieux, et t'as trois enfoirés de sa race qui te font prendre un avion pendant douze heures pour t'envoyer pourrir au Moyen Âge? Dans un pays de merde, de putes, de clodos, de ruines, de 4L et de palu? J'ai rien, demandé moi
"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L.
Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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