Dorota Maslowska m'avait agréablement surpris avec son premier roman Polococktail Molotov. La plume de cette jeune romancière, agitée, nerveuse, pleine de verve, dénonçant un monde cupide et corrompu convenait tout à fait à un univers de jeunesse sans avenir. Mais doit-elle s'y cantonner ? Est-elle capable de trouver une autre voix ? Dans son autre roman,
Chéri, j'ai tué les chats, on retrouve (presque) le même style. Encore. Sa narratrice Farah n'y passe pas par quatre chemins pour dire tout ce qui lui passe par la tête, même les propos les plus vulgaires. D'ailleurs, son attention s'accroche facilement sur la laideur du monde. « Puanteur estivale de mégalope. » (p. 55) Toutes les villes comportent des éléments négatifs mais il ne tient qu'à chacun de s'arrêter à de meilleurs endroits. Mais elle est comme ça, Farah. Même son amie Joanna et les types qu'elle rencontre sont constamment critiqués.
Dans tous les cas, le style incisif et cru de
Maslowska est la seule qualité (s'il peut en constituer une) car il ne semble pas mis au service d'une intrigue. Farah déambule dans une grande ville. Laquelle ? Il me semblait qu'on était pas en Pologne mais dans une grande ville américaine, peut-être Los Angeles. Éventuellement, des indices sont lâchés : « Il s'appelait Dean Jordan, habitait San Diego » puis « Maintenant ils sont peut-être quelque part super loin, même en Pologne ». (p. 62) le style frondeur des premiers romans de
Maslowska convenait à une jeunesse brisée et révoltée contre un système communiste persistant. L'agitation de Farah, je ne la comprends pas. Elle se plaint mais ne fait rien pour changer le monde qui l'entoure. Elle déambule et passe des commentaires à faire sourciller. « J'aime prendre le métro. J'y ressens quelque chose à la limite de la religion et du sexe. » (p. 137). Je suis sans mots.
À un moment, le lecteur est entrainé dans des délires encore plus étranges de Farah mais la démarquation entre rêve et réalité n'est pas toujours si claire. J'ai décroché. Déjà que, tout au long de ma lecture, je me suis demandé ce que j'étais supposé retenir, tirer de ce roman. Une fois terminée, je ne le savais pas plus. Est-ce une critique de la vie moderne, de la place omniprésente des réseaux sociaux, de la pollution, des laissés-pour-compte dans une société désabusée, superficielle, désincarnée et inhumaine ? le trash, on aime ou on aime pas, je suppose.