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Corinne Atlan (Traducteur)
EAN : 9782809715972
144 pages
Editions Picquier (25/08/2022)
3.36/5   22 notes
Résumé :
Dans le Japon médiéval, deux enfants, le fils et la fille d'un gouverneur exilé, sont séparés de leur mère et vendus comme esclaves à un seigneur cruel et corrompu, l'Intendant Sanshô. Quelques années plus tard, le jeune homme s'évade avec l'aide de sa sœur...
De l'Intendant Sanshô, MIZOGUCHI tira un des grands chef-d'œuvre du cinéma japonais.

Le second récit raconte comment, dans le Japon des Tokugawa, la mort de leur seigneur conduisit des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Le 13 septembre 1912 jour des funérailles de l'empereur Meiji , le général Nogi, vainqueur de la guerre russo-japonaise (1905) se suicide rituellement ("junshi") avec son épouse, pour suivre dans la mort l'empereur. Cet acte stupéfie et divise le pays. Les uns le considèrent comme totalement anachronique car la pratique du « junshi » a été abandonnée depuis un siècle. Les autres y voient une protestation contre l'occidentalisation forcée du pays. Mori Ogai est profondément ému par l'acte du général qu'il connaissait personnellement. Il se met en retrait de sa carrière de médecin militaire, abandonne le récit contemporain qui a fait sa gloire et se consacre désormais à rechercher dans l'histoire japonaise des matériaux qui puissent l'aider à interpréter ce présent troublé. C'est le début de sa période de récits historiques, dans lesquels les questions de l'honneur et du sacrifice tiennent une grande place. Il écrit d'abord une série de nouvelles où le« junshi » est à l'oeuvre : le clan Abe (1913) en fait partie. Et puis il reprend des légendes médiévales bien connues des Japonais comme celle de L'intendant Sanshô (1915). Ce récit sera adapté au cinéma par Mizogushi en 1954.

1.L'Intendant Sanshô (1915). Il s'agit donc d' une nouvelle touchante inspirée d' une légende médiévale très célèbre au Japon et imprégnée de bouddhisme. le récit est rythmé par des motifs poétiques. Une mère accompagne ses enfants, Anju la grande soeur et Zushio le petit frère, dans une marche périlleuse à travers le pays à la recherche de leur père, disparu depuis douze ans. Ils sont bientôt trahis par un homme qui proposait de les aider à traverser un fleuve. Ils sont arrachés à leur mère. Avant leur séparation, elle leur confie deux objets précieux. La servante qui les accompagne se jette à l'eau pour ne pas avoir à révéler leur identité sous la torture. Les enfants sont vendus comme esclaves à un seigneur cruel et corrompu, l'intendant Sanshô.
Les deux enfants ont des visions prémonitoires- En effet, ils partagent un rêve terrible qui les secouent dans leur âme dès leur première nuit de captivité dans la forteresse de Sansho – Anju la grande soeur sait déjà ce qu'elle devra faire pour que son petit frère puisse fuir mais elle ne dit rien. Son sacrifice silencieux sera suggéré de manière bouleversante.


2. le clan Abe (1913). On est au XVIIe siècle ( période Tokugawa). C'est un récit historique qui s'appuie sur une documentation rigoureuse, notamment la généalogie.
Le seigneur féodal (« daimyo ») Tadatoshi est mourant. Dix-huit de ses vassaux les plus proches reçoivent la permission de se suicider par éventration (« seppuku ») et d'accompagner ainsi leur seigneur dans la mort selon l'antique tradition des samouraïs. Mais son serviteur le plus fidèle et le plus dévoué, Abe Yaichiemon, voit sa demande rejetée. Tadatoshi lui ordonne de vivre pour servir son jeune héritier. Abe se plie aux volontés de son seigneur, mais, il est calomnié par les autres samouraï et il sait aussi que sans le consentement de l'empereur, 'il ne mourra pas d'une mort honorable mais d'une « mort de chien ». il prend alors une décision qui conditionnera le sort de tout son clan sur plusieurs générations.
Le récit est intéressant et impressionnant. Il est factuel, net et précis, sans fioritures. Il est accompagné d'explications sur le code de l'honneur( « bushido ») mais aussi sur les considérations politiques qui éclairent les décisions des uns et des autres. On comprend que la marge de manoeuvre individuelle est très mince entre la pression collective et les considérations politiques.
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L'Intendant Sanshô est peut-être l'oeuvre la plus connue de Ogai Mori. Ce récit aux allures de nouvelle (environ 50 pages grand format) doit largement sa célébrité au film de Kenji Mizoguchi tourné en 1954. Ce texte est ici accompagné d'un autre récit, le clan Abe.

