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4,02

sur 1448 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai découvert Joyce Carol Oates au travers du roman "Fille noire, fille blanche". Sur le coup, je ne l'ai que moyennement apprécié. Puis les jours passant, je me suis aperçue que sa mémoire perdurait. Et encore aujourd'hui, alors que je l'ai lu il y a un an, des bribes de souvenirs reviennent régulièrement, et je me rends compte que ce roman m'a marquée.

"Les chutes" se déroule sur une trentaine d'années à Nigara Falls. Les chutes du Niagara sont d'ailleurs presque un personnage à elles seules, puisque toute la vie d'Ariah va tourné autour d'elles. Même quand elles ne sont pas mentionnées, le lecteur les sent, grondant au loin, comme une présence plus ou moins rassurante. Cela ajoute un élément pesant, voire oppressant à l'esprit du récit.

Ce n'est pas tant l'histoire des personnages qui est intéressante que l'atmosphère qui se dégage de ce lieu, les chutes; ainsi que cette famille dont Ariah est la mère. Une mère forte mais assez excentrique dans le genre, qui se cache derrière une image de femme fragile. Elle impressionne sa famille - j'entends par là ses enfants surtout - qui n'a pas peur d'elle mais qui fait tout pour la satisfaire. Tout tourne autour d'elle. C'est un portrait fort, esquissé avec talent par l'auteur, et qui fait même un peu d'ombre aux autres. Étrangement, l'opinion que le lecteur peut avoir d'Ariah évolue, au début on compatit à la situation poignante qu'elle vit, puis lentement mais inexorablement on se détache d'elle. Elle tourne en orbite sur elle-même et reste inaccessible, incompréhensible au commun des mortels.

Le roman est contemplatif, voire introspectif si jamais on peut utilisé ce mot dans ce sens-là. La psychologie des personnages est travaillée en détail et avec justesse. La place des hommes est assez étrange. Ceux de la vie d'Ariah sont en second plan, nécessaires mais escamotables rapidement. Comme un train de passage. Comme une sangsue, elle s'accroche à eux, mais elle les repousse inexorablement par sa peur de les perdre, et la vie se charge de les lui enlever. Dirk notamment est un personnage touchant, qui dégage beaucoup d'empathie à mes yeux, mais pas forcément d'indulgence.

Un des thèmes secondaire mais important tout de même est le problème écologique traité dans le roman, où es premiers gros procès pour pollution ont lieu.

Le lecteur pourrait se dire, 700 pages sans intrigue ni action ça risque d'être long; mais non - du moins pas en ce qui me concerne - car la plume de J.C. Oates est magnifique, subtile et poignante à la fois. Elle mène progressivement son lecteur vers le dénouement, à la force des mots. Durant le récit, l'auteur change le point de vue narratif, en passant de celui d'un personnage de la famille Burnaby à un autre, ce qui permet de connaître un peu mieux chacun, d'appréhender certains évènements d'une autre façon, sans vraiment comprendre jamais totalement ces êtres.
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C'est l'histoire d'un couple de jeunes mariés et de leur lune de miel. Non, c'est plutôt l'histoire de la fin tragique de ce couple et du remariage qui suit. A moins que ce ne soit un roman écologiste et militant traitant de l'affaire "Love canal" ? Ou encore l'histoire de la nouvelle génération qui pointe le bout de son nez dans cette famille...?
Les romans de Joyce Carol Oates ressemblent à la vie : ils sont "décousus" de fil blanc. On ne sait pas toujours où elle nous emmène mais on la suit avec plaisir. Parce que les personnages sont psychologiquement élaborés, complexes et crédibles.
En une phrase, chutez sans hésiter dans ce roman aussi torturé que le fleuve Niagara qui abrite son histoire et ses secrets.
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Une belle écriture mais j'ai été bouleversée par l'histoire horrible d'un couple de jeunes mariés, subjugués par les Chutes du Niagara, qui vont connaitre un drame dû à ces chutes aussi fascinantes que terrifiantes. Sous le choc...
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Histoire de poser l'ambiance, tout commence par un suicide. Celui d'un jeune marié au lendemain de ses noces, qui se jette dans les Chutes du Niagara et abandonne sa jeune épousée encore endormie sans réponse, ce qui n'arrange rien au caractère légèrement névrotique de la dame! Ariah, c'est le nom de l'épouse d'un jour, est la trame de ce roman. Nous suivrons son désarroi en ce matin terrible, puis sa rencontre avec un avocat, qui deviendra son second mari. Cela reste un roman chorale: si nous suivons qui gravite autour d'Ariah, nous nous introduisons aussi dans la tête de notre suicidé, dans la tête du second mari, dans la tête ensuite de leurs enfants.... Des portraits fins, d'êtres à la psyché un peu cabossée, comme celles de tant de gens, et le portrait d'une Amérique d'une certaine époque aussi, le combat environnementale avant l'heure qui occupe une partie du livre a un côté assez glaçant.
Des romans que j'ai déjà lus de cette auteur, cela ne devient pas mon préféré, mais c'est un cru intéressant que j'ai dévoré avec enthousiasme.
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Chère lectrice, Cher lecteur,

