La boucle d'oreille rose

Mia offre une boucle d'oreille rose à Anaïs, une fille très populaire, parce qu'Anaïs aime cette boucle d'oreille. Une seule, car l'autre a été égarée. La tendance est lancée.
La boucle d'oreille rose unique devient alors peu à peu, la chose la plus "tendance" qui soit et tout le monde (ou presque) commence à la porter.
Petit à petit, même les mères et les grands-mères sont désormais concernées. Elle est même offerte en cadeau, alors que certaines refusent toujours de la porter ! Les camps se forment. Il y a celles qui l'affiche fièrement et celles qui la contestent. Bientôt, une coiffure pour la mettre en évidence est imposée et le maquillage est défendu. Les commerçants choisissent leurs clients en fonction de ceux qui portent la boucle d'oreille. Bientôt, une tenue est exigée aussi. Noire, pour mieux la voir, la boucle.
J'avoue n'avoir pas été emballée du tout par cette bd.
Les dessins sont ok, mais sans plus et le scénario trop "simple" et les personnages pas assez travaillés ne m'ont pas aidé à l'apprécier.
Une bd jeunesse qui pose la question de nos choix et de notre liberté. Parfois, c'est mieux de nager à contre-courant !

- Ouvrage lu dans le cadre du Prix Orange de la bande dessinée 2023 -

Un jour d'automne, Mia, une jeune adolescente, prête sa boucle d'oreille rose à la plus jolie fille du village : Anaïs.
Très vite, leur entourage adopte cette mode et toutes les femmes se fabriquent leur boucle d'oreille rose. Sous le sapin, c'est le cadeau offert. Il n'est plus possible de s'en passer. Certaines personnes du village s'insurgent et ne souhaitent pas porter cet accessoire. Elles estiment ne pas être des moutons. Au printemps suivant, deux groupes se forment : les femmes qui portent le bijou et celles qui ne le portent pas. Les dénonciations, les restrictions et les interdictions se multiplient. Les villageoises qui n'arborent pas la boucle d'oreille ne peuvent plus acheter certains aliments chez les commerçants. Les gens ne se parlent plus.
Anaïs dépassée par ce mouvement qu'elle n'a sans doute pas voulu, essaie de lancer d'autres modes, mais cela ne fonctionne pas. A l'été, certaines femmes deviennent plus extrémistes, en s'habillant en noir, en portant un chignon ou en se rasant la tête pour mettre en valeur le bijou. Un an après l'instauration de cette pratique, un cocktail est organisé par la mairie pour fêter ce premier anniversaire. Mia se rend compte que la vie était bien plus drôle avant. Un matin sa soeur décide de ressortir ses vêtements de couleur et de retirer sa boucle pour aller à l'école.

J'ai beaucoup aimé cette bande dessinée jeunesse qui aborde des thèmes engagés comme : la liberté, le libre arbitre, la responsabilité individuelle qui ne peuvent laisser personne indifférent car ils sont universels et intemporels. Les dessins à la peinture illustrent très bien le texte. Ils sont à la fois très doux mais deviennent un peu effrayants lorsque les femmes se radicalisent. La colorisation est en lien avec les différentes saisons. J'ai apprécié le découpage par saisons qui met en évidence la temporalité du récit. L'écriture est intelligente et pertinente. C'est une histoire qui reste en tête et ne s'oublie pas car elle nous fait réfléchir. Elle m'a fait immédiatement penser à l'apologue de Franck Pavloff « Matin brun » que j'avais lu au collège et auquel je pense encore aujourd'hui des années après.
« La boucle d'oreille rose » montre la mise en place d'un régime totalitaire à partir d'un fait anodin. Ce récit dénonce les dangers : des mouvements collectifs, des injonctions à penser et faire tous pareil, de l'inertie de la majorité des villageois ainsi que des pressions de groupe. Ces phénomènes amènent à la pensée unique ,à l'intolérance et aux discriminations.

C'est un texte fort et engagé, à mettre entre toutes les mains, qui fait l'éloge de la liberté et nous invite à affirmer nos différences.

