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Negrisor est fou d'amour pour Eleonora, une jeune femme à la peau chocolat mais il n'arrive pas à lui déclarer sa flamme. Face à son rival Modreanu, moins beau mais plus sûr de lui, Negrisor se sent impuissant.

L'histoire est simple et prévisible mais le traitement proposé par l'auteur est assez original. le texte opère sans cesse un basculement entre la réalité et les pensées de Negrisor confondant ainsi le monde réel et le monde intérieur du personnage. Negrisor est comme un enfant qui se réfugie dans un monde imaginaire car il n'est pas capable de faire face à la réalité et ces situations virent souvent à l'absurde ou au macabre.
Cette confusion du réel et des pensées est assez déroutante, le lecteur se perd, comme le personnage, dans le fantasme. L'obsession du protagoniste pour Eleonora apparaît dans des descriptions sensuelles de son corps et des nuances de sa peau.
Il y a beaucoup d'images, de symboles dans ce texte. Negrisor fait souvent référence à une scie mécanique qui broie les troncs dans une sorte de hurlement. On peut y voir un symbole de la vie de Negrisor lui-même broyé par le sort qui semble se moquer de lui.
Plusieurs fois apparaît l'image du personnage se penchant à la fenêtre, sorte de mince frontière entre la vie et la mort.

C'est tout cet aspect visuel qui apporte de la subtilité et de la complexité au texte et qui fait que petit à petit on voit le personnage s'enfoncer dans la folie, illustrant ainsi l'expression "être fou d'amour".

Je remercie Gabrielle Danoux, traductrice de ce livre, de m'avoir permis de découvrir la littérature roumaine.
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J'ai reçu ce livre à l'essai , envoyé par Tandarica, bien gentiment.
Hélas, je n'ai pas tellement aimé cette littérature qui n'est pas du tout ce que j'aime lire, désolé.
J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans cette nouvelle, une culture qui n'est pas la mienne, bref ! Merci pour cet envoi, mais ce n'est pas pour moi.
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Je n'aurais sans doute jamais entendu parler de ce court roman (ou de cette longue nouvelle, ça dépend des points de vue) si Gabrielle Danoux, sa traductrice, ne m'avait pas proposé de le lire.
Et je la remercie chaleureusement par le biais de cette modeste critique pour cette belle découverte, car Mihaescu est un auteur fascinant !

La Femme chocolat nous raconte une histoire assez classique : celle d'un triangle amoureux entre Negrişor (le personnage principal, amoureux fou de la "femme chocolat"), Eleonora (la femme chocolat, surnommée ainsi du fait de la couleur de sa peau et de ses cheveux) et Modreanu.
Toute l'originalité de l'oeuvre réside dans la façon dont Mihaescu traite l'histoire d'amour dont il nous parle. Ainsi, les sentiments et pensées de Negrişor m'ont un peu rappelé "La Faim" de Knut Hamsun : j'y ai retrouvé la même souffrance et, parfois, le même délire, mais pour des raisons différentes. Car, chez Hamsun, c'est le manque de nourriture qui fait délirer le personnage principal, tandis que chez Mihaescu, c'est l'amour.
Jalousie, soupçons, inquiétude, le pauvre Negrişor passe par tous les affres de la passion et va même jusqu'à se croire coupable de la "mort" de Modreanu. Il avoue d'ailleurs ses doutes à ce sujet à Eleonora.
Certains éléments du récit rappellent également la littérature fantastique. Je pense notamment aux passages parlant de la scie à bois ou des moments passés chez Şari, lorsque Negrişor s'interroge sur le passage du temps et sur les théories d'Einstein et de Newton.

J'ai beaucoup apprécié cette découverte d'une littérature que je ne connaissais pas. le style de l'auteur est très agréable et sa grande culture transparaît à plusieurs reprises dans le récit, comme le souligne Gabrielle Danoux dans une note qui nous dit :
" En lecteur avisé, l'auteur distille dans ses romans une intertextualité subtile et discrète. "


En adresse web, je me permets d'insérer la page sur laquelle vous pouvez trouver les traductions de Gabrielle Danoux, qui traduit bénévolement les chefs-d'oeuvre de la
littérature roumaine, afin de permettre aux francophones de découvrir ces pépites. Allez y faire un tour, ça vaut franchement la peine !
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Parmi les livres de la littérature roumaine traduits par Gabrielle Danoux j'avais l'embarras du choix. Je dois avouer que j'ai choisi celui-là pour commencer cette découverte du fait de son titre. La femme chocolat. Il me suffit de lire ce titre ou de l'écrire pour avoir la chanson d'Olivia Ruiz en tête : « Taille moi les hanches à la hache / j'ai trop mangé de chocolat. Croque moi la peau s'il-teplait / Croque moi les os s'il le faut [….] Au bout de mes tout petits seins / s'insinuent, pointues et dodues / deux noisettes , crac ! Tu les manges ».

