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EAN : 9782368463048
256 pages
Steinkis Editions (20/03/2019)
4.32/5   19 notes
Résumé :
En 1966, contraint de travailler comme ouvrier dans une usine de construction à Pékin, Chongrui Nie doit mettre de côté son rêve de devenir dessinateur. Deux ans plus tard, en pleine révolution culturelle, il est envoyé dans une usine d’armement de la province de Shanxi à Guan Cen Shan. Saisi par la beauté qui l’entoure, Chongrui Nie choisit de vivre cette expérience comme une bénédiction plutôt qu’une épreuve. Au fil des pages de ses carnets, il dépeint la jeunesse... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Au salon de la BD, mon oeil est attiré par un dessin noir sur fond beige et une calligraphie chinoise. de loin le dessin est net mais en m'approchant je me rends compte qu'il y a plein de petits traits. Coup de coeur, je repars avec ce gros album sous le bras. de retour à la maison je ne le lâche plus, je suis sous le charme de ce trait si particulier et de ces dessins si vivants. Tous ces petits traits tracés, à l'encre noire, auraient pu donner un rendu brouillon, une sorte de gribouillage, pourtant le résultat est saisissant et l'ensemble très harmonieux. Un équilibre parfaitement maîtrisé. Si on regarde attentivement on ressent que rien n'est laissé au hasard et que chaque trait est exactement là où il doit être. Je ne me lasse pas d'admirer la perspective et la profondeur de ces dessins sans parler de cette sensation de relief. J'ai l'impression que dans l'instant les personnages vont prendre vie. Ils sont très expressifs et vivants, résultat d'un dessin précis, minutieux, détaillé. (Petit aparté : vous savez comme dans le clip de Take on me de a-ha ? Quand le gars sort de la BD ? Non ? Bon voilà paf je viens de prendre un coup de vieux)

L'histoire dans tout ça ? Elle est passionnante surtout quand comme moi on aime l'Histoire. L'auteur nous raconte sa vie et se fait le témoin de toute une époque. En point de repère il y a cette montagne, située dans la province de Shanxi à Guan Cen Shan qui le rappellera à elle à 3 reprises. Il y a aussi cette nature foisonnante. Il nous raconte la Chine de Mao, la révolution culturelle et le grand bond en avant. Il rend compte des absurdités du régime en place, des persécutions subies par le peuple de la destruction du patrimoine et de cette volonté d'effacer les traditions sans âges de tout un peuple. La politique menée à cette époque a marqué un tournant historique pour la Chine mais aussi au niveau international provoquant des changements définitifs et irrémédiables. Des trésors d'architecture sont détruits et des traditions transmises de générations en générations perdues à jamais. Étouffées, sacrifiées sur l'autel de la modernité. le lecteur ressent l'impuissance et la tristesse de l'auteur face à un si grand gâchis. Il nous raconte aussi la vie quotidienne des chinois, les petites anecdotes, la vie de tous les jours. Il rend hommage à ceux qu'il a croisé et qui l'ont marqués et dont les visages, encore vivaces dans son esprit, reprennent vie sous la forme de milliers de petits traits. Un style étonnant qui est en fait une technique ancestrale de gravure type carte à gratter, qui est ensuite retravaillée à la plume numérique et au pinceau. Bluffant !

Dans cette BD toute en pudeur et en subtilité Chongrui Nie fait revivre pour nous tout un pan de l'histoire de la Chine. Il le fait de manière très émouvante et digne et avec des dessins sublimes.
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Chongrui Nie va nous raconter son enfance dans la province de Shanxi. le jeune homme, même s'il rêve d'incorporer une école d'art, doit gagner sa vie et pour cela devient mécanicien. Il est engagé pour construire des usines d'armement dans la montagne de Nigwu. Il découvrira alors les paysages naturels, sauvages, et la vie rudes des ouvriers.
Le contexte politique de la Chine est instable à cette époque. L'armée rouge fait des ravages, détruit les temples et les provoque des rixes. Mais Chongrui Nie ne s'épanche pas trop sur la politique, se concentrant plutôt sur la découverte de la montagne Guancen et les petites aventures de la vie comme la rencontre avec un puma ou la découverte d'un passage secret menant à un temple suspendu.
Si c'est assez un intéressant, ce n'est pas une histoire et je n'y ai pas ressenti une véritable passion en lisant ses pages.
Par contre le dessin faut le détour. J'ai déjà pu apprécier ce trait très fouillé dans le Juge Bao. Les portrait sont vraiment à couper le souffle, les animaux aussi. Certaines pages sont de véritables tableaux!
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  J'ai découvert cette belle édition collector par hasard, à l'occasion des 48h de la BD 2019. le titre m'a plu car je le trouvais mélancolique et poétique. Quant au sujet, il m'a tout de suite tentée, alors, une fois de plus, j'ai craqué. 

