Anatole Deibler (1863-1939) a été bourreau pendant plus de 50 ans, d'abord comme assistant puis titulaire. Chez les Deibler, ce métier se transmettait de père en fils (en neveu, faute de fils).
Le job consistait à raccourcir d'une vingtaine de centimètres des condamnés à mort, et leur vie par la même occasion. Anatole a ainsi participé à 395 exécutions, et fait tomber près de 300 fois le couperet de la guillotine. Durant ses premières années d'exercice, les exécutions étaient publiques et constituaient un spectacle exaltant pour une partie de la population.
Anatole Deibler est donc devenu célèbre, d'autant plus que la société était agitée par des débats sur la peine de mort.
Deibler a relaté son travail dans un journal dont le contenu est résumé dans cet ouvrage.
Certaines périodes furent plus calmes que d'autres, notamment lorsqu'un Président opposé à la peine de mort commuait des condamnations par voie de grâce présidentielle.
Dans cet ouvrage, on croise quelques célébrités : Joseph Vacher (1869-1898, dit le 'tueur de bergers' ou le 'Jack l'Éventreur du Sud-Est'), trois membres de la bande à Bonnot exécutés en 1913 (survivants du siège de Nogent-sur-Marne, durant lequel Jules Bonnot fut tué),
Henri-Désiré Landru (1869-1922, dit « le Barbe-Bleue de Gambais »), Gorguloff (1895-1932, l'assassin du président
Paul Doumer), Maurice Pilorge (1914-1939, exécuté par Jules-Henri Desfourneaux, en remplacement d'
Anatole Deibler décédé l'avant-veille)…
Certains condamnés ne suscitent pas la moindre compassion, mais ce n'est pas le cas de tous, et le lecteur se demande donc s'il aurait lui-même pu accomplir un tel travail.
Le texte d'
Olivier Keraval est intéressant, en particulier les résumés du contexte historique dans lequel interviennent les exécutions. Les planches dessinées en noir et blanc par
Luc Monnerais sont jolies mais n'apportent rien au récit, n'en illustrant que de très courts passages.
J'aurais préféré un véritable choix entre un travail de présentation graphique et un récit écrit, plutôt que ce mélange insuffisamment complémentaire ici de ces deux genres.