Bien m'en a pris. Un titre gourmand pour un livre qui ne l'est pas moins. Gourmand, bien écrit, sensuel, percutant, ironique, plein d'humour, poétique et pourtant relatant un drame, drame amoureux du point de vue de celui qui raconte l'histoire : Negrişor. Un livre qui ressemble à une nouvelle. Un livre qui se lit d'une traite.

Negrisor est amoureux d'Eleonora, qu'il nomme la femme chocolat du fait de la couleur de sa peau et de l'appétit qu'il éprouve pour elle. Or, celle-ci, pourtant pas indifférente, a également un autre prétendant, Modreanu, qui l'attire moins physiquement mais qui est plus rassurant psychologiquement, du moins moins incohérent. Negrisor, il est vrai, a du mal à exprimer clairement ses sentiments, est terriblement maladroit. Il oscille avec loufoquerie entre songes éveillés et désirs suicidaires, paranoïa et élans d'amour pur.
Comme il est indiqué dans un prologue très intéressant, narrant la vie de l'auteur (ce que j'ai particulièrement apprécié vu que je découvre totalement la littérature roumaine – excepté Ionesco - et cet auteur), Interrogé en 1932 au sujet de la Femme chocolat, Mihăescu répond : « La Femme chocolat est une bachelette qui a le teint couleur chocolat. C'est tout et rien de plus. Cependant, quel subtil venin, quel drame, quel pouvoir meurtrier, latents, ne gisent sous cette apparence douce, sous cette peau mate, comme assombrie par la couleur du crépuscule éternel, qui d'emblée semble prête à fondre délicatement sous la compression du premier baiser, comme un carreau de chocolat ».

J'ai adoré dans ce petit livre les scènes de rêves éveillés d'un humour décapant. J'ai souri, j'ai ri. J'ai compati aussi. « La force de son imagination accentuait son attendrissement. Il se figura écrasé sur le bitume, déchiqueté par les crocs métalliques, Modreanu et Eleonora debout sur l'appui de la fenêtre : lui l'air triomphant, elle, tétanisée devant la grande révélation. Elle se rendait enfin compte de la grandeur de l'âme qui l'avait aimée et à quel point elle avait été aimée par cet esprit devenu, pour elle, quartiers d'animal abattu. »

J'ai aimé les nombreuses descriptions sensuelles de cette femme chocolat : « À peine les larges manches avaient-elles recouvert les épaules, qu'aussitôt les mains agiles se mirent à ranger les cheveux et exposèrent ainsi leur entière beauté, dévoilant même les obscures fossettes des aisselles, pendant que la fente du décolleté autorisait la découverte, avec une certaine agitation, tels les clignements rusés d'un oeil géant, de cette rainure entre les deux seins frémissants. »

J'ai étéparticulièrement sensible à la poésie qui jalonne le récit : « le pas de Negrişor prenait une allure de plus en plus nerveuse, alors qu'elle le regardait avec des yeux démesurément grands qui, crescendo, devenaient phosphorescents, comme s'ils se décomposaient en milliers de minuscules étincelles, infiniment nombreuses, pendant qu'elle le regardait. La lumière ainsi dégagée permettait à Negrişor de voir comment sur ses lèvres un nouveau sourire, inconnu, grandissait. »

J'ai aimé entrevoir cette ville roumaine de Cluj, même si l'essentiel des scènes se déroulent en intérieur (j'imagine très bien une adaptation sous la forme d'une pièce de théâtre d'ailleurs) : « La rue ensoleillée se déroulait devant lui, les parfums colportés par les filles coulaient à flots dans le caniveau, les jambons suspendus aux devantures des épiceries et les tonneaux de tarama, de harengs fumés et de fromage dressaient le tableau de l'abondance et du bonheur universels comme le bruit de la rue, le bourdonnement des abeilles, les chevaux décharnés des cochers et même cette merveilleuse statue équestre de Matthias Corvin qui se trouvait juste là, bien installée sur son socle ».

