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EAN : 9782757853191
480 pages
Points (18/06/2015)
3.86/5   28 notes
Résumé :
Quand il apprend la disparition, en Guyane, de son fils, l'explorateur Raymond Maufrais, l'auteur quitte son poste d'aide-comptable à Toulon pour se lancer à sa recherche. En douze ans, il entreprend pas moins de dix-huit expéditions avant d'abandonner, épuisé. Il meurt dix ans plus tard.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La rivière sans retour

En préambule, je précise que pour moi, "Aventures en Guyane" de Raymond Maufrais est un livre formidable, bouleversant, tellement puissant et poignant, que j'ai longtemps hésité à plonger dans les récits d'Edgar, son père parti à sa recherche dès l'annonce de sa disparition en 1950.

Pourtant, c'est à nouveau une claque.
Certes, Edgar n'a pas le talent littéraire de son fils. Il décrit, il énumère, là où Raymond, dans des carnets pourtant non destinés à être publiés, savait trouver au coeur de la nuit qui l'a dévoré, la formule qui arrache l'âme.

Mais il faut quand même s'incliner devant tant de courage, d'abnégation ou d'inconscience. Pendant 12 ans, Edgar, comptable à l'arsenal de Toulon, aura parcouru la moindre piste évoquant la possible présence d'un "blanc" dans une tribu indienne, refusant d'abdiquer en dépit des multiples difficultés.
Au plus profond de cette jungle apocalyptique où chaque plante recèle un danger potentiel, Il a dû également affronter la trahison de certains compagnons de voyage, la duplicité de guides versatiles, malhonnêtes ou simplement effrayés par l'adversité de cette Amazonie dévorante. Et en permanence, Edgar a lutté contre le manque de moyens, engloutissant ses maigres économies dans cette quête désespérée.

C'est ce combat qu'on sait d'avance voué à l'échec, qui force l'admiration et conduit à fiévreusement tourner les pages pour découvrir une nouvelle déception, une nouvelle épreuve. Au cours des épreuves, Edgar se transforme. Lui qui refuse de manger du singe, qu'il juge trop proche de l'homme, finit par rechercher cette viande, torturé par la faim.

Au fil des tentatives (22 expéditions !), on s'interroge parfois.
Pourquoi, alors que Raymond a disparu dans une zone identifiée en Guyane, Edgar a-t-il multiplié à ce point les recherches, certaines au fin fond du Brésil à des centaines de kilomètres des dernières traces laissées par son fils en Guyane ?
Il s'en explique, rappelant que les expéditions conduites par le préfet de Guyane dans la zone de disparition n'ayant rapporté aucun indice, il est persuadé que Raymond a été recueilli par une tribu nomade et ainsi continué son périple, qu'il a pu devenir amnésique…
Déni de réalité ? Sans doute.

Edgar s'enfonce un peu plus dans sa croyance obstinée au fur et à mesure des déconvenues et si, l'âge venant, il finit par renoncer à ses expéditions, il conserve l'espoir envers et contre toutes les évidences, obsédé par ces tribus indiennes qu'il n'a pu approcher : « Je ne sais plus où aller, ayant cherché dans toutes les régions où Raymond serait susceptible de se trouver, et même au-delà. Mais je me dis que les Oyaricoulets gardent leur secret, et tant qu'aucun homme n'aura pris contact avec eux, tant que personne ne leur aura parlé, nul n'aura le droit de dire que mon fils est mort ».

