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EAN : 9782753304826
Editions SW Télémaque (25/01/2024)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Nice. Un écrivain parisien demande à rencontrer une jeune femme victime d'une agression homophobe.
La surprise sera au bout du dialogue inattendu qui s'engage entre eux.
Pourquoi Julie a-t-elle été agressée aussi sauvagement dans une rue du vieux Nice ? Pourquoi sa compagne alors présente sur les lieux a-t-elle disparu ?
Après la lecture d'un article relatant ce fait divers, Marc, un écrivain parisien reconnu, décide de rencontrer la jeune femme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Après ses pérégrinations autour de Grasse, Sandra Mathieu nous offre un premier roman étonnant.
Une forme d'enquête sur l'agression homophobe dont a été victime Julie.
Une réflexion sur la différence, un regard psychologique sur une famille classique qui se révèle finalement humaine même et surtout dans ses égarements.
Tout est juste et crédible dans ce roman.
Si j'étais Patrice Chéreau, je demanderais à l'auteure de pouvoir mettre en scène ces dialogues tellement sincères, tellement vrais.

Elle était l'invitée de Yannick Blavette dans son émission "on est fait pour s'entendre" du 30 janvier 2024.
https://www.rcf.fr/culture/on-est-fait-pour-sentendre?episode=447707

Egalement une intéressante interview de l'auteure :
https://actualitte.com/article/115293/edition/je-veux-rendre-hommage-a-l-inimaginable


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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
— La sœur de Julie, comment dire… elle est
homosexuelle, elle aussi ?
— Ça va pas, non ! Une dans la famille, ça fait
déjà assez, vous croyez pas ?
— Je ne sais pas. Votre ex-femme a mal élevé ses
trois enfants ?
— C’est possible. Ça dépend des points de vue.
En tout cas, pour Julie, ça a été la merde.
— Pourquoi ?
— Déjà à l’adolescence, c’était clair qu’elle avait
des tendances. Une fois au collège, ils ont convoqué
sa mère parce qu’elle avait dit à sa prof de français
qu’elle l’aimait. Moi, j’y suis pas allé, j’avais pas
envie de me faire mettre la honte par ses profs.
— Vous pensez que sa mère est la cause de son
homosexualité ?
— Ça m’étonnerait pas. Elle est capable de tout,
celle-là, c’est une sorcière.
— Vous avez une idée de la manière dont elle
aurait pu s’y prendre, et pourquoi elle l’aurait fait ?
— Vous pouvez toujours lui poser la question.
Je crois que c’est quand même elle la mieux placée
pour vous répondre.
— Vous vous êtes senti plus proche de votre
fils… Dylan, c’est ça ?
— Oui, c’est Dylan, en souvenir d’un ami de
mon père qui était souvent à la maison. Il était
d’origine irlandaise. Je m’entendais bien avec lui. Plus
qu’avec mon propre père. Mon père avait la main
lourde et le coude léger, si vous voyez ce que je veux
dire, toujours un verre à la main. Il était brutal,
personne n’était pressé qu’il rentre à la maison. Quand
il était là, tout le monde se barrait. Il cherchait des
noises tout le temps. Il faisait des histoires pour un
oui ou pour un non, comme s’il voulait se passer
les nerfs sur nous. On devait se tenir à carreau,
pas moyen de faire des conneries de gamin.
Et il fallait pas lui raconter des salades à celui-là,
sinon tu pouvais plus t’asseoir pendant un bon
moment. Il avait une Motobécane qui pétaradait.
Quand on l’entendait passer le coin de la rue, on
commençait déjà à avoir mal au ventre, ma mère
se mettait à trembler. C’était plutôt comme un
frissonnement, une sorte d’onde mauvaise qui se
propageait. Elle était pas bien, la pauvre ! Quand
Dylan venait, ça nous faisait une respiration. Mon
père et lui s’étaient connus dans un boulot mais
Dylan ne buvait pas comme un trou, il était plus
raisonnable, je l’ai jamais vu ivre. Je crois qu’il
nous aimait bien, nous les enfants. Je pense même
qu’il en pinçait pour ma mère. Peut-être que mon
père s’en rendait compte mais qu’il le laissait faire
pour avoir la paix, ou parce qu’avec ma mère ils
s’aimaient plus. Ou peut-être bien que mon père avait
une poulette ailleurs.
