AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782850610196
269 pages
Premier Parallèle (09/01/2020)
3.71/5   19 notes
Résumé :
Quand on parle de surveillance, on ne parle pas que de grandes oreilles et de paires d'yeux dans le ciel. C'est une réalité bien plus quotidienne et moins spectaculaire que ces incantations inquiètes. Ecrasée par le vocabulaire orwellien, la réflexion sur la surveillance s'égare en mauvais diagnostics. De nos routines Instagram aux caméras intelligentes du Xinjiang, des courtiers en données discrets à nos profils Facebook, qu'est-ce qui lie nos destins - en apparenc... >Voir plus
Que lire après À la traceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
A la lecture de la quatrième de couverture c'est la dernière phrase qui m'a interpellé « ce livre est un manuel à l'usage de ceux, trop nombreux, qui pensent n'avoir rien à cacher ». En effet c'est L'ARGUMENT ULTIME qui ressort à chaque fois que je prends part à une discussion concernant la surveillance que permettent les réseaux sociaux, caméras de surveillances, et autres IA sur nos vies, nos achats, nos envies,… et l'usage qui en est fait. Je dois avouer que je trouve cela pour le moins étrange. Je ne comprends pas. Sommes-nous voués soit à devenir complètement transparents pour nos congénères ultra connectés soit à être des marginaux suspects ? Je dois avouer que je suis sceptique. D'abord parce que tout le monde a quelque chose à cacher, personne n'a envie que l'on sache absolument tout de lui, penser cela c'est se mentir à soi-même . Et puis, quel ennuie d'être complètement prévisible. Enlevons nos oeillères et soyons un peu honnêtes :nous avons tous bel et bien besoin et envie d'avoir un jardin secret, une part de mystère, des choses que nous n'avons pas envie de partager, ou au moins pas avec tout le monde. Non, la transparence n'est pas un gage d'honnêteté ou de moralité. Je commence même à me demander si ce n'est pas juste un gage de stupidité.

En ce sens A la trace est un livre qui laisse songeur : sous couvert de garantir notre sécurité, de nous apporter plus de confort, d'anticiper nos désirs,… la surveillance s'est installé dans nos vies via les outils que nous utilisons dans notre quotidien et qui nous sont devenus indispensables : toutes les recherches que nous effectuons sur nos PC et nos téléphones permettent de dresser un profil de ce qui nous sommes et d'anticiper nos envies et nos besoins. Les caméras de surveillance sous couvert de protection sont une mine de données. Et les réseaux sociaux : Facebook, tinder, linkedin et j'en passe sont plus efficaces qu'une enquête poussée des RG. Justement parlons en des RG à votre avis quelle est leur principale source de renseignement désormais… ?

Pourtant ne nous leurrons pas le renseignement c'est dépassé, maintenant on anticipe : une IA serait aujourd'hui capable en analysant le faciès de personnes dans une rame de métro de faire des pronostics sur leur comportement et si besoin de déclencher une demande pour obtenir des agents de sécurité : celui ci est déprimé (tentative de suicide?) celui ci a l'air agressif (tentative d'agression?), celui là a l'air nerveux (junkie en manque ? pickpocket…?) celui ci a l'air de pouvoir porter atteinte aux bonnes moeurs (viol?pédophilie?). Nan mais sans blague ! si on ne peut même plus avoir l'air de mauvais poil après avoir passé une journée merdique on est mal. A ce rythme là je vais finir au gnouf 2 à 3 fois par semaines… Plus sérieusement ce qui me fait très peur c'est que notre système pénal repose sur une idée ici mise à mal : la Sacro sainte Présomption d'Innocence ! Et ici c'est le premier pas vers sa remise en cause.
Résoudre la criminalité en l'anticipant est un non sens, une utopie. L'être humain est imprévisible et trop complexe pour être complètement et avec certitude cerné par une IA.

Sans sombrer dans la psychose mais en exposant les faits de manière très détaillée l'auteur nous présente un état des lieux de la manière la plus objective possible.

