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EAN : 9782234092327
512 pages
Stock (31/01/2024)
3.36/5   7 notes
Résumé :
Août 1577. Installé depuis dix ans à Amsterdam où il tient une auberge, Beer vit avec sa fille adoptive Marie qui supporte de plus en plus mal son mutisme et sa mélancolie. Ces derniers soirs, comme chaque année au mois d'août, il s'isole dans sa chambre pour se remémorer sa vie passée à Anvers, ses trois épouses mortes en couches et son dernier amour, la Femme Sauvage, décédée durant leur fuite vers le nord.
Il replonge dans la ville bruissante d'Anvers au X... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Au XVI eme siècle, Anvers est une ville prospère , arrivée au moment du récit à son apogée , gouvernée par la soeur du roi Philippe d'Espagne et où se côtoient papistes, luthériens et calvinistes dans une tolérance apparente mais superficielle .

Beer est propriétaire de l'Auberge de l'Ange .
C'est un homme marqué par le décès de ses trois femmes et seul l'enfant de la dernière a survécu, Ward .

Dans le début de la première partie, intitulée l'Homme sauvage , le lecteur survole les années brèves des trois mariages De Beer , il se sent maudit mais le visage des mortes s'effacent peu à peu .

"Le remords est la première porte du deuil, ai-je appris, et cette porte s'ouvre sur un couloir long et étroit qui semble interminable et qu'il faut traverser, qu'on le veuille ou non. "

Rapidement, l'histoire dévie sur les fréquentations de l'aubergiste : gens de tout bord politique ou religieux , nobles , philosophes , imprimeurs, libraires et marchands se succèdent et viennent discuter, batailler ou s'épancher . Beer reçoit respectueusement ses hôtes en fonction de leur importance et en premier lieu ceux de la Famille de l'Amour, sorte d'association de notables dont les motivations ne sont pas toujours charitables mais souvent mercantiles.

Circulent également à l'auberge des ouvrages interdits considérés comme blasphématoires .
D'ailleurs il héberge un anglais, John Dee, qui rédige un livre de dialogue direct avec Dieu et les Anges.

La religion et surtout le rapport permanent avec Dieu est omniprésente dans ce roman mais ce n'est en aucune manière du prosélytisme .
Il faut y voir plus le poids des différentes croyances pesant sur les gens de ce siècle avec l'importance des réformes protestantes , en particulier aux Pays Bas et le carcan du catholicisme imposé par les Espagnols.
Il persiste , comme dans d'autres pays et d'autres époques jusqu'à la notre des rites païens , en particulier autour de la fin de l'hiver, et c'est là qu'intervient l'Homme sauvage joué par Beer dans une fête annuelle d'Anvers .

" Pour moi, l'Homme sauvage que je ressuscitais chaque année à la Chandeleur était peut-être même notre véritable forme à tous, le passé immémorial qui nous reliait tous . "

La vie de cette époque est également bien évoquée , avec , en particulier un hiver très rude qui a entrainé une famine et a dévoilé au grand jour la faiblesse des dirigeants, incapables de venir en aide à la population.

La deuxième partie concerne à la fois la révolte des gueux , puis une conspiration comme un vent de folie,balayant tout sur son passage et la mutinerie des troupes espagnoles qui saccagent la ville avec la mort de nombreux habitants et le destin de la Femme sauvage ...

Avant le déferlement des soldats espagnols Beer a déjà quitté la ville et s'est installé à Amsterdam. , ayant tout perdu , ses amis et son honneur abusé par un homme perfide et rusé qui s'est servi de sa naïveté et de sa complaisance .

Il fuit avec la femme "sauvage" ramenée d'une expédition au grand Nord et logée , ou, devrais-je dire emprisonnée , avec sa fille à l'auberge De Beer qui va organiser des visites pour apercevoir ce que la plupart des gens appelle des bêtes jusqu'à ce que Beer se donne la peine de regarder cette femme comme un être humain .

Roman foisonnant tant l'histoire de cette période et de cette ville est dense . C'est richement documenté, jamais ennuyeux même si le récit entremêle parfois différentes époques, il faut juste être attentif .

C'est aussi à travers l'histoire d'un homme, l'aubergiste Beer , une leçon d'humilité , d'amitié et de pardon.

"Pour moi, l'acceptation est quelque chose d'absolu, quelque chose qui doit valoir pour le restant de tes jours. Mais là, près du feu, je me suis rendu compte que ça pouvait se limiter à un instant."

J'ai eu , pendant un long moment l'impression de voyager dans les tableaux du peintre Pierre Bruegel , un visionnaire , qui dans ce roman fréquente l'auberge et entretient des rapports cordiaux avec Beer , cela m'a permis de bien rentrer dans ce siècle en regardant la reproduction de ses toiles .