(Enregistrement n°3, Marc Desbordes / Jacques Roussiol)
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— Il paraît que vous voulez faire un livre sur ma
fille et son agression ?
— C’est mon objectif pour l’instant. Vous voulez
bien qu’on en parle ?
— Oui, je me sers un café, je me sens tendue.
Vous en voulez un ?
— Merci, c’est une bonne idée.
— Mon appartement n’est pas très grand,
mais on a une belle vue. Ce n’est pas comme ceux
qui longent la voie rapide, là-bas. Le salon, venez
voir […], le salon donne sur la ville, et là-bas, c’est la
Méditerranée. Aujourd’hui, il fait chaud et le ciel
est blanc mais sinon, on voit bien la mer, surtout
en hiver. Quand il y a du mistral, on voit même
la Corse. Ça ne dure pas longtemps, mais on la
voit, c’est comme un mirage. Le soir, j’aime bien
être sur la loggia à rêvasser. Les martinets frôlent
le mur d’en face et filent entre les immeubles, vers
l’arrière. On vit bien ici. On pense à sa vie, à ce
qu’on a fait de sa vie, si on avait raison ou tort.
On ne s’en sort jamais de ces discussions avec
soi-même. Comment ça s’est passé avec mon ex-mari
à la maison d’arrêt ?
— C’est un sacré personnage ! J’ai l’impression
qu’il n’a pas tellement été présent auprès de vous
pour éduquer les enfants, non ?
— C’est ça. Quand on était un jeune couple et
qu’on habitait à Lyon, ça allait encore. Disons qu’il
donnait le change, on était encore amoureux. Il
voulait qu’on ait des enfants, une grande famille. Son
père l’avait battu comme plâtre. Mon mari, c’était
un bâtard comme on disait à l’époque, il ne vous l’a
pas dit ? Je crois qu’il voulait réparer quelque chose
en fondant sa propre famille, mais ça n’a pas pris.
— Vous savez pourquoi ?
— Je crois qu’il rêvait d’une grande famille mais
sans se rendre compte que ça demande des efforts,
et des efforts, il ne voulait pas en faire. Monsieur
sortait avec ses copains, monsieur se saoulait ou
manquait le travail. Ce n’était pas un bon père pour
ses gamins, et à moi ça donnait plus de charges. Et
puis, au bout d’un moment, on était à Nice, je crois
simplement que je me suis mise à ne plus l’aimer.
C’est parfois comme ça, la vie.
(Enregistrement n°4, Marc Desbordes /Hélène Simonet)
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— Julie, personne ne vous attend ce soir ?
— Non, pas à ma connaissance. Pas à Nice.
— Et ailleurs, si ?
— C’est possible. On a dit qu’on garderait
quelques secrets.
— Bon. Je retiens que personne ne vous attend
ce soir à Nice. Tant mieux. Je veux vous garder un
petit moment avec moi. Vous n’aviez pas des
questions à me poser sur un de mes livres ?
— C’était un prétexte. Vos livres, je les ai lus.
Je ne vois pas ce que je pourrais encore apprendre
sur vous.
— Vous pensez que les livres révèlent leur auteur ?
— Ce n’est pas le cas ?
— Alors si j’écris sur vous, j’écris sur moi ?
— C’est un piège ?
— Pas vraiment.
— Vous me faites rire. Je ne sais pas si vous le
faites exprès, mais quand vous posez certaines
questions, votre voix est plus aiguë, comme si c’était un
enfant qui parlait à travers vous. Ça vous donne un
air drôle.
