AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,49

sur 1824 notes
Prosper Mérimée (1803-1870) Inspecteur général des Monuments historiques ( nommé en 1834) a effectué de multiples missions à travers la France. Au cours de l'une d'elles dans les Pyrénées-Orientales, il découvre des fouilles archéologiques qui ont mis en évidence un temple dédié à la déesse Vénus, il va s'en inspirer pour écrire cette nouvelle fantastique publiée en 1837.
Le narrateur , un archéologue parisien, arrive à Ille (sur Têt). Il est recommandé par une de ses connaissances à Monsieur de Peyrehorade, amateur d'antiquités. Il est reçu avec convivialité alors que la maisonnée est en pleine effervescence, préparant les noces du fils.
Il est invité à séjourner quelques jours dans le domaine afin de pouvoir découvrir les trésors de l‘Antiquité dont il est propriétaire et notamment une grande statue en bonze représentant Vénus découverte sur ses terres, prisonnière de racines d'olivier. En la dégageant, la statue tombe sur la jambe de Jean Coll , l'inventeur , et la fracture.
Le jour de son mariage, un vendredi, veneris diem,   le fils du propriétaire, Alphonse, passionné de jeu de raquette , intervient au cours d'une partie pour sauver l'honneur de l'équipe locale qui affronte une équipe espagnole; quelque peu gêné par la somptueuse bague qui orne son doigt , un bijou de famille- , celle -là même qu'il doit offrir à sa future épouse, il le place au doigt de la statue. Mais le soir venu, impossible de récupérer l'anneau serti de diamants , le doigt de pierre l'emprisonne .
Au petit matin, on découvre le jeune marié mort, près de lui, la bague diamantée. La jeune épousée passe pour folle car elle désigne comme meurtrière la statue.
L'inscription sur le socle de la statue « Cave amantem » «  prends garde à toi si elle t'aime » sera reprise , dans le livret de Carmen d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy. inspiré par Mérimée: « Et si je t'aime, prends garde à toi, Prends garde à toi.
veneris diem 
C'est mystérieux, et on ne peut , tel un enquêteur amateur, partir à la recherche le coupable (l'espagnol qui apostrophe Alphonse à l'issue de la partie ) ou la coupable irrationnelle, la statue en bronze ?

Commenter  J’apprécie          310
La Vénus d'Îlle c'est l'histoire de cette statue de bronze d'une grande beauté, fascinante, mais au regard mauvais et cruel. Elle incarne à la fois, la séduction et le mal, le malin est en elle, elle est diabolique. C'est dans cette contradiction que la séduction opère.
Dans le récit, elle revêt différents visages mythiques, historiques et littéraires de la femme.
Pour les habitants du petit village de Catalogne, cette statue convoque la superstition, le paganisme, l'anticléricalisme ; elle est qualifiée « d'idole », elle porte malheur. Elle déclenche la peur ; elle est aussi pour eux, l'étrange étranger ; n'a-t-elle pas ce teint de cuivre, foncé, comparé au teint clair de la mariée ?
Elle est par ailleurs, l'incarnation de l'amour cruel, la Vénus qui fait souffrir et qui tue, Alphonse le marié, n'y échappe pas, lorsqu'il l'approche, il en meurt.
C'est aussi l'incarnation de la beauté classique de l'antiquité, de l'art et de la mythologie grecque, elle a été créée par le sculpteur grec Myron, le narrateur la qualifie de « déesse. » Il est sous le charme.
Cette déesse personnifiée, prend vie, son regard brillant s'anime, le narrateur la voit pour un temps en la personne de la mariée (qui incarne à la fois « la bonté et la malice »), elle étouffe Alphonse, le marié de ses bras. le drame survient alors pour confirmer le malheur introduit dès le début de la narration.
De femme, elle passera à l'état d'objet d'église, la matière survivra à la forme première, en transmettant le malheur.
Si on a lu Carmen, du même auteur, on perçoit également un peu ce même visage malin de la femme, de l'amour qui provoque la mort et mène au drame.

Commenter  J’apprécie          300
J'ai dû travailler dessus avec mes élèves pour un cours sur le fantastique, et j'ai bien apprécié l'histoire, moins l'écriture, où je me retrouve dans le camp du grand Victor et de son "plat comme du Mérimée"! Sur le plan littéraire, il n'y a en effet pas grand chose à se mettre sous la dent, mais l'intrigue est vraiment sympathique, et a certainement, de fil en aiguille, influencé bien des récits d'horreur au cinéma...

