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EAN : 9782367430195
299 pages
Editions Bibliomane (30/10/2014)
5/5   1 notes
Résumé :
Grèce, un cabinet de curiosités, est à la fois un beau-livre richement illustré et un livre d'Histoire inattendu ; si commun que soit le thème de la Grèce antique en littérature, J. C. McKeown offre dans cet ouvrage un point de vue original sur cette civilisation aussi excentrique que moderne.

Les Grecs nous ont apporté la démocratie, le théâtre classique, la philosophie et bien d’autres formes d’Arts et de Sciences, qui nous seraient aujourd’hui inco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dominique Fernandez dans son ouvrage "Le piéton de Florence", et plus précisément dans le dernier chapitre justement intitulé "Le Studiolo" écrit :

"Un temple du maniérisme, qui est aussi le miroir le plus fidèle de la civilisation florentine à sa grande époque, est le Studiolo, dans le Palazzo Vecchio, attenant au grand salon, minuscule pièce oblongue, antre et refuge du grand-duc François – celui qui assassina le mari de sa maîtresse et périt avec elle, assassiné par son propre frère, l'ambitieux Ferdinand. Esthète et truand, forban et mécène comme tous les Médicis, François, homme de grandes capacités intellectuelles, était curieux des secrets du monde. Montaigne, de passage à Florence en 1580, mentionne avec éloge ses travaux scientifiques.

      « Il prend plaisir à besogner lui-même, à contrefaire des pierres orientales et à labourer le cristal : car il est prince soigneux un peu de l'alchimie et des arts mécaniques, et surtout grand architecte. »

      Désireux de compléter les collections classiques des Médicis par une galerie personnelle, il s'était aménagé ce Studiolo, sorte de cabinet de curiosités, de chambre des merveilles, où, expert en minéraux et en pierres dures, féru de sciences naturelles et de phénomènes occultes, il s'adonnait à toutes sortes de manipulations mystérieuses, inventant des remèdes, des onguents, des liqueurs, imitant le cristal de roche, polissant des ivoires, incisant des médailles, broyant des métaux, fabriquant des porcelaines de type indien. de tout cela il ne resterait trace, s'il n'avait fait recouvrir et orner de panneaux peints les portes des armoires murales où il rangeait le fruit de ses recherches et l'attirail de ses instruments.

      Il avait demandé à Raffaello Borghini, homme de lettres et écrivain d'art, de lui établir un programme iconographique où serait illustrée la symbolique des quatre éléments, Terre, Eau, Air, Feu. Des scènes réalistes, montrant comment les forces humaines arrachent ses richesses à la nature, devaient alterner avec des scènes mythologiques, de celles où les dieux – Neptune, Hercule ou Vulcain – aident les hommes à fouiller dans les entrailles de la terre, au creux des montagnes, sous les sables du désert, dans les profondeurs aquatiques, en quête des trésors qu'ils recèlent. Giorgio Vasari avait engagé pour illustrer ce programme une équipe de peintres, trentenaires ou même plus jeunes. Ils ont peint plus de trente panneaux de petites dimensions, les uns ovales, les autres rectangulaires. Souligner les correspondances entre les quatre éléments, les quatre climats (froid, humide, chaud, sec), les quatre tempéraments (mélancolique, flegmatique, sanguin, colérique), les quatre saisons et les quatre faces de la lune faisait partie du jeu. Boîte à surprises et rêverie grandiose, tel se présente le Studiolo."

Ancêtre du cabinet de curiosités l'un des points communs entre ces 2 ce sont ces 2 mots :
Boîte à surprises
Et rêverie grandiose

Dans ce volume, à l'instar de son homologue sur Rome, l'auteur décline sur 24 chapitres, qui vont des mets et boissons, Athènes et Sparte, Homère, le théâtre et spectateurs et critiques, arts, mathématiques sciences et technologies, jusqu'aux touristes et attractions touristiques, une rêverie grandiose émaillée de surprises.

L'une des plus surprenante :
"Tandis que la très belle courtisane Rhodopis prenait son bain et que ses servantes veillaient sur ses vêtements, un aigle fondit du haut du ciel sur l'une de ses sandales et s'en empara. Il l'emporta à Memphis, où le Pharaon Psammétique tenait son tribunal, et il la laissa tomber sur ses genoux. Stupéfait par la beauté de la sandale et la perfection du travail de l'artisan autant que par l'action de l'aigle, il ordonna qu'on recherchât dans toute l'Égypte la femme à qui appartenait cette chaussure. Quand on découvrit que c'était Rhodopis, le Pharaon l'épousa. [ÉLIEN, HISTOIRE VARIÉE, 13.33.]"

Cela ne vous rappelle rien ? Mais si... Un petit effort... Giambastita Basile, Charles Perraut, les Frères Grimm.... Disney....

