Je commence mes vacances avec la découverte d'un josei dont le titre fleure bon l'été. Je connaissais l'autrice grâce à son titre paru chez Panini (Ane no Kekkon) auquel je n'avais pas vraiment adhéré mais dont le dessin m'avait marquée. Malgré des critiques assez moyennes sur ce nouveau oneshot, j'ai donc pensé que c'était l'occasion de lui redonner une chance.
Parlons de suite de ce qui fâche. L'histoire complètement surréaliste et un brin décousue a vraiment de quoi rebuter le lecteur peu attentif ou en quête d'un titre tranche de vie réaliste. Heureusement, ce n'était pas vraiment mon cas, donc j'ai été un peu embêtée au début de ne pas tout comprendre mais j'ai fini par dompter le titre.
Nous suivons un jeune fonctionne introverti dont la passion est de dessiner des manga pour filles. Or la rencontre avec l'une d'elle, une lycéenne à la famille un brin dysfonctionnelle, va le bousculer et le pousser à évoluer. A partir de là, on va suivre en parallèle les aventures assez étranges de cette famille, et les premiers pas de notre héros en tant que mangaka de l'ombre.
J'ai trouvé l'histoire bien menée pour un oneshot. Elle avance vite et prend le temps en même temps de poser des thématiques intéressantes sur le genre, la famille, le travail, le métier de mangaka, etc. Les débuts un peu obscurs où on se demande qui sont ces gens qu'on croise, s'éclaircissent au fur et à mesure et donnent une ambiance un peu brumeuse et évaporée qui correspond très bien à l'histoire et à la saison où elle se déroule. Les étés sont souvent des saisons, chaudes et étouffantes au Japon. J'ai trouvé que l'autrice jouait très bien là-dessus.
Les personnages manquent peut-être un peu d'épaisseur. Ils mériteraient tous quelques chapitres supplémentaires tant ils sont intéressants et parfois difficile à cerner. Je pense aussi bien à Kureha, notre mystérieuse héroïne au caractère rocambolesque mais bien trempée, qu'à Makoto et sa construction comme homme, ou encore au jeune frère de Kureha qui après des brimades se fait son premier ami, ou sa mère qui délaissée se rapproche d'un jeune homme louche, ou encore le père enfermé dans son métier de libraire, et bien sûr le grand-père qui retrouve un amour de jeunesse avec lequel il ne s'est pas bien comporté. le titre est très riche et les personnages vraiment beaux.
Dans le même registre, j'ai été bluffée et fascinée par le sens du découpage de l'autrice,
Keiko Nishi. Franchement ses planches sont de toute beauté avec des jeux de cadrage magnifiques qui transmettent une émotion folle. J'adore son trait très longiligne qui n'est pas sans me rappeler les Sylvidres de
Leiji Matsumoto. C'est vraiment le gros point fort du titre parce qu'il s'en dégage une poésie rare.
J'aimerais du coup découvrir d'autres oeuvres de cette mangaka, n'ayant vraiment pas aimé l'ambiance d'Ane no Kekkon dont de toute façon on a peu de chance d'avoir la suite en France... parce que c'est une autrice dont la patte graphique me séduit énormément et qui semble avoir de vraies choses à raconter aux jeunes adultes. Merci Akata pour cette découverte !
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