Vieux fou ? Sans doute. Mais cet ancien résistant, comme son fils, mérite le plus profond respect.
Un récit édifiant.
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J'ai lu ce livre il y a maintenant quelques mois et il m'a beaucoup marquée. D'emblée, j'ai été touchée par ce livre-témoignage d'Edgar Maufrais qui relate ses nombreux séjours et expéditions au coeur de la forêt amazonienne pour retrouver à tout prix son fils Raymond, ethnologue explorateur qui a disparu en 1950 dans la jungle guyanaise sans laisser de trace, si ce n'est des carnets qui ont été retrouvés.
Dès avant d'ouvrir ce livre, on sait qu'Edgar Maufrais qui part en 1952 ne retrouvera jamais son fils.
Pendant ce temps-là, sa femme, donc la mère de leur fils Raymond se fait un sang d'encre à attendre en France le mari et le fils et les attendra pendant 12 ans.
Chaque « séjour » en forêt amazonienne représente un nombre important d'expéditions. Par expédition, il faut entendre qu'Edgar Maufrais revient au point de départ après avoir sillonné chaque région en boucle. Soit depuis le Brésil, soit depuis la Guyane. Il revient pour se ravitailler en vivres, même s'il vit des produits de sa chasse, pour aller à la banque car il faut pas mal d'argent pour payer les guides, faire du troc, négocier ceci ou cela avec les autochtones, trouver des nouveaux guides qui acceptent de faire le périple, etc.
Il a fait en tout 22 expéditions dont voici quelques exemples tant il a fait de kilomètres : liaison Amazone/Saint-Laurent-du-Maroni ; Alenquer-Bom Futuro ; Manaos-Rio Imbitui ; Santarem-Rios Cabrua et Jacaré, etc., etc.
C'est en bateau que ça se passe. Une pirogue, ou un canot, l'Amazonie, des vivres genre corned-beef, riz, café, et aussi la faim, la fièvre, des abris de fortune faits de lianes et de bois, chaque soir, des guides qui le plaquent en cours de route, d'autres qui demandent le double d'argent une fois qu'ils sont au coeur de la jungle, des lieux tellement enfoncés dans la forêt que même les guides ou autres autochtones ne veulent même pas y pénétrer, des guides qui s'improvisent comme tels, des guides qui emmènent leur famille entière depuis le bébé jusqu'au vieillard sur la pirogue, et c'est ça ou rien, la pirogue qui tangue, l'obligation de délaisser du matériel pour faire monter tout ce monde, pas forcément bienveillant ; soigner les membres de la famille qui tombent malade ou qui sont piqués, bref, se retrouver en compagnie de personnes qui n'ont pas leur place ici !
La vie dans la jungle, la chaleur et l'humidité, pluies, matériel perdu, voire volé, des mauvaises rencontres, des piqûres d'insectes, de serpents, des efforts physiques énormes, réparer la pirogue, pagayer toute la journée bien sûr, affronte certains rapides, se retrouver seul à construire dans la nuit un abri de fortune et un hamac, soigner les plaies et les piqûres de fourmis, retourner à Belem par exemple, pour compléter la pharmacie, et cette forêt à la fois magnifiée et à la fois hostile, une hostilité si grande qu'on se demande ce que notre pauvre Edgar Maufrais espère encore. Il risque à chaque seconde d'y laisser sa peau. Personne n'a jamais vu son fils Raymond. Ou il y a si longtemps, oui, on l'a aperçu, il a dû passer par là. Mais il y a des peuplades qui vivent reculées, loin des fleuves, tels les Oyaricoulets, qui seraient, paraît-il, si menaçantes qu'aucun autochtone ne veut accompagner Edgar pour les trouver. On a mal pour lui. Des occasions perdues ? Car dans l'histoire des Maufrais, il est dit que ce sont les Oyaricoulets qui retiendraient le fils Raymond, pas forcément prisonnier, mais qui l'auraient adopté.
