AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,02

sur 1448 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Les chutes » de Joyce Carol Oates a été couronné par le prix Femina étranger en 2005.

Les chutes sont celles du Niagara. Les chutes sont aussi celles intervenues ou évitées sur le fil des membres de la famille d'Ariah, la « Veuve blanche des Chutes ».

L'écriture est ciselée, le récit est dense et long, mais la technique est tellement maîtrisée que jamais on ne s'ennuie. La société américaine y est décrite de 1950 à 1978 avec les différentes catégories sociales et ses ascensions ou déchéances qui peuvent être fulgurantes. Chaque personnage y est travaillé tant dans son physique que psychisme.

Les chutes sont ambivalentes : si belles et attirantes dans leur puissance, haut lieu du tourisme, parfois également territoire marqué par les suicides, et en même temps si polluées, dans leur utilisation pour le développement industriel.

« Les chutes » retrace l'histoire de Love Canal, canal creusé au 19e siècle et jamais terminé, qui a été comblé ensuite par l'enfouissement de déchets industriels toxiques, provoquant des maladies chez les habitants les moins favorisés, vivant à proximité. Joyce Carol Oates s'intéresse ici aux aléas d'une action en justice, face aux intérêts économiques, à la corruption et à l'absence de prise en compte des conséquences écologiques.

La fluidité de l'écriture me donne envie de découvrir d'autres romans de cette autrice si prolifique, notamment sur la condition afro-américaine et l'université (« Fille noire, fille blanche »), sur l'avortement (« Un livre de martyrs américains »), ou encore la biographie romancée de Marilyn MonroeBlonde »).
Commenter  J’apprécie          304
C'est avec Les Chutes, prix Femina étranger 2005, que je découvre l'univers d'Oates, écrivaine américaine, prolifique à souhait…
Un effet hydracropsychique, état morbide pouvant anéantir toute volonté chez un individu en parfaite santé, psychique ou physique, et qui peut exercer une force telle sur ces individus qu'ils vont se jeter dans les eaux des chutes du Niagara et s'y perdre définitivement
Juin 1950, Ariah Erskine, jeune mariée, se réveille dans la suite nuptiale du Rainbow Grand Hôtel à Niagara Falls. Elle y est seule abandonnée par son jeune époux Gilbert, avec effarement elle trouve le mot qu'il lui a laissé appuyé contre le miroir de la coiffeuse : « Ariah, je regrette,….je ne peux pas
….Je nous libère ainsi tous les deux de notre serment »
La douleur, l'humiliation, une honte inexprimable la submergent.
Fin juillet 1950, elle se marie avec Dirk Burnaby, riche fils de famille de Niagara, qui est tombé sous son charme .C'est le grand amour, la passion le premier né Chandler et l'angoisse pour Ariah , qui en est le père ?Vite , vite un autre enfant Royall, lui, c'est sûr est de Dick.
Spéciale cette femme, névrosée, angoissée, sujette à des crises terribles, repliée sur sa petite personne, Dick, ses fils et enfin Juliet, la dernière, vivant de plus en plus en recluse, s'isolant des réalités de la vie , du monde ,refusant de se laisser envahir par tout ce qui peut compromettre son univers .Seule la musique reste souveraine, au fur et à mesure elle va perdre contact avec le monde de Dick, refusant de s'intéresser à la carrière d'avocat de son époux, elle le laisse lui apporter le confort matériel dont elle a besoin, mais elle ne veut rien savoir de ses soucis .Si bien que lorsqu'il va prendre à bras le corps une affaire où sont mêlés tous ses amis avocats, financiers ,industriels, juges ,politiques et qu'il va se retrouver plaider contre tous les notables de la ville , non seulement elle n'en saura rien , ne voudra rien savoir et ira même jusqu'à lui tourner le dos !!et à le rayer des conversations avec ses enfants sujet tabou ô combien.
Bien sur cette affaire était « empoisonnée » dès le début ! Comment dans les années 1966, faire reconnaître à des industriels, travaillant pour l'armée entre autres, que des déchets toxiques,(radioactifs ?) ont été enfouis dans Love Canal ? Que les lotissements construits sur ces terrains sont insalubres, que les enfants meurent de leucémies inexpliquées, que les femmes font des fausses-couches à répétition, que les adultes meurent de cancers à une fréquence alarmante…..
Cela coûtera la vie à Dick Burnaby…
Cette Ariah , sincèrement , m'a insupportée tout au long de cette histoire ; cette femme qui ramène tout à elle, ses enfants sont des jouets entre ses mains, et elle est toute étonnée quand un jour ils veulent grandir .Pourquoi ce silence autour de leur père ? Elle arrive à oublier ce dernier comme elle a effacé de sa mémoire Gilbert son éphémère premier époux.
Après un long , très long début , le roman prend sa vitesse de croisière avec le début de l'affaire Love Canal( histoire véridique),les personnages sont en place, certains vont sortir du tableau ; Oates nous peint la société américaine des années 1970/1980 dans une région industrielle, les débuts des prises de conscience des dangers des déchets pour les populations. Elle nous dresse le portrait d'une femme névrosée à souhait , d'une famille perturbée , d'adolescents qui essayent d'émerger de son influence castratrice
En résumé , une lecture souvent exaspérante mais qui vous piège ,attention au point de non -retour !
Commenter  J’apprécie          300

