La Mort naturelle/
Agnès Olive
Ce premier roman d'
Agnès Olive se lit obligatoirement d'une traite, sans reprendre son souffle, et pourtant il est épuisant et agaçant, car cette incontinence verbale, cette salade de mots et ce salmigondis indigeste fatiguent d'entrée. L'espoir qu'une pause survienne dans ce délire est vite aboli et ma foi il faut bien aller au bout en dépit de toute absence de véritable suspense.
Sur le fond, rien à l‘horizon : une histoire banale, insignifiante, insipide évoquée sur un rythme trépident, haletant et saccadé. Une ponctuation rare qui vous oblige à ne jamais s'arrêter ou alors très rarement … de temps en temps survient une incongruité comme le pari pascalien…Et les lieux communs défilent : la Sorbonne, le Flore, la rive gauche au propre et au figuré… Enfin page 84 il se passe quelque chose : et enfin l'histoire d'amour commence, et pour ne pas déflorer le peu qu'il y a à déflorer, je ne vous dis pas pourquoi. le verbiage cède la place à quelques notes plus humaines. Page 107 : surprise : « Ghost » est revenu !
Quant à la forme, il est patent que l'auteure fait montre d'une dextérité particulière et d'un réel talent quant à l'usage de l'anaphore et de la diaphore, jusqu'à l'abus, la satiété et l'excès. Accumulations de mots, prétéritions et allitérations abondent à profusion. Mais bon, c'est son style si on peut appeler cette débauche un style et il va falloir le supporter durant 180 pages. Supporter cette sécrétion de mots telle une rafale de mots… : une épreuve que l'on a choisie ! On en viendrait presque à regretter. Mais pour juger, il faut boire le calice…. ! Les mots se suivent en échos, répétés et répétés…
Dès l'entame par ailleurs, on remarque que le style est une application du parler jeune contemporain. L'auteure écrit comme certains parlent. C'est sans doute le nouveau style avec les négations tronquées comme dans l'élocution enfantine. À longueur de phrase, cette conversation écrite apparaît comme vulgaire et exténue. Bien sûr il y a quelques jeux de mots : l'auteure joue avec les mots sur un pas de danse : tango ou cha-cha, au choix avec des pas répétés dans un style de petite fille gâtée et dévergondée, parfois un peu idiote. Elle joue beaucoup avec la lettre F avec une certaine habileté et un bel humour, je dois le concéder. Mais dans l'ensemble, on reste au ras des pâquerettes…
À la fin, cela ne ressemble plus à du Français. Ah ! Pauvre langue française massacrée, ignorée, travestie, trahie et délaissée.
La technique narrative est étrange : l'auteure qui raconte à la première personne sans participer à l'action en principe joue au marionnettiste intellectuel légèrement gauchiste. Elle est là et surveille ses personnages, les examine à la loupe, dissèque, analyse d'une certaine hauteur, à distance, avec recul. Son intrusion permanente surprend car elle nous fait croire qu'elle peut modifier le cours des choses dans cette histoire, à chaque instant en fonction de son humeur. Véritablement, les personnages sont des marionnettes que l'auteure agite selon son gré, devant nous : ce sont presque des êtres robotisés par la vie moderne, surtout Marie, standardisés aux normes actuelles. On a l'impression que l'auteure veut faire passer un message, si toutefois il y en a un, au travers du personnage de Marie. Mais le personnage lui échappe semble-t-il . C'est le seul vrai personnage du roman, les autres ressemblant à des fantômes falots. L'auteure parle à Marie en se parlant à elle- même.
Le dernier chapitre laissait espérer une issue de qualité mais le flic est arrivé, … qui tombe amoureux de Marie et là, c'est le pompon !
Voilà donc un roman qui vaut ce qu'il vaut pour parler comme
Agnès Olive. À lire dans le train ou dans l'avion, en vitesse, si vous êtes pressé. Ne cherchez aucun message, il n'y en a pas, du moins rien de bien nouveau. de plus le style, l'auteur s'en moque éperdument, idem de la grammaire et de la syntaxe, des beaux mots et de la belle langue et de la littérature, la vraie.