L'action se passe dans divers pâtelins des Pyrénées-Orientales. le narrateur est invité à rencontrer M. de Peyrehorade qui a trouvé une statue antique de Vénus sous un olivier mort... L'olivier mort était déjà un signe annonciateur, la chute de la statue sur la jambe d'un personnage en est un autre, et ainsi de suite... À partir du moment où Alphonse de Peyrehorade, jeune premier fougueux et prétentieux, enfile sa bague sans y penser au doigt de la statue, vous devinez la suite. On a évidemment droit à la scène de nuit où le narrateur dans son lit oscille entre cauchemar et manifestations surnaturelles, comme dans du Gautier ou du Gogol.

Et justement, même si je ne suis pas un expert en littérature fantastique, je préfère de loin ce que j'ai pu lire de Gautier, Maupassant, Dostoïevski ou Gogol quand ils convergent vers ce terrain... J'aurai peu à dire, encore une fois, si ce n'est que l'écriture ne décolle pas, qu'on passe un moment sympathique, mais sans plus. Cette simplicité linguistique en fait à mes yeux une oeuvre idéale pour les collégiens, mais encore faut-il savoir la rendre passionnante... La fin reste ouverte, comme c'est devenu une tradition dans nombre de récits d'horreur désormais.

Quand on a lu Quatrevingt-treize de Victor Hugo juste avant, il est difficile de lire quelque chose de plus modeste ensuite!
Commenter  J’apprécie          282
La Vénus d'Ille fait partie de ces nouvelles qui traînent à leurs basques une réputation telle qu'il ne semble plus utile de les lire pour les connaître. Les commentaires, résumés et explications issus de la Vénus sont si nombreux qu'on imagine un récit à rallonge tenant davantage du roman court que de la nouvelle. En réalité, La Vénus d'Ille de Prosper Mérimée est très courte et peu loquace.


Le narrateur, un archéologue parisien, se rend en province dans la commune d'Ille auprès de la famille de Peyrehorade afin d'observer une antiquité mise à jour récemment –la fameuse Vénus. Véritable arlésienne, celle-ci tarde à faire son apparition. le narrateur fait bon voyage, rencontre les Peyrehorade, observe ses hôtes, partage un repas avec eux, parle à des autochtones, s'attendrissant presque de l'aura de superstition qui tourne autour de la figure de la statue. Elle a blessé le pauvre Jean Coll après que celui-ci lui a malencontreusement asséné un coup de pelle et cela suffit pour déchaîner les fureurs et les passions. Finalement, le narrateur finit par découvrir la fameuse Vénus. Tout se joue à ce moment-là du texte et Prosper Mérimée espère développer le sentiment de fantastique de sa nouvelle en quelques courtes pages de descriptions, parsemées d'impressions fugaces et incertaines. Comme un burineur, l'écrivain martèle par endroits, ébauchant une sensation et l'abandonnant à l'inspiration d'une autre forme. Son écriture noble et soignée constitue son seul outil ; d'ailleurs, la Vénus d'Ille ressemble à un défi personnel que se serait lancé Prosper Mérimée afin d'observer jusqu'à quel point sa littérature, en se contentant de suggérer, peut provoquer le malaise. Les finitions achevées, les parures posées sur les phrases de la Vénus, reste ensuite au lecteur d'achever le travail de contemplation pour se fondre avec l'oeuvre créée par l'artiste. Si la bonne volonté ne se manifeste pas, rien n'y fera : la Vénus d'Ille se contentera d'être un objet pompeux et sans intérêt.


« Cette expression d'ironie infernale était augmentée peut-être par le contraste de ses yeux incrustés d'argent et très brillants avec la patine d'un ver noirâtre que le temps avait donnée à toute la statue. Ces yeux brillants produisaient une certaine illusion qui rappelait la réalité, la vie. Je me souvins de ce que m'avait dit mon guide, qu'elle faisait baisser les yeux à ceux qui la regardaient. Cela était presque vrai, et je ne pus me défendre d'un mouvement de colère contre moi-même en me sentant un peu mal à mon aise devant cette figure de bronze. »


