Dennis, c'est une autre paire de manches. C'est un criminel professionnel, mais, paradoxalement, je lui fais plus confiance qu'à presque quiconque. Je sais toujours où j'en suis, avec Dennis : son sens de la morale n’observe peut-être pas les canons traditionnels, mais il est plus inflexible que la loi de la gravitation universelle - et nettement plus indulgent. Autrefois, c'était un cambrioleur. Pas le genre qui entre par effraction chez les gens pour voler leur chaîne stéréo et fouiner dans leur lingerie, mais plutôt l'espèce qui soulage les très riches de quelques-uns de leurs biens mal acquis et bien assurés. Certaines de ses victimes étaient entourées de tellement de coûteuses possessions symboliques de leur statut social qu'elles ne se rendaient même pas compte qu'on les avait cambriolées. Depuis quelque temps, il a plus ou moins renoncé à voler les gens, en dehors d'autres délinquants qui ont trop d'amour-propre pour aller se plaindre à la police.
N'importe qui peut être star d'un feuilleton. Tout ce qu'il faut, c'est un scénariste qui vous connaît suffisamment bien pour intégrer votre personnalité dans la série, et ensuite, vous vous laissez porter les doigts dans le nez jusqu'aux Oscars de la télé. J'avais toujours cru qu'il fallait être acteur. Mais deux heures passées sur le plateau de Northerners me firent prendre conscience que pour les feuilletons, c'est différent. Seulement dix pour cent des acteurs auraient été capables de jouer Shakespeare ou Stoppard. Les autres se contentaient de venir au studio chaque semaine et de se comporter comme dans la vie.
En général, les lettres de ce genre sont écrites par des demi-illettrés. Des analphabètes. Bon, j'ai quitté l'école à quinze ans, mais je sais faire la différence entre un point et une virgule. La plupart des tarés qui m'écrivent seraient infoutus de dire ce qu'est un paragraphe, même s'ils couchaient avec. Ils ignorent l'orthographe et ils ont tendance à écrire à l'encre verte ou au feutre.
Dans mon métier, tout repose sur la capacité à déceler la tromperie, dit-elle d'un ton désinvolte. Il faut que je cultive ce don.
J'adore l'humour noir des journalistes. Ça me réconforte toujours de savoir qu'il y a des gens plus cyniques que moi.