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EAN : 9782382920589
162 pages
Bouquins (21/10/2021)
3.67/5   6 notes
Résumé :
C’est une tragédie en trois actes, avec un prologue.
Le prologue se situe en des temps très lointains, avant l’ère chrétienne. Le peuple juif, contrairement à une version très répandue (on appelle ça la Bible), n’y fait pas l’objet d’une attention particulière.

Acte 1 : Si le monothéisme juif n’était pas un problème pour les polythéistes, le judaïsme, lui, est un problème pour les chrétiens – donc, dans la foulée, pour les musulmans – : le peup... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pascal Ory n'est pas juif, il est un "goy", comme moi. Ce livre fait partie des exceptions (un peu quand même) : la plupart des livres traitant ce sujet ont été écrits par des juifs, comme s'ils étaient les seuls concernés et vraiment intéressés. Cela nous concerne tous. C'est très bien que ce sujet soit traité aussi par des goys.

Si j'ai bien compris, le fils aîné de Pascal Ory est juif. Donc, il est, ou a été, marié à une juive. Mais ça ne suffit probablement pas. Il peut s'intéresser en tant qu'historien mais il y a peut-être plus. J'ai un certain nombre d'amis juifs, au travail et dans ma vie privée et j'ai une sympathie certaine envers eux et envers les juifs en général. Donc, j'essaye de comprendre ceci, un sujet de société dont on parle beaucoup mais beaucoup ne connaissent pas tout.

A noter que Pascal Ory a été le directeur de thèse de Laurent Joly, un historien spécialiste de l'antisémitisme, qui a publié plusieurs livres sur le régime de Vichy et les Juifs.

L'auteur nous rappelle la différence entre antijudaisme et antisémitisme, le premier a une raison religieuse (de droite) et l'autre une raison raciste (de gauche).

Si j'essaye de résumer en peu de lignes le contenu du livre, dont l'auteur le classe comme un "essai"... En fait, la haine du juif a commencé depuis très très longtemps. Et pendant longtemps, la raison était surtout religieuse : les religions monothéistes : le christianisme et l'Islam.

Pascal Ory n'en parle pas, mais il est curieux de voir que pendant une certaine période tout au début de l'Islam, il y a eu une cohabitation pacifique entre les juifs et musulmans. Patrick Boucheron en parle dans un des épisodes de la série "Quand l'histoire fait dates", sur Arte.

Ce qui est à retenir est que les raisons de la haine du juif évolue avec le temps : si elle était au départ surtout liée à la religion, dans nos jours elle est d'une part raciste et d'autre part beaucoup, et surtout, entretenue par les antisionistes - le problème israélo-palestinien.

Ce problème est très complexe, et traité avec une extrême naïveté par ceux qui défendent les palestiniens et qui considèrent Israël comme des méchants. Cette haine commence par Hassan el-Bannah (grand oncle de Tariq Ramadan), fondateur des Frêres Musulmans, puis avec le grand mufti palestinien Hadj Amin al-Husseini, qui a soutenu l'action de Hitler dans la Shoah (Yasser Arafat revendique être son petit-neveu). Pascal Ory parle de al-Husseini mais pas de el-Bannah dans son livre. Des organisations comme le Hamas, entre autres, ne cherchent pas la paix avec Israël mais la destruction de ce pays : c'est dans leurs statuts.

Du coup, j'ai appris que la thèse de doctorat (1982) de Mahmoud Abbas (The Connection between the Nazis and the Leaders of the Zionist Movement 1933–1945) soutenait l'idée comme quoi, pendant la deuxième guerre, les juifs ne cherchaient pas sauver les juifs assassinées puisque, selon lui, plus grand serait le nombre de morts, plus grande serait la compensation après la guerre (p. 129). Cette information ainsi que le négationnisme de la Shoah et ses déclarations antisémites sont aussi détaillées dans sa page Wikipédia.