"Imposer un paillasson, c'est le début du fascisme." Ça, c'est la dernière phrase que mes voisins ont entendu de ma part en réunion de copropriété.
Ici pas question de paillasson. Mais d'une boucle d'oreille rose. Une unique et bien innocente boucle d'oreille qui passe d'une jeune fille à une autre. Et qui va tout changer. Phénomène de mode, elle deviendra vite signe d'appartenance. Puis signe d'allégeance. Crescendo, le bijou s'impose et les rebelles qui refusent de le porter se voient ostracisées. Crescendo, d'autres choses seront imposés. Et la boucle d'oreille rose sera la seule touche de couleur au milieu de l'obscurantisme qu'elle a créée.

Une bande-dessinée qui mine de rien dit beaucoup sur l'uniformisation du monde, sur la mise au ban si facile de ceux qui refusent de suivre le courant, du totalitarisme qui peut se cacher derrière les choses les plus anodines, le libre-arbitre. Avoir ou non le choix. Subir ou non les diktats.

Ce texte destiné à la jeunesse est vraiment pertinent. de ceux qui se lisent vite et bien avec un regard d'adulte et qui restent longtemps en tête. Au fil des saisons, s'interroger. Qu'est-ce qu'un phénomène de mode dit de nous ? Avec quelle facilité suivons-nous les plus populaires de la bande ? Influence, influenceurs, vers quel monde allons-nous ?
Vous aurez besoin de quatre heures. Pas pour lire cette BD, mais pour réfléchir à tout ça.

Mia offre une boucle d'oreille rose à une fille très populaire : Anaïs.
Une seule boucle car l'autre a été égarée. Très vite la boucle devient LA tendance. La mode est lancée, tout le monde veut porter une boucle d'oreille rose quitte à la fabriquer soit même. Elle devient un ralliement. Et une histoire qui aurait pu totalement s'arrêter là et n'être qu'un effet de mode, devient maintenant un soulèvement, créant des clans. Il y a celles qui portent la boucle et celles qui ne veulent pas. Une coiffure stricte est imposée afin qu'on voit mieux qui porte la boucle puis une tenue stricte : noire.
Une bande dessinée / album qui met en lumière les limites de nos choix et surtout la liberté individuelle. Outrepasser ou rentrer dans le moule ? Comment un si petit accessoire peut-il amener autant de dérives ?
Un album tout à fait intéressant à mon sens, qui questionne !

« Il ne faut pas attendre que les choses se calment pour faire des vagues ».

Automne. Mia offre à Anaïs, une jeune fille populaire, une boucle d'oreille rose à la demande de cette dernière. Une seule, puisque l'autre est égarée. La mode est lancée. Chaque jeune fille arborera désormais une seule et unique bo rose à son oreille.

Hiver. Les mères et les grands-mères sont désormais concernées. On l'offre même à Noël tandis que certaines refusent toujours de la porter !

Printemps. Les clans se forment. Il y a celles qui la portent, celles qui s'y refusent. Bientôt, le chignon est imposé, le maquillage interdit. Les marchands choisissent leurs clients.

Été. Désormais, une tenue noire est exigée afin de mieux mettre en valeur la BO rose.

Automne. La BO rose a un an. L'oreille d'Anaïs est infectée. Mia se rappelle avec nostalgie comment la vie était avant et décide de réagir.

Comment à partir d'un détail insignifiant, d'un objet tout à fait banal, la vie de toute une communauté peut-elle basculer ? le lecteur assiste ainsi, au fil des saisons, à la mise en place progressive d'un système totalitaire et est invité à considérer comment il est possible, en fonction des choix que l'on fait, de sombrer vers une dictature. Un roman qui pose donc de manière subtile la question de la responsabilité individuelle, à travers la métaphore du saumon qui remonte le cour de l'eau, et qui interroge finement notre instinct grégaire. le tout grâce à une plume poétique et rythmée à laquelle s'ajoutent des illustrations très imagées et colorées qui mettent véritablement en valeur les mécanismes du système totalitaire.

Un roman graphique jeunesse intelligent qui pose la question de nos choix et de nos libertés et dont les thèmes, par là-même, sont universels et atemporels. Un roman pour éveiller et réveiller ses jeunes lecteurs qui pourront considérer ce roman à l'aune de leur propre histoire mais aussi de l'l'Histoire.