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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je connaissais de nom « les procès des sorcières de Salem » mais je ne connaissais pas les tenants et les aboutissants de cette histoire. C'est absolument terrifiant. Les détails de cette affaire se trouvent facilement sur le net.

À la fin du 17e siècle, 20 personnes furent exécutées pour sorcellerie par pendaison pour la majorité (un homme fut étouffé sous des pierres et une femme fut noyée).

Arthur Miller n'a pas totalement respecté l'histoire, mais il veut surtout faire passer un message.

Des jeunes filles sont surprises à danser la nuit dans un bois, dont la fille et la nièce du révérend Samuel Parris. La peur d'un scandale les amène à accuser Tituba, une esclave, à les avoir entraînées contre leur gré dans la pratique de la sorcellerie.

Abigail Williams, la nièce de Parris, va délibérément actionner les rouages d'une terrible injustice. Les accusations vont pleuvoir et l'intolérance religieuse de l'époque ne fera qu'aggraver les choses.

Alors, qu'est-ce qui prouve que vous êtes une sorcière ou un sorcier ? Vous ne connaissez pas par coeur vos 10 commandements, vous lisez des livres, vous labourez votre champ le dimanche au lieu d'aller à l'église, … Et comment échapper à la pendaison ? Avouer bien sûr, mais surtout donner des noms (voilà qui fait penser à une autre chasse aux sorcières de la moitié du 20e siècle aux États-Unis).

« DANFORTH - (…) Quand le Diable est venu vers vous, qui avez-vous vu avec lui ?
PROCTOR – Je ne souillerai pas d'autre nom que le mien.
HATHORNE – Proctor, le fait de dissimuler ces noms signifie que vous êtes encore attaché à Satan. »

Selon sa page Wikipédia, Abigail Williams (1680-1697) a dénoncé 57 personnes dont 15 ont été condamnées à mort et d'autres sont mortes en prison. A l'époque des faits elle avait 11-12 ans, c'est vraiment perturbant (elle est cependant plus âgée dans la pièce).

C'est le premier livre de l'auteur que je lis et j'ai beaucoup aimé son style. Je pense que je lirai plus tard son recueil de nouvelles « Présence ».