Le narrateur s'éloigne. En réalité, il ne saura rien de la poursuite exacte des événements. Alphonse de Peyrehorade et la Vénus semblent liés par un pacte qui n'a rien à envier au serment diabolique mais que vaut cette supposition ? L'imagination a un pouvoir puissant et interprète les bruits et les visions –surtout lorsqu'elles surviennent dans l'imprécision nocturne- de façon à ce qu'elles puissent alimenter n'importe quelle légende. Et si Alphonse de Peyrehorade est seulement fou, alors sa folie est aussi mystérieuse et inquiétante qu'un pacte diabolique. Mais nous n'en saurons pas davantage, et Prosper Mérimée nous abandonne au doute. A nous de croire ce que nous préférons…


Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          279
J'ai usé toutes les pages à force de le lire

La Vénus d'Ille et moi, c'est une grande relation. Aussi je me suis empressée de le relire pour le challenge Fant'classique d'Iluze. Je crois que si j'aime autant ce genre c'est grâce à cette nouvelle précisément. C'est le tout premier classique fantastique que j'ai lu. Aussi j'aimerai vous le partager aujourd'hui.

Le style est donc classique. Un homme de la ville part dans un coin paumé pour admirer une nouvelle sculpture en bronze qui est une Vénus et il se passera un truc étrange. Vous aurez des descriptions sur la vie en campagne, sur comment les gens perçoivent la Vénus pour aboutir sur l'épisode fantastique. Pour les lecteurs modernes, cela pourrait paraître un peu lent, bien entendu, mais c'est un style particulier que j'aime particulièrement. Car on a le temps de se poser, de se mettre dans l'ambiance avant d'avoir un mystère qui vous glacera d'effroi.

La Vénus d'Ille, une inspiration encore actuelle.

Le postulat était simple. Un objet inanimé s'anime sous une impulsion et fait preuve d'un sentiment qui oscille entre la méchanceté et la volonté de vivre des émotions humaines. Cela ne vous rappelle rien ? Et bien relisez Christine de Stephen King ou regardez les Noces Funèbres de Tim Burton et vous verrez là autant de références à la Vénus d'Ille. Et qu'est-ce que cela apporte ?

Cela montre que des objets peuvent avoir une âme méchante. Ou malveillante, c'est selon. le fait que les objets peuvent avoir un esprit ou une âme vient en partie de là. Vous avez ici l'origine de cette théorie. (ou du moins un précurseur). Cette nouvelle est un vrai bijou du fantastique. Aussi je n'ai qu'une chose à vous dire : parcourez là.

Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
Commenter  J’apprécie          240
La Vénus d'Ille est un récit fantastique écrite par Prosper Mérimée en 1835 et éditée en 1837.

Il a eu l'idée de cette nouvelle lors de son voyage dans le Roussillon en 1834. Il y avait découvert un site antique où des fouilles archéologiques avaient révélé un temple antique dédié à Vénus. Mêlant imagination et érudition (Mérimée a été inspecteur des Monuments Historiques), il nous offre avec la Vénus d'Ille, l'une des plus célèbres de ses Nouvelles fantastiques.
 Le cadre de l'histoire se passe dans une toute petite ville du Roussillon. la ville d'Ille. le narrateur exerce le métier d'archéologue. C'est cette fonction qui le pousse à se rendre dans cette ville. En effet, il doit, lui et son guide, rencontrer un vieil antiquaire. Cet antiquaire se nomme Monsieur de Peyrehorade. Il est en possession de ruines dites antiques et il doit les montrer au narrateur et à son guide….

J'ai renoué avec Mérimée après tant d'années, la dernière fois c'était au collège avec « Colomba », que j'aimerais bien relire d'ailleurs. J'aime beaucoup son style d'écriture. L'histoire et le décor prennent vie devant nos yeux. La notion de fantastique est très présente, à travers les récits des différents intervenants, sans que l'on voit vraiment la statue en action, tout est suggestif mais bien présent.
En somme une courte nouvelle qui m'aura permis de retrouver un auteur, qui a l'époque m'était imposé, mais que je lirais à nouveau avec plaisir.

Commenter  J’apprécie          220
Cette nouvelle, La Vénus d'Ille, je l'avais lue il y a quelques années, quand mes enfants étaient au collège. Je viens de la redécouvrir avec plaisir, toujours avec un certain effroi.

Pour les besoins du Challenge des Départements français en lectures, je cherchais une oeuvre en rapport avec les Pyrénées-Orientales ; la voici toute trouvée ! Prosper Mérimée, récemment nommé Inspecteur général des Monuments historiques, nous entraîne ici dans le Roussillon, près de l'Ille-sur-Têt, pas loin du Mont Canigou, où il a justement entrepris la visite de fouilles archéologiques, dont les ruines d'un temple antique dédié à Vénus, la déesse de la beauté et de l'amour.

