Silure et crépuscule

Je voudrais tout d'abord commencer par remercier la Masse Critique Babelio ainsi que les éditions Karthala pour cet envoi.

Concernant la couverture, je dois avouer que c'est ce qui m'a attirée en premier, du fait de mon compagnon qui est pêcheur, et qui apprécie la pêche du silure. Cette couverture et son titre ont donc tout de suite éveillés ma curiosité. Ils sont d'ailleurs tous les deux en parfaite corrélation avec l'histoire.
Je pense que cette couverture ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais moi je l'aime bien et je la trouve aussi bien pensée dans sa composition. Il manque peut-être juste un petit crépuscule... ;-)

Concernant la plume de Bertrand Moreau, je l'ai trouvée fluide et agréable. le rythme est assez lent, mais comme empli de poésie, de douceur, mais aussi de puissance, et ça se lit tout seul. J'ai beaucoup aimé le fait que ce livre nous propose plusieurs points de vue, même si celui de Paul reste le principal.

Paul est un jeune homme calme, posé, réfléchi et rugbyman. Nina est une jeune fille pleine de gentillesse, qui ne sait pas dire non, mais qui est aussi un peu fantasque. Bien entendu, ils tombent amoureux.

Ils vont vivre un amour passionné qui aura pour nid une ancienne cabane de pêcheur perdue au milieu des bois. Très vite, Paul ne va plus la quitter. Elle sera le témoin silencieux de leur évolution (ainsi que de la sienne vu que le jeune homme va considérablement l'améliorer avec les années).

Nina se projette facilement dans l'avenir, qu'elle distingue très nettement, mais beaucoup plus difficilement dans le présent. C'est en partie à cause de ça qu'elle va proposer un "jeu" à Paul, une sorte de défi comme preuve d'amour : renoncer au crépuscule. D'abord surpris par cette demande incongrue, le jeune homme va s'y plier de bonne volonté et va même organiser ses fins d'après-midi de façon à être rentré ou à être à l'intérieur durant ledit crépuscule.

J'ai beaucoup apprécié Paul, avec sa patience et sa gentillesse. J'ai cependant beaucoup moins aimé Nina entre ce qu'elle demande et ce qu'elle se permet. Je peux comprendre sa détresse à un certain moment, mais je trouve qu'elle part beaucoup trop loin. Cependant, je sais aussi que chacun gère la douleur de façon différente.

Sophie amène une petite touche de fraîcheur avec sa bonne humeur ainsi qu'un léger côté fantastique avec "sa" silure.

Ce livre aborde beaucoup de sujets, comme l'amitié, l'amour, la nature, le couple libre, le désir de maternité, la dépression, la maladie, le droit à la sexualité des personnes handicapées, le temps qui passe...

Concernant la fin, elle n'explicite pas exactement ce qui a pu se passer, mais je pense qu'il est plutôt facile de le deviner.

En résumé, j'ai passé un agréable moment entre les pages de ce livre. L'action n'est certes pas très présente dans ce roman initiatique, mais on se laisse facilement porter par la nature et l'évolution des personnages (dans leurs bons moments comme dans ceux plus difficiles) qui flirtent légèrement avec le fantastique.
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Ode à l imaginaire
Paul et Nina se sont fait une promesse a l aube de leur vie d adultes
Paul devra renoncer pendant un temps au crepuscule.Sa vie va désormais être réglée par cette expérience.
Mais qu adviendra-t-il de leur vie quand Nina va se persuader que cette promesse détruit leur vie?
De nombreux personnages vont venir pimenter le roman, Sophie jeune fille trisomique qui ne connait pas l amour physique.
Un silure a lunettes qui prédit l avenir.
Iris la charmante maîtresse de Paul
Les amis du rugby.
Le marabout Papa L'ado
Roman empreint d un réalisme magique frôlant le fantastique, où l étrange se mêle au quotidien.
on suit avec un immense plaisir l évolution des personnages jusqu a leur vieillesse.
Un livre plein de charme, de rêve et d émotions.
Un conte initiatique où tout est vrai, tout est rêve tout est roman.
A lire absolument

Le voyage provoqué par "Silure et crépuscule" fut pour moi d'un tendre onirisme.

Je me suis laissé emporter par le refuge enfui dans les montagnes. Il fut pour moi comme pour les héros un réconfort face à la réalité. Il suffisait de gravir les flancs de la montagne, loin de la civilisation, pour accéder à l'absence de rationalité, ou plutôt, à l'absence de frontière entre le jour et la nuit, entre le rêve et la réalité. Cette frontière est titillée à de multiples reprises sans être véritablement explicitée, c'est ce qui provoque le voyage onirique, ce qui emporte le lecteur. Il ne me semble pas forcer la comparaison en affirmant que le roman se rapproche du style de la littérature japonaise contemporaine.

Les thèmes abordés sont contés avec tendresse. L'écriture est poignante, bien qu'elle paraisse parfois virevoltante. Ainsi, le narrateur passe parfois d'un sujet à un autre de l'histoire sans en expliciter la chronologie. Cela participe à l'esthétisme de l'auteur et personnellement, j'ai été convaincu.

À lire et à relire.

J'ai reçu ce livre lors de l'opération Masse critique, et je remercie Babelio et les éditions Karthala pour cette découverte.

C'est un récit plein de poésie, où l'absurde se mêle au réel. L'histoire est cohérente tout en étant un peu fantastique.

J'ai été émue, choquée, attendrie par ces tranches de vie. Cela m'a permis de me questionner sur mes propres exigences, attentes et jugements de mon entourage. C'est ce que j'attends de mes lectures : qu'elles me procurent des émotions et me fassent avancer sur mon propre rapport aux événements.

Je pense que ce livre mérite d'être lu, il m'a davantage enthousiasmée que certains ouvrages d'auteurs plus connus et plus médiatisés !