J'ai décidé de lire Les chutes de Joyce Carol Oates pour plusieurs raisons. Tout d'abord, je suis une admiratrice du talent de l'illustre autrice prolifique américaine. J'ai lu d'elle Blonde et je dois avouer que j'ai été marquée par cette histoire. de plus, j'aimerais bien aller visiter les chutes du Niagara car je n'y suis jamais allée (honte à moi!). Ces chutes sont situées en Ontario, au Canada, à la frontière américaine. Mais encore, j'ai ce livre dans ma bibliothèque et je tente de lire les bouquins que j'ai achetés au fil du temps. Qui plus est, ce livre a permis à Joyce Carol Oates de remporter le prix Femina étranger en 2005.

Que raconte Les chutes?

Après sa nuit de noce, Ariah Littrel se retrouve veuve. À peine réveillée, la mariée apprend que son époux, un jeune révérend, s'est jeté dans les chutes du Niagara. Ainsi, s'amorce une recherche du corps qui dure sept jours et sept nuits. Ariah erre vêtue de sa robe blanche parmi les différents groupes responsables de l'enquête et de la découverte du cadavre de son mari. Ariah est rapidement surnommée la Veuve blanche par la presse. Un brillant avocat connu à Niagara Falls, Dick Burnaby, se tient à ses côtés pour tenter de lui apporter du soutien. Il tombe sous le charme de la Veuve blanche, cet être de l'extrême. Mais autour d'eux, l'esprit des chutes rôde. Malédiction, ensorcellement, châtiment, pourquoi le sort d'Ariah est-il relié aux Chutes?

Ce que j'ai pensé des Chutes?

Il est des personnages comme Ariah qui sont comme je le considère des êtres de l'extrême, de l'absolu. Je peux citer, entre autres, Vera dans La femme qui attendait de Makine. Ces personnages vivent selon leur propre mode de vie, en fonction d'un idéal et ils n'y renoncent pas, peu importe le temps. Comme le mentionne Dick pendant la recherche du cadavre du révérend :

«Il aurait voulu se tenir à côté d'elle près du garde-fou et passer un bras autour de sa taille. Il aurait voulu pour lui cette férocité d'attention, cette fidélité. Il ne pouvait croire que le révérend Gilbert Erskine la méritât. Il le haïssait, le détestait de pouvoir, même mort, captiver cette femme à ce point. Tout en pensant Elle est au-delà de la douleur. Au-delà de l'amour d'un homme.» (p. 101-102)

Je les aime ces protagonistes de l'extrême, de l'absolu, de l'au-delà. Alors, je peux vous dire que j'ai vraiment apprécié ma lecture à cause de ce merveilleux personnage qu'est Ariah. J'ai savouré chaque phrase de ce récit. le lecteur a aussi accès aux perceptions des enfants d'Ariah. le lecteur découvre une mère très protectrice, solitaire, fuyante, une merveilleuse pianiste qui s'isole du voisinage.

