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EAN : 9782362291753
144 pages
Editions Bruno Doucey (05/04/2018)
3.82/5   11 notes
Résumé :
" La maison a beaucoup changé / après ton départ / J'ai changé / La Syrie a changé... " Les mots par lesquels s'ouvre le recueil d'Hala Mohammad laissent entendre qu'il y a un avant et un après, un ici et un ailleurs... Plus encore, un billet aller qui ne laisse à l'exilée que peu d'espoir de retrouver indemne le pays qu'elle a laissé. De poème en poème, l'auteure cartographie l'absence et son cortège de chagrins.
Une révolution avortée, la guerre, les route... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce recueil parle de l'exil qui pousse des hommes sur les routes à cause de la guerre. Hala Mohammad l'a dédié aux Syriens, ceux qui sont emprisonnés ou morts et ceux « en exil qui s'en remettent à la rotation de la Terre pour retrouver leur maison ».
Retrouver sa maison, c'est la trame de ces poèmes où la poétesse parle de ses souvenirs, de l'absence et de sa maison dévastée par la guerre qu'elle sait ne pas revoir un jour.

L'exil, comme un leitmotiv pour la poétesse qui l'avait déjà évoqué dans son précédent recueil : « Les hirondelles se sont envolées avant nous. »
Elle revient sur ce sujet brûlant, jamais achevé, qu'elle aborde sur le thème de la maison et de ses fenêtres.

« Les syriens aiment les maisons aux fenêtres grandes ouvertes »
Ces fenêtres ouvertes sur le monde et ses possibles, ces fenêtres qui, malgré la guerre et le chagrin, ouvrent sur une forme d'espoir.
La poétesse a un pied ici, un autre là-bas, son pays est accroché à elle, avec ses souvenirs et ses morts, comme sa mère à qui elle s'adresse pour parler de la maison, toujours.
« Chaque matin je me réveille là-bas et je me réveille ici »
La vie oscille entre deux pays, celui qu'on a quitté, celui on l'on vit, et cette dualité se retrouve dans la composition du recueil qui offre le poème en arabe sur la page de gauche et en français sur celle de droite.

Les tentes ont remplacé les maisons pour les exilés, les familles dispersées par la guerre. Ces tentes ou naissent des enfants qui ne connaissent pas la maison. Une tente ne remplacera jamais la maison qu'on a laissée derrière soi.

« Personne ne frappera à ma porte
La tente n'a pas de porte
La tente n'a pas de clé… »

La voix d'Hala Mohammad s'élève pour mettre des mots sur le chagrin de l'exil, de la perte et de l'éparpillement des familles, elle le dit avec ses mots à la fois puissants et pudiques. Et l'émotion est là, palpable à chaque page.
.
« La guerre est finie, mon aimé, et personne n'est revenu
Même les maisons ne sont pas revenues de la guerre
Le chemin a perdu le chemin du retour. »


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Comment faire une chronique sur un recueil de poésie ? Comment faire comprendre qu'à la fois certains textes nous ont touché plus que d'autres, mais qu'en même temps il se dégage un message de l'ensemble ?

Hala Mohammad arrive de là où on ne voudrait pas aller, de là vers où pourtant certains jeunes sont partis en venant d'ici. Elle tente de mettre des mots sur l'absence, l'exil, la perte, la mort. Elle est en recherche de ce qui pourrait parler aux autres tout en cherchant en même temps à se soigner elle-même.

Certains poèmes sont très courts, tels des haikus. J'ai toujours eu du mal avec la brièveté, même si elle est le plus souvent dense ici. D'autres poèmes prennent un peu plus le temps de se dérouler, souvent sous la forme d'un dialogue avec ce qui n'est plus (la maison, la fenêtre, la porte) ou avec ce qui reste (les souvenirs, la mémoire, l'exil).

Comment juger la poésie ? Elle est une langue nouvelle qui cherche à communiquer mais qui ne peut y réussir à chaque fois, car elle n'est réellement parlée que par celui qui l'écrit et donc imparfaitement comprise par celui qui la lit. L'effort en tout cas de présenter une édition bilingue est à saluer, même si je vais avoir besoin d'encore de longues années d'apprentissage de l'arabe pour goûter et les sons et les sens.

Merci en tout cas à Babelio et sa Masse critique et aux éditions Bruno Doucey pour m'avoir prêté cette fenêtre sur un monde dévasté mais malgré tout encore debout.
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Il est difficile pour moi de faire la critique d'un livre de poésie. J'ai peu l'habitude d'en lire et je remercie le beau challenge Globe-Trotteurs de m'avoir poussée à cette ouverture. Alors que dire ?

