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sur 293 notes
Yorkshire, décembre 1974. L'autoradio diffuse un bulletin d'information de la BBC Radio 2. Le prix de l'essence augmente, l'IRA annonce une trêve pour les fêtes, l'équipe de Leeds United a été tenue en échec par les Magpies, Clare Kemplay, âgée de dix ans, a disparu. Edward Dunford, journaliste au Yorkshire Post, un quotidien régional, est chargé de couvrir l'affaire pour son journal. Il espère que ce fait divers sera assez glauque et retentissant pour obtenir une audience nationale. Cela lui permettrait de gagner en notoriété et de supplanter son rival au sein de la rédaction. Pour ce faire, il cherche un lien entre les disparitions d'enfants survenues ces dernières années dans le Comté. Les résultats de son enquête vont dépasser ses espérances.

De l'aveu même du superintendant en chef de Leeds, "C'est une putain d'époque violente." Ce roman très sombre emprunte largement au registre du thriller puisque la base de l'intrigue est une affaire d'enfants torturés, violés et assassinés. Toute la perversité de ces crimes vous sera rendue à la lecture du rapport d'autopsie. Mais outre ces passages sanguinolents, David Peace dépeint un tableau critique de la société anglaise. Les policiers sont racistes et brutaux, les responsables politiques lubriques et corrompus, les chefs d'entreprises prêts à tout pour gagner un maximum "de cette saloperie d'argent", les journalistes avides de sensationnalisme et bonimenteurs... En résumé : "tous pourris" et "on nous ment". Même Edward Dunford, notre narrateur en quête de vérité et de justice, ne parvient pas à gagner notre sympathie. Doté d'une personnalité complexe et d'une morale ambigüe, il va plonger dans un paroxysme de violence et de folie.

Comme souvent chez les romanciers anglais, la musique est omniprésente dans le roman : chansons fredonnées, tubes diffusés à la radio , poster de vedettes. Il y a aussi de nombreuses références aux émissions de télévision et au football.

Outre cet univers très sombre, David Peace se distingue par son style dépouillé qui donne un rythme tendu et nerveux au récit. Nous suivons les flux de conscience d'un esprit en pleine tourmente. Les souvenirs, angoisses, fantasmes ou réflexions s'entremêlent dans le texte. Les descriptions sont rares, les personnages sont désignés par leurs surnoms et les dialogues incisifs sont servis de manière abrupte. Le flux est si rapide qu'il en devient haletant et - avouons-le - parfois confus. Cela exige de la concentration et des retours en arrière. Je reconnais les qualités du roman et le talent de l'auteur, néanmoins, je n'ai pas été totalement convaincu par cette lecture. Mais cette intrigue t nébuleuse doit peut-être être considérée comme secondaire. Le vrai coeur du roman ne serait autre que la transe qui saisit le narrateur et le lecteur ad nauseam.
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Qui peut être sauvé dans ce roman noir ? Personne. Qui se sauve ? Personne. Il s'agit juste d'une longue plainte qui parcourt le Yorkshire : celle du vent, de la pluie, de la nuit, des ombres et des fantômes. le fantôme des vivants et des morts. le Père Noël trimballe dans sa hotte des jouets infernaux... Edward Dunford, sans âge, sans visage, grossier, amer, journaliste fourbissant ses armes aux crimes odieux, aux mensonges, à la corruption et l'âme noire de ses cauchemars. Tout au long du livre, on le voit traîner sa carcasse dans une folle course à la vérité. Où est-elle ? Y-croit-il encore ? La vérité et la justice. Jusqu'au bout il ira les chercher, l'une et l'autre. Sa vérité et sa justice dans l'univers maussade, crapoteux et médiocre des environs de Leeds. Jusqu'à l'ultime.
Cela pourrait faire trop tellement ils sont ou semblent tous moches, méchants, odieux... mais non, rien n'est en trop dans cette ossature de livre ou chaque mot, chaque phrase est un squelette. Tout le superflu a été gommé. Un récit compassionnel sans rédemption. Cette chère rédemption qui irrigue les livres de James Ellroy n'existe pas dans celui-ci. L'étoile noire aspire tout.
Ellroy car on ne peut que faire le parallèle par le lyrisme, la noirceur, l'agitation qui anime ce livre.
L'écriture syncopée, ces mots, ces phrases hachées, écorchées, il faut l'intégrer, il faut s'y faire et après....
Le cadre sociologique, historique et politique du roman noir (quand il est réussi) est ce qui m'attire le plus dans cet genre littéraire, beaucoup plus que l'intrigue policière. Et c'est l'essence même de cette littérature ; David Peace n'échappe pas à cette règle, il le dit d'ailleurs, écrire un roman noir en évacuant le fond politique, sociologique, historique et philosophique de l'histoire n'aurait aucun intérêt et serait pour lui indécent. Il n'est pas le seul à le penser. La réflexion humaine, la densité tragique interpelle sans cesse. La projection du quotidien et la vérité contemporaine du roman noir ne peut que nous questionner (bien sûr si on aime ce genre).
Dans le roman noir (qu'il soit sage ou qu'il soit outrancier) l'humain est au centre de tout. Dans sa grandeur, son abjection, son rayonnement, sa couleur terne ou son flamboiement, sa joie et sa douleur.
Edward Dunford est humain, trop humain jusqu'à l'entêtement et David Peace lui écrit un requiem.
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Je suis tombé sur 1983, il était dans ma pal. Et puis je me suis aperçu qu'il faisait partie d'une saga de quatre tomes. J'ai donc commencé par le premier 1974, pour me plonger dans l'atmosphère.