Quelle persévérance !
Quand j'ai commencé le livre j'ai cru que ce serait répétitif, même paysage de lianes à couper à la machette, de jungle, d'arbres qui cachent le jour, d'humidité, car cela semblait l'être. Mais plus on avance, plus on est happé et on est à côté d'Edgar, lui disant, tiens bon, mon vieux ! Tu es un véritable explorateur ! Vas-y, tu es fort !
Car au bout du compte, et à force d'expéditions, à force aussi de s'être fait avoir en beauté, il a su humer les mauvais coups, rembarrer les voleurs ou autres comploteurs, et connaissant bien les régions visitées, aucun des guides ne lui arrivait plus à la cheville. Il n'avait plus besoin d'eux. Dans la jungle, c'est vraiment la jungle !
Épuisé, il renonce douze ans après. (Il a été retrouvé souffrant d'inanition dans la région amazonienne).
Autant dire que j'ai été très secouée par ce livre. J'y pense encore !
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En 1950, Raymond Maufrais, 23 ans, disparaît mystérieusement au cours d'une exploration solitaire des légendaires monts Tumuc Humac, aux confins de la Guyane et du Brésil. Seule piste : son journal, découvert par un Indien à son dernier bivouac (qui deviendra un livre mythique sous le titre Aventures en Guyane). Son père, Edgar, se lance sur ses traces et passe le reste de sa vie à parcourir l'Amazonie pour le retrouver. En vain. Voici le récit de sa quête impossible : un des plus poignants témoignages jamais écrits sur la force de l'amour paternel.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Tu as atterri sur cette page web car tu es intéressé par le livre : À la Recherche de mon Fils, mais tu hésites à le lire peut-être. Je vais essayer de t'aider pour ta prise de décision.
Tout d'abord, il me paraît indispensable d'avoir lu le livre de Raymond Maufrais : Aventures en Guyane, avant de s'attaquer à celui-ci, écrit par son père, car l'esprit d'aventure qui y régne est consubstantiel à celui du fils.
Ensuite, il faut se rappeler que, malgré le caractère aventureux du récit, il s'agit d'une tragédie. Au cours des douze années qui suivent la disparition de son fils, Edgard Maufrais parcours l'amazonie en long en large et en travers, et c'est cette errance à travers la jungle et les rivières des guyanes et du Brésil que nous conte l'auteur. Il n'a d'ailleurs pas la plume de son fils, mais il est honnête dans ses écrits, fait preuve d'une sincérité contenu et de gratitude envers ceux qui l'ont aidé et accompagné dans sa quête.
Enfin, les expéditions dont il est question se déroulent dans les années cinquantes, dans une fôret et des affluents encore préservés de l'activité industrieuse des hommes contemporains. Ceux qui y habitent, indiens, noir-marrons, pionniers brésiliens, ont des modes de vie très rustiques ou encore traditionnels. C'est par moment une fresque ethnographique que l'auteur nous dépeint. La richesse de la faune est tout aussi stupéfiante. Si tu veux voir un jaguar en Guyane aujourd'hui, va au zoo ; là, il n'est pas rare qu'ils fassent leur apparition au détour du récit. C'est une autre époque.
Je ne sais pas trop quoi ajouter pour te donner une idée de l'ouvrage ; je pense à Kipling et son poème : If, suivi des lettres à son fils.
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Voilà l'histoire d'Edgar Maufrais, parti en 1950 au Brésil pour retrouver son unique fils, Maurice, disparu en Amazonie.