L'intendant Sanshô voit une mère, ses deux enfants (sa fille Anju et son fils Zushiô) et une servante marcher sur des chemins dangereusement fréquentés, partant à la recherche du père, Mutsunojô Masauji, ancien gouverneur de la région et disparu depuis douze ans, exilé. Un homme se propose de les aider. S'apprêtant à coucher sous un pont au bord d'une rivière, un bâtelier les aborde et après les avoir hébergés chez lui pour la nuit, se propose de les acheminer par bateau. Rapidement, il va les trahir, les vendant à deux autres bâteliers concurrents, qui vont embarquer dans des directions opposées, l'un, les deux enfants, l'autre, la mère et la servante, celle-ci se suicidant rapidement en se jetant à l'eau. La famille est impitoyablement séparée. Les deux enfants vont être menés chez le seigneur de la région, l'intendant Sanshô, qui va les maintenir captifs et les obliger à travailler, filant la soie et battant la paille. Rêvant d'évasion, ils parviennent à exfiltrer Zushiô, Anju se noyant pour faire diversion. Zushiô, protégé par son amulette de Jizô porte-bonheur, bénéficie de la complicité d'un évèque en lien avec l'empereur, et va quelques années plus tard devenir gouverneur de la région sous le nom de Masamichi, donc devenir plus puissant que l'Intendant Sanshô, contraint d'affranchir ses esclaves. Zushiô Masamichi va bientôt entreprendre de rechercher sa mère sur l'île de Sado où elle avait été débarquée…
Un récit agréable et une histoire marquante qui m'a cependant laissé un peu sur ma faim du fait du style un peu sec, sans description de paysage, d'ambiance, de psychologie des personnages : l'auteur va droit au but, à l'action, ce qui est bien caractéristique du format nouvelle et non d'un roman. C'est efficace car l'action n'est pas freinée, rondement menée, mais le lecteur ne peut s'attacher aux personnages, maintenu à distance. En outre, j'ai été également surpris de rôle finalement secondaire de l'Intendant Sanshô.

Le second récit, le clan Abe, ne manque pas d'intérêt non plus. le récit prend place vers 1640, au temps des shoguns Tokugawa, qui ont lutté pour l'unification du pays. Les samouraïs sont au service des seigneurs régionaux, les daimyos. Lorsque Tadatoshi Hosowara, daimyo de Kumamoto sent qu'il va mourir, la règle veut qu'il autorise nominativement certains de ces samouraïs à se suicider selon le rituel du seppuku. Dix-huit le seront, et passeront à l'acte. Mais un autre, Michinobu Yaïchiemon, chef du clan Abe, entend bien le faire aussi, alors que son maître ne l'a jamais autorisé, souhaitant qu'il serve son successeur, son fils Mitsuhisa. Malgré les pressions, Yaïchiemon se suicide, laissant l'instruction aux cinq fils de s'entendre pour préserver l'avenir du clan Abe. Mais l'aîné est rapidement exécuté pour avoir insulté la mémoire du daimyo défunt Tadatoshi. le sort des quatre autres semble scellé. Se retranchant dans une forteresse, ils vont être attaqués par les combattants du daimyo. La bataille sera sanglante, le clan Abe y survivra-t-il ?
Un récit haletant dans sa partie finale, qui pour un peu m'aurait plu davantage que le récit présenté comme principal. Il est cependant pénalisé par la litanie des dix-huit suicidés initiaux, que l'auteur nous présente un à un, en précisant le salaire qu'il percevait au service du daimyo, ce qui s'avère assez ennuyant, d'autant qu'on se perd complètement dans la profusion des noms et prénoms, l'organigramme et la filiation de tout ce beau monde.