Et bien, disons que pour une plongée, c'est une plongée en eau profonde, froide et déstabilisante.
Je suis à la fois admirative et outrée. Ce n'est plus un métier d'être journaliste, c'est un combat… Contre le pouvoir, l'argent et la monstruosité… Mon Dieu quelle horreur !

Je suis impatiente de lire la suite et à la fois effrayée d'en savoir plus…

Extrait :

Le public britannique a la vérité qu'il mérite.
Et j'avais eu la mienne. 

Bonne lecture !
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Pas vraiment Peace & Love 1974

Désirant découvrir « 1980 » de David Peace , je me suis retrouvé en médiathèque avec les quatre ouvrages devant moi de 1974 à 1983, en passant par 77 et donc 80. Mince alors ! Après une courte réflexion, j'embarque dans mes valises le premier de la série du « Red Riding Quartet » de David Peace pour faire sens. Et puis, objectivement, 1974 reste une année à ne pas manquer… pour moi !

Direction Leeds en Grande-Bretagne peu avant Noel…

A Morley, une petite fille, Clare Kemplay, disparait à la sortie de l'école sans laisser de trace. Nouveau reporter criminel à l'Evening Post, Edward Dunford suit cette affaire pour son journal avec fébrilité sachant qu'il vient de perdre son père et qu'il va assister à son incinération dans la journée. L'excitation d'une vie professionnelle, qui démarre tout juste sans crier gare, se télescope littéralement avec le drame familial que vit sa mère et lui-même au même moment.
En fouillant quelque peu, Edward Dunford, correspondant pour les affaires criminelles dans le Nord, comme David Peace le répète deux fois par page, retrouve la trace de deux autres disparitions de jeunes filles Jeanette et Susan disparues respectivement en 1969 et 1972 dans la région.

A partir de ces éléments, Dunford va mettre le doigt sur des histoires et des documents qu'il n'aurait pas dû déterrer. Empêtré jusqu'au cou, comment va-t-il pouvoir se sortir de ces affaires sordides ? A vous de le découvrir…

Dès la première page du roman, l'auteur vous assomme avec son style très personnel et plutôt déconcertant. Dunford reste le narrateur du livre mais celui-ci interpelle, tantôt le lecteur à la première personne, tantôt à la troisième. En outre, il raconte son histoire sans utiliser de verbes dans des phrases plutôt courtes et utilise énormément de répétitions qui vous rentrent dans le crane de gré ou de force. Sans oublier que le ressenti et les pensées de Dunford sont systématiquement retranscrites en italique dans un vocabulaire souvent des plus fleuris. Ames chastes s'abstenir !