La quatrième de couverture ne rend pas justice à ce livre de Joyce Carol Oates. J'ai bien fait, appréciant cet écrivain, de ne pas m'arrêter à cette présentation qui laisse présager une bluette.Car au delà du drame vécue par cette jeune mariée et de l'histoire d'amour qui suit, arrive le récit d'un scandale environnemental des années 1970. Celui de Love canal, près de Niagara Falls et Buffalo.

Il y a donc à la base une histoire d'amour. Ariah et Gilbert, tous deux enfants de pasteur, sont ignorants du mariage et s'épousent sans amour. Gilbert ne peut supporter la réalité du mariage et se jette dans les chutes, d'autant qu'il semble avoir une attirance refoulée pour un camarade d'étude. Sa veuve se croit responsable du geste de son mari et damnée pour cela. C'est sans doute ce qui expliquera son évolution de jeune fille timide et un peu godiche à femme égoïste et mère castratrice.
Contre toute attente, Dirk avocat à succès et séducteur s'éprend d'elle. Et de façon aussi surprenante, elle cède aussitôt. Ils se marient et ont des enfants qui eux aussi seront marqués par les chutes. Mais Ariah ne semble pas rassurée et croit que ce mari finira par la quitter.

C'est après plusieurs années que prend place le scandale environnemental. Et pour moi le livre a pris là une autre dimension avec le combat perdu d'avance de Dirk Burnaby contre les puissants industriels de la chimie qui ont enfoui des déchets dans le sol sur lequel la municipalité a laissé construire des maisons pour les ouvriers. Seule une femme demande que justice soit faite au nom de sa petite fille morte de maladie dont elle est sûre qu'elle a été provoquée par les substances noirâtres qui remontent à la surface dans les jardins mais aussi les cours d'écoles. Malheureusement elle a aussi contre elle les autres familles qui ne veulent pas que l'on déprécie leurs maisons. Chez les riches comme chez les pauvres, c'est l'argent qui décide.

Un portrait de l'Amérique avec sa pudibonderie, son amour de l'argent, la corruption, qui ne sont pas propres à ce pays.

Finalement les chutes sont bien le centre de ce roman, chutes qui hypnotisent, qui assourdissent, qui attirent et effraient, les chutes qui attirent tant de touristes et en particulier de jeunes mariés, mais qui sont aussi le lieu d'une industrialisation sans scrupule.