      Au loin, une montagne retrace la vie de Chongrui Nie. En 1966, la révolution culturelle chinoise s'annonce. L'artiste appartient à la mauvaise classe sociale, ses parents font partie des nantis. Il ne fera pas l'école d'art dont il rêve mais deviendra ouvrier. Il découvrira les montagnes et les forêts bordant les usines et les chantiers sur lesquels il travaille. Il découvrira l'humanité dans ce qu'elle a de beau et de plus sordide, il découvrira le chant de la nature aussi. 

      Je commencerai par le plus évident : je suis séduite par le trait de l'artiste. Les visages sont d'une expressivité folle, et l'apparente simplicité du crayonné dévoile une force et un travail d'orfèvre, joyau de précision et d'émotions. Toute la bande dessinée est en noir et blanc et pourtant, à travers la sensibilité du trait, nous sentons frémir l'herbe, bruire la montagne, nous entendons le renard glapir d'insouciance puis de douleur, nous entendons le chant de la terre, de cette terre ancestrale brutalisée par la violence des gardes rouges et par l'industrialisation sauvage, nous entendons le cri de ces lieux de cultes balayés d'un revers de main rageur, amputant les lieux d'une partie de leur âme. C'est le trait de crayon qui nous emporte et qui permet à notre humanité de résonner avec la douleur des protagonistes. Entre autres, j'ai été émue aux larmes par le destin du renard, j'ai été scandalisée de la manière dont sont traités le moine et l'ancien soldat, mais aussi par le destin qu'aura le temple du Y=Tonnerre ou le temple suspendu. Parfois, mieux que mille mots un dessin vaut parole, et c'est le cas ici. Sans que l'artiste ait besoin de prendre position et de dire les choses, nous entendons la violence, la souffrance, la brutalité, la dévastation, et ce silence assourdissant est d'autant plus éloquent. 

       Je dois reconnaître que je suis très inculte au sujet de la Chine et de la révolution culturelle. Cette bande dessinée a donc été pour moi une réelle découverte. J'ai appris beaucoup de choses : les conditions de vie des ouvriers m'ont stupéfaite, les dégradations des lieux de culte m'ont indignée, les scènes d'accusation publique m'ont prise aux tripes. J'ai souffert avec les accusés, et de longues minutes, je me suis demandée comment on pouvait vivre sereinement avec de telles épées de Damoclès au dessus de la tête. La réponse est simple : on ne peut pas. Climat de terreur, angoisse, dénonciation, zèle pour être sûr de ne pas être le prochain accusé, autant de choses qui gangrène les relations humaines dans une partie de ce récit. Et c'est d'autant plus glaçant que nous savons qu'il s'agit d'une histoire vraie. 

      Je crois qu'il faut lire cette bande dessinée comme un témoignage : elle raconte une vie, celle de l'artiste, qui n'a pas pu faire ce qu'il voulait, mais qui s'est accroché à sa passion, qui a su y puiser sa force pour avancer, pour affronter les aléas de la vie et pour construire l'avenir, au mieux, affronter les événements et avancer. 

      Cette bande dessinée résonne aussi comme un cri d'amour : cri d'amour à une région, à une culture et à des personnages. En effet, au delà de la difficulté, de la violence de la société, l'artiste nous présente des pépites : des hommes et des femmes qu'il a croisés, et qui ont su partager, aimer, aider. Des êtres dont la gentillesse et la bienveillance imprègnent les pages et qui créent un contre-point agréable au déchaînement de violence parfois évoqué. 