Personnellement, ce roman anglais m'a procuré une double réaction à la fois attractive et répulsive plutôt troublante. Pour le côté négatif, j'ai trouvé ce style usant à la longue et pas forcément distillé à bon escient comme en sont capables Don Winslow ou Marc Behm, dans ce genre de style haché, brutal et grossier. Néanmoins, j'admets que le personnage de Dunford devient véritablement, sous la plume de Peace, une sorte de créature noire, alcoolique et sans limite dans le seul but de découvrir la vérité quoi qui lui en coute. Un vrai danger pour lui-même et par conséquent pour les autres !

Pour un premier essai, je n'ai pas été totalement subjugué par ce roman trop complexe à suivre de bout en bout contrairement à des Robin Cook ou Steg Larsson dans le même genre. Néanmoins, je pense qu'il faut creuser le cas David Peace avec 1977 et 1980 car cet auteur possède un talent indéniable. Et puis, avec la fin que propose l'auteur, j'ai plutôt envie de connaitre la destinée du héros jusqu'au boutiste Edward Dunford après cet épisode.

Pour terminer, un moyen mnémotechnique infaillible pour se rappeler de cette série et de son style :
74,
Un meurtre,
Une cuite sévère,
Peace un bon coup,
et attend trois ans avant le prochain meurtre…
77...
80...
83.
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J'ai commandé à la fille du pub, une rousse pulpeuse, une pinte de Guinness. Elle était belle, la Guinness. La fille aussi, certes. Mais mon plaisir fut de déguster goulûment cette bière sombre et fraiche. Et sans m'en rendre compte, mon verre fut vide et j'avais encore soif. J'en ai redemandé une autre, avec le sourire de la serveuse. La vue de ce verre vide m'est difficilement acceptable. Une vision abominable presque autant que ces disparitions de fillettes. Ces gamines oubliées de tous, surtout de la police du Yorkshire. 1974, une autre époque, le début de l'ère des serial-killers. Leeds United remet en jeu son titre de champion, Eric Cantona n'est pas encore The King. Des flics qui se retrouvent dans des bars autour de plusieurs pintes de bière, des journalistes qui se retrouvent dans des bars autour de plusieurs pintes de bière, des journalistes qui rencontrent des flics, des flics qui tabassent des journalistes… Voilà l'univers de ce roman de David Peace, « 1974 ».

1974 se veut être le premier tome d'une grande tétralogie sur le Yorkshire. A l'instar de son collègue d'outre-Atlantique, James Ellroy avec son L.A., David Peace propose de rentrer dans l'univers du Yorkshire, un univers sombre et glauque, une peinture de l'Angleterre des seventies où les radios diffusaient David Bowie, Elton John ou Rod Stewart

J'adore le trash, j'adore le sang, le sexe, la sueur et les fluides corporels. Une vulgarité dans les mots de David Peace ? Juste un défouloir psychique pour poser ses frustrations sur une page blanche… Juste une littérature crue, sans fioriture ni ménagement. du sang et du sexe consentant, de la pisse et du sexe non consentant, des fantasmes et du dégoût : tout est fait pour engendrer le malaise. Mais moi, insensible aux haut-le coeur, j'adore cette écriture, me donnant l'envie de suivre de nouveau David Peace dans ses délires noires. Par contre, je ne partage qu'un avis fort mitigé sur « 1974 » où je me suis perdu dans les méandres d'une histoire trop souvent confuse. La corruption est partout, la paranoïa aussi, difficile de s'identifier à Edward Dunford, correspondant pour les affaires criminelles dans le Nord. J'ai senti cette incompréhension dès les premières pages, mais l'envie de découvrir la fin ultime fut suffisamment forte pour achever ces presque 400 pages. Cela dit, l'expérience ne sera pas renouveler de si tôt. « 1974 » est le début d'une tétralogie, pas sûr que je le suive pour un second épisode avec « 1977 ».

Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Un journaliste débutant creuse une affaire de meurtre d'une jeune fille et, de fils en aiguilles, déterre quelque chose de plus imposant et de plus sordide encore, comme si cela était possible. Cette enquête journalistique est finalement prétexte à illustrer une malfaisante connivence entre hommes d'affaires, dirigeants de la presse et policiers corrompus. L'écriture est à prime abord déroutante, à l'emporte-pièce, un peu décousue, avec un constant sentiment d'urgence. La narration est celle du jeune reporter et c'est comme si ses connaissances n'avaient pas besoin de présentation, comme si nous devions les connaître d'avance. Mais une fois cette difficulté surmontée, l'histoire nous happe . C'est noir et violent à souhait. C'est un début de tétralogie qui donne envie de la poursuivre !
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Je viens de refermer ce bouquin et j'en reste comme "deux ronds de flan" comme on dit.

J'ai voulu aller jusqu'au bout de cette lecture,

Je me suis perdue en chemin, tellement c'est confus,

Trop complexe pour moi sans doute,

Ai essayé de me focaliser sur deux ou trois personnages, mais il y en avait tant, beaucoup de recoupements que je n'ai pas saisi,

En bref, incompréhensible pour mon petit cerveau,

Tout ces moments d'intense violence,
Ces instants suspendus de folie, de paranoïa ?

Ai retenu le Superintendant Oldman , super ordure...

Le passage horrible sur l'élimination d'un camp de Rom,

Et les meurtres des petites filles ,

Décidément, j'ai dû ne rien comprendre à cette histoire
vraiment trop complexe.

J'attendais la fin pour comprendre peut être ? ou pas ?

Si quelqu'un peut m'expliquer ?

En fait , non 1974 restera un chiffre non élucidé et je ne sais pas si je relirais cet auteur.

Au suivant.
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Le choix de Jérôme pour Collectif Polar
L'un des grands du roman noir actuel. David a entamé son oeuvre part un quartet coup de poing, The red riding quartet. Une série autour de l'étrangleur du Yorkshire qui, d'entrée, a tout bousculé.
La forme, le style, le fond, fracasse tout. le lecteur est bousculé, étouffé, essoufflé, comme les personnages. Pas le temps de respirer, la narration emprunte différentes voies, utilise différentes formes, le style ne cherche pas à nous épargner, à nous mettre à l'aise. Peace ose tout et c'est pour moi, l'un des auteurs les plus marquants de ma vie de lecteur. Il a renouvelé un genre, l'a explosé, pour le remodeler, l'amener à lui. Un auteur inclassable, d'une grande noirceur incontestablement, d'un talent fou.
A ne pas mettre entre toute les mains mais qu'il faut lire (quoi, je me contredis ?) !
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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David Peace... Des années que mon prof mentor, expert en polar, m'en avait parlé, alors que je passais mes journées et nuits à pondre mon mémoire sur Ellroy, Dantec et Jonquet. Il me l'avait décrit comme l'Ellroy british, très noir, transbahuté dans le Yorkshire et l'Angleterre de la Thatcher, avec un auteur aussi tourmenté que le Dog de L.A.

Les critiques de Babelio allaient dans le même sens... Et l'auteur ne faisait pas l'unanimité. J'y ai enfin goûté. Et j'ai halluciné. James Ellroy, parfois insoutenable, à l'univers sans foi ni loi... est en réalité un enfant de choeur à côté de David Peace!! Vous lisez bien!! Chez Ellroy, il y a au moins une glamorisation de la chose, un romantisme, le soleil d'Hollywood, qui occultent les horreurs des coulisses, ainsi que des flics sur la voie de la rédemption grâce à une femme souvent déïfiée.

