Un livre découvert dans le cadre de Masse critique. J'ai beaucoup aimé.
Roman mi-absurde-mi fantastique dans un pays imaginaire mais ancré dans une géographie politique réelle (Roumanie, Europe de l'est).
On retrouve une inspiration qui est tellement présente que ce ne peut être qu'un hommage envers Kafka. L'histoire de ce cartographe, sans son scanner perdu dans toute l'Europe, missionné dans une contrée lointaine d'Europe slave pour justement faire l'éloge de l'Europe et la cartographier ne peut que prêter à sourire et à apprécier.
Mais cet ouvrage ne se réduit pas à cela,nous sommes baignés dans une atmosphère où le temps s'est arrêté, la logique aussi et où les paysages historiques de l'Europe de l'est sont si bien décrits qu'ils nous envahissent.
Ourednik a un don pour la description : descriptions des lieux, des personnages, de leurs caractères, tout est précis et joliment stylisé.
Ajoutons à cela une très grande fluidité pour narrer l'histoire et une profondeur intellectuelle bienvenue et qui n'est pas pompeuse. C'est un roman plein qui n'a d'autre ambition que de nous divertir et nous faire un peu réfléchir. Il est agréable de lire un ouvrage qui ne se fixe pas un enjeu transcendant comme c'est de plus en plus souvent le cas.
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[livre reçu dans le cadre du programme Masse critique Babelio :) ]
Quel étrange livre ! Les chapitres s'enchaînent comme des chaussettes dépareillées. Ce n'est pas forcément déplaisant mais cela rend bien difficile de résumer ce qui, je trouve, est plus un essai expérimental qu'un roman.
La mission européenne et les cartes font office de (mauvaise) excuse à André Ourédnik pour broder une histoire qui manque au final d'unité. Plutôt que de tenter de suivre un fil narratif tenu, ce livre aurait gagné je pense à carrément s'organiser en nouvelles et réflexions poétiques.
Car, la galerie de personnages et le pays lui même (Roumanie kafkaïenne) rivalise d'un absurde hypnotisant à la Murakami. Et j'ai apprécié le style descriptif de l'auteur, ce que la quatrième de couverture décrit comme une "tenace aura d'étrangeté". Si le fil de pensée de l'auteur est parfois bien difficile à suivre, il en ressort une poésie surréaliste assez intéressante.
Un drôle d'essai qui laisse un goût d'inachevé mais pique la curiosité.
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L'Art nouveau... [...] Je pense que ça a fait éclore le quotidien. Le quotiden moderne, je veux dire. Les matériaux sériels de l'industrie devenaient vivants, organiques. On retrouvait la vie. Je pense que c'était... une sorte de paix.
Elle se balançait un peu, soulevait
l'une
après
l'autre
ses quatre nageoires de tortue, si lentement
la gauche avant,
la droite arrière,
la droite avant,
la gauche arrière,
la gauche,
avec leurs griffes un peu maladroites qui labouraient la terre en s'agrippant.
Un résidu de noblesse dans son allure faisait penser à un chevalier malencontreusement tombé d'un portrait du seizième siècle sur le sol de la galerie, rasé, dépouillé de son armure et coiffé à la mode d'un chanteur de schlager au crépuscule de sa gloire.
Salon du livre romand 2016, table ronde du samedi 19 nov. : La loyauté
Avec Sabine Dormond, Denise Campiche, Anne Bottani, Hélène Dormond, André Ourednik
Modération : Daniel Bernard