L'aventure de Cendrillon n'est peut-être pas directement inspirée par ce passage, mais l'Apprenti sorcier prend sa source dans l'Antiquité classique puisque, par le biais d'une ballade de Goethe, il nous vient des Amis du mensonge de Lucien de Samosate.

Où l'on apprend que c'est grâce Pronapide d'Athènes (qui fut le maître d'Homère, selon Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 3.67) institua l'écriture ligne après ligne que nous pratiquons encore de nos jours.
Dans les premiers temps, les gens écrivaient en cercle, en rectangle, en colonnes ou encore en boustrophedron (littéralement : à la façon dont le boeuf de labour fait volte tace en fin de sillon, donc de droite à gauche puis de gauche à droite).

Qu'avec notre mot anticonstitutionnellement, nous Faison pale figure car le mot latin le plus long, avant ou pendant la période classique, est la jonglerie comique de vingt-quatre lettres subductisupercilicarptor (« une personne qui critique en fronçant les sourcils »).
Mais le plus long vocable en grec, langue plus propice aux mots composés, est une trouvaille d'Aristophane, elle aussi comique, qui n'utilise pas moins de 171 lettres pour décrire un indigeste pot-pourri de diverses sortes d'aliments, pour utiliser pas moins de 171 lettre cette mixture de viandes et de sucreries devait avoir un goût atroce...

Qu'Alexandre le Grand naquit le jour où le temple d'Artémis à Ephèse (l'une des « sept merveilles du monde »), fut livré aux flammes. [PLUTARQUE, VIE D'ALEXANDRE, 3.]
Pour l'orateur Hégestrate de Magnésie, il n'est pas que le temple d'Artémis ait brûlé : la déesse (protectrice des accouchement) était distraite par la responsabilité d'avoir à veiller sur la naissance d'Alexandre. Plutarque écrit pour sa part qu'une remarque aussi glaciale était de nature à éteindre l'incendie.

Que les Grecs étaient adeptes du tourisme
- Si l'on privait la Grèce de ses mythes, plus rien n'empêcherait les guides touristiques de mourir de faim, car ce ne sont pas des faits avérés que les visiteurs veulent entendre, fût-ce à titre gratuit. [LUCIEN DE SAMOSATE, LES AMIS DU MENSONGE, 4.]
- J'ai vu, sur la place du marché d'Élis, un édifice sans murs ressemblant à un temple, dont le toit assez bas reposait sur des colonnes de bois. Les gens du lieu disent qu'il s'agit d'un mémorial, mais ils ont oublié qui il commémore. [PAUSANIAS, DESCRIPTION DE LA GRÈCE, 6.24.] Pausanias note plus loin que quelques serpents de la chevelure de Méduse sont conservés dans le temple d'Athéna à Tégée pour garantir à la cité de n'être jamais conquise. [8.47.5.]

C'est d'ailleurs une tête de Méduse, présente sur un vase du Ve siècle avant J.-C., peu commune qui orne la couverture de cet ouvrage.

On y découvre des "traditions" ou superstitions pour le moins étranges
"Une falaise de L'île de Leucade est surnommée «Le Saut Des Amants». Elle passe, en effet, pour mettre un terme aux tourments amoureux, et Sappho aurait été la première à faire ledit saut. Une tradition insulaire voulait que, chaque année, lors des fêtes d'apollon, un criminel fut précipité du haut de cette falaise pour écarter tout mal de la communauté.
On fixait à son corps un plumage et divers oiseaux pour que leurs battements d'ailes freinent sa chute. En contrebas, les nombreux occupants de petits bateaux de pêche formaient un cercle et s'efforçaient de lui venir en aide pour l'éloigner de Leucade."
[STRABON, GÉOGRAPHIE, 10,2]

Bien entendu le philosophie n'est pas en reste :
- Pour Aristote, la vie humaine ressemble à un concombre : elles est amère aux deux extrémités. [Gnomologium Vaticanum, 143]
- L'éducation te met en possession d'un bien que personne ne peut te prendre.
[PSEUDO-MENANDRE, Propos,2.]
-L'athée pense qu'il n'y a pas de dieux. le superstitieux souhaite qu'il n'y en ait pas, mais croit en eux à contrecoeur car il a peur de na pas y croire. [PLUTARQUE, DE LA SUPERSTITION, 170F.]
- Je serais bien en peine de dire si les dieux existent ou n'existent pas. le savoir se heurte à de nombreux obstacles- à l'obscurité de la question et à la brièveté de la vie humaine. [PROTAGORAS, FRAGMENT 4.]

Certaines sentences trouvent une résonance très actuelle :
À Olympie, la route menant au stade était bordée des statues de Zeus payées grâce aux amendes infligées aux athlètes ayant enfreint le règlement. On entendait par là montrer clairement qu'à Olympie, une victoire ne pouvait pas être acquise par l'argent de la corruption, mais seulement par l'agilité et la vigueur corporelles.
[PAUSANIAS, DESCRIPTION DE LA GRÈCE, 5.21.]