— On ne me l’a jamais dit avant. Je vais faire
attention.
— Justement, ne faites pas ça, ça vous va bien !
— Ah, ça y est, on voit les bateaux. Vous avez
raison, ça me donne envie de partir.
— Partez ! Prenez une cabine ! Venez, on va voir
s’il reste des places.
— Je ne sais pas. Je me sens un peu perdu ce
soir. On va boire un verre pour fêter la fin de notre
travail si vous voulez ?
— Ce n’était qu’un travail pour vous ?
(Dernier enregistrement, Marc Desbordes/ Julie Roussiol)
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Julie Roussiol — Il faudra couper ça dans l’enregistrement
parce que ça devient sinistre. (Rires.) Je vous l’ai
dit, cette histoire était trop triste. Il faudrait écrire
un roman qui fasse rêver les gens, avec du suspense,
quelque chose qui intéresse, avec de l’humour, plus
léger, ce genre-là vous voyez ?
Marc Desbordes — On me fait souvent cette remarque, toujours
ce désir de divertissement, d’évasion… Il faudrait
toujours faire rêver les gens, les distraire. Mais les
distraire de quoi ? Qu’ils s’évadent de quoi ? De
quelle prison ? Celle de leur vie ? Pourquoi ne pas
les aider à la changer, plutôt ? Ou à voir les choses
en face ? Moi, je trouve votre histoire intéressante.
Ce n’est pas très joyeux mais la vie ne l’est pas
toujours. Vous, vous l’êtes, ça ressortira peut-être dans
le récit. Et puis du rebondissement, il y en a dans
votre histoire, non ?
Julie Roussiol — Pour ce qui est de ma vie en ce moment, vous
voulez dire ? Je suppose que ma mère vous en a parlé
au téléphone, des fois on dirait qu’elle en sait plus
sur moi que moi-même. Mon père, lui, il ne passe
pas beaucoup d’appels en prison, c’est compliqué.
Et vous n’irez pas loin avec lui pour écrire un
scénario. Ma mère raconte ce qu’elle veut, surtout sa
version des choses. Ma vie, elle est comme celle
de tout le monde. Sans doute que la vie des gens
est intéressante. Si on se penchait vraiment sur la
vie de chacun, même des gens simples, on se
rendrait compte que c’est une mine. J’avais lu Un cœur
simple de Flaubert en quatrième. C’est vraiment
beau. Je ne crois pas que l’héroïne aurait pu
raconter son histoire toute seule. Cette femme, Félicité,
elle aurait sans doute pensé que sa vie n’avait pas
d’intérêt.
(Enregistrement n°2, Marc Desbordes / Julie Roussiol)
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Je me suis d’abord réveillée dans la camionnette
quand ils ont commencé à découper mes vêtements
et mes sous-vêtements. Ça doit être un
réflexe. J’ai pensé à ce que me disait ma grand-mère
si j’avais un accident, de toujours porter des
vêtements corrects, ce genre de choses. J’aime
bien ma grand-mère, ce n’est pas la question, mais
à l’époque je trouvais ça dingue d’imaginer des
trucs comme ça. S’habiller en pensant que tu vas
avoir un accident et qu’on va regarder si t’as une
chaussette trouée ou si t’es épilée, c’est bizarre.
Sur le coup, quand tu te réveilles avec quelqu’un
penché sur toi en train de découper ton
soutien-gorge, tu crois plutôt être dans la camionnette
d’un tueur en série. Quand tu comprends que
non, que c’est juste les pompiers, tu te mets à
penser à des choses basiques : est-ce que ma culotte
est bien accordée avec le haut, etc. C’est ça qui te
réveille, c’est fou ! Au début, je n’ai pas vraiment
saisi ce que je faisais là, j’avais perdu la mémoire.
Après, mon cerveau a dû enregistrer que je n’étais
pas entre les mains de Hannibal Lecter, je me suis
rendormie.
(Enregistrement n°1, Julie Roussiol)
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