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Marie-Claire Pasquier (Traducteur)
EAN : 9782259196963
367 pages
Plon (17/04/2003)
3.69/5   75 notes
Résumé :
Londres, dans les brumes d’un après-midi d’octobre 1886. Edgar Drake reçoit une étrange requête du ministère de la Guerre. Il doit quitter sa femme et sa paisible vie londonienne pour partir dans la jungle de Birmanie, afin d’accorder un piano Erard très rare. L’instrument appartient au médecin-général Anthony Carroll, un énigmatique officier anglais dont les succès à ramener la paix dans les états Shan sont devenus légendaires, mais dont les méthodes peu orthodoxes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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En décembre 1885 à Londres, l'honorable colonel George Fitzgerald de la division des opérations militaires en Birmanie et les Indes orientales reçoit la requête insolite d'un piano à queue de la marque Erard à faire parvenir au médecin-major Anthony Carroll en poste dans la jungle nord-est de la Birmanie.
Un refus pour des raisons logistiques évidentes est hors de question, car il se trouve que Carroll, grâce à ses bons rapports avec les princes locaux, est un facteur important de sécurité dans une région menacée par des rébellions fréquentes et la proximité des troupes françaises d'Indochine.

Un splendide piano Erard est donc expédié à Mandalay, en partie à dos d'éléphants. Mais la grande humidité a vite désaccordé cette merveille et l'accordeur de piano Edgar Drake est sollicité pour y aller faire le nécessaire, moyennant une indemnité égale à un an de salaire pour 3 mois de mission.

Le 26 novembre 1886 c'est le grand départ pour Drake, qui à 41 ans n'est jamais sorti d'Angleterre. Un voyage bien long et éprouvant : Calais, Marseille, Alexandrie, le Canal de Suez, Aden, Bombay, Calcutta, le golfe du Bengale, Rangoon, Mandalay, Mae Lwin, où attendent Carroll et le piano.

Pendant ce voyage, l'auteur nous explique la situation politique à la fin du XIXe siècle dans le nord de la Birmanie et les bagarres entre Birmans, Chans, Karens, dacoïts (bandits armés) ... et Britanniques.

Daniel Mason paie aussi hommage au génial facteur de pianos, Sébastien Érard, né à Strasbourg en 1725 et mort à Passy en 1831. le révolutionnaire constructeur de pianos, qui avait la faveur d'Haydn, Liszt, Beethoven et ...Napoléon.

Cette odyssée du courageux accordeur de piano en ferry, train, paquebot, navire fluvial à vapeur, à dos de poneys et de boeufs, lui aura pris la bagatelle de 2 bons mois. Il est vrai qu'une attaque du légendaire fauteur de guerre Twet Nga Lu, un moine bouddhiste défroqué et converti au banditisme, a provoqué des retards imprévus.

La deuxième partie du livre se passe à Mae Lwin, à quelques kilomètres de la frontière du Siam et de l'Indochine française, et en fait le royaume (privé) du médecin-major Anthony Carroll.

Carroll est un idéaliste qui a horreur des campagnes militaires de l'armée de sa Gracieuse Majesté qui pourraient être évitées si l'Albion alimentait les pauvres villageois qui meurent de faim.
Le toubib croit également que la musique pourrait jouer un rôle important dans l'instauration d'une coexistence pacifique, comme les soirées de piano l'ont joliment prouvé.

Or, ce magnifique piano à queue en acajou brun foncé est dans un état lamentable non seulement à cause de la grande humidité, mais aussi parce qu'une balle de fusil l'a traversé lors d'une escarmouche.
Heureusement que Drake a apporté "l'équipement de base" tels des tournevis de réglage, des pinces à écarter les touches, un espaceur de touches, un crochet pour ajuster les ressorts, des clés anglaises...
N'empêche que la tâche sera évidemment dure !

Du progrès de cette tâche, ses rapports avec Carroll et la situation dans ce poste éloigné de l'Empire britannique, Drake informe de manière régulière sa bien-aimée Katherine à Londres par courrier.