Et je reprends pour terminer cette phrase publiée dans une critique récente, comme une dédicace :
« C'est comme ça qu'on relaie l'information d'une bouche plus ancienne à une oreille plus jeune, chacun d'entre nous recevant ce que les autres avant lui ont toujours su ».
Et ce livre nous rappelle que bien de richesses se trouvent et se retrouvent chez les Antiques...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Peuple prodigieux, les Grecs anciens ont légué à l'Occident la démocratie, de même que le théâtre, et bon nombre de nos formes artistiques et disciplines scientifiques ne seraient guère concevables sans eux. Le trait est sans doute quelque peuforcé en estimant (selon A. N. VVhitehead) que « la façon la plus pertinente de qualifier la tradition philosophique européenne est d'y voir une suite de notes de bas de pages aux œuvres de Platon», mais l'influence ininterrompue qu'exerça sur nous la philosophie grecque n'est guère contestable. Qui donc irait prétendre que nos vies seraient ce qu'elles sont sans les improbables victoires grecques de Marathon et de Salamine ?

Que les Grecs anciens aient été un peuple prodigieux, nous l'avons toujours su, d'autant mieux qu'eux-mêmes, étrangers à la fausse modestie, s'assignaient un statut spécial parmi les nations. Ils étaient les Hellènes, tous les autres étant des Barbares, mot qui était à connotation négative. La Grèce a joui d'une chance insigne : son intégrité n'a que peu souffert de sa conquête par des empires dont les peuples, du moins dans les générations suivant l'annexion, éprouvèrent à son égard un complexe d'infériorité artistique et intellectuel plus que justifié. De ce fait, les Grecs n'eurent guère de peine à s'ancrer dans la haute opinion qu'ils se faisaient d'eux mêmes; s'ils revenaient à la vie, ils seraient ravis de voir qu'aujourd'hui encore, nous avons d'eux une image idéalisée. Car l'admiration que nous leur vouons ne tient pas seulement à leurs réalisations; elle relève aussi du désir de recréer une utopie, un passé où tout était préférable à notre présent. Telle était la Grèce dans l'imagination du romantisme européen des XVIIe et XVIIIe siècles. Winckelmann, qui fut sa figure de proue et Ie père de l'archéologie moderne du monde antique, n'éprouvait nul besoin de replacer ses prodigieux Grecs dans leur contexte territorial en rendant visite à leur patrie. Wilhelm von Humboldt, ministre de l'Éducation de Prusse au début du XIXe siècle, a su exprimer parfaitement l'esprit du temps: « toute autre période historique nous enrichit sans doute de sa sagesse et de son expérience, mais le classicisme grec est seul à nous léguer quelque chose qui n'est pas seulement de nature terrestre, mais d'un ordre quasi divin ». C'est en ayant devant les yeux cette image de la Grèce que Lord Byron combattit et mourut pour la liberté des Hellènes dans les années 1820.

(INCIPIT)
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La trirème à bord de laquelle Thésée et ses compagnons gagnèrent la Crète pour affronter le Minotaure fut conservée plusieurs siècles par les Athéniens.
Ils durent remplacer les vieilles pièces de bois par des neuves, et le vaisseau servit, par la suite, à illustrer le débat entre philosophes sur le paradoxe inherent au changement.
Certains soutenaient que le vaisseau était toujours le même, d'autres étaient d'avis contraire.

[PLUTARQUE, VIE DE THÉSÉE, 23.]
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À un mauvais poète qui venait de lui réciter ses vers et lui demandait lesquels il avait trouvé bons, Theocrite de Chios répondit : que tu n'as pas encore récités».
[GNOMOLOGIUM VATICANUM, 338.]


Lorsqu'un joueur de lyre sans talent lui demanda qu'elle était la partie son récital qui lui avait donné le plus de plaisirs, Stratonicos répondit : «Celle qui précédait ton début .»
[GNOMOLOGIUM VATICANUM, 523.]
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J'ai multiplié les recherches pour dater les œuvres d'Homère et d'Hésiode mais je ne me risquerai pas à les exposer ici, car je ne connais que trop les chamailleries des spécialistes de la poésie épique.
[PAUSANIAS, DESCRIPTION DE LA GRÈCE, 9.30.]
Près de deux mille ans plus tard, l'odium philologicum, cette maladie qui affecte les érudits arc-boutés sur leurs opinions, n'a pas entièrement disparu du champ des études homériques.
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On débattit du problème particulièrement dérangeant de l'antériorité de la poule ou de l'œuf. Qui parut en premier ? Mon ami Sylla refusa de participer à la discussion ; il fit valoir que ce minuscule problème ouvrait, à la façon d'un outil une immense et sérieuse controverse sur la création de l'univers.

[PLUTARQUE, PROPOS DE TABLE, 636A.]
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