Challenge ABC 2017-2018
Commenter  J’apprécie          283
Ce roman fleuve est très riche. Si riche que j'avoue avoir du mal à cerner l'intention finale de l'auteur. Cependant, hormis quelques paragraphes de descriptions que l'on peut éventuellement sauter, il n'est jamais ennuyeux. sans doute que le style et la forme narrative de l'auteur qui mêle passé et présent mais toujours autour du même personnage y est pour beaucoup. Pour rencontrer cet auteur, professeur de littérature et très prolifique, j'avais commencé par de courts ouvrages: "Un amour noir" et "Sexy" qui m'avaient séduits. Aussi ai-je tenté ce "pavé" et ne le regrette pas. Si vous accrochez au récit au bout de quelques pages, vous finirez sans doute ce livre écrit par un futur Prix Nobel?
Commenter  J’apprécie          270
J'ai tout de suite été happée par l'histoire de cette jeune femme qui devient veuve au lendemain de son mariage.On est dans les années 50, Ariah est professeur de musique, pianiste et chanteuse, au physique étrange, un peu ingrat,fille de pasteur. elle accepte la demande en mariage d'un jeune pasteur. Pas d'amour entre eux, mais de la bonne volonté qui ne résistera pas à la réalité.
Le jeune marié, après une nuit de noces calamiteuse ira se jeter dans les chutes du niagara.
La jeune femme veillera sans relâche pendant 7 jours et 7 nuits jusqu'à ce qu'on retrouve le corps de son mari. Pendant cette période "hallucinée" elle sera assisté d'un avocat, Dirk Burnaby, qui surprendra tout le monde en épousant cette femme.
Contre toute attente, ce couple vivra une très belle histoire d'amour et de passion jusqu'à ce que Dirk se lance dans un procès du "pot de terre contre le pot de fer" qui lui ravira l'amour de sa femme et la vie.
Tous les personnages secondaires sont intéressants, Ariah est touchante, malgré sa rigidité. C'est une femme fière et forte à laquelle on s'attache même si le lecteur peut lui en vouloir d'une sorte d'aveuglement qui participe à son malheur.
Le dénouement adoucit l'impression de malheur qui domine dans la deuxième partie à partir du moment où Ariah se convaint de la trahison de Dirk.

Commenter  J’apprécie          261
Du vingt-deuxième étage de l'hôtel où j'ai séjourné quelques jours cet été, j'ai très précisément eu sous les yeux les lieux décrits dans Les Chutes de Joyce Carol Oates, les fameuses Chutes du Niagara, et pour peu que j'aurais su où regarder alors, j'aurais pu voir l'endroit que choisit Gilbert Erskine pour se jeter dans les Horseshoe Falls, au lendemain de sa nuit de noces avec Ariah Littrell, faisant d'elle la Veuve blanche des Chutes, avant qu'elle ne se remarie avec Dirk Burnaby, un riche avocat de Niagara Falls. C'est pour prolonger en quelque sorte mon séjour que j'ai choisi ce roman qui patientait depuis un moment sur l'étagère, et c'est le moins que je puisse dire, c'est tout un voyage que j'ai fait en compagnie de la famille Burnaby, tantôt subjuguée, tantôt perplexe... Ce n'est pas que je n'ai pas aimé la prose, fluide, magnétique et profonde dans ce qu'elle évoque; mais les personnages - en particulier Ariah, une femme névrosée, possessive, étouffante, rejetante, damnée… - semblent représenter plus de la société américaine qu'ils ne sont attachants. Pendant environ deux cents vingt pages, il ne se passe pas grand-chose, l'auteure s'attardant sur la relation de Dirk et d'Ariah, et sur l'arrivée de leurs trois enfants. En débutant son récit dans les années 50, et c'est intéressant, c'est toute la condition féminine qu'elle interroge: la place de la femme dans la société, le rapport à la sexualité, la capacité de faire ses propres choix... Puis apparaît la Femme en noir, le récit prenant alors un tour auquel je ne m'attendais pas, et ce sera la chute de Dirk Burnaby, et par extension de sa famille, ses enfants en particulier, qui n'auront de cesse de tenter de dénouer les fils de leur histoire, dans un suicide professionnel que j'ai trouvé difficile à comprendre. Une oeuvre que je suis contente d'avoir lu mais surtout d'avoir terminée, par une auteure fascinante que j'ai hâte de continuer à fréquenter.
Commenter  J’apprécie          230
Je termine ma lecture avec un sentiment positif, bien qu'un peu mitigé : j'ai adoré le début, bien aimé la fin, mais le milieu m'a semblé vain et plutôt ennuyeux. Pour tout dire, si ce livre n'avait pas fait partie de mon challenge ABC, je me serais probablement arrêtée en cours de route... pourtant, je suis bien contente d'avoir été 'forcée' à aller au bout !

Ce roman psychologique assez dense s'organise autour du personnage d'Ariah, femme excessive, excentrique et torturée. Il relate sa vie et celle de ses proches sur une trentaine d'années dans l'Amérique des industries chimiques, des pauvres blancs ou des premiers recours collectifs. Loin d'être linéaire, le récit entremêle les points de vues (Ariah, ses maris, ses enfants...) et les différentes époques. le style est surprenant (je crois que c'est mon premier livre de Joyce Carol Oates) : pas mal d'ellipses, souvent des paragraphes en italiques pour les pensées des personnages, plein de phrases bien trouvées qu'on a envie de retenir et de réutiliser...