En ouvrant ce livre je n'attendais rien, et j'ai été agréablement surprise. Pas de doute, je vais continuer à parcourir des oeuvres de la littérature roumaine en remerciant chaleureusement Gabrielle Danoux pour cette belle découverte.
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Pour moi, la litttérature roumaine se résumait à Ionesco et Cioran avant la lecture de ce livre. Merci à Tandarica de m'avoir fait découvrir "La femme chocolat".
La femme chocolat est jolie. Elle allume le désir des hommes. Elle les reçoit chez elle en déshabillé. Negrisor, timide, maladroit, emprunté, voudrait bien la croquer. Il est est obsédé par elle. Il vit les "choses" plus dans sa tête que dans le réel. Une scie mécanique le terrifie. Negrisor va-t-il arriver à sa faim de chocolat ou la pépite (de chocolat) va-t-elle lui passer sous le nez ?
Les allers et retours entre le réel et le rêve ont eu raison de moi. Je l'avoue, je ne suis pas fan d'histoire fantastique. Peut-être, ne faut-il pas chercher à tout comprendre ?

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"Les yeux de la femme chocolat étaient devenus si démesurément grands, son sourire si fixe et si étrange, les hiéroglyphes de sa robe de chambre si amphigouriques qu'elle apparaissait à présent comme une idole indienne dans l'attente d'une offrande sanguinaire."

Negrișor est profondément épris d'Eleonora, à la peau et à la chevelure si troublantes. Il a un concurrent redoutable en la personne d'un certain Modreanu, qu'elle semble lui préférer...

C'est un curieux roman que celui-là. Paru en 1933, il m'a semblé être le reflet de la plupart des avant-gardes littéraires européennes de l'époque. Son ton est un mélange de surréalisme, de distanciation avec un humour froid très perceptible.

Les obsessions de Negrișor tournent autour d'un suicide par défenestration, avec chute finale sur une scie circulaire en marche. Sous les yeux de sa belle, évidemment... Ce qui est tout de même bien compliqué...

On ne peut toutefois réduire son intrigue à cette obsession récurrente : quelques beaux chemins de traverse s'offrent à notre curiosité.

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belle histoire roumaine mais qui ne m'a pas emportée
dommage,
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Un petit roman à l'abord étonnant, qui s'inscrit dans l'univers de l'absurde et de la fantaisie imaginaire. Economie de personnages, action épurée en écho à l'intériorité du narrateur, grossissement des effets sonores ou visuels; ce sont des moyens de jouer l'éternel combat Eros/ Thanatos. Merci à la traductrice de faire découvrir la littérature roumaine.
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Il ne faut pas chercher à tout comprendre dans ce roman proche d'une nouvelle.
Il faut se laisser emporter par les mots de l'auteur et les maux du personnage. Negrisor, le personnage principal, se laisse entraîner dans ses délires, sa paranoïa.
Il est grisé par Eleonora et sa peau chocolat mais il a un adversaire.
Sa jalousie l’emmène dans ses égarements.
Les phrases sont belles (j'ai parfois pensé à Stéfan Zweig) mais les pérégrinations décousues, les aller-retour entre la réalité et les rêves (sans jamais savoir où nous nous situons) ne m'ont pas totalement embarquées.
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J'ai pris plaisir à lire ce conte fantastique. Gabrielle Danoux m'a conseillé ce récit, cette dame a traduit ce texte d'origine roumaine, je l'en remercie.

Pour la forme, c'est mon premier Kindle, je suis retissant « pour passer au numérique », j'aime bien ce format, il a plusieurs avantages, en tant que lecteur on avance avec des indications différentes comme le pourcentage de progression de la lecture et cetera.
Je pense, préférer le papier, sentir un livre de poche ou un pavé dans ses mains, c'est autre chose, non ?
C'est une chose, une sensation irremplaçable, non ?
Pour le fond, un peu en vrac, je suis désolé.
Une description sur l'attirance entre les hommes et les femmes.
Des délices à lire.
Les promesses d'un trio amoureux et infernal.
Les promesses que l'on se fait et que l'on ne tient pas.
Des passages réellement sensuels.
Cette couleur, cet exotisme, ce goût pour l'autre plus sombre.
Des phrases poétiques.
Les personnages sont parfois magnifiques, désirables, féconds, ils sont parfois laids, trop pudiques ?
La vie qui ne tient qu'à un fil, et un mélange sournois, malicieux, entre ses trois monstres d'amour.
Je soulève un style, courtois, baroque, Moyenâgeux, qui hésite encore ?
Un style qui me fait penser à Pierre de Ronsard.

A vous de vous délecter de cette gourmandise supplémentaire, nécessaire.
C'est aussi, une distraction qui vous signifie qu'il ne faut pas céder au chantage.
Je retourne, pour ma part dans les bras et les lignes de Paul Auster parce qu'il me manque, qu'il me reste des centaines de pages à tourner.

Bisous plein de chocolat, au lait, ou plus profond, ou plus amer, plus dense, plus cher, à vous de choisir.

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