Pascal est, finalement, assez pessimiste sur la haine du juif. Pour lui, il y en a qui trouveront toujours des excuses pour haïr les juifs : "Pour qu'il en fût autrement, il eût fallu une autre histoire, autrement dit une autre humanité." (p. 144).

Sur le conflit israélo-palestinien, Amos Oz, dans Chers fanatiques : Trois réflexions, estime que ce conflit ne pourra être réglé que si chacune des parties cède partiellement. Il n'y a pas que des fanatiques, mais il en voit des deux côtés. Il ne faut pas être ni naïf ni fanatique.

Une autre discussion intéressante sur la haine du juif est le livre de Pierre Birnbaum, Les larmes de l'histoire, où il commente et conteste les thèses de Salo Baron comme quoi les juifs ont eu des périodes plus calmes. Ce livre parle un peu des périodes plus lointaines et se concentre surtout sur la vingtième siècle aux États Unis, après la migration des juifs des pays de l'Est fuyant les pogromes, démontrant qu'il y a toujours eu des tensions plus ou moins fortes.
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Dernier des livres de l'historien Pascal Ory, le premier qui paraît avec sa nouvelle dignité de membre de l'Académie française. Dans le prolongement de son ouvrage « Qu'est-ce qu'une Nation ? », voici une démonstration dense des origines et des principales motivations de la haine persistante contre les Juifs.

N'en déplaise à Jean-Paul Sartre, il n'y a pas de question juive, mais une question antijuive. Et c'est une question qui se pose aux non-juifs, les goys, comme l'auteur, comme moi. Pourquoi l'Homme a posé la question dans L Histoire, depuis quand et pourquoi, et surtout pourquoi encore aujourd'hui, et pourquoi elle se posera à jamais. La démonstration est aussi cruelle qu'éclairante.

Le mot antisémitisme est né sous la plume d'un philologue autrichien en 1860 puis repris en 1879 par Wilhelm Marr, un Allemand. Il convient de souligner que la philologie est une spécialité germanique, dont l'une des catégories est le langage « sémitique ». En découle une perspective culturelle visant la bipolarité Aryens / Sémites. L'auteur préfère user du terme de judéophobie. Il en retrace l'histoire, celle des exclusions entre communautés : Grecs, Egyptiens, Romains, Chrétiens. Un panorama des haines : monothéiste, athée, mondialisée …

Après le choc de la Shoah, la situation des Juifs ne fut jamais aussi favorable que pendant les trente années qui la suivirent. Pour la première fois depuis la chute du Second Temple, un Etat put se revendiquer du peuple juif. Un consensus s'impose alors parmi les instances intellectuelles et politiques d'Occident autour de la délégitimation de toutes les formes de judéophobie. Sauf en Union Soviétique

Si la judéophobie est née avec le christianisme, elle est donc « de droite », mais l'antisémitisme d'aujourd'hui vient de « la gauche », parmi ceux qui se considèrent comme exploités, humiliés, menacés : du ressentiment naît la xénophobie – un sondage de 2019 révèle que 44% des sympathisants des Gilets jaunes adhéraient à la thèse d'un complot sioniste mondial, contre 22% (quand même !) dans la population française.

Le phénomène se développe avec l'essor des idéologies et mythologies marginales et complotistes. L'effondrement du modèle marxiste et la droitisation continue de la société israélienne, substitue pour certains intellectuels de gauche militants le concept de « classe » à celui de « race ». le prolétaire est devenu l'immigré, et une partie de la gauche radicale est accueillante à la problématique de la traditionnelle judéophobie du XIXème siècle, sous couvert désormais d'antisionisme.

