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EAN : 9782081278530
357 pages
Climats (05/10/2011)
4.16/5   55 notes
Résumé :
Semblable au pauvre Orphée, le nouvel Adam libéral est condamné à gravir le sentier escarpé du "Progrès" sans jamais pouvoir s'autoriser le moindre regard en arrière.
Voudrait-il enfreindre ce tabou - "c'était mieux avant" - qu'il se verrait automatiquement relégué au rang de Beauf, d'extrémiste, de réactionnaire, tant les valeurs des gens ordinaires sont condamnées à n'être plus que l'expression d'un impardonnable "populisme". C'est que Gauche et Droite ont ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Quant au nom de l'idéologie du progrès et de la Raison souveraine, la gauche s'acoquine avec la logique du Capital pour faire table rase du passé, s'interdisant de regarder en arrière, cela donne un monde où la marchandisation est reine, un monde sans limites et sans frontières, un monde invivable où l'individualisme généralisé mène droit au Chaos.
C'est le « plus jamais ça » issu des horreurs provoquées par les guerres du XXe siècle (et j'ajoute la faillite de l'idéologie communiste) qui a engendré cette course éperdue vers le progrès au mépris des fondements mêmes et du sens véritable du socialisme initial.
Engrangées dans la chute des valeurs, droite et gauche sont dans ce sens l'avers et le revers d'une même pièce.
Une lecture d'un intérêt puissant, mais terriblement fastidieuse, car on a l'impression de parcourir un labyrinthe qui donne sur une multitude d'impasses et ouvre une infinité de portes (notes et scolies) qu'on a du mal à refermer pour retrouver le fil conducteur.
On l'a bien compris, ce livre mérite mieux que ce résumé sommaire.
Je ferais une vraie synthèse après relecture.
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Michéa est un penseur indispensable pour comprendre les rouages idéologiques du libéralisme. Sa thèse : gauche et droite libérale combattent toutes deux pour un même projet, le capitalisme.

Chaque idée de gauche, prétendument opposée à un capitalisme conservateur, ne sert en fait qu'à légitimer l'avancée du libéralisme et de l'individualisme.

Michéa décortique la pensée de gauche actuelle, bourgeoise et citadine, toujours prompte à revendiquer les principes les plus libéraux au nom du Bien et de l'Altruisme. Il n'hésite pas à s'aventurer sur les terrains les plus glissants, ce qui lui vaut l'antipathie de beaucoup de gauchistes actuels (immigration, GPA, ...).

La "France périphérique" (Guilluy) est pour lui la grande oubliée du wokisme parisien, qui regarde les campagnes d'un air dédaigneux, jugeant ses ressortissants aussi arriérés que conservateurs, représentants du temps d'avant, d'avant la grande révolution morale du XXIe siècle.

Michéa puise ses idées dans la pensée d'Orwell, et notamment dans le concept de "common decency", clé indispensable pour l'analyse du dédain bourgeois exprimé par le woke moyen devant les sociétés dites traditionnelles.

La religion du progrès, héritage de la pensée libérale des Lumières et du XIXe siècle, empoisonne encore la pensée dominante de nos jours. Avant sévissait l'oppression, aujourd'hui progresse la tolérance, demain règnera le Bien sous toutes ses formes.

