Après avoir regardé la série sur Netflix et l'avoir beaucoup appréciée, j'ai eu besoin de savoir d'où l'histoire était tirée. Ça n'a pas été une déception : le livre est bon, et les scénaristes ont très bien bossé. La série est fidèle, tant pour l'atmosphère que pour l'action, même si certains faits ont été modifiés pour rendre le tout plus visuel et un peu plus... manichéen. J'ai toutefois préféré la série. Pourquoi ? Eh bien parce que si je ne l'avais pas eu en tête durant ma lecture, j'aurais probablement décroché. La principale raison étant le point de vue à la première personne qui limite parfois la compréhension de certains concepts. Je pense notamment au Construct, qui n'est pas très bien expliqué, ou difficile en tout cas à appréhender quand on ne l'a pas rencontré dans d'autres lectures. Comme on est presque constamment plongé dans l'action, il y a finalement peu de moments où l'auteur s'embarrasse de précision. Ça peut être gênant si, comme moi, on préfère le point de vue omniscient afin d'avoir accès à toutes les infos. Cependant, ça reste bien écrit et très sympa à lire, pour peu qu'on aime le Cyberpunk et le sordide (encore que, je ne trouve pas ce livre trash comme le disent certains avis sur le net).
Au-delà de l'univers Cyberpunk assez bien ficelé, ce sont surtout les questions soulevées sur l'immortalité, au plan spirituel et sociétal, qui m'ont convaincu de poursuivre ma lecture. Nous sommes donc projetés au vingt-sixième siècle, dans un monde où l'être humain est digitalisé, sa conscience stockée dans des « piles » que l'on insère dans la nuque dès la naissance. La « vraie » mort ne survient que si la pile est détruite, et on comprend assez vite que pour vivre éternellement, dans une enveloppe choisie et qui vous correspond, il vaut mieux avoir un paquet de crédits sous le bras et une influence dans les hautes sphères, dirigées par les Math. Laurens Bancroft, le riche magnat qui sort Takeshi Kovacs de sa « suspension » deux cent cinquante ans après sa mort, est de ces gens-là.
Grâce à cette avancée technologique, les distances en années lumière ne sont plus un obstacle à la conquête de l'espace intersidéral. L'humanité a colonisé des mondes au-delà du système solaire, certains humains n'ont même jamais vu la Terre. C'est le cas de Kovacs, originaire d'Harlan, unique biosphère habitable du système de Glimmer, à quatre-vingt six années lumière de là. À Bay City, il découvre les coutumes du plus ancien des mondes civilisés, sa police débordée par une forte criminalité, les Catholiques qui refusent de perdre leur âme dans la digitalisation, la corruption des Math et l'obscénité qui règne dans les grandes villes. de quoi compliquer son enquête afin de retrouver l'hypothétique meurtrier de Bancroft. L'homme est persuadé d'avoir été victime d'un assassinat et si Kovacs réussit à élucider ce crime, le reste de sa peine – cent dix-sept ans et quatre mois – sera annulée. Il sera ainsi transférée sur Harlan, dans l'enveloppe de son choix, avec un bonus de cent mille dollars NU crédité sur son compte, ou il pourra choisir de rester sur Terre et d'être naturalisé comme citoyen des Nations unies. C'est notamment grâce à Kristin Ortega, un lieutenant de la police de Bay City qu'il rencontre dès sa sortie de suspension et avec qui il lie une relation ambiguë, qu'il parviendra à découvrir la vérité.
N'étant pas fan de thriller ou de polar, je ne suis pas spécialiste, mais l'enquête m'a semblé un peu bâclée sur la fin. C'est la raison pour laquelle j'ai préféré l'intrigue de la série, plus commerciale, c'est vrai, mais beaucoup moins bancale. Les concepts exploités tout au long du livre ne sont pas nouveaux, toutefois
Richard Morgan a le mérite de les rendre accessibles au non-initié. Les puristes ne les trouveront pas assez poussés, les lecteurs comme moi qui aiment la SF pour le voyage s'en contenteront largement.