Mais encore, j'ai apprécié ce livre à cause des Chutes. Ces dernières sont un personnage à part entière dans le récit. Elles animent l'esprit des protagonistes, elles les ensorcellent et elles s'avèrent bien souvent synonyme de mort et de beauté. La plume de l'autrice devient d'ailleurs lorsqu'elle les décrit envoûtante. le lecteur est happé dans un tourbillon de mots, d'eau l'entraînant inévitablement vers la mort. Les phrases sont saccadées à l'image des gouttelettes s'échappant des chutes. le recours au vous et au nous provoque un effet chez le lecteur. Un effet de vie, un effet de mort, un effet hallucinant.

«L'endroit le plus dangereux de Goat Island, en même temps que le plus beau et le plus envoûtant. Là, les rapides sont pris de frénésie. Une eau blanche bouillante, écumeuse, fuse à cinq mètres dans les airs. Aucune visibilité, ou presque. Un chaos de cauchemar. Les Horseshoe Falls sont une gigantesque cataracte de huit cent mètres de long, trois mille tonnes d'eau se précipitent chaque seconde dans les gorges. L'air gronde, vibre. le sol tremble sous vos pieds. […] C'est peut-être cela, la promesse des Chutes? le secret?

Comme si nous en avions assez de nous-mêmes. L'humanité. L'issue est là, seuls quelques uns le pressentent.» (p. 19)
De surcroit, dans ce récit, il est question d'une Amérique malade. Une Amérique cachant la vérité aux sacrifiés au nom du pouvoir, au nom de l'économie, au nom de l'argent. Une Amérique remplie de préjugés sur la couleur de la peau, sur le sexe, sur les choix d'aimer qui l'on veut. A-t-elle changé cette Amérique? J'en doute… La nature est oubliée. L'être humain cache des trésors de cruauté et d'absurdité. La vérité est cachée, camouflée et personne dans une communauté ne peut s'élever pour la verbaliser, la dévoiler.

Devez-vous lire Les Chutes? Oui. Pour aller à la rencontre d'Ariah, de Dick, de leurs enfants qui sont eux-aussi en quête d'une Vérité : celle du père sacrifié.

C'est dérangeant, c'est cruel, c'est une critique sociale.

J'ai déjà hâte à ma prochaine lecture d'un bouquin de Joyce Carol Oates.
https://madamelit.ca/2021/06/11/madame-lit-les-chutes-de-joyce-carol-oates/
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En voilà un qui a traîné sur une étagère pendant des années et qui pourtant vaut la peine d'être sorti, lu et apprécié.

Niagara, ce sont les Chutes. Les Chutes impressionnantes, ces énormes quantités d'eau qui tombent en permanence, ce lieu magique, vivant, divin presque. C'est là que nombres de jeunes mariés viennent célébrer leur voyage de noces. Depuis longtemps s'est développé autour des Chutes une industrie touristique florissante.

La jeune Ariah et son époux Gilbert seront de ceux-là, en juin 1950. Gilbert au petit matin de sa nuit de noce, ira se jeter dans les Chutes !

Est-ce là le début d ela damnation d'Ariah ? Errant une semaine à la recherche de son mari, c'est son destin qu'elle va trouver. Elle ne quittera plus Niagara Falls, y fondera une famille avec l'avocat Dirk Burnaby. C'est là tout le bonheur et tout le malheur d'Ariah.