Cette conviction permet aux libéraux d'aujourd'hui de se donner bonne conscience, mais ce qui progresse, c'est le libéralisme toujours plus outrancier et l'insatiable individu-roi.
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Michéa se rend coupable d'un grand crime dans ce livre : il dévoile la gauche, il dit ce qui se cache dans le camp du bien, du progrès, de l'avenir, en analysant avec attention les discours et les écrits de ses partisans, de DSK au dernier gauchiste venu de quelque collectif. Par ses analyses précises, il montre qu'il n'existe absolument aucun conflit, ni idéologique, ni d'intérêts, entre le libéralisme mondialisé, le capitalisme le plus débridé, et les mouvements politiques "de Progrès", entendez toute la nébuleuse qui va du PS aux Antifas. Par là, nous sommes avertis et savons quelle créance accorder aux discours antilibéraux de ces mêmes groupes et partis.
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Une réflexion sur l'évolution du champ politique "démocratique" en France et plus particulièrement de la "gauche" moderne. Cette analyse me parait indispensable à qui s'intéresse à la politique, de gauche ou de droite.
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J'avoue ne pas avoir compris toutes les subtilités du raisonnement, mais "en gros" je pense avoir saisi l'argumentation: la trahison de la gauche qui a abandonné ses troupes, après sa capitulation face au libéralisme. Très convaincant!
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critiques presse (2)
Lexpress
25 octobre 2011
Cet "éloge du rétroviseur" est rafraîchissant. La manière dont Jean-Claude Michéa étrille les producteurs des lieux communs de la pensée libérale est roborative. Sa foi en un monde qui ne serait pas commandé par le seul intérêt et en une humanité altruiste peut laisser perplexe. Mais comment ne pas souscrire, avec lui, à cette critique drolatique et décisive de l'individualisme, qu'il emprunte à Orwell: "On ne peut pas jouer au football tout seul !"
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
07 octobre 2011
Comme ses prédécesseurs, les anticonformistes des années 1930, l'auteur du Complexe d'Orphée entend prendre appui sur la "sensibilité populaire" et même sur la "colère du peuple" pour lutter contre "la police de la pensée". Qu'il existe aujourd'hui une sorte de "police de la pensée" est plus que plausible. La question est de savoir dans quelle mesure la pensée de Jean-Claude Michéa n'en est pas elle aussi une expression particulièrement retorse.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Ce qu'il reproche, en effet, à la religion du progrès, ce n'est pas seulement son recours au concept douteux de "nécessité historique" (à la croyance, en d'autres termes, que le cours de l'Histoire est défini d'avance et qu'il n'offre aucune prise réelle au libre choix des hommes). C'est d'abord la menace qu'elle représente pour l'autonomie des individus, c'est-à-dire pour leur capacité de penser et d'agir par eux-mêmes - capacités qu'Orwell ne sépare jamais du sens de l'effort. Nous tenons là une des clés majeures de sa philosophie. " Dès qu'on dépasse le stade de l'idiot du village - observe-t-il ainsi - on découvre que la vie doit être vécue dans une très large mesure en termes d'efforts ". Or cette notion d'effort - clé ultime de tout perfectionnement individuel et de toute estime de soi - perdrait évidemment tout son sens dans un monde "hédoniste" où le progrès technologique aurait rendu la vie des individus désespérément facile. Pour quelles raisons, en effet, " la force physique devrait-elle se maintenir dans un monde rendant inutile tout effort physique ? Et quant à la loyauté et à la générosité, dans un monde où rien n'irait de travers, de telles qualités seraient non seulement sans objet mais aussi, vraisemblablement, inimaginables ". C'est pourquoi - conclut Orwell - " l'aboutissement logique du progrès mécanique est de réduire l'être humain à quelque chose qui tiendrait du cerveau enfermé dans un bocal ". Cerveau encastré dans un réseau de dépendances et de prothèses technologiques devenues indispensables (on songe à nos modernes cybernautes) mais qui continuerait cependant à se vivre - sous l'effet hypnotique et euphorisant de son aliénation - comme le prototype merveilleux d'" une race d'êtres éclairés , uniquement occupés à paresser au soleil et à se féliciter d'être si supérieurs à leurs ancêtres " (c'est, bien sûr, le "socialisme" désincarné de Wells qui est ici visé, mais la remarque pourrait s'appliquer à n'importe quel lecteur de Libération).
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Après qu’un certain temps s’est écoulé, la mère se sépare du fruit qu’elle portait dans ses entrailles, et la mère et son enfant forment alors deux êtres distincts et séparés.
Nierez-vous le rapport qui existe entre eux ?
Nierez-vous ce que la nature vous montre par le tėmoignage de vos sens, à savoir que cette mère et cet enfant sont l’un sans l’autre des êtres incomplets, malades, et menacés de mort, et que le besoin mutuel, aussi bien que l’amour, en fait un être composé de deux êtres ?
Il en est de même de la société et de l’humanité...