Ce que j'ai tellement aimé dans le début du roman, c'est qu'on entre véritablement dans la vie des protagonistes : on comprend leurs motivations, leurs rêves et leurs difficultés; on vibre avec eux, on désespère avec eux, on aime avec eux; tout cela semble très naturel (alors même que les événements sont hautement improbables).
Ainsi, le désarroi d'Ariah face à son célibat tardif et à la pression sociale des Années 50 devient palpable et évident. de même pour son rejet des conventions et sa volonté de suivre son propre chemin par la suite...

Puis, d'un seul coup, le livre sonne beaucoup moins juste et moins vrai à mes yeux : l'obsession des enfants, l'éloignement de Dirk, l'affaire Love Canal... Bof, pas vraiment passionnant tout ça, je me suis bien détachée de l'histoire et des personnages à ce moment-là.

Et puis, j'ai vraiment raccroché pour suivre Chandler, Royall et Juliett, surtout Juliett d'ailleurs. Je ne vais pas trop m'étaler sur le sujet, pour ne pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs. Juste dire qu'on est dans le vrai à nouveau, qu'on vibre à nouveau et qu'on a même quelques surprises !

Au final, un livre intéressant ! du coup, je vais certainement bientôt me faire une petite série de Joyce Carol Oates...
Commenter  J’apprécie          230
Même si ce n'est pas un coup de coeur, j'ai fait une belle découverte avec ce livre.
Ariah n'est pas vraiment un personnage sympathique mais je me suis quand même attachée à elle. Je l'ai plus plainte que je ne l'ai détestée. Elle a réussi à trouver le bonheur après un mauvais départ dans la vie, mais n'a pas su le voir totalement. Elle a préféré se couper de toutes émotions plutôt que d'affronter son chagrin entourée de ses enfants.
Le cadre du roman est tout simplement magnifique. L'ambiance des chutes du Niagara est présente à tout moment et rappelle en permanence que la nature est la plus forte, qu'elle a toujours le dernier mot.
On découvre aussi l'industrialisation de cette zone, on déplore la déforestation et les problèmes de pollution, mais aussi l'évolution du tourisme
Ce fut une très belle lecture, mais que j'ai trouvée longue à la fin. La troisième partie, bien que nécessaire pour conclure l'histoire, n'en finissait pas de finir.
Commenter  J’apprécie          220
Je découvre l'auteure au talent reconnu Joyce Carol Oates avec "Les Chutes".
Un roman très dense avec tout au long de l'histoire les réminiscences des Chutes du Niagara. de tout ce qui les entoure.
Leur dangerosité, l'équilibre sans cesse remis en cause d'un funambule sur le fil.
Le fil des liens très clivés des classes sociales dont l'empreinte reste indélébile.
Les non-dits, l'imbroglio des relations familiales, le tourbillon des tourments.
L'abîme du mystère de l'âme humaine.
Les brumes...les douleurs psychiques, la précarité, le combat pour la recherche de vérité, de justice, puis la furtivité d'un arc-en-ciel...

Merci à Latina et Annette55, qui, à la lecture de leurs critiques sur JCO, m'ont convaincue de plonger dans l'aventure de son oeuvre.
Commenter  J’apprécie          210
Les chutes c'est l'histoire en réalité de plusieurs chutes ! D'abord des Chutes du Niagara, touristiques mais aussi meurtrières avec les nombreux suicides qui s'y déroulent ; de la chute des habitants de Buffalo qui meurent de maladies professionnelles dues aux usines chimiques de la ville ; de la chute de la famille Barnaby : celle d'Ariah, la mère qui se sait damnée, de Dick, le mari avocat et militant écologique sans le vouloir de la première heure, et des enfants Barnaby, Chandler, Royal et Juliet qui subissent l'humiliation de la famille sans la comprendre.
Un beau roman qui nous emmène des années 1950 jusqu'en 1978 où l'on s'attache à l'histoire de ces 5 personnages en quête d'amour et de reconnaissance.
Commenter  J’apprécie          210




Lecteurs (3450) Voir plus



Quiz Voir plus

Joyce Carol Oates (difficile si vous ne connaissez pas son oeuvre)

Un des nombreux romans de Joyce Carol Oates est consacré à Marilyn Monroe. Quel en est le titre ?

Corps
Sexy
La désaxée
Blonde

10 questions
382 lecteurs ont répondu
Thème : Joyce Carol OatesCréer un quiz sur ce livre

{* *}