Le décor est grandiose, on l'imagine bien, mais il y a un revers à cette belle médaille. Niagara Falls c'est aussi une cité qui prospère sur l'industrie chimique, des usines qui font vivre la plus grande partie de la population locale. Mais à quel prix ? Les questions sanitaires et environnementales ne sont pas d'actualités, et pourtant on sent poindre le début de la prise de conscience collective. Ce roman nous fait découvrir une Amérique complexe, où la certitude du pouvoir des puissants peut être mise à mal par la seule volonté d'un homme intègre et intransigeant, mû par une force surnaturelle puisée au plus profond des Chutes.

Navigant, comme sur le fleuve, entre les préoccupations familiales et les faits de société, l'auteure, avec une parfaite maîtrise du récit, nous trimbale, et passé le point de non retour ... tout peut arriver. Peu à peu, le lecteur est lui aussi envoûté par l'inévitable pouvoir d'attraction des Chutes et par la complexité de la personnalité d'Ariah.
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Il y a quelques semaines, Libfly appelait les lecteurs pour une opération autour de titres édités chez Points et Point2. Après un rapide coup d'oeil, rien ne me tentait vraiment mais je me suis quand même laissée tenter par les deux livres de Joyce Carol Oates proposés. de cette auteure, je n'avais qu'une vague idée, me la représentant comme une de ces auteures contemporaines américaines qui ont du succès ici et outre-Atlantique mais qui restent très floues pour moi. Je n'avais jamais eu l'occasion de tester la plume de la Dame, c'était le moment où jamais de réduire mon inculture !
En recevant Petite soeur, mon amour et Les Chutes, je me suis tout de suite tournée vers le premier titre, plus inspirée par le résumé. Malheureusement, après plus de 200 pages, la pause s'est révélée indispensable. J'ai donc commencé ce « petit » Point2 et, contre toute attente, contrairement à Petite soeur, mon amour, Les Chutes a eu l'effet escompté puisqu'il m'a mené au bout de ses 992 pages.
Difficile de mettre des mots sur cette expérience de lecture. Ai-je aimé ? Sincèrement, je n'en sais rien. Je reconnais à Joyce Carol Oates un talent certain pour créer des atmosphères particulières et pour traiter ses personnages dans le détail mais finalement, après 992 pages, qu'ai-je retenu ?

Ariah, vieille fille trentenaire (oui, dans les années 50, pas mariée à 30 ans c'était plutôt mauvais…), a enfin trouvé, à l'aube de la seconde moitié du XXème siècle, un homme qui veut d'elle et qui satisfait ses parents. Alors que les deux jeunes mariés ont échangé leurs voeux moins de 20 heures plus tôt, l'époux est porté disparu. La mariée passe les sept jours suivants de sa lune de miel, seule, dans un état second, refusant d'accepter l'inévitable : après sa nuit de noces, le mari dégoûté s'est jeté du haut des chutes du Niagara. le corps repêché, Ariah capitule, elle est « la Veuve blanche des Chutes ».
Quelques semaines plus tard, elle se lance corps et âme dans une relation avec Dirk Burnaby, avocat rencontré lors de la tragédie. Ce second mariage la transforme et l'épanouit, mais l'angoisse persiste : elle est damnée. Pour s'attacher cet époux qu'elle est persuadée perdre tôt ou tard, elle fait tout pour avoir des enfants…

Avec Les Chutes, point d'intrigue policière, de suspense insoutenable, d'actions à toutes les pages,… non. Juste l'histoire d'une femme et de sa famille, étendue sur 28 années (1950 - 1978). Ce « manque » plapable de fil conducteur peut déstabiliser et je suis la première à m'être demandée en tournant la 992ème page : « Oui, et alors ? Tout ça pour ça ?! ». En prenant un peu de recul et en réfléchissant un peu à cette lecture, je me suis rendue compte que la force du texte de Joyce Carol Oates n'est pas dans l'intrigue mais dans sa façon de traiter ses personnages. C'est un texte très contemplatif, j'imagine qu'on pourrait le classer du côté des « romans psychologiques » (si une telle dénomination existe). On pourrait craindre l'ennui mais l'auteure amène si bien les choses que ce n'est pas le cas et on se surprend à atteindre la 992ème page sans vraiment s'en être rendu compte.