J'ai de nouveau apprécié ce récit court, mais captivant, écrit dans un style classique, précis et recherché. le narrateur, tel un spectateur, nous relate des faits étonnants, en compagnie d'un archéologue de la région, passionné et fier de la superbe Vénus de cuivre qu'il a découverte par hasard et qu'il idolâtre ; une sculpture exceptionnellement belle avec « un corps parfait ; rien de plus suave et plus voluptueux que ses contours ». Pourtant il observe avec étonnement comme « de la malice dans les yeux » de cette statue voire pire « de la méchanceté. Dédain, ironie, cruauté se lisaient sur ce visage d'une incroyable beauté cependant ». de plus, sur son piédestal une citation énigmatique en latin « Prends garde à toi si elle t'aime ». On s'interroge, on a l'impression que cette Vénus pourrait être maléfique, on pressent des événements inquiétants, une vengeance quelconque… Effectivement l'histoire va tourner au drame !

Prosper Mérimée a réussi habilement, en seulement une quarantaine de pages, à créer une atmosphère mystérieuse où se mêlent réalité quotidienne et éléments surnaturels. Que croire ? Quelle morale tirer de cette nouvelle fantastique ? » Peut-être simplement respecter l'amour et les sentiments et ne pas se laisser aller à « des mariages de convenance », comme cela était l'usage au 19ème siècle. Mais chacun pourra tenter de trouver une explication rationnelle.

#Challenge illimité des Départements français en lectures (66 - Pyrénées-Orientales)



Commenter  J’apprécie          210
Prosper Mérimée est un grand maître de la nouvelle, un peu oublié de nos jours cependant. La Vénus d'Ille, publiée en 1837, illustre l'intérêt de l'auteur pour la littérature fantastique.

La narration est à la première personne ; dans une longue lettre, le narrateur raconte sa visite à un antiquaire passionné d'archéologie, M. de Peyrehorade, qui vient de découvrir une magnifique statue antique, une Vénus d'origine romaine ; un maléfice semble planer sur ce bel objet depuis qu'un ouvrier qui a participé à l'excavation de la statue a eu la jambe cassée et que d'étranges phénomènes se produisent autour d'elle. le narrateur est convié aux noces du fils de ses hôtes qui doivent avoir lieu pendant son séjour.
L'écriture est chargée de mystère ; le suspense et la tension dramatique montent habilement en puissance entre l'effet d'annonce autour des réactions diverses devant la beauté ambiguë de la statue, les tentatives de traduction des inscriptions et les rappels de légendes antiques.

Il y a dans cette nouvelle, une véritable petite étude de moeurs assez savoureuse. Mérimée mêle à son récit des réflexions intéressantes sue le mariage et sur la situation de la belle fiancée, une jeune fille intelligente et raffinée, épousée pour sa dot par un jeune homme incapable de reconnaître ses grandes qualités ; l'auteur développe un vrai talent pour les descriptions colorées et pittoresques, pour les digressions détaillées, une certaine distance objective, un détachement critique voire un humour certain.
J'ai particulièrement apprécié la description de la noce, le parcours en calèche sous les acclamations. le contraste est frappant et toujours présent dans le récit entre la véritable érudition du narrateur, un archéologue parisien, et l'amateurisme m'as-tu-vu de l'antiquaire roussillonnais. Tous les personnages sont, par ailleurs, finement travaillés malgré la brièveté du texte ; hormis ceux dont j'ai déjà parlé, je peux ajouter que le fils de famille est particulièrement sot, imbu de sa personne et imprudent, que sa mère est une bonne bourgeoise de province à l'esprit étroit et méfiant.
Quant au narrateur, j'ajouterai simplement qu'il est un double intra-diégétique de Prosper Mérimée qui lui prête sa concision, son sens aigu de l'observation, son détachement, son style factuel, son esprit cartésien et logique et, enfin, ses propres doutes ; à ce titre, je me demande s'il faut voir dans le dénouement une quelconque morale…

En ce qui concerne le côté purement fantastique, il est important de remarquer que le dédoublement de l'objet étrange est particulièrement subjectif : en effet, le narrateur n'est pas vraiment témoin des évènements surnaturels et il ne les subit pas personnellement ; il est troublé et intrigué. Il nous livre donc ses réflexions notamment sur la symbolique de l'échange des anneaux, sur le choix du fiancé porté sur un bijou trop voyant, sur les doigts de la statue.
Il y a quelque chose de dérangeant dans le simulacre de culte païen envers la Vénus, la manière dont, malgré les à priori de la mère du marié, elle est en quelque sorte associée aux festivités du mariage et surtout, dans les allusions grivoises de l'antiquaire qui la compare à la mariée. Il y a souvent un effet miroir entre la jeune femme et la statue, une constante comparaison et opposition en filigrane.