Challenge livre historique 2021
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Je n'ai pas eu la chance (pas encore, je ne perds pas espoir !) de voir « La Chasse aux Sorcières » sur les planches. En revanche, j'en ai dévoré l'adaptation cinématographique de 1996 signé Nicholas Hytner. Je devais être au lycée quand l'une de mes cousines, professeur d'anglais, m'a prêté son dvd parce qu'à l'époque, passant de « Harry Potter » aux histoires de sorcellerie plus « réelles », je dévorais tout ce qui me tombait sous la main sur le sujet.
Ainsi pour moi « La Chasse aux Sorcières » c'est avant tout Winona Ryder fascinante et vénéneuse, délicieusement ambiguë, dans le rôle d'Abigaïl Williams. C'est l'intensité du jeu de Daniel Day-Lewis qui m'a faite tomber amoureuse de John Proctor. Ce sont cette musique lancinante, ces décors brumeux et oppressants. C'est cette atmosphère délétère, empoisonnée. C'est le malaise, proche de la peur, provoqué par ce film, vu et revu des dizaines de fois, aussi angoissant que séduisant.
Bien sûr, j'étais vaguement au courant qu'il s'agissait au départ d'une pièce de théâtre, mais étrangement, cela ne m'avait pas parlé plus que cela à l'époque. La preuve en est qu'il m'a fallu des années avant de lire la pièce…
Je me suis longtemps demandé pourquoi et j'en suis arrivée à la conclusion que le film était déjà si fiévreux, si étouffant, si puissant enfin qu'il se suffisait à lui-même. de plus, les personnages convoqués étant des personnages historiques, l'intrigue empruntant tant aux travaux émérites des historiens (je pense par exemple à la théorie des « propriétaires terriens » défendue dans la pièce par Gilles Corey expliquant au juge Danforth que les accusés possèdent tous des terres brigués, comme par hasard, par les accusateurs et qui semble aujourd'hui l'une des pistes pouvant expliquer cette crise d'hystérie collective…) que je pense m'être concentrée sur cet aspect-là plutôt que sur l'aspect dramatique…
Et puis enfin.
L'argument brillamment écrit par Arthur Miller (et tout aussi brillamment mis en scène par Hytner donc) n'est donc pas neuf et prend sa source dans un pan bien obscure de l'Histoire Américaine. Nous sommes à Salem, petite ville de la Nouvelle-Angleterre, en 1692. Un matin de printemps, la fille du révérend Parris, Betty, ne parvient pas à se lever. Elle gît, inerte, sur son lit et personne ne parvient à la tirer de sa léthargie : ni son père, ni Tituba l'esclave de la maisonnée et encore moins sa cousine Abigaïl. Quelques maisons plus loin, il en est de même pour la fille Putnam. La panique s'empare alors de la communauté puritaine, régit par d'innombrables codes et surtout par une quantité invraisemblable de non-dits et de rivalités.
On apprend bientôt que la veille de ce matin funeste, Betty et une dizaine d'autres jeunes filles auraient été aperçues dansant nues dans la forêt : « Sorcellerie ! » crie alors la ville en émoi.
On raconte ensuite que les filles seraient les victimes du démon qu'elles dénoncent à corps et à cri, accusant à tous va ses suppôts.
On murmure qu'Abigaïl Williams mènerait la danse, le Saint Sabbat puritain, parce qu'elle aurait trop aimé John Proctor et qu'elle aurait souhaité la mort de son épouse pour l'avoir enfin.
On dit que Tituba a gardé de sa Barbade des pratiques interdites au parfum de soufre.
On crie, on hurle, on appelle les juges. On condamne, on torture, on dresse les potences. On étouffe, on meurt jusqu'à la vingt-cinquième exécution, jusqu'à ce qu'enfin le sang échauffé s'apaise et que le vent tourne.
La pièce est -mais pouvait-il en être autrement ?- magistrale et haletante, hypnotique tout en étant un parangon de maîtrise et de structure. Tout est à sa place, bien agencé, sans fioritures. La langue, d'un classicisme pur, très épurée, presque austère, contribue paradoxalement à l'atmosphère lourde, parfois hystérique du drame qui se joue.
Drame historique, l'intérêt de « Les Sorcières de Salem » ne réside pas uniquement dans ce contexte-là mais par la dimension contemporaine que lui a conféré Miller, se servant de la tragédie de Salem pour en 1953, date de création de sa pièce, dénoncer les dérives (et le mot est faible !) du maccarthysme, cette autre « chasse aux sorcières » qui ébranla les Etats-Unis. Parallèle troublant, intelligent, convainquant, la pièce est aujourd'hui encore une plaidoirie puissante contre l'hypocrisie, la manipulation de masse, la bêtise, l'obscurantisme, le mensonge et le fanatisme. Elle est encore nécessaire, elle nous interpelle et nous frustre, nous révolte encore. Elle poignarde et émeut encore, et ce n'est peut-être pas si mal.
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Merci à Flaubauski et à Bookpass de m'avoir proposé cette lecture commune.

Largement édifiant. Comment le fanatisme et l'ambition peuvent ôter toute rationalité.

Arthur Miller a écrit cette pièce en plein maccarthysme, mais cela reste d'une criante actualité.

Je recommande chaudement, surtout que cette pièce me paraît davantage à lire qu'à voir sur planches. Vu le très grand nombre de personnages, l'on doit s'y perdre un peu, à moins d'une très grande mise en scène, je suppose.

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J'ai découvert cette pièce un peu par hasard. Je ne savais même pas que c'était du théâtre n'ayant même pas reconnu Simonet Signoret en couverture. C'est le titre qui m'a attirée et la côte de la médiathèque m'a surprise. Et une bonne surprise ! Pendant mes études j'aimais lire du théâtre et j'en lisais souvent. Je n'en lis plus beaucoup.

