Ce premier roman de l'irlandais Billy O'Callaghan a paru cette année. Je suis très contente de l'avoir lu, même si ma lecture a été mitigée. Je vous raconte pourquoi.
« Très tôt dans leur relation, ils se sont satisfaits de la rumeur du bonheur, ils ont laissé leur univers demeurer dans l'abstraction. »
Mickael et Caitlin sont amants depuis de très nombreuses années, vingt-cinq ans si je me souviens bien. Une fois par mois « sans faute, le premier mardi » ils se retrouvent à Coney Island et passent quelques heures ensemble. Aujourd'hui semble différent, et pourtant la journée ne déroge pas à leurs habitudes. Une promenade, une chambre d'hôtel. Et chacun se souvient. De son enfance, de sa vie. De leur rencontre, comment elle a tout changé, tout illuminé, rendu leur vie à chacun supportable, et même mieux, plus que cela, comment leur liaison, leur amour partagé, leur a permis d'exister.
Le bât a cependant commencé par blesser, au début de ma lecture. Quand Billy O'Callaghan nous présente Michael et Caitlin - et à chaque fois ensuite quand il raconte le présent -, il focalise d'une manière que j'ai trouvé presque maniaque, clinique, sur les détails. L'impression un peu agaçante qu'il s'écoute écrire, mais surtout une lumière trop crue projetée sur les êtres : impossible de m'attacher.
Mais tout a heureusement basculé, lorsque l'on s'aventure dans leurs souvenirs. Des passages superbes, doux, tristes, émouvants, glorieux. L'enfance, les deuils. Caitlin a grandi à Brooklyn, sa mère est irlandaise. Elle m'a rappelé les romans d'Alice McDermott. Joie. Mickael, lui, a grandi à Inishbofin, une île tout au nord de l'Irlande, qu'il a quittée à seize ans. Des parcours de vie intéressants, très humains, une belle atmosphère. Et par moments cette impression de vie perdue, gâchée, pas aboutie, une sensation qui prend à la gorge. D'une tristesse infinie, terrible. C'est ce qui me restera, je crois.
Une lecture mitigée, mais je n'oublie pas que c'est un premier roman, et je peux donc vous dire que l'auteur a un sacré talent ! Je lirai ses prochains livres.
« Le temps est un tesson de verre planté dans la nuque du jour »
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