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EAN : 9782070307753
304 pages
Gallimard (05/01/2006)
3.28/5   72 notes
Résumé :
"Diégo ? Un drôle de coin.
Un peu comme ces comptoirs oubliés qu'ils avaient pu visiter ensemble en Côte-d'Ivoire ou au Sénégal, mais version glauque, "un vrai dépotoir de la névrose occidentale, une sorte de terminus des âmes à la dérive, au sens figuré et géographique du terme". Il y avait des légionnaires à la retraite, des RMIstes de la Réunion, des Belges qui faisaient du business, des petits mafieux italiens mis au vert, des repris de justice, des dépri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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J'imagine la tête de ma femme, me voyant, moi expatrié pour quelques mois à Madagascar, et, elle, lisant ce livre de Nicolas Fargues. C'est sûr, ce ne serait pas de l'inquiétude pour elle, mais un véritable désarroi, et une désillusion sur les fondations de son couple.
Bon, peut-être, que notre auteur a forcé le trait sur cette communauté d'expatriés partis sur l'île rouge, des gens bien sous tout rapport et qui se sont laissé tenter par une vie de débauche, ceci, afin d'échapper à l'ennui.
Dans ce livre, nous sommes donc à Diego Suarez au nord de Madagascar, dans un cadre idyllique (ciel bleu, mer turquoise, montagne...) ressemblant pour beaucoup à Rio la Sud Américaine. Sauf qu'ici, l'ancienne cité coloniale est tombée en décrépitude, les routes et les trottoirs ne sont plus entretenus et les vieilles demeures européennes tombent en lambeau.
Les habitants, quant à eux, vivent ou plutôt survivent de petites combines, quand ils ne sont pas corrompus par la petite élite locale.
Pas très brillante, donc, l'image que Nicolas Fargues nous donne ici de ces lieux et surtout de ces gens très différents (occidentaux et autochtones) vivant à des années lumières les uns des autres.
En bref, notre auteur nous conte de manière alternative l'histoire de quelques français, tels que une voyageuse, des humanitaires, un couple franco-malgache, dans un langage direct, cru et sans concession. Et cette façon de raconter me plait plutôt bien.
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Je ne pouvais pas boucler mon voyage à Madagascar, et mon tour du nord de l'île, sans lire un roman dont l'action se déroule au coeur des décors visités. C'est ainsi que ma binome de voyage m'a prété ce livre qu'elle avait lu juste avant. « Rade Terminus » de Nicolas Fargues raconte les destins croisés de vazahas (blanc) sur la route de différents malgaches, le tout tournant autour de la ville de Diego Suarez.

L'écriture est assez « directe », parfois vulgaire, rentre dedans mais ça correspond parfaitement aux personnages. Ces derniers qui d'ailleurs passent parfois du statut de « victime de meurtre par le lecteur » à « viens-ici que je t'embrasse ». Oui en quelques pages, l'auteur parvient à faire évoluer rapidement ces personnages. Aucun temps mort dans ce roman, tout va à une vitesse folle.

Mais le roman sera surtout apprécié par ceux qui sont passé par Diégo. On retrouve les coins visités, les coins qui nous ont marqués. On retrouve ces vieux vazahas dégueulasses, les vieilles 4L, les ruines coloniales, le pain de sucre… L'auteur réveille même nos souvenirs gustatifs.

Alors à première vue, je dirais que ce livre plaira peu à celui qui n'est pas allé à Madagascar, voire, il ne donnera peut-être pas envie d'y aller… Mais moi j'ai pris beaucoup de plaisir dans ma lecture, un moyen de prolonger de quelques heures mon voyage. Que demander de plus ?
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Madagascar, côté Océan Indien. A Diégo-Suarez (Antsiranana), les vestiges coloniaux sont le lieu d'un brassage entre la population locale et un certain nombre d'expatriés qui s'y retrouvent pour diverses raisons. Il y a la jeune femme Mathilde qui tient son journal et qui découvre ce pays sans préjugé, l'exaspérant Amaury qui lui en a plein sa tête de bourgeois prétentieux, Philippe le pragmatique qui connaît déjà bien l'île... Eux tous entretiennent des rapports plus ou moins compliqués, plus ou moins naturels avec les Malgaches qu'ils côtoient...


