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EAN : 9782020195539
420 pages
Seuil (02/02/1994)
4.67/5   6 notes
Résumé :
Dans Lire aux éclats, Marc-Alain Ouaknin réhabilite les catégories de pensée les plus fondamentales du judaïsme : l'érotisme, la lutte, le sens de l'énigme et la danse.

Il montre comment le Talmud appelle une lecture éclatée, infiniment ouverte, renvoyant tout sens à un autre sens...

L'interprète fait une expérience de caresse : ses mains s'ouvrent, mais les doigts ne se referment pas en une prise, une emprise.

La cares... >Voir plus
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L'éclatement de la référence, qui consiste à poser une référence scripturaire pour indiquer qu'elle n'est pas la référence, que celle-ci est ailleurs, est le fondement de la "différence herméneutique". L'éclatement de la référence fait obstacle à tout fondement du savoir sur une référence qui fasse autorité. Dans le droit occidental, la question "d'où" (unde en latin), minayin en hébreu talmudique, est "la question absolue qui est en même temps la question mythologique par excellence, parce qu'elle assigne à la problématique du vrai d'être une problématique du lieu". (P. Legendre, L'empire de la vérité, p. 52)
La logique du droit classique fonctionne dans l'institution d'un rapport de vérité entre deux propositions, entre une notion et sa référence écrite:

"Ce qui donne aux propositions rapportables à la compilation justinienne leur force, c'est la façon dont les commentateurs ont travaillé la question de unde? en liant le vrai à l'écrit sur le mode d'un discours extraordinaire, c'est-à-dire d'après le trucage peu ordinaire où nous allons apprendre à reconnaître l'étrange logique dogmaticienne. j'avancerai d'un pas en disant: le vrai a pour équivalent un "c'est écrit"." (Ibid, p. 53, cf. aussi des pages très importantes pp. 66 à 68)

La pensée talmudique et midrachique s'oppose raticalement à la logique dogmaticienne qui fonde le vrai dans le "c'est écrit". La loi orale ne vient pas répéter ou expliciter l'écriture, mais, au contraire, l'éclater. La vérité talmudique n'est pas dans le Mektoub mais dans son échec.
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La philosophie gréco-occidentale se présente comme réalisation de l’Être, c'est-à-dire comme sa libération par la suppression de la multiplicité. La connaissance a, depuis Platon, la forme d'une marche vers l'unité: apparition au sein d'une multiplicité d'êtres d'un système raisonnable où ces êtres ne sont que des objets prédéterminés.
Pour la philosophie occidentale, la connaissance est la suppression de l'Autre par la "saisie", la "prise".
Dans la philosophie de la caresse, la connaissance a un sens tout à fait différent. Le mouvement est alors d'une transcendance vers l'Autre, qui ne signifie pas appropriation de "ce qui est" mais son respect.
"La vérité comme respect de l'être - voilà le sens de la vérité métaphysique." (Lévinas).
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La "caresse" est un terme que nous empruntons à la philosophie d'Emmanuel Lévinas et qui est devenu pour nous le paradigme de la modalité du penser talmudique. Modalité du savoir qui n'est pas fondée sur la raison. Attitude face au monde où nous restons conscients qu'une idée, un concept, un modèle cognitif ne sont qu'une représentation du monde - une interprétation - dont l'efficacité ne constitue jamais un critère de vérité et qu'ainsi on ne peut réduire toute réalité à du quantifiable.
La "caresse" n'est pas un plaidoyer pour on ne sait quel irrationalisme talmudique; elle fait seulement signe (et c'est peut-être déjà beaucoup) vers une modalité du savoir.
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Le Midrash est un non-lieu. Ou plutôt une frontière qui ne procure ni savoir ni place où il serait permis de s'établir. L'établissement, l'enracinement dans le sens, serait un avant goût de la mort.
Pas d'identité car elle fige le mouvement de penser. Elle rend hommage à un ordre.
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Dire que le corps est parlant ne signifie pas que la parole s'identifie au corps, que nous avons une parole corporée, mais plutôt que la parole est issue de l'espace, du ide, de l'intervalle qui se creuse dans le corps, pour produire un corps à corps et un dialogue; non pas réunir ce qui est séparé, ce qui serait mettre ensemble et produire un "symbole" mais, dans un sens inversé, séparer ce qui était réuni et ainsi produire un "diabole"
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Vidéo de Marc-Alain Ouaknin
« […] Chestov (1866-1938) de son côté, tout le long d'une oeuvre à l'admirable monotonie, tendu sans cesse vers les mêmes vérités, démontre sans trêve que le système le plus serré, le rationalisme le plus universel finit toujours par buter sur l'irrationnel de la pensée humaine. Aucune des évidences ironiques, des contradictions dérisoires qui déprécient la raison ne lui échappe. Une seule chose l'intéresse et c'est l'exception, qu'elle soit de l'histoire du coeur ou de l'esprit. […] il dépiste, éclaire et magnifie la révolte humaine contre l'irrémédiable. Il refuse ses raisons à la raison et ne commence à diriger ses pas avec quelque décision qu'au milieu de ce désert sans couleurs où toutes les certitudes sont devenues pierres. […] »  […] pour Chestov l'acceptation de l'absurde est contemporaine de l'absurde lui-même. le constater, c'est l'accepter et tout l'effort logique de sa pensée est de le mettre à jour pour faire jaillir du même coup l'espoir immense qu'il entraîne. […] » (Albert Camus, le mythe de Sisyphe, Editions Gallimard, 1985)
« […] On trouve ainsi dans sa [Emil Cioran] correspondance : « Léon Chestov m'a rendu un service considérable : il m'a délivré de l'idolâtrie de la “philosophie”. Je devrais ajouter : de toutes les idolâtries. » (Lettre du 2 avril 1989 à Mme Alice L., in Les cahiers de l'Herne, Emil Cioran, Champs classiques, Éditions Flammartion, 2015)
« Les philosophes aspirent à expliquer le monde, de façon à ce que tout devienne clair et transparent et que la vie ne recèle plus rien (ou le moins possible) de problématique, de mystérieux. Ne faudrait-il pas au contraire s'attacher à montrer que cela même qui paraît aux hommes clair et compréhensible est étrange, énigmatique et mystérieux ? Ne faudrait-il pas s'efforcer de se délivrer et de délivrer les autres du pouvoir des concepts dont la netteté tue le mystère ? Les sources de l'être sont en effet dans ce qui est caché et non dans ce qui est découvert. » (Léon Chestov, Athènes et Jérusalem, in Marc-Alain Ouaknin, Les Mystères de la kabbale, Assouline, 2003)
0:00 - VII 1:41 - X 5:53 - Générique
Référence bibliographique : Léon Chestov, Les grandes veilles, préface : 10 aphorismes, traduction anonyme, texte établi par la Bibliothèque russe et slave, 2012.
https://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Chestov%20-%2010%20aphorismes.htm
Image d'illustration : https://www.amazon.com/Le%CC%81on-Chestov-philosophe-Cultures-socie%CC%81te%CC%81s/dp/2720403229
Bande sonore originale : The OO-Ray - The Warm Before The Storm The Warm Before the Storm by The OO-Ray is licensed under an Attribution-NonCommercial 3.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/The_OO-Ray/The_Force_of_Water/The_OO-Ray_-_The_Force_of_Water_-_05_The_Warm_Before_the_Storm
#LéonChestov #LesGrandesVeilles #PhilosophieRusse
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