Poème extrait de pièce de théâtre
LA FORET DEVORAIT MON OMBRE
La forêt dévorait mon ombre,
Mon ombre, ma tache de sang
Mes ténèbres irréparables…
Toutes les feuilles riaient de moi,
Et j'avançais plus seul qu'un Roi.
Mes souvenirs étaient de sable
Mes espérances de bois mort.
O ma forêt, ô mon navire,
Je n'ai qu'une ombre et pas de corps !
Pas de corps qui soit véritable
Pas de pain qui mange la nuit
Et j'avançais, si misérable
Que les bêtes fuyaient sans bruit…
J'avais tué l'enfant de mon amour
Son cadavre encore chaud me remplissait les bras
A chaque pas il devenait plus lourd
Devenait une étoile qui tombe sans un cri.
Ne bercez pas mon enfant mort,
Mon bel enfant tué pour rire.
Il renaîtra dans une aurore
Ou dans le lit de mon délire.
Ses poings qui dorment dans mon sang
Ses poings dorment auprès des anges.
Dormez en paix, ô bonnes gens,
Mon crimes passe en robe blanche.
(Génousie.)
p.69-70
Midi
…
Le monde brûle couteau levé sur le pain
la rose hurle
un ange dévore ses ailes
ce navire a grand faim
irréelle Amélie lave l'aurore l'enfant s'invente à chaque
pas mains nues dans son délire
une tête de roi claque au vent qui la hante
l'astre foudroie le coq salves de roses ce jour frappe le
roc
Adam explose étincelants désastres fleuves les pierres
jaillissent
remontent leur cours épaule veuve le lys épuise toute
honte poissons de nos tombeaux les mots de chair
nous veillent ô
…
p.28
Midi
…
Charité des étoiles
sur nos souffrances de pain blanc
et sur le pain des mots qui vivent si longtemps
et sur le pain des mains à caresser le sang
et sur les animaux qui boivent nos sommeils
et sur tous nos sommeils en forme d'animaux
et sur la terre à bercer les enfants
et sur les femmes en musique éternellement
et sur les hommes qui se tuent
Charité des étoiles
pures danseuses nues…
p.33
© Photographie de Louis Monier. “Genousie”, de René de Obaldia. Première diffusion le 29 décembre 1957 sur les ondes de la Radiodiffusion Française. Réalisation Alain Trutat. « Le pire des malentendus vient peut-être de ce que nous parlons la même langue. » La Genousie est un pays imaginaire d’où vient la splendide nouvelle femme du célèbre Hassingor, écrivain. Elle ne parle presque que le genousien, ce qui est évidemment est propice aux malentendus et aux fantasmes les plus variés…
Cette comédie est la première pièce de théâtre de René de Obaldia. Elle fut créée à la radio en 1957.
Avec : Maurice Escande (Hassingor), Jean Marie Serreau (Dr de Suff), Ludmilla Hols (Mme de Suff), Sophie Mallet (Mme Jonathan), Michel Etcheverry (Jonathan), André Thorent (le professeur Vivier), Jacques Hilling (le domestique), Jacques Dufilho, (le fantôme), Mildred Clary (guitare), Silvia Monfort (Irène Hassingor), Pierre Pernet (Christian Garcia), Madeleine Lambert (madame de Tubéreuse)
Thèmes : Création Radiophonique| Théâtre| Grands Classiques| France Culture| Genousie| René de Obaldia
Source : France Culture
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