Arthur Miller a très bien écrit cette pièce, beaucoup de réalisme entre raison et folie. On y retrouve la force avec laquelle l'homme peut broyer l'homme sur la base de témoignages. Comment le fanatisme pousse à la cruauté sans limite.

1692, sur les accusations de jeunes filles, un tribunal se réunit à Salem en Nouvelle-Angleterre, pour juger en sorcellerie et autre diablerie, des citoyens de la ville. Certains seront pendus, d'autres condamnés à la prison.

La pièce est bien rythmée, chacun des quatre actes expose les interrogatoires entre citoyens puis face au tribunal. On y découvre en tant que spectateurs/lecteurs, les mensonges et leurs causes. Mais nous sommes les témoins impuissants de l'injustice et de la folie humaine.
Cette pièce n'est pas seulement le récit de la terrible affaire des Sorcières de Salem mais aussi un puissant exemple d'un fait de société qui se répète à travers l'histoire : la chasse aux « sorcières ».
Une très bonne pièce à découvrir ou re-découvrir.
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On ne dira jamais assez le calvaire que c'est de porter un nom trop connu : quand vous vous appelez Armstrong, il faut sans cesse expliquer comment vous faites pour marcher sur la Lune en gagnant cinq fois le Tour de France et tout ça sans quitter votre trompette ! Arthur Miller c'est pareil : toute sa vie il s'est défendu d'avoir écrit « Tropique du Cancer » et « La Crucifixion en rose » sur l'air de « In the mood » ! Plus sérieusement, je me demande s'il ne souffrait pas plus d'être considéré comme Monsieur Marylin Monroe, que comme l'immense dramaturge qu'il était (le plus grand de sa génération avec Tennessee Williams).
Car oui, Arthur Miller (1915-2005) est un géant de la littérature américaine. Auteur de plus d'une vingtaine de pièces de théâtre, il écrivit aussi pour le cinéma (« Les désaxés » (« The Misfits »), le film mythique de John Huston (1961) avec Clark Gable, Marylin Monroe et Montgomery Clift), il est l'auteur également de plusieurs, romans, essais et articles divers.
Mais l'essentiel de sa notoriété (en plus d'être le mari de Marylin Monroe, ce qui, il faut le reconnaître, n'est pas à la portée de tout le monde), c'est le théâtre. Dans son abondante production, on retiendra essentiellement quatre pièces, qui ont eu un succès universel : « Ils étaient tous mes fils » (1947), « Mort d'un commis-voyageur » (1949), « Les Sorcières de Salem » (1952) et « Vu du pont » (1955).
« Les Sorcières de Salem » est une pièce double : c'est d'une part l'évocation d'un fait réel qui s'est passé à Salem (Massachussetts, pas loin de Boston) à la fin du XVIIème siècle. D'autre part, c'est une allégorie transparente sur les méfaits du maccarthysme, cette « chasse aux sorcières » d'une intolérance inégalée qui, et en dépit de toute justice ou de toute légalité, fut exercée non seulement contre tous les communistes, mais également contre tous les sympathisants de gauche, et ce, dans tous les milieux (autre exemple de l'ouverture d'esprit de l'Oncle Sam, à qui nous devons également le génocide des Indiens, la ségrégation raciale, le Ku-Klux-Klan, Hiroshima et tous ses conseils éclairés au monde sur la démocratie et le vivre-ensemble) (réflexion toute personnelle qui n'engage que moi, les Américains ont quand même fait de bonnes choses, Star Wars, par exemple – avant Disney, faut pas exagérer, non plus).
En 1692, à Salem, colonie puritaine des descendants du Mayflower, la jeune Abigaïl Williams, perverse et manipulatrice, devient la maîtresse de John Proctor. La femme de ce dernier, Elizabeth, la chasse de la maison. Abigaïl prépare une vengeance terrible qui entraînera dans la tragédie toute la communauté. Elle se livre à un rituel de sorcellerie, et quand celui-ci est découvert, elle se pose en victime et accuse ses accusateurs. La pièce décrit alors l'hystérie collective qui s'empare de la communauté, attisée par la malignité des uns, l'obscurantisme puritain des autres, et marquée par l'impuissance des esprits « raisonneurs » qui cherchent à calmer le jeu et rétablir la vérité.
« Les Sorcières de Salem » est une pièce d'une tension insoutenable : le spectateur assiste impuissant à ce débat entre le bien et le mal, et où le bien … est bien mal. L'auteur dénonce à gros boulets, la rumeur, les fausses informations, la crédulité, l'emprise de la religion (et du clergé) sur des esprits malléables, surtout il dénonce le fait d'invoquer un motif général pour assouvir des rancoeurs personnelles (ce qui fut le cas avec le maccarthysme). En parallèle il souligne le courage et la volonté pour quelques individus de faire face à l'obscurantisme et à la malveillance organisée, par la raison, la compassion et l'amour.
Très précisément datée dans le temps : 1692 pour le procès des sorcières, 1950 pour le maccarthysme, la pièce a pour principal intérêt de nous rappeler la vigilance (et c'est encore plus vrai aujourd'hui), sur la manipulation des esprits, sur la confiance limitée qu'on peut avoir dans les élites qui n'hésitent pas à abuser de leur pouvoir, sur la rumeur (écrite, parlée, et aujourd'hui informatisée) enfin sur sa propre capacité à résister à ces pressions multiples…
Une oeuvre très forte, toujours d'actualité.
A signaler une adaptation de Jean-Paul Sartre, portée au cinéma en 1957 par Raymond Rouleau, avec Yves Montand et Simone Signoret. Un film honorable, mais Rouleau est plus un metteur de scène de théâtre que de cinéma. La pièce sur scène doit être extraordinaire.
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Nous sommes à Salem, Massachussets, en 1692. Chez le révérend Parris, on s'inquiète pour la petite Betty, dix ans, atteinte d'un mal étrange. Abigaïl, la nièce du révérend, lui apprend que les gens jasent: Betty serait ensorcelée par le diable. Parris ne sait plus quoi faire, d'autant qu'il a lui-même surpris Betty et Abigaïl se livrer à une étrange danse, nues, dans une clairière, en pleine nuit, assistées de Tituba, leur esclave noire. La rumeur se répand comme une trainée de poudre, et bientôt des femmes sont arrêtées. Par dizaines. le soupçon est jeté même sur les plus respectables d'entre elles. Vous avez gardé une poupée alors que vous n'avez pas d'enfant? Vous n'êtes pas allé à la messe dimanche dernier? Vous voilà sur le banc des accusées…