Entre rencontres intéressées, passades sexuelles, collaboration professionnelle... tout ce petit monde évolue sous le regard quasi ethnologue de Nicolas Fargues. On sent que l'auteur qui vit à Madagascar, retranscrit beaucoup de ce qu'il voit ou de ce qu'il a vécu. Et avec talent, avec son écriture fluide, son style très agréable à lire. Comme un puzzle, les personnages prennent tour à tour la parole, et Nicolas Fargues leur prête à chacun une forme narrative ou stylistique différente (Amaury envoie des mails à ses proches restés en métropole avec la syntaxe typique des messages électroniques, Mathilde livre des pages de son journal intime, de Philippe ce sont les monologues que l'on lira...)
Derrière une forme légère de feuilleton sentimentalo-tropical, Nicolas Fargues expose beaucoup de vérités sur ces expatriés qui se retrouvent souvent pour de mauvaises raisons dans des contrées pauvres où ils sont souvent perçus pour autres qu'ils ne sont. Souvent pathétique, rarement trop caricatural, cette descrition romancée de rapports Nord-Sud n'épargne personne, ni les blessures et les défauts des vazaha (Blancs), ni les mauvaises intentions des autochtones. L'avoir lu en Afrique a sans doute encore plus fait résonner en moi les mots de Nicolas Fargues.

Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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'Rade Terminus' est un livre qui parle des expatriés français à Madagascar avec une certaine ironie.

Des couples, des célibataires, se préparent d'abord à partir. Ils feront connaissance là-bas, à Diégo-Suarez. Se préparer pour partir ce n'est pas forcément de la tarte ! Les personnages, qui vont se croiser à Diégo-Suarez, qui n'est autre que la ville d'Antsiranana, sont plutôt caricaturaux, comme Philippe par exemple, qui travaille pour l'association humanitaire « Écoute et Partage », une ONG, et qui souffre de ses TOCs. Que ce soit sur le mode comique (Amaury recruté en France par Philippe pour le seconder) ou sur le mode dramatique (Phidélyce qui a vraiment baisé la gueule à Maurice qui a tout quitté pour elle).

On sent là le vécu ! parce que Nicolas Fargues a été le directeur de l'Alliance française de Diégo-Suarez à Madagascar, et il a dû en voir passer, des expat's !!! le ton employé est plein d'humour, il se moque beaucoup de ses personnages (l'air de rien comme ça, un peu pince-sans-rire !).

Les Malgaches en prennent aussi pour leur grade ! Il les connaît bien et nous en décrit le portrait et les caractéristiques, selon leur origine, les côtiers ou ceux des hauts plateaux, ce n'est pas la même chose ! Et quand un Malgache vient en France, c'est tragi-comique !