La figure principale des Chutes est donc Ariah, cette « Veuve blanche » étrange, silencieuse, un peu comme une apparition fantomatique dont tout part. Sous ses airs de petite femme rousse fragile, elle cache une part d'ombre qui impressionne et effraie son entourage. Si je n'ai jamais compris sa façon d'être et d'agir, ce besoin de se complaire dans sa fatalité et donc, si je n'ai jamais réussi à m'attacher à elle, je félicite tout de même Joyce Carol Oates pour ce portrait marquant ; nul doute qu'Ariah la pianiste damnée restera dans mes pensées.
Dirk Burnaby, le second époux, m'a fait l'effet d'un auto-stoppeur. Entrant dans l'histoire à un moment donné, faisant un bout de chemin avec l'héroïne - sans jamais vraiment être bien présent -, repartant dans le paysage quelques centaines de pages plus loin. Si son existence est indispensable pour le bien fondé de certains éléments (à commencer par les trois enfants et leur apprentissage de la vie), il m'a semblé n'être qu'un maillon de la chaîne : indispensable mais bien vite oublié.
Les trois enfants que l'on apprend à connaître plus longuement dans le dernier tiers du texte, tentent tant bien que mal de se construire entre un père disparu et une mère distante. Chandler l'aîné mal-aimé, Royall le magnifique et Juliet la cadette sur laquelle reposait tous les espoirs d'Ariah. Trois enfants, trois destinées marquées par les Chutes du Niagara.

Les chutes, parlons-en. Elles donnent son titre à ce livre et son atmosphère lourde, oppressante. Même si l'auteure ne rappelle pas constamment leur présence, elles sont bel et bien là, dans notre esprit, tourbillonnantes, impressionna antes, fascinantes, dérangeantes… Autant dire que si un jour, par le plus grand des hasards, je me retrouve près des Chutes du Niagara (pas à l'occasion de ma lune de miel, hors de question après cette lecture !), je ne manquerai pas de me souvenir de l'écrit de Joyce Carol Oates

Dernier point, positif qui plus est : la plume (ou la traduction, puisque je me base sur celle-ci). Difficile de décrire cet aspect du livre avec des mots simples. le style de Joyce Carol Oates est particulier. Etouffant, oppressant, poignant. On s'imprègne facilement de l'atmosphère, des personnages et de leur destinée, d'autant plus que l'auteure décide de multiplier les points de vue et de les alterner. On glisse progressivement de la vision d'Ariah à celle de sa fille Juliet en passant par tous les protagonistes qui se sont trouvés entre elles : le premier époux suicidé, le second tué, les deux autres enfants,… L'histoire est la même mais grâce au changement de point de vue, certains éléments se trouvent éclairés d'un jour nouveau. Ainsi, pendant les 28 ans qui s'écoulent dans ces 992 pages, le lecteur est témoin de la vie de cette famille bien particulière, fondée sur un suicide au sommet des Chutes du Niagara…