L'ouvrage est original, instructif et agréable à lire parce que l'auteur,
David Mason, après ses études de biologie et de médecine, a séjourné dans cette partie du globe et qu'il en a gardé manifestement un excellent souvenir.
Il est actuellement professeur à l'université de Stanford, l'auteur de "Un lointain pays" en 2007 et l'époux de l'écrivaine Sara Houghteling de qui j'ai récemment commenté son ouvrage "Pictures at an Art Exhibition".
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Roman complexe que « L'accordeur de piano » de Pascal MERCIER (Ed. :10-18 n° 4311). Roman à lire cependant ! Si on veut aider le lecteur en proposant une clé de lecture, on a l'embarras du choix. En fait ce n'est pas une seule clé qu'on pourrait donner, c'est tout un trousseau.
J'ai envie de privilégier la gémellité. Par définition l'état de jumeaux. En effet, le fil conducteur choisi par l'auteur est l'écriture de cahiers, tour à tour rédigés par Patrice et Patricia. Après avoir, semble-t-il, vécu une longue période de fusion totale (Je suis toi. Tu complètes mes mots, mes phrases. Je devine ta réaction face à l'avenir avant même que celui-ci ne soit. Tu ne peux envisager de me perdre sans te perdre toi-même, …), ces deux jumeaux ressentent la nécessité absolue de se fuir, de mettre de la distance entre eux après l'incident, le clash, qui a semé le trouble dans bien des esprits et surtout dans le leur. le contrat est simple, ils ne doivent plus se voir, ni prendre contact, ni chercher à savoir où est l'autre avant d'avoir exprimé, par l'écriture, leurs visions personnelles des événements antérieurs et vérifié s'ils sont toujours et étaient alors vraiment un … ou deux ! Patrice et Patricia écriront chacun sept cahiers, selon la ponctuation temporelle qu'ils donnent à leur histoire et à la prépondérance que chacun accorde aux faits et gestes de leur entourage, aux secrets qu'ils ont et aux stigmates du passé partagées avec Chantal, la mère sous morphine quasi en permanence ou Frédéric, dans son triple rôle de père, d'accordeur de piano reconnu et de compositeur d'opéra dont toutes les partitions sont systématiquement rejetées par les décideurs artistiques. Quel est le lien qui se tisse entre des jumeaux ? Où s'arrête l'aide qu'ils se portent ? Où commence la prise de pouvoir de l'un sur l'autre ? Et si la relation entre eux était encore d'un tout autre ordre ? Pouvons-nous comprendre ?
Un deuxième thème, central lui aussi, est la recherche de reconnaissance, de valorisation de chaque personnage surtout quand il est marqué dans sa chair, dans son histoire, dans sa capacité d'aimer par des actes pour lesquels il est plutôt victime que coupable. Entre l'amour et la haine, l'obéissance et la révolte, la passé et l'avenir, il n'y a parfois rien de très clair mais presque toujours beaucoup de troubles, d'hésitations, de questions sans réponse. le fond de ce thème est admirablement traité par l'auteur sur fond de musique et de livrets d'opéra qui nous offrent un large panel des trahisons possibles en ce domaine.
Et puis, il y a le thème de la communication, celle qui unit, rapproche, soude à jamais, celle qui est maladroite, qui blesse par sa rareté, son insuffisance, ses silences. Celle aussi qui tait l'essentiel parce que la confiance est là, qu'il vaut mieux faire l'économie de mots trop pauvres pour exprimer ce qui est vraiment. La communication complice, la communication accusatrice, destructrice … ou tout simplement manquée, sans qu'on ne puisse trop dire pourquoi.
Riche, ce livre, parce qu'il nous renvoie à nous-mêmes, à ce que nous pensons qu'on aurait pu faire, dû faire… Riche par les questions qu'il pose et qui, devant la complexité des choses nous ramène à l'absence de certitude, l'humilité nécessaire à avoir devant toute vie d'autrui. Riche, enfin, par ses rebondissements dans la narration, par son écriture multi tonale où chacun pourra se servir et goûter à ce qu'il aime, ce qui l'interpelle ou lui fournit des pistes nouvelles pour lire son temps, sa vie.
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Pour qui connaît la Birmanie aujourd'hui, ce roman est riche d'images, de couleurs, d'odeurs même...et c'est la vérité!
La Birmanie est un pays magnifique!
Daniel Manson nous fait voyager au XIXème siècle, quand la Grande Bretagne était là-bas toute puissante.
Ce sont les mêmes paysages, mais Edgar Drake, l'accordeur de piano, ignore qu'il va rencontrer dans cette jungle des puissants, des traîtres, de lourds secrets et des aventures dont il se serait bien passé.
Il a quitté Katherine, son épouse aimée, et les salons feutrés de Londres pour des péripéties inattendues, lui qui était seulement envoyé dans ces lointaines contrées pour accorder un piano rare...
Le texte est puissant, les références historiques et géographiques très soignées...Je me suis un peu ennuyée parfois mais je garde de cette lecture une excellente impression , et des envies d'écouter la musique dont Daniel Manson parle si bien.