22 expéditions de 1952 à 1964, avec des moyens financiers limités, un espoir fou au coeur. Edgar Maufrais nous raconte ses périples le long du fleuve et de ses affluents, à travers l'épaisseur de la forêt. Il se fait berner un nombre de fois incalculable, mais il n'a pas le choix. Il doit ramener ce fils perdu à sa mère.

Malgré la dureté de la nature et du climat, les bêtes innombrables, la végétation, la faim, les blessures, il ne renonce pas. Ainsi au terme de sa quête, épuisé, ne pesant plus que 41 kilos, âgé de 64 ans, il revient sur le dernier campement de Maurice et y laisse le minimum pour assurer sa survie.

Ce récit, sous forme de journal, est comme un entretien avec l'auteur. Nous l'écoutons, à travers ses épreuves. Edgar est serein. Même dans l'adversité, il garde son calme. Tout au plus est-il agacé par les tromperies et les mesquineries de certains guides ou de villageois.

Ancien résistant, il est fait d'une trempe hors du commun. Il ne nous la raconte pas. Il vit, il agit et pense dans le seul objectif de retrouver Maurice.

Fureteur obsessionnel, il croit le voir parfois ; il pense qu'il est ce « blanc » dont les autochtones parlent. Chaque expédition se solde par un nouvel objectif d'investigation.

A la recherche de mon fils est le beau témoignage d'un homme au tempérament d'acier, dont la quête rappelle que l'amour, parfois, est folie.

T. Sandorf
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui me désole au retour de cette expédition pendant laquelle nous parcourûmes environ mille kilomètres en canot et deux cent à pied, visitant sept villages indiens dont deux abandonnés, c'est d'avoir constaté que si mon fils a disparu, c'est qu'il lui a manqué quelques milliers de francs pour suivre l'itinéraire que je viens de parcourir, car lorsqu'il est parti de France, c'était celui-ci qu'il devait prendre. Ce n'est que lorsqu'il constata qu'il ne pouvait payer le canot qui le conduirait à Camopi qu'il dressa un autre itinéraire...Ces quelques milliers de francs il n'a pas osé nous les demander, ne voulant pas nous imposer de privations. La guerre, ma captivité, nous empêchèrent d'aider notre fils à se lancer dans la carrière dont il rêvait depuis son plus jeune âge et dont nous n'avons jamais pu le détourner, c'est-à-dire, l'exploration.
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Durant mon repos, j'apprends aussi sur un petit harmonica "La Marseillaise", "La Marche des Parachutistes", et surtout un chant routier dont mon fils nous accablait pendant les restrictions de l'occupation et qui doit s'appeler "Les Jambons de Mayence". (À chaque refrain, l'on ajoute un jambon. Tous les éclaireurs et Routier de France le chantent, mais Raymond nous chantant cela à un moment où il n'y avait rien à se mettre sous la dent, c'était un supplice.) Je n'apprends pas ces chants pour mon plaisir, mais avec l'espoir que, s'il se trouve une maloca dont je ne puisse visiter toutes les cases et que mon fils soit dans l'une d'elles, il ne peut manquer, s'il a toute sa raison, et s'il est relativement libre, de venir s'intéresser à quelqu'un qui joue des airs de son pays et connus de lui. Vais-je enfin avoir ce bonheur?
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Voici le Saut Fourmi Oyapock qu'il faut parfois des heures pour franchir à cause de la violence du courant. Personne ne dit mot; l'esprit est tendu vers le ronronnement du moteur, qui, malgré sa force ou forçant sur le takari, fait souvent du surplace dans les coulées ou tournants critiques. Chacun sait que si le moteur se met en panne, c'est la catastrophe inévitable, le canot ira se fracasser contre une roche, et c'est le sauve-qui peut, chacun pour soi, les bagages perdus.
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Il faut avoir vu la forêt guyanaise ou amazonienne ppur se faire une idée des difficultés que l'on rencontre pour tracer une piste, et la fatigue qu'endure tant celui qui a le sabre en main, que celui qui porte les bagages. Pour le premier, c'est scruter la pénombre du sous-bois, pour trouver dans cet encombrement de lianes, de plantes épineuses, etc, l'éclaircie qui vous conduira le plus possible en ligne droite dans la direction fixée à la boussole. Mais combien de fois dans la journée est-il obligé, à cause de ce fouillis, de prendre la direction sud ou ouest pour y arriver, alors qu'en réalité il veut aller vers le nord-est.
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Dussé-je vivre longtemps encore, jamais la date du 7 juillet 1950 ne s'effacera de ma mémoire.
C'est ce matin-là que j'appris, en arrivant à mon travail, la disparition de mon fils Raymond, parti seul de la Guyane française pour établir la liaison avec l'Amazonie par les Tumuc-Humac, zone inexplorée jusqu' alors.
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