Transformation d'humains en lycanthropes, immense bâtisse perdue au fond des bois, conflits par-delà les siècles, expériences nazis et douves secrètes : le trio d'auteurs espagnols s'appuie sur des thèmes usés jusqu'à la corde par les séries d'épouvante. Et pourtant, cette histoire de David Muñoz (à ne pas confondre avec l'Argentin José Antonio Muñoz, Grand Prix du Festival d'Angoulême 2007) parvient à sortir des sentiers battus. L'expérience cinématographique de cet ancien associé de Guillermo del Toro sur "L'échine du diable" se fait d'ailleurs sentir tout au long de cette mise en place intelligente et dynamique.
Une fois le décor planté, l'intrigue aux sources d'inspiration multiples s'étoffe rapidement, plaçant le lecteur au sein d'un huis clos prenant et efficace. L'environnement glacial de l'Europe de l'Est se prête parfaitement au développement de ce récit bercé par le mythe du vampire, tandis qu'une séquence se déroulant au Moyen-âge dévoile des racines bien plus anciennes à cette énigme imbibée d'étrange et de fantastique. le fait de choisir des enfants pour héros n'est pas sans rappeler "La Confrérie du Crabe" et contribue à l'originalité de cet album, permettant ainsi une revisite de poncifs du genre sous un regard plus jeune. Au milieu de monstres et autres personnages très réussis, le comportement de cette petite héroïne que rien ne semble perturber ou effrayer intrigue et surprend.
Ce mélange entre l'aspect horrifique du sujet et le côté enfantin des héros se retrouve également au niveau du dessin de Tirso ("Marshall", "L'oeil du diable"). le graphisme de cet ancien directeur artistique d'une société publicitaire combine un environnement ténébreux à un style d'inspiration manga aux mouvements dynamiques et pourvu de protagonistes aux grands yeux et aux allures plus cartoonesques. Les couleurs informatisées et très sombres de
Javi Montes viennent parachever le travail osé de cette équipe entièrement ibérique. Une colorisation en parfaite adéquation avec ce milieu hostile, mais qui pèse sur le trait de Tirso et sur la lisibilité de l'ensemble, principalement lors de scènes de nuit beaucoup trop obscures. Les jeux d'ombres et de lumières, ainsi que la mise en page, sont très cinématographiques et variés.
Pourvu d'un portfolio avec des illustrations signées
Munuera, Arenas, Acuna,
Tim Sale, von Kummant et Fernandez, ce début de série accrocheur mériterait de faire plus de bruit que ne laisse présager son titre.