Voilà deux nouvelles du jeune
Vladimir Nabokov interprétées par d'excellents comédiens. Elles ont été écrites à Berlin en 1923 et 1927 sous le pseudonyme de Vladimir Sirine et se déroulent dans le milieu des exilés de la capitale allemande .
1. Ici on parle russe (1923) est une nouvelle satirique.
Le narrateur passe souvent chez Martyn Martynitch, un Russe jovial qui tient un bureau de tabac florissant sur un coin de rue de Berlin. Son fils Pétia est farouchement anti-soviétique et l'auteur de plusieurs blagues retentissantes qui ont valu au père quelques amendes. Mais six mois plus tard, au retour d'un séjour parisien, le narrateur constate que l'ambiance a changé. Et Martyn Martynitch semble obsédé par la prison, l'emprisonnement. Il a un secret, le bougre…
Je ne vous dirai rien, non, non, non. La nouvelle est boufonne mais aussi bien sombre. Mine de rien
Nabokov évoque les horreurs de la guerre civile et prend ses distances avec les Blancs.
2. La sonnette (probablement 1927) est une nouvelle plus élaborée qui détourne les conventions et manipule gentiment le lecteur. Elle est fameuse !
Sept années se sont écoulées depuis leur séparation sur le quai de la gare à Saint-Petersbourg. Nikolaï Galatov s'est engagé dans l'armée Rouge puis dans l'armée Blanche, puis il a roulé sa bosse en Afrique et en Italie et même aux Canaries, et puis encore l'Afrique où il s'est engagé dans la Légion étrangère. Il a pensé à elle beaucoup, un peu, rarement puis de nouveau très souvent. Son deuxième mari qui possédait plusieurs immeubles à Berlin est mort pendant la guerre, en lui laissant vraisemblablement de quoi survivre...Il arrive à Berlin, localise l'ancien dentiste et le lecteur apprend à ce moment là qu'il s'est fait manoeuvrer…Et ce n'est pas fini, d'autres surprises vous attendent.
Je ne vous révèlerai rien, non,non, non. le lecteur a été manipulé grâce à la narration dans laquelle la voix du narrateur se confond astucieusement avec celle de Galatov. (
Nabokov intercale de la narration extérieure dans le monologue intérieur de Galatov).
Nabokov joue sur les conventions littéraires des retrouvailles amoureuses, du baroudeur qui revient au bercail et de la dame qui l'attend sagement au pays.
Ici on parle russe est extrait de
la Vénitienne et autres nouvelles et La sonnette de
Détails d'un coucher de soleil.
Le podcast est gratuit.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/deux-nouvelles-de-vladimir-nabokov-1-ici-on-parle-russe-2-la-sonnette-1ere-diffusion-28-04-1999-1113342