Je termine la rédaction de cet avis et la question persiste : ai-je aimé cette lecture oui ou non ? Et bien, je n'ai toujours pas la réponse mais suis persuadée que cette découverte de Joyce Carol Oates marquera ma vie de lectrice. Merci donc à Libfly et à Point2 pour cette expérience hors du commun !
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Cadeau de Noël d'un jeune homme bien inspiré ou bien conseillé, mon premier Oates. Ambitieuse, l'histoire s'étire de la nuit de noces (joli pari, début magistral) à l'automne de l'héroïne, femme ambigüe entre sécheresse et sensualité, éternelle insatisfaite et mère dévorante, qui laisse sa place de premier plan à pas mal de personnages, si bien qu'on se demande un peu si c'est bien elle l'héroïne, et où tout ça nous mène. L'effet des chutes, sans doute.
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Il y a quelques années, j'ai eu la chance de découvrir les chutes du Niagara. Malgré l'énorme business qu'il y a tout autour, je suis quand même tombée sous le charme, alors c'est tout naturellement que j'ai voulu le retrouver en me plongeant dans « Les chutes » (ah ah !), de la nobelisable Joyce Carol Oates.
Ariah est fille de révérend dans la très puritaine Amérique des années 50. A presque 30 ans, elle échappe enfin à son destin de vieille fille en épousant le sombre Gilbert, lui aussi membre de l'Eglise. Mais sa lune de miel va virer au cauchemar lorsqu'elle se réveille le lendemain des noces, seule dans sa suite nuptiale. Et pour cause : Gilbert s'est jeté dans les chutes au petit matin…
Je ne vous raconte ici que le tout tout tout début de ce roman fleuve qui est en fait une saga familiale. On suit donc l'évolution de la « veuve blanche des chutes », telle qu'Ariah a été surnommée par la presse locale. Joyce Carol Oates a un talent indéniable de conteuse : elle sait à partir de rien construire un univers foisonnant de personnages et fourmillant de détails, ce qui ne le rend que plus addictif. J'ai adoré en plus que l'intrigue se situe dans l'Amérique des années 50, ajoutant à la nostalgie de l'ensemble.
Bref, si j'avais trouvé « Blonde » du même auteur un peu longuet et soporifique, « Les chutes » m'a réconciliée avec elle. Je recommande.
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En repensant à ce roman, je me suis demandé quelle en était le fait marquant? Sans doute l'évolution d'Ariah comme femme, mère et épouse. Car la transformation est saisissante; on part de la vieille fille effarouchée à la nuit de noces cauchemardesque, suit une courte période de veuve plus égarée qu'éplorée, devenant brièvement une amante coquine transformée par la suite en une mère comblée, devenant ensuite une épouse inquiète, puis une veuve cynique pour finir en femme peut-être sereine malgré tout. Déjà là il y a tout un programme.

Mais on ne peut ignorer la place de la religion, ou du moins des croyances, qui constitue un thème récurrent dans l'histoire. Deux familles de pasteurs au début décident de marier leurs enfants qui resteront aux prises avec leur héritage religieux, l'un plus brièvement que l'autre mais quand même. Ariah fait régulièrement allusion à sa damnation, interpelle Dieu à tout venant et ratisse, pour des raisons pas vraiment évidentes, les églises et chapelles. L'espèce de fascination malsaine envers les Chutes et leur supposé appel au suicide contribuent également à ajouter un élément de mysticisme au tout.

Quant au déroulement général de l'histoire, l'auteure n'a cessé de me surprendre. Dans un premier temps je n'ai jamais lu un portrait aussi détaillé de personnes laides, mal assorties que ce premier couple au mariage pathétique. Par la suite Ariah se transforme radicalement au contact de son 2e mari; on a droit à l'éloge de la maternité et de rôle de mère dans ses moindres détails. Suit l'épisode assez intense su scandale écologique qui m'a un peu trop fait penser à Erin Brockovich... encore qu'il ne doit pas y avoir mille façonc de traiter d'une telle chose. Après la disparition de 2e mari, on retombe dans une saga familiale plus classique, mais abordée avec assez d'originalité.

Beaucoup d'aspects m'ont plu dans ce roman. D'abord la profondeur des personnages, même ceux plutôt secondaires comme les belles-familles; on saisit bien les sentiments et motivations de tout un chacun. Ensuite l'écriture de Oates est remarquable; que ce soit dans ses dialogues, dans ses descriptions d”états d'âme ou dans ses remarques acides sur la société dans laquelle elle fait évoluer ses personnages. La psychologie d'Ariah m'a captivé et intrigué tout au long; quelle femme difficile à suivre! L'évolution de ses enfants à l'âge adulte m'a aussi bien plu et j'ai trouvé que le dénouement final apportait une note d'espoir à un roman somme toute assez sombre, mais tellement intéressant.
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