Epoustouflant. En peu de mot, peu de pages, Arthur Miller parvient à créer une tension étonnante qui ne fait que grandir. Dès les premières pages, nous sommes plongés dans un drame familial dont le révérend se serait bien passé. Et peu à peu, les voiles se lèvent, et si nombreux sont ceux qui affirment qu'Abigaïl, la première accusatrice, a tout soigneusement orchestré pour se venger de John Proctor, dont elle a été la maitresse et dont elle veut faire accuser la femme, la vindicte populaire et puritaine se met en marche de manière inéluctable, montrant que tout le monde peut finalement être considéré comme suspect aux yeux de la loi de Dieu. Les transes des accusées, les peurs et les pressions qu'elles subissent, l'extrême tension des interrogatoires, cette pièce fait froid dans le dos un peu plus à chaque page. La pièce prend d'autant plus de sens quand on sait que Miller l'a écrit en plein MacCarthisme, et qu'elle peut finalement s'appliquer à toute situation de psychose collective où dénoncer son voisin vous permettra de rester en vie.
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Cette pièce au titre évocateur est aujourd'hui aussi célèbre que les terribles événements qui l'ont inspirée. En 1692, dans la petite ville de Salem, de toutes jeunes filles avec à leur tête Abigail Williams sont surprises dans leurs activités nocturnes par l'oncle de cette dernière, le révérend Parris. Honteuses et à une époque où de simples "témoignages" faisaient office de preuves, dans un village où les conflits de voisinage étaient nombreux, les accusations de sorcellerie sont utilisées comme un système de défense.
Peu à peu les gens commencent à s'accuser les uns les autres, qui de sorcellerie, qui de mensonge, qui d'athéisme, qui de violence ou de guerre territoriale...Chaque mot prononcé a des conséquences désastreuses, chaque phrase est tordue, retournée pour lui trouver un sens caché jusqu'à ce que cela ne ressemble plus qu'à un grand cirque auquel plus personne ne croit vraiment, ce qui n'empêchera pas sa résolution fatale qui restera une honte longtemps ancrée dans la région.