Nous tendons le bâton pour nous faire battre mais ça ne nous inquiète pas outre mesure :nous sacrifions sciemment notre liberté au profit du confort et d'un semblant de sécurité. Cette dérive de la surveillance est inquiétante pour nos libertés individuelles et n'a même pas le mérite de garantir une vraie sécurité des personnes car l'efficacité en la matière reste très relative. Un ouvrage instructif mais très dense, parfois trop pour moi. J'avoue avoir sauté certains développements.
Je me suis un peu perdue dans les détails mais pour l'essentiel c'est intéressant. Merci à Babelio et aux éditions Premier Parallèle pour cet envoie dans le cadre d'une masse critique.
Commenter  J’apprécie          376
Dans la première partie de son livre, nommée "Contrôler, Olivier Tesquet montre que depuis les prémices de la carte d'identité, il y a plus de trois siècles, jusqu'aux grandes bases de données de leurs clients que créent les opérateurs Internet (Google, Facebook, Amazon...) et auxquelles les agences de sécurité (NSA aux États-Unis, DGSI en France) font plus que s'intéresser, l'objectif du fichage est bien de contrôler les individus, mais également de prédire leur avenir et leur comportement. On cherche à savoir à la fois ce qu'ils sont, et ce qu'ils peuvent devenir : évaluer les risques de défaillance financière, de passage à l'acte délictueux ou terroriste, ou estimer un comportement d'achat probable, pour ne donner que quelques exemples.
Dans la seconde partie, baptisée "Capitaliser", l'auteur montre le rôle des start-up de la Silicon Valley, certaines devenues des géants de la bourse, dans l'industrie de la donnée : de l'invention du microprocesseur, devenu omniprésent dans le moindre appareil ou gadget, qui permet la collecte des données, jusqu'aux algorithmes qui permettent le traitement de gigantesques volumes de données, en passant par le stockage (le big data ) et l'achat ou a vente de données (les data brockers).
Dans la troisième partie, appelée "Atomiser", Olivier Tesquet démontre que en raison de l'enregistrement de données personnelles par les smartphone, la vidéosurveillance et les réseaux sociaux, la vie privée des utilisateurs se rétrécit. Elle est mise en balance, souvent de façon cachée, avec l'offre de nouveaux services supposées augmenter le confort des individus.
Dans la quatrième et dernière partie, l'auteur s'interroge : peut-on s'opposer à ce mouvement qui pousse à une surveillance de plus en plus fine des individus. Même s'il montre que des possibilités existent, O. Tesquet ne semble pas trop y croire, démontrant que les pouvoirs ont toujours su agir dans l'ombre et le secret. Sa conclusion est donc très dubitative...

Les interrogations de l'auteur me semblent justifiées et, un peu comme lui, je ne crois pas que ce soit en s'opposant aux développements des nouvelles technologies qu'on pourra répondre à la question du traçage ou du fichage des individus, donc à l'atteinte à leurs libertés individuelles. D'autres moyens existent, qui s'appellent élargissement de la démocratie et du contrôle par les citoyens ; mais ce serait l'objet d'un autre livre !
Sur le contenu, même si l'instruction est un peu faite à charge, c'est un ouvrage fort bien documenté, pas simple, mais qui se laisse lire et qui me semble accessible aux personnes intéressées, même si elles ne possèdent pas de compétences technologiques pointues. L'auteur aurait pu faciliter la compréhension et l'appropriation de ses messages en ajoutant une introduction à chaque partie, précisant quels sont les messages principaux et la façon dont ils sont démontrés.
Un ouvrage utile et intéressant, même si l'auteur a un parti pris évident...
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
Commenter  J’apprécie          410
Nous avons un double. Un double électronique dont nous ne savons pas grand chose mais qui nous ressemble plus ou moins. Il a été construit au fur et à mesure des traces que nous avons laissées sur la Toile dont il est maintenant prisonnier. Une entreprise de collecte de renseignements s'est vantée un jour de pouvoir vendre 3000 informations sur chaque citoyen américain. Et même si vous n'avez pas de compte Facebook, celui-ci a un compte fantôme sur vous (votre double).
Mais la collecte de renseignements dépasse le cadre d'Internet. Ce sont toutes les caméras extraordinairement précises qui nous observent et, peut-être, nous reconnaissent, en ville. Ce sont tous les capteurs des appareils connectés qui, de plus en plus, vont nous entourer pour nous rendre la vie prétendument confortable. Une adresse IP pour chacun d'eux. Tout cela est invisible sans violence et ... sans cadre légal : c'est nous qui à chaque « contrat » en ligne que nous cochons d'une croix nous dépossédons nous-mêmes de notre vie privée. Cela jusqu'à changer les normes mêmes d'acceptabilité de ce qui est privé et ce qui ne l'est pas.
Olivier Tesquet nous brosse le tableau de ce bouleversement civilisationnel. Il nous en situe l'enjeu commercial (dresser pour chacun un profil de consommateur détaillé au point d'anticiper ses moindres désirs) et politique (nous surveiller et s'assurer là aussi de notre totale prévisibilité).
On semble moins se diriger vers une dystopie du style de 1984 que celle de Brazil : la dépendance de tous vis à vis d'une machine omniprésente, mais dont la puissance n'empêche pas la bureaucratie, les erreurs et l'arbitraire absurde.

