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Anne Buguet (Autre)Soriano-mollá dolores Thion (Autre)Isabelle Taillandier (Traducteur)
EAN : 9782491528287
208 pages
Éditions de la Reine Blanche (31/08/2022)
4.38/5   8 notes
Résumé :
Dans ces 21 textes, la grande nouvelliste espagnole s’interroge sur la violence contre les femmes sous toutes ses formes : physique, psychologique, morale, judiciaire, sociale. Sa plume directe et franche - teintée toutefois de l’humour et de l’ironie qui la caractérisent - évoque la brutalité, la jalousie et le despotisme, brosse le portrait de femmes victimes des hommes, parfois aussi d’elles-mêmes, fait le procès d’une société leur offrant peu d’horizons et conda... >Voir plus
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« Naufragées » est un recueil de 21 nouvelles qui ont pour sujet commun les violences faites aux femmes, dans toutes les classes de la société espagnole de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème. Cette violence prend toutes les formes, physique, verbale, psychologique, sociale, et s'exerce en toute impunité ou presque, sans remords ni sentiment de culpabilité. Après tout, si l'homme s'énerve, c'est parce que la femme a forcément commis une erreur quelque part, non ?

A travers ces portraits de femmes victimes et soumises à la brutalité, la jalousie et la bêtise des hommes, l'auteure a voulu dénoncer la société patriarcale et conservatrice dans son ensemble, qui n'accorde aucune place ni liberté aux femmes et les considère à peine comme des êtres humains.

Le droit des femmes a toujours été le cheval de bataille d'Emilia Pardo Bazán (1851-1921), qui n'a jamais cessé de dénoncer leur triste condition à son époque, et d'y sensibiliser ses contemporains. Pionnière de la cause des femmes, elle a cherché, par ses chroniques publiées dans les journaux et par ses nouvelles, à convaincre les hommes de respecter les femmes, et les femmes de faire valoir leurs droits.

Les textes de ce recueil racontent des histoires très dures, dans lesquelles l'espoir d'émancipation est absent, à peine imaginable. Ils se lisent très vite, tant l'écriture est fluide et va droit au but. Avec une plume trempée une encre teintée d'ironie et de lucidité, Emilia Pardo Bazán a le don de la chute brutale et du texte percutant, qui veut marquer les esprits.

Et (malheureusement) ce « Naufragées » est un recueil décidément bien moderne et universel puisque, un siècle et quelque plus tard, le combat pour le droit des femmes n'est toujours pas gagné.

PS : ce livre n'est pas seulement un texte beau et fort, c'est aussi un bel objet, joliment et finement illustré par Anne Buguet.

En partenariat avec les Editions La Reine Blanche via une opération Masse Critique de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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La maison d'édition de la Reine Blanche est spécialisée dans l'édition de nouvelles et récits courts, avec une démarche très soignée que ce soit sur le plan du contexte intellectuel que de l'esthétique.
Privilégiant la traduction d'auteurs et autrices de premier plan mais méconnus en France, l'éditeur fait intervenir en préface des universitaires qui permettent au lecteur d'entrer dans une meilleure intelligence de l'oeuvre.

Sur le plan esthétique, l'objet livre est élégant, compact, valorisé par un ensemble d'illustrations exclusives commandées par l'éditeur à un illustrateur ou artiste inspiré par l'oeuvre. Une démarche très originale et pleine de sens qui offre au lecteur une expérience de lecture intense et originale.
Il faut donc saluer avant de commencer cette critique des Naufragées, ce travail editorial remarquable et courageux qui allie l'exigence intellectuelle à celle de l'esthétique et du plaisir de la lecture.