Malgré les points faibles déjà relevés, ces nouvelles présentent d'indéniables qualités, à commencer par le rythme, le caractère de récits d'aventures épiques, et une écriture de bonne facture, simple, directe, sans emphase. Surtout, elles plongent le lecteur dans la fascinante période du shogunat, avec ses règles particulières, sa structure sociale, et des personnages ayant le sens de l'honneur, qui n'hésitent pas à mourir pour une cause et pour leur seigneur. Au finale, une lecture plaisante, d'un des écrivains témoins de la fin de l'ère Meiji, marquée par l'ouverture du pays à l'occident.
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Les deux récits se situent dans le Japon médiéval. Une femme part sur les routes à la recherche de son mari bannit alors qu'il était gouverneur de leur village. Elle est accompagnée de ses deux jeunes enfants, une fille et un garçon. Lors d'une étape, les enfants sont séparés de leur mère et vendu comme esclaves à l'Intendant Sanshô. Ils restent ensemble et cachent leur ascendance noble afin de ne pas être encore plus maltraités.
La soeur se sacrifie pour permettre à son frère de fuir. Il deviendra quelques années plus tard, gouverneur à son tour et abolit l'esclavage sur le territoire qu'il administre, avant de quitter ses fonctions pour partir à la recherche de sa mère qu'il retrouve, vieille, loqueteuse et aveugle mais heureuse de pouvoir serrer son fils dans ses bras.
Le deuxième récit concerne également un gouverneur, celui-ci est atteint d'une maladie incurable, ainsi que de sa cour de samouraïs qui l'entoure.
Décidemment je suis totalement béotienne en matière d'us et coutumes du Japon en général et du Japon médiéval en particulier. Alors que j'ai toujours cru que les samouraïs se faisaient Hara Kiri pour laver leur honneur, là, qu'apprends-je ! Qu'il s'agissait également d'un privilège honorifique pour les hauts dignitaires désignés par les nobles locaux, que de se suicider de cette manière rituelle à la mort de celui qu'il servait !
Ce sont de très beaux, très cruels, très hiératiques récits qui ont inspirés des cinéastes japonais des années cinquante.
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L'intendant Sanshô” est un livre d'Ogai Mori publié aux éditions “Philippe Picquier”. C'est un peu par hasard que j'ai trouvé ce livre sur une étagère d'une librairie, étant friand des romans historiques, j'ai tout d'abord cru que l'entièreté du livre était sur “L'intendant Sanshô” pour au final découvrir que ce livre assez court(environ 130 pages)comporte deux nouvelles : "L'intendant Sanshô" et "Le clan Abe". La thématique principale de ces nouvelles est le Japon médiéval et les liens filiaux.

Dans la première nouvelle ”L'intendant Sanshô” éponyme du titre de ce recueil, l'auteur nous fait suivre une mère et ses deux enfants qui en partant à la recherche du père disparu depuis douze ans, se retrouvent emmenés et séparés par des vendeurs d'esclaves avec d'un côté la mère et de l'autre la fratrie. Les deux enfants vont être menés chez le seigneur de la région, l'intendant Sanshô, qui va les maintenir captifs et les obliger à travailler, filant la soie, battant la paille, coupant du bois et remplissant des sceaux d'eau. Rêvant évidemment d'évasion, je vous laisse découvrir ce qu'il adviendra de cette famille au cours de votre lecture.

