Un cadeau de "Vendredilecture".
Orléans, 1985. C'est l'époque où Birdy sort en salle, The Cure et Indochine cartonnent. Des groupes entendus sur vinyles et cassettes radio… Une bande d'étudiants a pris pour habitude de se réunir au café le Thermidor, le QG où ils manigancent des farces. Pour marquer leur désaccord contre le fonctionnement du système, l'hypocrisie politique, la gourmandise des puissances financières dans le monde, ces jeunes s'amusent à ridiculiser des élus lors d'évènements locaux. Leur dernière blague poussera le maire de la ville à agir en conséquence. D'un groupe d'une vingtaine de personnes, pour finir il ne reste qu'un noyau de 6 très lié. Un septième entre en jeux. Il leur propose de monter d'un cran. Atteindre un objectif plus sérieux…
Une aventure d'un petit coup monté qui devient un gros merdier. Un texte engagé, un coup de gueule. Je pense à la naissance de groupuscules qui veulent agir pour changer les choses. Style à plus grande échelle Greenpeace et les Anonymes… Au nom de l'inégalité, de la manipulation d'institutions au détriment de la population moins informées. Même en connaissance de cause, le peuple n'a qu'une chose à faire, soumission, acceptation, oeillère… Dans la démocratie, il est possible de s'exprimer, de manifester, mais pas trop quand même. Allez trop loin, sans tomber dans le fanatisme, ne pas trop réveiller des vérités. L'intervention du pouvoir est rapide, et tout est possible pour l'avortement d'une révolte, pour empêcher la déstabilisation d'une affaire qui marche depuis longtemps. C'est pourquoi les ripostes officielles sont toujours justifiées. Maintenant, libre à chacun de juste s'y fier... à une « DÉMO » de « CRASSE » qui « SCIE »…
Le lecteur s'amusera avec « Les six doigts de la main ». C'est un écrit sympathique d'une grande simplicité, qui va droit au but, sans étouffements descriptifs, quelques scènes. Une idée classique qui cache un grand sujet. Qui rappelle la résignation et l'action des uns et des autres. Un ouvrage aéré. Pas de grande théorie. L'auteur nous incite à construire et interpréter ces actions comme nous l'entendons. Un coup d'air frais. Un instant de lecture rapide, clair et sans ennui.
P.S: pour l'éditeur : le défaut est qu'il y a assez bien d'erreurs. du genre correction précipité. Jusqu'à une interversion erronée de prénoms en page 213 (Marc est cité au lieu de Paskof)…
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Au passage de la voiture de police, la silhouette humaine s'efface pour se coller au mur et se fondre dans l'ombre. Pourtant, la voiture ralentit sensiblement son allure. Etna se hâte alors de glisser vers une entrée d'immeuble, et fouille dans ses poches, pour simuler la recherche de clés.
- Purée, Benoît ! Dépêche-toi ! Qu'est-ce que tu fais ! maugrée-t-il entre ses dents.
Le jeune homme lève les yeux et regarde avec impatience la façade de l'immeuble. Une faible lueur filtre à travers les rideaux tirés d'une fenêtre située au troisième étage. Brièvement, il lui semble voir les rideaux bouger.
Au même moment, il entend, derrière lui, un bruit de portières de voiture. Etna contient tout d'abord une irrépressible envie de se retourner, puis c'est une furieuse envie de fuir qu'il doit maîtriser lorsqu'il entend des pas se diriger vers lui.
- Monsieur ?
La voix polie mais autoritaire est indubitablement celle d'un flic.
Lentement, après avoir pris le temps de se recomposer un visage serein et innocent, Etna se retourne.
L'agent est seul, son collègue est resté dans la voiture, dont le moteur continue à tourner.
En dessous de la ligne formée par le képi, les petits yeux du flic fixent Etna d'une manière soupçonneuse. Ils s'attardent sur la sacoche portée en bandoulière par le jeune homme. Malgré lui, Etna sent une rougeur lui gagner les joues, allumant au passage une myriade de boutons d'acné sur sa peau.
- Vous habitez ici, monsieur 1 demande l'agent. Sa voix ne prend plus la peine d'être polie pour poser la question, seulement autoritaire.
- Oui... Euh non... J'attends, en fait, un ami.
- Il habite ici ?
- Oui... Oui...
- Vous avez vos papiers, monsieur ?
La question a été sèchement posée par l'agent. En d'autres circonstances, Etna se serait rebiffé, s'indignant d'une telle demande non justifiée, reprochant les soupçons qui pèsent constamment sur les jeunes. Mais justement ce soir, les soupçons sont justifiés...
- Écoutez monsieur l'agent, je ne fais rien de mal, j'attends juste que l'on vienne m'ouvrir, déclare Etna, en prenant la plus innocente des apparences.
- Peut-être, mais moi, je souhaite quand même voir vos papiers !
- Je n'ai que ma carte d'étudiant.
- Montrez-la moi !
Il y a un risque, mais on est parfois plus invisible en pleine lumière qu'en cherchant à rester dans l'ombre