Troisième épisode mettant en scène les policiers Patel et Pardoe, qui en compte quatre à ce jour, «
Le peuple des ombres » est le dernier né des Éditions Livr'S. Cet opus peut être lu indépendantisme des autres. On ne va pas se le cacher, mais les dernières parutions sont un peu en dents de scie. «
Ghost Virus » était très décevant, «
Les anges oubliés » excellent et «
La maison aux cent murmures » sympa, mais sans plus. Toutefois, on pourra toujours féliciter nos amis Belges de traduire les romans de
Graham Masterton, qui est l'un des maîtres de l'horreur.
À première vue, «
Le peuple des ombres » a beaucoup de similitudes avec « Le grenier des enfers ».
Tout comme dans le roman précité de la saga Pendergast, l'action se déroule sous terre (métro), des marginaux, un groupe anthropophage, une drogue qui transforme les gens en monstre. le récit démarre très fort avec un buffet de mets délicats (un air du livre « Le
rituel de chair » ?). Une odeur qui donne envie pour les viandards de participer au festin dans un prime abord. Mais à bien y regarder, ceux et celles qui se seraient jetés dessus auront des mots d'estomac, mais aussi une profonde dépression nerveuse. Ça part fort, l'auteur nous en met plein la tronche avec ces éviscérassions, du gore et on se prend à espérer de retrouver l'écrivain du passé, celui qui a eu une imagination féconde (citons pêle-mêle «
Transe de mort », «
Démences », «
Le diable en gris », «
Sang impur »). Et de l'horreur, il nous en propose jusqu'au gavage, avec un petit air de son récit «
Le maître des mensonges ». Tout ça, c'est génial, mais ça se casse vite le pif. le rythme devient lent et surtout moins sanguinolent. On pourra imputer la faute à son orientation “enquête” avec le duo Pardoe et Patel. Je suis moins emballé par les récits policiers, d'autant que l'on suivait l'intimité du peuple des ombres.
Plus on avance et plus on s'éloigne du roman « Le grenier des enfers ».
Ainsi, les cannibales ne sont pas cachés dans les tréfonds d'une mégapole, mais dans un banal bâtiment abandonné. La drogue n'est pas la plante sud-américaine, mais un assemblage d'Opiacées et d'autres choses. Je suis un peu déçu que prend l'histoire et donne une intrigue bancale :
un démon Hindou, une drogue nazie, crucifixion, un langage néolithique. Même la fin est bâclée :
le démon est invoqué, il détruit tout, fin.
Je suis nostalgique de ses héros désespérés, dans des situations où l'on se dit heureusement que je ne suis pas à leurs places, une lutte contre des démons, l'aide d'un professeur ou d'un voyant…
Graham Masterton a changé son plan de carrière, mais a gardé quelques-uns de ses ingrédients. On y retrouve une certaine touche d'humour (so british ici), des références populaires (séries télévisées, cinéma) et même littéraires. Espérons que cette maison d'édition perdure et nous propose un maximum de romans inédits sous nos latitudes.