Durant sa longue carrière littéraire, Emilia Pardo Bazan a publié des centaines de nouvelles et récits courts, notamment dans la presse qui lui permettait de toucher un large public. Les Éditions de la Reine Blanche en ont déjà publié un recueil sur le thème de l'amour. Cette sélection de 21 nouvelles présentées chronologiquement de 1883 à 1915, souvent très courtes, présente de destins de femmes brisés par l'oppression sociale et patriarcale. D'où le titre du recueil, Naufragées, qui reprend celui d'un des textes. Il m'est venu à l'esprit en lisant le titre de Dostoïevski, décliné au féminin, Humiliées et offensées, qui aurait pu convenir également.

L'efficacité de la plume de la grande autrice espagnole s'exprime pleinement dans ces récit minimallstes, coupants comme des couteaux. Tout y est cruel et impitoyable, simple reflet de la violence absurde qui brise le destin de ces innocentes. Comme Dostoïevski, la comtesse de Pardo Bazan s'inspirait beaucoup de la lecture de la presse et des faits divers. On en trouve la trace brutale dans ces récit qui reflètent une réalité qui dépasse souvent l'imagination.

A mon sens il faut lire ce livre par petit pas, car chaque récit porte un impact dans l'imagination du lecteur, d'autant plus vif que la lecture est brève. Les registres littéraires explorent toutes les pistes, de la farce, satire sociale, au point de vue naturaliste, en passant par le conte et le symbolisme.
Les thèmes ne sont pas joyeux : violence conjugale et familiale, maladie psychique, humiliation de classe, violences liées à la guerre, déclassement et prostitution... renvoient au pouvoir absolu de l'homme qui s'exerce sur la femme que ce soit dans le cadre privé ou social.

La seule lueur d'espoir subsiste dans certains récits par la solidarité qui s'exprime, entre ces femmes naufragées bien sûr mais aussi parfois de la part des hommes qui peuvent être un soutien. A lire et relire, à faire lire et à offrir pour encourager le travail courageux de l'éditeur. Merci à Babelio et aux éditions de la Reine Blanche pour cette découverte par le biais de la Masse critique.
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Lecture coup de coeur, lecture coup de poing

Naufragées est un recueil de 21 nouvelles très courtes, 8 à 10 pages chacune.
Pourtant, chaque récit est d'une puissance inouïe.

Ce recueil dépeint la condition des femmes de 21 manières différentes. L'autrice parle de violences domestiques, de féminicide, de suicide, de pauvreté, de classes sociales...
Beaucoup de thématiques y sont abordées avec beaucoup de justesse, de lucidité et de psychologie, et c'est toute la force de la plume d'Emilia Pardo Bazán.

C'est un écrit très universel, au sens où le témoignage que livre l'autrice aurait tout à fait pu être écrit aujourd'hui. Je l'ai trouvé très moderne, et même dans une certaine mesure, plutôt intersectionnel, puisqu'il met en scène des femmes de différentes classes sociales, ethnies (on comprend par exemple que la protagoniste des Oeufs pochetronnés est noire), de différents âges etc.

Chaque nouvelle se clôt sur une chute souvent surprenante et brutale, qui nous laisse un peu bouche bée, en proie à toute une série et de réflexions sur la vie de ces femmes (sur nos vies ?)

Enfin, l'objet livre est très beau. le choix du papier, des illustrations, les petites notes de bas de page... Tout est extrêmement bien pensé.

Merci à Babelio et aux éditions La reine blanche pour la découverte de cet ouvrage dont la lecture m'a assurément marquée. Je le conserve précieusement dans ma bibliothèque et compte bien le prêter, le recommander et le relire !
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Naufragées (2022) est une compilation de 21 nouvelles autour de femmes-victimes, dans un format très mignon et soigné des Éditions la Reine Blanche avec de belles illustrations d‘Anne Buguet. le choix des textes est probablement celui de l'auteure de la préface, Mme Dolores Thion Soriano-Mollá, car dans la bibliographie espagnole de Pardo Bazán, ce recueil n'apparait pas, c'est donc une nouveauté en amont des Pyrénées…

Les 21 nouvelles sont toutes excellentes et je serais incapable d'en choisir la meilleure. L'auteure touche tous les milieux avec des sujets très différents. On sait que Mme Pardo Bazán s'inspirait beaucoup des faits divers de son temps.