Tirer les conséquences existentielles et philosophiques de cette évolution totalement inédite de notre humanité est de l'ordre de l'intuition et de la spiritualité. On sent qu'il se joue quelque chose de grave. Quelque chose qui ne va pas. Olivier Tesquet convoque ici et là les grands philosophes du XXe siècle, Foucault, Deleuze Levinas. etc. Mais c'est juste pour lancer des pistes qu'il nous reste à suivre, si nous voulons prendre la mesure de ce qui se trame.
Mettre en lumière un phénomène collectif, profond, obscur est déjà une première étape pour pouvoir le penser. Mais que vaut une pensée tiède qui se sentirait constamment surveillée ?
Paradoxalement, le livre nourrit le sentiment d'impuissance devant une évolution technique inéluctable.
Mais il donne tout de même quelques simples conseils pour ralentir et résister.
Brouiller les pistes. Ne pas se conformer pas à son double. Être totalement imprévisibles, et penser, se réapproprier les expériences sensorielles et mentales propres au temps long dont la technique nous dépossède avec sa persévérance de machine.
Commenter  J’apprécie          40
Ouh que c'est dense ! En même temps, O. Tesquet sait de quoi il parle. C'est dense et documenté, l'un expliquant l'autre. C'est dense, mais c'est clair et pas jargonnant. Et puis, c'est indispensable. Indispensable de savoir ce que cachent nos réalités virtuelles, et qu'il est difficile de s'en défaire, sous peine d'éveiller la suspicion (bon, là, je ne suis pas trop d'accord. Mais c'est un point de vue). C'est fou de constater en quel court laps de temps l'utopie qui représentait internet à été dévoyée. Oh bien sûr, il y a des poches de résistance, comme il y en a dans le monde réel. Mais tout cela reste marginal et fragile face à des géants du net et des pouvoirs politiques pas forcément despotiques qui mettent sur pied un véritable arsenal de guerre numérique sous couvert de protection et de sécurité. Alors que la pédopornographie n'est toujours pas éradiquer et que les fake news essaient de submerger l'information.
Ce n'est pas très optimiste comme lecture, il faut bien l'avouer. Même la partie sur les résistances est un brin désillusionnée. Pourtant, il faut bien agir contre notre fichage, pour garder une part d'irrationalité, de flou. Parce que nous ne sommes pas réductibles à une suite de 0 et de 1, ni à notre numérique.
Merci à Babelio et aux éditions Premier Parallèle pour l'envoi de cet essai !
Commenter  J’apprécie          70
Un livre anxiogène qui démontre, différentes preuves et analyses à l'appui, qu'on essaime des données un peu partout, même sans le vouloir, et qu'elles sont utilisées à des fins commerciales et de contrôle, très souvent sans notre consentement explicite ou sans l'avoir expliqué clairement. Ce livre montre à quoi a abouti nos sociétés obnubilées par le principe de précaution et les scénarios prévisionnels. Intéressant et éclairant. En revanche, si certains cherchent des solutions pour contrôler leurs données, il n'y en a pas dans ce livre (probablement parce qu'il n'y en a pas...). Un livre à lire, mais que je ne conseillerai pas aux anxieux.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
ll faut s’y mettre à plusieurs – à deux, à mille, à cent millions – et alors œuvrer pour imposer aux dispositifs la lumière qu’ils abhorrent tant, tel un vampire face au soleil. Nommer les courtiers en données, identifier les marchands d’armes numériques, questionner et questionner encore Facebook, ouvrir les entrailles des ordinateurs, se mettre en travers, perturber le trafic, s’asseoir et regarder.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Olivier Tesquet (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olivier Tesquet
Après avoir racheté Twitter, Elon Musk a déclaré que l'oiseau bleu était enfin "libéré". Son objectif : "aider l'humanité" en faisant du réseau social "la plateforme de la liberté d'expression dans le monde". Nos démocraties peuvent-elles s'en retrouver fragilisées ?
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit : - Olivier Tesquet, journaliste médias chez Télérama - Romain Badouard, chercheur en sciences de l'information et de la communication à l'université Paris II Panthéon-Assas - Annabelle Gawer, économiste, directrice du Centre of Digital Economy et professeure titulaire de la chaire d'économie numérique à Surrey University
#twitter #elonmusk #reseausociaux
____________ Découvrez tous les invités des Matins de Guillaume Erner ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins
Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
+ Lire la suite
autres livres classés : surveillanceVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (49) Voir plus




{* *}