Que j'ai aimé cette écriture très colorée, à la fois douce et forte, où le rythme est libre et laisse le coeur s'exprimer.
Que j'ai aimé les thèmes abordés, qui sont personnellement chers à l'auteur mais qui nous parlent également (l'exil, la perte, l'absence, la mort, la mémoire, l'oubli, la nostalgie, le refus du désespoir, et l'amour bien sûr…).
Que j'ai aimé le livre-objet des belles éditions Bruno Doucey qui proposent une édition bilingue de ces poèmes.
Que j'aimerais profondément dans le futur revenir vers ce recueil qui m'a tant touchée pour relire et redire ces poèmes.
Que j'aimerais que vous aussi vous ouvriez cette fenêtre…
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Un titre qui ressemble à un appel au secours.....
Hala Mohammad veut une fenêtre pour s'ouvrir au monde, pour clamer sa poésie, pour un procès juste car elle a fui sa patrie ( la Syrie ), ravagée par une guerre impitoyable et interminable...Elle se remémore tous les détails de cette vie qui lui fut douce et agréable ! Sa poésie est la voix de l'absence, un cri profond qui apaise l'angoisse, l'oubli, les souffrances..
Et, comme Bernard Lavilliers qui chante " la musique est un cri qui vient de l'intérieur ", Hala utilise la poésie pour se libérer de son passé, pour garder l'espoir d'un futur heureux et apaisé..
Elle s'identifie à un papillon fragile, silencieux qui d'un battement d'ailes s'élève au dessus d'une réalité dure : celle de la vie, de la mort, de l'avant, de l'après, d'ici et d'ailleurs..
Sa poésie est spontanée, lyrique, colorée, évocatrice et émouvante !
Hala nous vous remercions d'avoir pu partager avec vous ces moments et, nous sommes de tout coeur avec vous dans l'espoir que votre patrie puisse retrouver la paix, la joie de vivre et son passé prestigieux.
J e tiens à remercier Babelio pour l'envoi de ce recueil de poésies...
Les Editions Bruno Doucey pour sa confiance...
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Je l'ai lu d'une traite, en respirant confortablement au début, et à mesure que les fenêtres se sont fermées, ou ouvertes sur le vide des maisons, j'ai manqué d'air. Mais je crois que c'est le chemin à suivre avec ce recueil, jusqu'à en avoir le souffle coupé. Mesurer le temps, prendre la mesure de l'exil, marcher le ventre noué aux côtés de l'exilé. J'ai pensé à cet autre recueil lu autrefois, 'Le seuil, le sable' d'Edmond Jabès. Il faut tout lire d'un coup, à voix haute, pour au minimum faire résonner ces mots une fois. L'objet livre est sobre et beau, les pages d'écriture arabe nous font partir aussi, et du bout des doigts l'on peut suivre le contour de quelques mots, la maison, la fenêtre, le seuil, une barque de papier... C'est très beau, toute cette douleur. Et je vais l'offrir à mon tour.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Aujourd'hui
Vite devenu hier
Je me suis dit : comment n'ai-je pas remarqué
Qu'avant-hier est passé ?
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Seuls les cercueils savent
Le chemin de la maison-cimetière
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Je m'invente des besoins
Et j'invente des regrets sans fin
Je pleure en un moment sincère et crois que c'est la poésie …
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Elle


Extrait 1

À l’aube, son pied ne foule pas l’aube
Elle n’ouvre pas ses fenêtres sur celles des voisines
Elle ne prépare pas son café sur un feu doux
Elle n’apparaît à nul instant en chemise de nuit
transparente derrière les rideaux transparents
Elle n’époussette pas le balcon
Elle n’aère pas ses couvertures sur les cordes à linge
Elle ne regarde pas les fenêtres des voisines
s’ouvrir et se fermer sur la vie de famille
Elle n’allume ni la radio ni la télé pour écouter
l’horoscope, les nouvelles et le bulletin météo
Elle ne secoue pas dans le salon le plant de basilic
Elle ne se réveille pas pour couvrir les enfants
Elle ne se retourne pas dans son lit
Elle ne touche pas son dos nu, large et chaud
Ses doigts ne soupirent pas de plaisir
Elle n’ouvre pas son armoire qui sommeille dans le secret
des robes, ni les miroirs qui se dénudent dans la soie des miroirs
Elle ne monte pas l’escalier quatre à quatre comme
quelqu’un que le bonheur attend derrière la porte
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Ce crépuscule jaune


J’ai posé le plus beau marbre au seuil de la maison
Un marbre vieilli et jaune
J’ai posé un nouveau verrou en bas de la porte
Un verrou de cuivre jaune
J’ai fermé la maison sur tout ce qu’elle renferme
Dans ce crépuscule jaune
Sous l’œil du soleil couchant
J’ai fermé la porte sur la poussière jaune rassemblée
pour me faire ses adieux
Et je me suis retirée de ma vie
Lorsque je vois de loin
Le salon, les miroirs
Les rideaux
Mes robes dans les armoires
Les assiettes dans la cuisine
Le réfrigérateur
La table en bois jaune
Les belles chaises cannées
Qui reflètent la lumière du soleil
Et la répartissent sur le carrelage
En un tapis de lumière
Sous les pieds de la table
Le téléviseur noir
Et muet
Je ne veux pas de fin à ce poème
Que j’écris maintenant
Je veux rester suspendue au-dessus de ce vide
Le vide qui évacue les pensées de mon esprit
Et le métamorphose en cœur

Un seul arrêt cardiaque
N’en finirait pas
Avec tout cet amour.
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Videos de Hala Mohammad (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hala Mohammad
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
+ Lire la suite
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