Peace, c'est : pluie, nuit, ténèbres, zéro lumière, zéro espoir, gore ellroyien démultiplié (avec en plus des enfants concernés dans 1974, comble de l'horreur), jusqu'au scatologique, style ultra sec, pire que celui de White Jazz d'Ellroy. Ce dernier roman s'essayait à un exercice de stream-of-consciousness version roman noir des plus admirables, où Ellroy jouait avec le rythme des mots saccadés du narrateur. Peace fait un peu la même chose, mais en plus difficile à lire, sans jeux rythmiques, parfois dans l'ellipse, faisant revenir en leitmotiv certaines phrases/pensées hantant son personnage... et le faisant tomber dans des névroses abyssales, qui là encore, font passer les flics d'Ellroy pour des modèles d'équilibre. Les scènes de sexe d'Edward Dunford sont peut-être les plus dérangeantes que j'ai jamais lues!! On a peu de sympathie pour lui en général, et son esprit sombre à un point où on en vient à le soupçonner d'être à l'origine des horreurs du roman... le texte joue fort bien avec cette ambiguité.

C'est du très bon polar, très sombre, qui ressemble beaucoup à Ellroy mais en enfonçant l'interrupteur de la violence, du sexe et de la corruption omniprésente à un maximum insoutenable même pour les habitués. Après, ça garde une grandiloquence, un folklore, une folie... C'est pas déprimant quoi, ça reste bel et bien du roman noir.

Ce qui m'a fait enlever une étoile : le style sec, haché, elliptique, à l'excès, qui requiert un temps d'adaptation et un maximum de concentration. On oublie parfois l'origine de certaines phrases récurrentes obsédant le perso, et un minimum de mots peut contenir beaucoup d'informations qui peuvent nous échapper si on est distrait. Et puis, avec une telle écriture, à l'image de ce Yorkshire boueux où la pluie ne s'arrête jamais, on reste sur notre faim sur le plan littéraire... Ellroy, par les touches de lumière qu'il apporte, est plus poétique, et ne parlons pas de ses épanchements pour les femmes. Point de place pour tout cela ici. Cul, caca, pisse, sang, chatte, enfants sous les pires sévices, sous la pluie, dans la boue, dans la nuit permanente... Ça plaît toujours, en amateur du genre, mais la beauté finit par un peu nous manquer. Peace n'est pas Céline ou Bukowski... ni Ellroy, sur ce point spécifique, sa noirceur absolue n'atteint guère un sublime littéraire, on a plutôt quelque chose de froid, malgré certains effets de boucle et d'accumulations, d'enchaînements de phrases nominales et de mots. Mais il peut y avoir du burlesque, à de rares moments, avec l'arrivée du scatologique (ou alors c'est moi, le pipi/caca me fera toujours rire...). Dunford, comme dit plus haut, ne suscitait pas non plus la plus grande empathie chez le lecteur. J'attends de tomber, dans les prochains tomes, sur un équivalent de Danny Upshaw ou d'Ed Exley.

Je dois souligner des scènes HALLUCINANTES dans 1974 : la baston flics/gitans sur le bord de l'autoroute, et tout le final complètement fou et frénétique, en particulier "l'interrogatoire" subi par Dunford, et l'exploration souterraine. Magistral. On sent le fan d'Ellroy, qui a réussi à parfois capturer son intensité. J'ai vraiment hâte de lire les autres tomes, avec d'autres persos, toujours dans l'horreur, au fil de l'évolution politico-sociale de ce Yorkshire torrentiel, Los Angeles d'Ellroy où la lumière s'est éteinte, bien loin des villages et des masures cosy d'Agatha Christie dans le Devon!! Si ce Red Riding Quartet suit la même envolée épique, toujours plus grandiose, que le Quatuor de L.A. d'Ellroy, I'm in for one hell of a ride...

Tel le pédophile du roman, je ne peux que signer, après une telle lecture : "4 luv."

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Si on devait coller une chanson sur ce roman, ce ne serait sûrement pas "Love is in the air" de Paul Young ou "All you need is love" des Beatles, mais bien "Paint it black" et "Sympathy for the devil" des Rolling Stones parce qu'on ne nage pas vraiment dans l'allégresse et les Bisounours !