       Au loin une montagne est donc une très belle lecture. Je ne regrette pas mon achat et je suis heureuse d'avoir passé quelques heures entre ces pages car la beauté du trait permet de s'immerger et d'oublier le temps pour découvrir des heures sombres illuminés in extremis par la beauté des lieux et par la beauté de certains êtres. 
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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Je suis bluffée par ce roman graphique ! J'aime énormément le style de Nie Chongrui, son coup de crayon, ou plutôt ici ses milliers de coups de crayon, c'est impressionnant et magnifique !
Concernant l'histoire en elle-même, elle est touchante et met bien en lumière un pan de l'Histoire de la Chine : la Revolution culturelle et les désastres qu'elle a causés, destruction par exemple de temples centenaires voire millénaires, bagarres, séances de luttes, certaines personnes poussées au suicide etc. Cependant c'est dit avec beaucoup de sobriété. Il y a des passages très marquants (le lapsus !) Et d'autres très drôles. Nie Chongrui partage avec nous son histoire, ses expériences et ses souffrances, les souffrances de cette époque. Il nous montre également les changements à vitesse grand V ayant lieu dans cette Chine sans cesse en mouvements, engendrant finalement la perte de certains repères.
J'ai beaucoup aimé les traits des personnages, très expressifs, et les moults dessins de paysages qui nous font découvrir de grandes étendues sauvages.
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Dans ce roman graphique, l'auteur Nie Chongrui se livre. Ou plutôt il témoigne.

Tout comme ces chinois de l'époque maoïste se dénonçaient les uns les autres, l'artiste dénonce dans ce magnifique album autobiographique la violence et l'absurdité de la révolution culturelle.

A travers nos yeux d'européens, cette « révolution » peut nous paraître bien ridicule. Et pourtant, à l'époque et comme en témoigne Nie ici, elle fut dévastatrice. Ce fut une période de grandes destructions, ou plutôt de tentatives de destructions : envers l'histoire, envers la Nature et surtout envers l'Humain.

Au fil du récit, au fil des souvenirs, l'auteur nous peint de terribles et nombreuses violences comme la réunion de dénonciation des « mauvais éléments », le passage à tabac d'un pauvre bougre qui n'avait fait que lutter pour manger ou bien comme la destruction du temple Zhangjiaya et de ses habitants...au loin sur le versant de la montagne…Mais malgré tous ces déchaînements de violence, il réussissait toutefois à y trouver des instants de calme serein et de partage à travers par exemple le festin qui donne suite à la partie de chasse ou bien un après-midi à dessiner dans la montagne.

Après ma lecture, je retiendrai tout particulièrement cette scène dans les premiers souvenirs racontés où Nie se rend au temple du Tonnerre et se retrouve entourée par toutes ces statuts, symboles du passé et de la mythologie chinoise. Accentué encore par le style crayonné de l'auteur que j'affectionne énormément, ce passage est empreint d'une grande mélancolie retranscrite à travers ces mots : « Les dieux étaient partis, laissant derrière eux la civilisation chinoise qu'ils avaient protégée durant des milliers d'années. Ils ne devaient plus jamais revenir. »

Clémence
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critiques presse (1)
BDGest
02 mai 2019
Roman graphique autobiographique pudique et puissant, magnifiquement illustré, Au loin, une montagne se révèle à la fois le témoignage d'une existence riche et d'un pan essentiel de l'histoire de la Chine.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui habitait les statues n'étaient pas une vie biologique, mais une vie spirituelle. Le corps poursuit ses réincarnations, alors que l'âme, une fois perdue, disparait à jamais.
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Les dieux étaient partis, laissant derrière eux la civilisation chinoise qu'ils avaient protégée durant des milliers d'années. Ils ne devaient plus jamais revenir.
Restaient la montagne immuable et la rivière qui coulait comme toujours.
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Les dieux étaient partis, laissant derrière eux la civilisation chinoise qu'ils avaient protégée durant des milliers d'années. Ils ne devaient plus jamais revenir.
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On travaillait beaucoup à l'usine mais nous avions un jour de repos toute les deux semaines.
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Quant à nous, nous étions des hommes vivants, mais qu'elle différence y avait-il entre le cortège que nous formions à l'époque et celui des cadavres qui rentraient au pays ?
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Vidéo de Chongrui Nie
Chongrui Nie, un dessinateur chinois en résidence à Angoulême
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