La seconde histoire “Le clan Abe” prend place vers 1640, au temps des shoguns Tokugawa, qui ont lutté pour l'unification du pays. Lorsque Tadatoshi Hosowara, daimyo de Kumamoto sent qu'il va mourir, la règle veut qu'il autorise nominativement certains de ces samouraïs à se suicider selon le rituel du seppuku. Dix-huit le seront, et passeront à l'acte. Mais un autre, Michinobu Yaïchiemon, chef du clan Abe, entend bien le faire aussi, alors que son maître ne l'y a jamais autorisé. Malgré les pressions, Yaïchiemon se suicide, laissant l'instruction aux cinq fils de s'entendre pour préserver l'avenir du clan Abe. le clan Abe y survivra-t-il ?

Alors au niveau de ce que j'ai apprécié dans ce livre, cela se résume à la première nouvelle, tellement la seconde contient beaucoup de défauts comme par exemple l'abondance de personnages nommés, l'auteur nous décrivant la généalogie complète de certains personnages et surtout la biographie des 18 samouraïs qui ont eu l'autorisation de suivre leur daimyo dans la mort. Ce défaut que j'ai souvent pu retrouver dans certains romans historique de Yasushi Inoué peut facilement passer quand le livre fait 400 pages, mais pas dans une nouvelle ou il y a plus de personnages énoncés que de pages. Pour revenir à ce que j'ai aimé dans la première nouvelle, c'est un récit agréable et une histoire marquante qui aurait mérité d'être plus longue tant je suis persuadé que ça aurait pu conduire à un récit encore plus poignant. le problème des nouvelles, c'est que l'on a rarement le temps de s'attacher aux personnages.

En bref, la première nouvelle vaut le coup d'être lue, la seconde beaucoup moins, ce qui en fait un livre hétérogène qui bien qu'intéressant à bien des égards, reste somme toute moyen.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ils descendirent à toute allure. L'humeur fiévreuse de la jeune fille semblait maintenant s'être communiquée à son frère.
Ils arrivèrent à l'endroit d'où jaillissait la source. Anju sortit le bol en bois de sa boite à provisions et puisa de l'eau claire.
- Échangeons une coupe pour célébrer ton départ.
Elle but une gorgée avant de passer le bol à son frère, qui le vida d'un trait.
- Au revoir, sœur chérie, je pars pour Nakayama. Personne ne me verra, ne t'en fais pas.
Il dévala la pente. En dix pas il fut sur la grand-route qui longeait le marais, et se hâtait déjà en direction du cours supérieur de l'Ôkumo.
Debout près de la source, Anju l'accompagna du regard, jusqu'à ce qu'il ne fut plus qu'une minuscule silhouette, escamotée et révélée tour à tour par les rangées de pins qui bordaient la route. Bien que le soleil approchât du zénith, elle ne donnait pas le moindre signe de vouloir remonter sur la colline. Par chance la montagne semblait déserte ce jour-là, il n'y eut pas un bûcheron pour s'étonner à la vue de cette enfant désœuvrée, debout au milieu du sentier.
Plus tard, au cours de la battue qu'ordonna l'Intendant pour retrouver ses deux serfs, quelqu'un ramassa, sur la berge du marais, une paire de petites sandales de paille : elles appartenaient à Anju.
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Vint le temps où les eaux se réchauffèrent, où l'herbe se remit à pousser. Un beau jour, il fut annoncé que les travaux extérieurs reprendraient le lendemain. Ce soir-là, à l'occasion d'une ronde à travers le domaine, Jirô se rendit à la cabane de la troisième porte.
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Les sentiments sont une chose, le devoir en est une autre. Matashichirô en conclut qu'il avait un rôle à jouer dans l'affaire. Au beau milieu de la nuit, il ouvrit à la dérobée la porte de derrière donnant dans son jardin envahi d'obscurité, et sectionna toutes les cordes liant les bambous de la haie qui le séparait du jardin des Abe. Il rentra alors et se mit en tenue de combat, saisit sa lance suspendue à une poutre, la tira du fourreau marqué d'un blason en ailes de faucon, et attendit l'aube.
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À un mètre au-dessus de la palissade, un laurier-rose étendait ses branches, entre lesquelles dansait une toile d'araignée toute emperlée de brillantes gouttes de rosée nocturne. Une hirondelle venue d'on ne sait où pénétra à tire d'aile dans le jardin.
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