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"Vous voulez savoir si j'existe pour de vrai ou si je ne suis qu'un fantôme. Et vous voulez me donner la réponse. Nous sommes des fantômes depuis que toute cette histoire a commencé, répondit l'ombre." Ainsi aurait pu parler Lawrence d'Arabie, version birmane. C'est un livre étrange et beau que cet "Accordeur de piano". Il n'est pas donné à tout le monde d'être envoyé en pleine jungle birmane pour y accorder le piano, de marque Erard de surcroît, d'un médecin militaire anglais. Hors du temps, loin du monde, il nous parle de la Birmanie, et de quelle façon ! L'écriture, poétique et lente, s'accorde aux méandres d'une histoire un peu abracadabrante où les apparences sont si étranges qu'elles semblent trompeuses. Peut-on vraiment établir la paix dans un pays au moyen de la musique ? Les personnages qui semblent les plus sincères le sont-ils vraiment ? Qui a tort, qui a raison ? Et si cette histoire de piano n'était en somme et si je puis dire, que du pipeau ? J'ai lu ce livre le plus lentement possible afin de le savourer totalement et de ne le quitter que le plus tard possible. Il est des compagnons dont on peine à se séparer....
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Ce livre parle non seulement de musique, mais surtout d'émotions, de ressentis, de vie. Nous sommes plongés en tant que lecteurs dans les yeux et le coeur de Claude Rawlings, ce héros de la musique. Un livre qui pourrait tout aussi bien être une sorte d'autobiographie tellement le personnage et totu son contexte y est détaillé : la ville de l'époque, les lieux, les personnages qui l'entourent, tout y est relaté avec beaucoup de précision et de finesse. Et enfin, bien sûr, ce livre est une éloge à la musique et recommandé pour tout musicien !
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Oh, chère âme, comme ce pays est beau ! La forêt a subi un changement incroyable. En quelques jours seulement, les buissons desséchés se sont transformés en une explosion de couleurs. Quand j’ai pris le vapeur de Rangoon à Mandalay, j’ai rencontré des jeunes soldats qui m’ont parlé de Mae Lwin. Sur le moment, je restais asses sceptique, mais je sais maintenant que tout était vrai. Le soleil brille très fort. Des brises fraîches s’élèvent du fleuve. L’air est plein de l’odeur du nectar, de celle des épices qu’on met dans les aliments. Quant aux sons, ah, quels sons inouïs ! Les branches du saule pendent si bas que j’aperçois à peine la rivière. J’entends des rires. Si je pouvais traduire les rires des enfants par les vibrations d’une corde, ou les fixer sur le papier !
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Et voilà que d'un lieu invisible surgit la voix d'une femme qui chante. L'air commence très doucement, et au début je ne le reconnais pas. Le son est très bas, très beau, c'est une chanson semblable au vin, un plaisir interdit, enivrant, une ballade comme je n'en ai jamais entendu. Je ne comprends pas les paroles, et la mélodie m'est totalement étrangère ; cependant elle me touche de si près que je me sens comme nu et honteux... Le vieil homme, qui pendant son récit n'avait pas quitté les yeux d'Edgar, se tourna vers la mer. "J'ai raconté cette histoire à bien des gens, dit-il. Je veux trouver quelqu'un sur terre qui ait entendu le chant qui m'a rendu sourd... Et puis, ajouta-t-il, je ne crois pas que ce soit le chant qui m'ait rendu sourd. Ce que je pense c'est qu'après avoir entendu un chant d'une telle beauté, mes oreilles ont simplement cessé de percevoir les sons parce qu'elles savaient qu'elles ne rencontreraient plus jamais une telle perfection."
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Je continue à croire au rôle que peut jouer un piano. Mais j'en suis venu à penser que vouloir apporter à ce pays la musique et la culture ne va pas tout seul - l'art et la musique existent, c'est leur art et leur musique. Je ne dis pas que nous ne pouvons rien apporter à la Birmanie, mais il faudrait sans doute y mettre davantage d'humilité. En vérité, si notre intention est d'assujettir ce peuple, il faut leur présenter ce qu'il y a de meilleur dans la civilisation européenne. Bach n'a jamais fait de mal à personne. Les airs de musique ne sont pas des armées.
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Au-dessus d’eux, un rapace qui volait en cercles fut pris par un courant ascendant ; Edgar se demanda ce que l’oiseau voyait de là-haut : trois silhouettes minuscules qui trottinaient sur une piste sinueuse encerclant les collines calcaires, les villages miniatures, la Salouen qui serpentait paresseusement, les montagnes à l’est, le plateau Chan, incliné jusqu’à Mandalay, et puis toute la Birmanie, le Siam, l’Inde, les armées rassemblées, des colonnes de militaires français et anglais en attente, invisibles les unes pour les autres mais que l’oiseau, lui, distinguait, et entre elles trois hommes occupés à cueillir des fleurs.
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A l'instant je sens en moi à la fois une tristesse immense et une joie, un désir lancinant, quelque chose qui surgit des tréfonds, une forme d'extase. Je pèse mes mots, c'est vraiment ce que j'éprouve, cela monte en moi, telle l'eau qui sourd d'un puits et mes yeux se remplissent de larmes, comme si j'allais déborder. Je ne sais pas de quoi il s'agit exactement. Mais je n'aurais jamais cru que je pouvais tant recevoir de la pluie qui tombe ou d'enfants qui jouent.
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Daniel Mason présente "Un lointain pays" à Authors@google.
Non sous-titré.
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