Les nouvelles sont très bien écrites et assez souvent la chute surprend; autre point remarquable est la modernité du discours, tellement moderne que je frémis devant l'idée de l'accueil qui a dû lui être rendu de son vivant, au sein d'une société franchement machiste.

Parmi les 21 récits, 9 ont trait à la maltraitance, 6 à la tristesse, 2 à l'adultère, 2 à la violence, puis 1 cas de folie et seulement 1 nouvelle où il y a un sentiment de générosité envers une pauvre femme.

Le récit N° 20 s'intitule Naufragées et va donner le titre au recueil : c'est une mère et sa fille qui arrivent à Madrid à la recherche d'un travail, car le père, pharmacien, les a ruinés; elles ont dû tout vendre pour pouvoir payer les dettes. Elles s'imaginent qu'avec leur éducation et leur prestance, elles pourront dénicher un emploi…

Le déguisement est le récit N°19, le seul récit où il y a une ébauche de bonheur : une femme très modeste donne des leçons de piano chez la marquise d'Insula à sa fille. Un jour, la marquise lui offre deux places pour l'opéra. Mais elle est si pauvre que ni elle ni son mari ont les vêtements adéquats. Alors la marquise les vêt de pieds en cape et les envoie en calèche à l'Opéra.

Bien que vivant au milieu du XIXè siècle, la comtesse de Pardo Bazán, malgré son pedigree, a su voir et apercevoir avec tellement de justesse beaucoup de situations par rapport à la femme; c'est vraiment une pionnière pour les droits féminins.

C'est toujours un plaisir très frais de la lire 150 ans plus tard.
Merci à Babelio et aux Éditions la Reine Blanche pour cette belle parenthèse littéraire.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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naufragéesEmilia Pardo Bazántous les livres sur Babelio.com

Gagnante d'un livre de Masse critique de septembre, et fervente lectrice des auteurs espagnols, j'ai donc pris un double plaisir à découvrir ce recueil de nouvelles d'Emilia Pardo Bazan. Deuxième recueil publié aux éditions La Reine Blanche qui nous offrent là un bel ouvrage fort bien illustré.
Autrice peu connue en France, la comtesse Pardo Bazan gagnerait à être plus connue. Ce recueil est plaisant à lire, collectant 21 nouvelles de l'écrivaine de la fin du XIX ème siècle. Si les thèmes mis en valeur dans ces nouvelles sont différents, c'est à Maupassant et ses nouvelles que m'a fait penser ce recueil. Auteurs contemporains l'un de l'autre, on y retrouve donc un peu la même ambiance, celle d'un certain réalisme et naturalisme de l'époque.
Mais c'est un avant tout un hymne au féminisme que nous livre là l'autrice. Vingt-et-une nouvelles et autant de manières de nous décrire la condition de la femme à la fin du 19 ème siècle et au début du 20 ème. Très en avance sur son époque, Emilia Pardo Bazàn décrit pleinement sa volonté de mettre en avant le féminisme . La modernité de son écriture et le désir d'améliorer la condition et la vision de la femme en font la première grande femme espagnole qui prend une place importante dans la littérature espagnole.
Recueil fort bien réussi quant à l'objectif de nous faire découvrir cet écrivaine espagnole.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Enfin, il existait chez elle - et ça, même ses défenseurs les plus fervents ne pouvaient le nier - un passé, un secret, une chose "qui avait eu lieu", de la cendre encore fumante déposée au fond du volcan de son cœur. Aucune supposition gratuite, aucun roman fantastique : la femme du général portait sur elle le signe, la cicatrice de ce passé, une cicatrice indélébile, révélatrice. En effet, au milieu de ses cheveux d'un noir de jais, abondants et ondulés, qu'elle relevait sur le haut de sa tête en un chignon simple, la femme du général arborait, juste à côté de sa tempe gauche, une mèche d'un blanc de nacre.
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