J'ai apprécié ce petit livre, plutôt drôle, et plutôt à lire en été sur une chaise longue, ou dans l'avion, ou dans l'aérogare ! (mais ce n'est pas un roman de gare !)
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C'est l'histoire d'un certain nombre de personnes qui se retrouvent à Madagascar, certains pour des vacances comme Mathilde, d'autres pour le boulot comme Philippe, d'autres pour rendre heureuse la femme qu'ils aiment comme Maurice...
Ils ne vont pas se rencontrer (alors qu'au départ, c'est ce à quoi on s'attend). On va suivre les destinées des uns et des autres grâce aux changements de narrateurs à chaque chapitre. le titre du roman annonce bien la couleur : cette expérience malgache finira mal pour tout le monde.
Ce que j'ai bien aimé dans ce bouquin, c'est qu'on assiste à une vision assez crue des rapports entre occidentaux et malgaches et surtout du peuple malgache en général. Je n'aimerais pas être malgache et lire ce bouquin!!!
Il y a autre chose aussi que j'ai bien aimé : c'est que dans les chapitres qui concernent un personnage en particulier, le lecteur (enfin moi) a un peu l'habitude de tout prendre pour argent comptant : ce qu'on dit sur le personnage, c'est la vérité absolue. et quand par le plus grand des hasards (!!!), 200 pages plus loin, on a sa femme comme narratrice et qu'on apprend des trucs de "ouf" qu'on n'aurait non seulement pas soupçonné mais même pas envisagé, c'est génial comme effet de surprise. Et ça, ça se reproduit pour quasi tous les personnages (en tout cas les principaux : Philippe, Mathilde et Maurice) au moyen d'astuces diverses : vite-dit dans le journal, copine de copine, journal intime...
Assez original donc ce roman, avec pas de morale à deux balles à la fin, juste la triste réalité de la vie qui ne fait pas de cadeau.
Mais... pourquoi Madagascar?
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
" Les Malgaches sont des menteurs-nés. [...] Rien ne les atteint, aucune mauvaise conscience ne les fait reculer parce qu'ils n'ont pas d'amour-propre[...]. Ils sont sans fond, ce sont des gouffres d'inaffectivité et il faut les accepter comme ça, [...] c'est parce que la vie n'a pas tant d'importance que ça pour eux, c'est parce que la vie n'est qu'un passage ici [...]. Ils sont authentiques dans le mensonge, tout autant qu'ils sont authentiques dans leur mine contrite feinte, dans leurs larmes feintes, dans leurs éclats de rire feints dans leur amitié et leur compassion feintes, [...] c'est le règne du non-être."
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Tous ces types, tous sans exception, étaient en rupture complète avec la France. Mariés et pères de famille en France où ils travaillaient dans l'informatique ou comme VRP, ils se retrouvaient à Diégo célibataires sans attaches, s'improvisaient restaurateurs, se reconvertissaient dans le tourisme, la location de 4x4 ou l'hôtellerie avec leurs petites économies. Ces types se tapaient des minettes malgaches de vingt ans en se prenant pour Eddy Barclay, tout ça parce qu'ils avaient une voiture de moins de quinze ans et qu'ils étaient abonnés à Canal Sat. Tout ça dans une ville abandonnée, en ruine, complètement mise sur les rotules par la guerre de 2002, une ville portuaire entourée par la mer mais où l'on ne voyait ni ne sentait jamais la mer.
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Amaury venait de passer au téléphone la totalité du trajet séparant la gare Saint-Lazare de celle de Garches-Marne-la-Coquette. Ce temps-là, soit vingt minutes environ, il avait pourtant prévu, au moment de monter dans le train, de le consacrer tranquillement à refaire ses calculs sur son nouveau téléphone portable. Car, pour Amaury, étrenner les fonctions annexes d’un nouveil appareil (la fonction calculette dans le cas présent) constituait toujours un moment privilégié de grande concentration et de détente combinées, surtout lorsqu’il pouvait s’affaler sur un carré de banquettes vides de la ligne Saint-Lazare-Saint-Nom-la-Bretèche, réputée sûre. Ce temps-là, donc, il le passa au téléphone. Non pas que les deux appels qu’il reçut fussent de prime importance (les conversations ayant consisté, précisément, en l’inventaire ostentatoire qu’il fit desdites fonctions annexes de son téléphone à deux de ses amis). Non. Mais Amaury redoutait peut-être davantage la solitude qu’il ne voulait bien l’admettre, fût-ce une solitude de vingt minutes.
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Philippe n’était pas fou. La preuve, il avait parfaitement conscience que, parmi ses comportements solitaires, certains pouvaient sans ambiguïté le faire passer pour un fou aux yeux des gens normaux. Et puis, comme il était le seul à le savoir et que seul compte au bout du compte ce que l’on sait, observe ou apprend de vous, cela revenait à faire officiellement de lui un être normal. Et même, se plaisait-il parfois à penser, bien mieux que normal puisque tout à fait maître de ses folies passagères :
« Si je ne referme pas immédiatement quatre fois cette porte, un jour je le paierai, c’est certain. Je n’ai pas le choix, c’est un ordre. C’est ridicule, je sais, c’est absurde mais c’est comme ça. C’est le prix à payer pour ma tranquillité. J’ai l’habitude, je sais ce que je fais, ça me regarde. »
Les spécialistes estiment entre 2 et 4 % la proportion de gens souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Rien ni personne ne peut les empêcher d’aller se laver les mains quarante fois par jour, de déplier et replier pendant trois quarts d’heure le même vêtement au moment de le ranger dans leur armoire, de vérifier cinquante fois les interrupteurs et le gaz avant de quitter leur domicile. Ce sont des êtres asociaux, déplaisants, enfermés dans leurs manies, nocifs pour leur entourage, difficiles à soigner. Ils inspirent une incompréhension sévère, voire le rejet et la peur. On assimile un TOC à une pathologie de l’anxiété trouvant, bien entendu, ses justifications dans un traumatisme survenu chez le sujet au cours de sa petite enfance.
Philippe, pour sa part, considérait plutôt son anomalie comme une superstition poussée, comme un avatar de son exceptionnelle clairvoyance. Comme, en quelque sorte, l’un de ces privilèges inéquitables qu’on cherche à dissimuler à tout prix de peur se les voir retirer aussi vite qu’ils vous ont été accordés un beau jour sans raison. Lui qui n’allait jamais à l’église, lui qui n’était pas baptisé ni n’avait jamais lu une page entière de la Bible, lui chez qui la seule évocation de Dieu par un vrai croyant éveillait une indulgence un peu méfiante (« Dieu ça fait secte, ça fait déprime »), lui qui sur ce point précis manifestait une goguenardise bien française, il n’avait trouvé d’autre mot que Dieu, précisément, pour caractériser cet interlocuteur abstrait, secret et invisible, par lequel il se sentait désigné :
« Je te dis merci, Dieu. Merci de m’avoir fait comprendre ceci : qu’il suffit que je me donne un petit peu de mal pour toi sur des trucs aussi anodins que de refermer quatre fois de suite la porte de mon bureau, ou d’éviter chaque matin de marcher sur les joints de carrelage de ma salle de bains, pour être épargné par le mauvais sort. »
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T'habites tranquille dans un pays civilisé, t'as des mecs qui se sont battus pour la médecine, t'as des savants qui se sont cassés le cul pour te faire vivre vieux, et t'as trois enfoirés de sa race qui te font prendre un avion pendant douze heures pour t'envoyer pourrir au Moyen Âge? Dans un pays de merde, de putes, de clodos, de ruines, de 4L et de palu? J'ai rien, demandé moi
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Vidéo de Nicolas Fargues
"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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