Le premier acte est un peu lent et l'interruption des dialogues pour introduire un nouveau personnage et sa vie sur plusieurs pages est un peu étrange. Et puis très vite, une fois que l'on connaît tout le monde, l'histoire se lance comme un train à pleine vitesse, impossible à stopper, et impossible de reposer le livre. Même si on en connaît la conclusion, on se demande qui va s'en sortir et qui sera condamné, jusqu'où va aller cette hypocrisie, et surtout avec quels arguments on a pu pousser cette affaire aussi loin.

Souvent mise en parallèle avec le phénomène du maccarthysme qui fait rage au moment de son écriture en 1953, j'ai plutôt pris cette pièce pour le récit de la tragédie de Salem et pour une dénonciation plus large de ce qu'on appelle encore aujourd'hui la "chasse aux sorcières", une méthode lâche et hypocrite encore utilisée parfois quand les gens ont besoin d'un bouc émissaire sur lequel se défouler et qui ne tourne pas seulement autour de l'anti-communisme des années 50 en Amérique.
Une très belle pièce aussi historique que contemporaine et encore un auteur classique enfin lu qui mérite sa renommée.

Lu en V.O.
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Cette pièce de théâtre est librement inspirée des évènements historiques qui se sont déroulés en 1692-1693 dans le Massachusetts, une tragédie qui s'est soldée par des centaines d'accusations de sorcellerie et par la pendaison d'une vingtaine de personnes, en majorité des femmes.

Miller a modifié certains faits, comme l'âge des protagonistes Abigaïl Williams, une accusatrice, et John Proctor, un accusé. Ces personnages ont bel et bien existé, mais au moment des faits Abigaïl était une enfant de 11-12 ans, alors qu'elle devient une jeune fille de 17 ans dans la pièce, et John Proctor était un homme de 60 ans rajeuni d'une trentaine d'années par Miller. L'auteur invente une relation extraconjugale entre ces deux personnages. le désir de vengeance d'Abigaïl rejetée par son amant agit comme déclencheur des dénonciations et de la chasse aux sorcières. On peut critiquer la misogynie apparente de ce choix dramaturgique, mais l'oeuvre soulève des questionnements plus profonds. La pièce dénonce notamment les abus de pouvoir au nom d'une vérité détenue par l'autorité, incontestable, peu importe les arguments évoqués. Des abus dont sont d'abord victimes les plus faibles, les marginaux et les indésirables. Miller interroge au sens large nos croyances et nos certitudes.

L'adaptation du texte en français par Marcel Aymé transmet parfaitement le rythme soutenu et le sentiment d'angoisse qui monte au fil des pages. Une pièce de théâtre très prenante, déjà à la lecture.
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Toujours aussi passionné par le domaine de l'occultisme, je cherchais une lecture – fictive ou non – quand internet m'a dirigé vers cette pièce de théâtre signée d'Arthur Miller. N'ayant jamais retenté le genre théâtral depuis mes années d'études, c'est avec un mélange de curiosité et de crainte que je me suis lancé dans la lecture de cette pièce qui, je l'avoue, s'est dévoilée des plus délicieuse et succulente à découvrir.