Ce fut un réel plaisir de relire cette nouvelle !
Commenter  J’apprécie          211
Je connaissais Prosper Mérimée comme historien et archéologue, ainsi que quelques uns de ses écrits sur les monuments de France lorsqu'il commença un grand recensement sur le territoire. Je le découvre en tant qu'écrivain avec cette nouvelle fantastique, écrite d'une plume magistrale, qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout...et j'aime beaucoup la chute....alors que je pensais que la Vénus d'Ille finirait dans un musée, eh bien non Prosper Mérimée lui a attribué un autre destin ! Et d'ailleurs, j'aime assez l'idée de demander à des enfants d'imaginer une suite à cette nouvelle...
Commenter  J’apprécie          211
"Quant à la figure, jamais je ne parviendrai à exprimer son caractère étrange, et dont le type ne se rapprochait de celui d'aucune statue antique dont il me souvienne. Ce n'était point cette beauté calme et sévère des sculpteurs grecs, qui, par système, donnaient à tous les traits une majestueuse immobilité. Ici, au contraire, j'observais avec surprise l'intention marquée de l'artiste de rendre la malice arrivant jusqu'à la méchanceté."

Histoire saisissante et prenante que celle du narrateur descendant dans le Roussillon où il est reçu par un notable d'Ille, sur la propriété duquel a été découvert un trésor archéologique. L'auteur est très intéressé par la découverte en question, et dans le même temps un peu ennuyé que durant son séjour, la noce du fils de la maison avec une demoiselle de Puygarrig l'oblige à y assister…

Prosper Mérimée nous décrit son arrivée avec des airs bonhommes, l'accueil empressé de Madame de Peyrehorade qui le gave de toutes sortes de victuailles dès son premier repas, le plaisir que Monsieur de Peyrehorade a de sa visite et celui plus grand encore de pouvoir lui montrer sa découverte, entre connaisseurs d'antiquités.
Et le grand garçon, M. Alphonse, un bel homme un peu engoncé dans des vêtements à la pointe de la mode, un peu vaniteux, lui montre la bague très clinquante qu'il a prévu d'offrir à sa future épouse pour leur mariage, et saura faire une très belle démonstration de jeu de paume.

On reste entre visite d'un parisien en province et assaut de locutions latines un moment, puis le récit prend lentement une tournure un peu dérangeante, devenant ensuite assez inquiétante.

Et c'est dans cette pente que l'on se sent emporté, sans plus pouvoir y faire quoi que ce soit, tiraillé entre les certitudes du parisien gêné de la situation de la jeune épouse et des remarques déplacées qui lui sont faites au cours du dîner, et le tournant franchement fantastique que prend la narration, qui finit par nous laisser pantois.

Quelle réussite ! C'est un petit chef-d'oeuvre rondement mené. On commence dans la campagne du Roussillon, on finit dans une horreur totale !

Je ne connaissais Mérimée qu'à travers Carmen dont le souvenir a été complètement brouillé par l'opéra de Bizet que je n'apprécie pas du tout (Bizet est un fabuleux mélodiste dont j‘admire sans réserve "Les pêcheurs de perles", mais cette Carmen rebattue, c'est le cas de le dire, à toutes les sauces, non non et non !), et la mauvaise opinion que Victor Hugo avait de lui.

C'est donc une découverte pour moi, qui m'incitera probablement à dépasser mes a priori pour lire ce que Mérimée a pu produire d'autre dans ce genre fantastique qu'il semble maîtriser sans effort.

Commenter  J’apprécie          200




Lecteurs (6832) Voir plus



Quiz Voir plus

Le vénus d'Ille

comment s'appelle l'hôte du narrateur ?

Monsieur de Peyrehorade
Monsieur de Pehrehorade
Monsieur Alphonse
Monsieur de Peyreorade

3 questions
19 lecteurs ont répondu
Thème : La Vénus d'Ille de Prosper MériméeCréer un quiz sur ce livre

{* *}