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Le système libéral n’a réussi, jusqu’à présent, à fonctionner de façon à peu près efficace que parce qu’il avait hérité d’une série de types anthropologiques qu’il n’avait pas créés et n’aurait pas pu créer lui-même : des juges incorruptibles, des fonctionnaires intègres, des weberiens, des éducateurs qui se consacrent à leur vocation, des ouvriers qui ont un minimum de conscience professionnelle, etc. Ces types ne surgissent pas et ne peuvent surgir d’eux-mêmes, ils ont été créés dans des périodes historiques antérieures par référence à des valeurs alors consacrées et incontestables : l’honnêteté, le service de l’état, la transmission du savoir,  la belle ouvrage, etc...
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Il est très mal vu, dans le monde des médias officiels (qu’ils soient de gauche ou de droite), de célébrer la décence des gens ordinaires ou la capacité du peuple à se gouverner directement lui-même. Il s’agirait là, au mieux, d’une illusion rousseauiste (chacun sait bien, en effet, que l’homme est mauvais par nature et donc toujours prêt à nuire à ses semblables) et, au pire, d’idées populistes, « dont on ne sait pas trop où elles peuvent mener ». Il est néanmoins curieux que le zélé personnel médiatique ne songe jamais à appliquer son anthropologie négative aux élites elles-mêmes. Il tient toujours pour acquis, en effet, que ceux qui nous gouvernent - ou dirigent les grandes institutions internationales (du FMI à la Banque mondiale en passant par l’ONU) - sont, quant à eux, des individus admirables qui s’efforcent, en toute circonstance, d’accomplir leur devoir du mieux possible. La maxime du « tous pourris » serait donc, en résumé, immonde lorsqu’elle est appliquée aux classes dominantes mais tout à fait plausible, en revanche, dès qu’elle concerne les gens ordinaires. Et de fait, il n’existe aucun mot, dans le vocabulaire politique officiel, pour désigner ce qui serait l’attitude symétrique du « populisme », à savoir la tendance à idéaliser le monde des élites et à protéger en permanence leur réputation.
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Seuls des libéraux comme Guizot, Royer-Collard ou Victor Cousin - qu'on appelait précisément les "doctrinaires" - s'aventuraient déjà à opposer systématiquement la "souveraineté de la Raison" (dont ils se percevaient comme les représentants naturels) à celle des classes populaires, dans laquelle ils voyaient la matrice toujours féconde des débordements terroristes de la Révoution et de toute les revendications "exagérées" (ils sont donc, en ce sens, les véritables ancêtres philosophiques des chroniqueurs de "Libération" des "Inrockhptibles ou du Grand journal de Canal plus).
En revanche, une fois la gauche définitivement recentrée sur sa seule fonction "avant-gardiste" (processus qui ne s'achèvera, en France, qu'avec l'ère Mitterand), plus rien ne pourra interdire aux intellectuels et aux artistes qui s'en réclament de se vivre, à présent, comme les représentants héroïques d'une "minoritée éclairée" (ou d'un "parti de l'intelligence"), oeuvrant par définition dans le "sens de l'histoire" (c'est-à-dire dans le sens de la "mondialisation") et profondément convaincus que les insupportables penchants "populistes" des "classes inférieures" - cet univers "gouaillant et nauséabond" de "Beaufs, de Groseille et de Bidochon - constitudent le seul danger susceptible de menacer les équilibres délicats et subtils de la société ouverte (et, par la même occasion, les privilèges si légitimes de cette minorité éclairée). Comme George Orwelle le constatait déjà en 1937 - dans le Quai de Wigan - la plupart des intellectuels de gauche en sont désormais venus à penser que "la révolution n'est pas un mouvement des masses auquel ils souhaiteraient s'associer, mais un ensemble de réformes que nous, les gens intelligents, allons imposer aux classes populaires"
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Videos de Jean-Claude Michéa (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Michéa
C'est depuis un village des Landes où il vit depuis sept ans que le philosophe Jean-Claude Michéa poursuit sa critique d'un monde urbain qu'il estime aujourd'hui trop déconnecté. À l'occasion de la sortie de son dernier essai, il est "monté à Paris" pour s'entretenir avec Guillaume Erner.
Photo de la vignette : Aitor Diago / Getty
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