Oui, qui dit roman noir anglais dit aussi chanteurs anglais. Of course. Restons dans le ton.

Edward Dunford est un jeune journaliste et pour être plus précise, c'est LE nouveau reporter criminel à l'Evening Post, dans la région de Leeds.

Débutant, pas encore au fait de tout ce qui s'est passé dans cette région, pas toujours très futé, un peu borné, mal poli, bref, le genre de personnage pour qui je n'ai eu aucune sympathie.

Quand je vous disait qu'on était dans du sombre, je ne plaisantais pas. d'entrée de jeu, on commence fort : la jeune Clare Kemplay vient de disparaître sur le chemin de l'école. Son cadavre sera retrouvé dans une tranchée sur un chantier. Avant elle, il y a eu Jeanette Garland et Susan Ridyard en 1969 et en 1972.

Ceci est un roman noir, le premier de la quadrilogie "Red Riding Quartet".

Pendant ses petites investigations, Edward va déterrer des choses qui auraient mieux fait de rester enterrées car certaines personnes n'aiment pas que l'on vienne fourrer son nez de journaleux dans leurs petites magouilles en tout genre.

Ceci devait être un grand moment de lecture et le résultat est que je suis mitigée.

J'ai aimé le portrait au vitriol de cette Angleterre raciste au possible, de ces flics corrompus jusqu'à la moelle et qui utilisent des méthodes ressemblant plus à de la torture qu'à des interrogatoires en présence de votre avocat.

La scène de l'attaque du camp des gitans par des flics est horrible à souhait et on en tremble de dégoût devant cette injustice et cette violence gratuite dont font preuve les flics véreux. À ce niveau là, on est gâté.

Ce qui m'a déplu dans ce roman, c'est le style littéraire constitué de phrases très courtes qui donne l'impression d'un texte décousu dû à cette brièveté, sans parler des dialogues qui sont dépouillé de tout.

Aucun détail dans ce que font les personnages durant leur conversation, c'est nu, c'est chiant, on perd le fil de « qui parle » et j'ai détesté le fait qu'Edward, narrateur, nous balance des multitudes de "je dis :" avant sa réponse.

De plus, Edward est un couillon, il n'a rien dans les tripes, il se fait tabasser sans rendre un seul coup (enfin, presque) et il est d'une vulgarité et d'une violence dans ses paroles… Je l'ai détesté.

Entre nous, si j'avais eu 5 cents à chaque fois qu'il a prononcé le mot de Cambronne, je serais en train de vous écrire d'une villa aux Maldives !

Tout ça mis ensemble durant presque 400 pages, et bien, c'est usant et épuisant. L'auteur aurait dû les utiliser à bon escient. Et je ne vous parle même pas des incessants rappel de son père, décédé en début de roman, avec les 36.000 "la montre de mon père".

Quant au final, il est "trop"… trop de sang, trop de gore, trop de tabassages, trop d'horreur, le cortège est tellement "trop" que je l'ai lu comme dans un état second, la tête déjà ailleurs. C'est violent ad nauseam.

Un roman noir à la fois répulsif et attractif puisque je n'ai pas stoppé ma lecture.

Malgré cet avis en demi-teinte (ou demi-pinte), je poursuivrai ma tétralogie parce que, hormis ce style d'écriture merdique, le reste était sombre à souhait. Un vrai noir de chez noir.

Edward Dunford… J'espère ne plus suivre ce personnage étrange, mal dans sa peau, qui est devenu une créature fort sombre sur la fin, comme s'il avait tout peint en noir…

♫ I wanna see it painted black, painted black
♪ Black as night, black as coal ♪
♪ I wanna see the sun, blotted out from the sky ♫
♫ I wanna see it painted, painted, painted, painted black ♪

♪ Pleased to meet you hope you guess my name. Oh yeah ♪
♪ Ah what's puzzling you is the nature of my game. Oh yeah ♫
Lien : https://thecanniballecteur.w..
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