Je suis impressionné d'une telle prouesse en si peu d'actes. Je ne pensais absolument pas autant apprécier et m'imprégner de cette lecture à l'ambiance si pieuse et mystique à la fois tout en se dévoilant des plus envoûtante. A travers sa plume des plus immersive, l'auteur plonge le lecteur au coeur d'un des plus tristement célèbre procès, celui de Salem. Ainsi et en parcourant les différents actes que composent Les sorcières de Salem, j'ai eu l'honneur de découvrir avec passion et appétence l'origine et les conséquences d'une telle supercherie basée sur les simples affirmations d'une jeune fille découverte entrain de danser nue et en cercle avec ses amies. J'ai été de plus captivé par une telle force de persuasion, engendré par l'arrivée du juge dédié spécialement à ce genre d'affaires et de traques, dont la manipulation et la piété dessinent ses principaux traits de caractère. C'est impressionnant mais aussi effrayant à quel point Arthur Miller est parvenu à mettre en action de manière des plus réaliste possible ce fait historique. C'est simple, je me suis tout bonnement cru être sur le banc des accusés par moments, tandis qu'à d'autres, je me trouvais dans l'audience. M'attendant à rencontrer une lecture lente et alambiquée, cette ambivalence s'est dévoilée passionnante.

En effet, découvrir les deux camps se veut des plus pertinent tant chacun de ces derniers m'a marqué à sa manière mais toujours avec émotions et délectation. En ce sens, il est naturel que le banc des accusés m'a plus que touché et je me suis facilement attaché aux différents personnages qui le composent comme Tituba la servante de couleur, John Proctor le fermier coupable de péché ou bien encore Rebecca Nurse, accusée d'infanticides. Tous se voient accusés d'être des suppôts de Satan sur de simples rumeurs et autres racontars et s'est révolté que j'ai suivi leur déchéance basée sur de pauvres affirmations sorties tout droit de la bouche d'Abigaïl, la nièce du vil et vénal révérend local Samuel Parris. Dans un souci de vengeance pour l'un et dans un excès de pouvoir pour l'autre, chacun d'eux se démontrent des plus détestable et machiavélique qui soit. Avec force et persuasion, la cour improvisée parviendra à soustraire de la part des accusés des aveux qui les conduiront tous droit à l'échafaud et si certains parviennent à déceler la supercherie d'une telle tromperie, bon nombre des habitants locaux et superstitieux croiront dur comme fer à ces blasphèmes et se laisseront endoctrinés par la prétendue bonne parole de dieu. Malgré le contexte dur et violent, il n'en est pas moins captivant et palpitant de découvrir comment de telles idéologies peuvent pousser et retrancher les comportements sociologiques de toutes une population. Cela reste d'autant plus effrayant que de telles méthodes, certes à plus ou à moindre échelle, reste encore appliquées et réalisées dans notre pays et bien davantage dans le monde entier – comme par exemple un épisode de l'histoire sombre de l'Europe. Finalement, les comparus se dévoilent victimes de leurs actes pour certains mais aussi de leurs différences pour d'autres et aucun d'eux ne mérite tel châtiment. En ce sens et bien que revenant sur un sujet historique, le style d'Arthur Miller ne semble nullement daté et raisonne fortement actuel et intemporel.

Ainsi et amateur de théâtre ou non, je ne peux que vous chaudement vous recommander cette pièce passionnante et émouvante à découvrir et par laquelle ne m'attendais pas à être autant imprégné et aussi facilement immergé comme ce fut pourtant le cas. Avec aisance mais néanmoins réalisme, Arthur Miller revient sur un fait marquant des siècles précédents dont je me suis délecté grâce à son efficace et percutante prose. Si le sujet vous intéresse, ne passez pas à côté de cette passionnante et révoltante lecture.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
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Magnifique pièce de théâtre que l'on peut lire en 2 heures.

Miller y fait la parfaite démonstration de la bêtise humaine au service de la justice et de la religion obscurantiste du 17ème siècle.

Les temps ont bien changé aujourd'hui, mais le terreau propice à une telle chasse aux sorcières modernes reste bien présent!

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