Je remercie NetGalley et les Éditions Stock
#Lafemmesauvage #NetGalleyFrance
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La femme sauvage (Wildevrouw pour le titre original en néerlandais) est un roman historique de l'auteur flamand Jeroen Olyslaegers. Comme à son habitude, ce dernier situe la majeure partie de son intrigue à Anvers et fait de la ville un personnage à part entière. Après Trouble, qui se déroulait pendant la seconde guerre mondiale et qui a fait l'objet d'une adaptation au cinéma, j'avais hâte de me plonger dans La femme sauvage, d'autant plus que le roman évoque une période particulièrement intéressante : celle des guerres de religion.

Au milieu du XVIe siècle, Anvers fait partie des Pays-Bas espagnols, sous l'autorité du très catholique roi Philippe II. Mais la ville flamande compte de nombreux luthériens et calvinistes. D'abord toléré par la gouvernante Marguerite de Parme, ces « hérétiques » vont être pourchassés par le duc d'Albe suite aux troubles de 1566. C'est la période de la révolte de gueux et de la terreur iconoclaste. Également évoquée dans Des cendres sur nos coeurs d'Annie Degroote, cette répression extrêmement violente sera à l'origine d'une émigration massive pour les Pays-Bas.

Malgré mon intérêt pour la période et le talent de l'auteur, j'avoue avoir été très déçue par La femme sauvage. le roman est long (plus de 500 pages) et ma lecture a été laborieuse. le personnage principal, Beer, est un aubergiste anversois. Sans conviction très marquée, il est étroitement lié à certains notables de la ville qui utilisent son auberge comme lieu de ralliement et dont les sympathies avec la Réforme sont connues (le cartographe Abraham Ortelius, l'imprimeur Abraham Ortelius...). le regard De Beer sur les évènements offre certes un point de vue original, mais on a du mal à s'attacher à lui, malgré une histoire personnelle complexe et tragique marquée par la perte de trois femmes.

Si le roman montre bien la montée inexorable des tensions non seulement religieuses mais aussi politiques et sociales, l'intrigue manque de dynamisme. On attend en vain un retournement de situation, un dénouement inattendu. La fin étant connue dès le début, il y a finalement peu de surprises et les différentes péripéties sont assez peu engageantes pour le lecteur.

Les admirateurs de Bruegel (Pieter Brueghel l'Ancien) apprécieront les nombreuses références au peintre flamand et à son univers (en particulier la toile Margot la Folle). de mon côté, cela n'a malheureusement pas suffi à maintenir mon intérêt, même si j'ai apprécié l'immersion dans le contexte historique.

Lien : https://histfict.fr/la-femme..
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critiques presse (3)
LeMonde
19 avril 2024
La Femme sauvage, comble avec cette symphonie désordonnée d’une ville glacée par un long hiver, traversée de conflits politiques et religieux.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
15 février 2024
L'écrivain belge emporte le lecteur avec ce roman de la capitale flamande au XVI' siècle, un enfer à la Bruegel que raconte un aubergiste poursuivi par le sort.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeSoir
12 février 2024
Un roman brillant sur une ville en effervescence. Et sur notre société actuelle.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Quand un homme a dû rendre à la terre trois femmes l’une après l’autre, et que deux d’entre elles ont en plus quitté ce monde avec un enfant presque à terme dans leur ventre, alors il considère sa semence comme maudite. La dernière est morte juste après avoir donné naissance à un fils. Les deux premières ne sont même pas arrivées à l’accouchement. Chargées comme des bateaux pleins d’avenir, elles ont sombré dans les abysses de la mort avant même d’avoir pu accosté avec leur cargaison. La première se sentait méprisée et était effrayée par mes manières, la deuxième me pissait à la raie de très haut et faisait comme si j’étais un vrai taureau au lit, la troisième regardait dans le noir de mes yeux et avait tout compris.
La première m’enfermait sans le savoir. La deuxième me faisait peur, comme un bourreau qui fait déjà tinter ses instruments de torture. La troisième avait tellement d’aplomb qu’elle donnait l’impression de se moquer de moi et du monde entier. Et ce n’est qu’après, toujours après, qu’un homme se rend compte à quel point tout a été insensé ; comme si chacune avait cherché à vivre avec moi à moitié son rêve, à moitié sa vie, sans savoir, et sans que je sache moi-même, où commençait le rêve et où le rêve était dévoré par la vie. Mais non, soyons honnête, sans que nous sachions rien l’un de l’autre. Et pourtant, chaque fois, il y avait eu dès le début mon désir de fusionner avec une femme que je pouvais appeler mienne, sans savoir si cette femme le souhaitait aussi.
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Un homme doit devenir fou pour apprendre la vraie sagesse, mentionne quelque part Ton Livre. Aujourd’hui encore, cette phrase sonne à mes oreilles comme une cruelle plaisanterie. Ma folie reste de vouloir témoigner, année après année. Car j’espère encore qu’un homme apprend à s’accepter totalement et arrive à supporter sa douleur quand il commence à se raconter sa propre vie, ce qu’il a vécu et d’où il vient, et ce, le plus impitoyablement possible.
p 19
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Jeroen Olyslaegers présente Trouble Fim realisé par Jan Blondeel et Louk Voncken. Traduction par Françoise Antoine. Editions Stock
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