La conclusion de cet essai historique est tragique. La judéophobie ne remonte pas à la nuit des temps mais prend date pour être éternelle.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
(p.129)
Le futur dirigeant de l'Autorité palestinienne au début du XXIe siècle, Mahmoud Abbas, perfectionne sa formation universitaire à Moscou, dans le cadre de l'université Patrice-Lumumba. En 1982, il y soutiendra une thèse de doctorat entendant démontrer "La connexion entre les nazis et les dirigeants sionistes" entre 1933 et 1945, en vertu du postulat : "L'intérêt du mouvement sioniste consistait à ne pas chercher à sauver les Juifs durant la guerre afin d'augmenter le nombre de morts et obtenir des plus grandes compensations après la guerre.". Bel exemple de substitution conspirationniste du "Juif" au "sioniste".
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(p.144)
Comme il est peu probable qu'une nouvelle colonisation de la Terre sainte par une puissance tierce réconcilie un jour sur son dos des Israéliens et des Palestiniens également chasses de leur terre, il faut bien admettre que, selon toute vraisemblance, sinon toute bonté, Juifs et antijuifs ne disparaîtront qu'ensemble, rejoints par le reste de l'humanité - qui, il est vrai, en constitue la plus grande part. Voilà qui n'est pas gai, semble-t-il, mais voilà qui n'est pas triste non plus : c'est. Pour qu'il en fût autrement, il eût fallu une autre histoire, autrement dit une autre humanité.
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(p. 130)
Amine el-Husseini est, en tant que grand mufti de Jérusalem, la plus grande autorité musulmane de Palestine à l'époque du mandat britannique (1919-1948). Son opposition farouche à la puissance mandataire se double chez lui d'une haine antijuive explicite qui le conduit à soutenir systématiquement l'ennemi de ses ennemis, à savoir le Premier ministre irakien au début de la Seconde Guerre mondiale, Rachid Ali, allié de l'Axe, puis directement le Duce et le Führer. C'est à Berlin que le grand mufti s'installe en 1941 et qu'il encourage l'engagement militaire des musulmans dans la Waffen SS. En novembre 1943, lors d'une allocution solennelle prononcée dans le hall de la Luftwaffe, il conclu que , "par dessus tout", les Allemands "ont définitivement résolu le problème juif". Étranger sur le fond à la logique racialiste d'Hitler, qui lui parle de "science" pour justifier son combat contre les Juifs, el-Husseini se révèle dans la pratique un auxiliaire actif de la guerre antijuive. Avec lui - qui aura encore, au moment de la naissance de l'État d'Israël, assez de prestige pour être le président du congrès qui proclame en retour l'indépendance, finalement virtuelle, du premier État palestinien -, on mesure combien la question antijuive, dès qu'elle se restructure autour d'une géopolitique violente et clivée, peut conduire au Moyen-Orient à des conclusions idéologiques aussi radicales que si elle était portée par un activisme à soubassement raciste.
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(p. 139)
La judéophobie a donc une date de naissance : le christianisme. En revanche, il n'est pas sûr qu'elle ait jamais une fin, indépendamment du destin des deux religions monothéistes universelles. La judéophobie générale vient, si l'on veut, de la "droite". Mais l'antisémitisme en sens strict vient, même si on ne le veut pas, de la "gauche".
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(p. 13)
La question antijuive, par définition n'est pas posée aux Juifs : pour eux, c'est une réponse, qui leur est envoyée en pleine face par les antijuifs. C'est donc une question posée aux goys. Or, ça tombe bien : j'en suis un.
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Vidéo de Pascal Ory
Président du conseil scientifique de la Bibliothèque nationale de France, l'historien Pascal Ory a été reçu à l'Académie française en 2022. Spécialiste de l'Entre-deux-guerres, il publie et dirige de nombreuses publications d'histoire culturelle et politique. Son épée d'académicien est le fruit de ses échanges avec le joaillier Thierry Vendôme. Il revient dans cet entretien sur la genèse de cette rencontre et sur les éléments symboliques dont il a voulu doter son épée.
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Pascal Ory Professeur émérite d'histoire contemporaine et membre de l'Académie française
Direction éditoriale Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Coordination scientifique Charline Coupeau, docteure en histoire de l'art et chercheuse à l'École des Arts Joailliers
Coordination éditoriale Constance Esposito-Ferrandi, chargée d'édition multimédia, BnF
Lieu de tournage Institut de France
© Bibliothèque nationale de France
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