Un titre que l'on attendrait pas nécéssairement sur le terrain de l'humour et qui pourtant fera bien sourire.
Le sujet n'est pourtant pas très heureux, opposant au mythe envoûtant de la sirène celui bien moins ensorcelant, voire repoussant du personnage né moins séduisant.
Habilement, l'auteur
Henri Meunier et l'illustratrice joueront sur les évocations sans user des mots, qui pourront être parfois piquant.
C'est un jeune personnage féminin qui se présentera sirène qui racontera, mais elle, n'aura pas cette chance de présenter mieux au dessus de la taille : elle aura, nous y penserons, une tête de thon.
Cette sirène moderne des piscines et des cités se lamentera d'un chant bien mélancolique, de ne pas appartenir aux stantards des sirènes de contes, les belles bien faites et à cheveux longs.
Et nous quelle est la moitié de notre corps qui nous plaira le moins? Les pieds, le ventre ou la tête?
Une apparence mi-fille, mi-thon, le voir à l'image, nous fera sourire, ça sera plus magique et intrigant.
Henri Meunier généralisera le problème, un souci qui ne semblera plus déranger les adultes et les parents de notre héroïne (nous noterons que les moitiés animales apparentes colleront à des insultes : "tête de veau" ou "grosse vache").
Le récut usera de l'humour pour suggérer de faire sa différence, peut être , une qualité, une utilité ou un charme nouveau et détourné (L'exemple des demi-frères siamois
Jean-René et
René-Jean, embauché pour servir de modèles aux cartes à jouer).
" Ces demi-vérités ne m'aident qu'à moitié ..."
À comprendre avec empathie que "faire avec" ne sera pas toujours facile.
La fin sera sensible, invitant à trouver le moyen de s'aimer soi-même avant d'attendre d'être aimé en 1er.
C'est un album atypique comme peut en proposer sur l'esthétique et sur le thème les Éditions le Rouergue.
Malgré son format petit et son graphisme signé
Nathalie Choux très chou (oui, on a osé le jeu de mots), " Moitié moitié" sera sans doute à recommander à un jeune public qui sait déja lire, qui appréciera pleinement la poésie et le propos philo.