Merci à Babelio et aux éditions Perrin pour cette lecture de la biographie du général Salan.
Salan, genéral en chef en Indochine et en Algérie, puis chef de l'OAS, est un personnage controversé, aussi bien pour ses partisans que pour ses adversaires.
Dans cette biographie, on sent bien bien que l'auteur a de la sympathie pour Salan. Les témoignages, de la famille ou de ses compagnons d'arme, le valorisent mais il ne s'agit pas d'une hagiographie; les zones d'ombre du personnage, l'opium ou son appartenance à la franc-maçonnerie sont évoquée. L'auteur insiste beaucoup sur son caractère secret, ses réticences à révéler sa pensée, qui lui ont valu de nombreux déboires et l'incompréhension de ses compagnons de combat.
Évidemment l'auteur insiste sur les périodes clés de sa vie, la seconde guerre mondiale, l'Indochine et la guerre d'Algérie, jusqu'aux extrémités de l'OAS.
Cela conduit à négliger certaines parties, l'enfance et ses études, expédiées en une dizaine de pages, son expérience de jeune officier, ou la fin de sa vie. Pourtant, j'aurai apprécié plus d'approfondissement sur sa fascination pour l'Indochine. Et je regrette aussi que ne soient pas abordés les enjeux de l'amnistie des généraux putschistes par
De Gaulle, puis de leur grâce par Mitterand.
Pour l'Indochine, l'accent est mis sur la fascination qu'a exercé
de Lattre sur Salan et sur sa gestion du retrait de d'Indochine, après Dien Bien Phuh, qui lui vaudra la réputation infondée de bradeur de l'Indochine. On voit le rôle politique que les généraux ont du assumeŕ en plus de leur mission militaire, en raison du désintérêt de la métropole pour ce conflit.
Un chapitre très intéressant rapporte les confidences qu'Ho Chi Minh lui a faites lors du voyage qui le menait à la conférence de Fontainebleau; les deux futurs adversaires développent une certaine amitié.
Pour Salan, l'Algerie est une occasion de se débarrasser de sa réputation. D'abord mal accepté par les extrémistes Algérie françaises, jusqu'à une tentative d'assassinat (l'affaire du bazooka), il devient populaire a l'occasion du 13 mai 1958. Floué puis mis de côté par
De Gaulle, il participe au putsch d'avril 1958. L'auteur montre l'impréparation et la division de ses auteurs, ce qui ne pouvait aboutir qu'à un échec. Ainsi, Salan était à Madrid lors du déclenchement et sa venue a Alger n'était pas vraiment désirée.
L'OAS est le baroud d'honneur du général. On le voit manipulé au début, puis ne maîtrisant pas vraiment l'organisation, sombrant dans un terrorisme qu'il récusait au départ.
On peut regretter d'énormes erreurs dues à une mauvaise relecture. Ainsi, dans le même paragraphe, il est marqué deux fois de suite que le général Salan est mort en 1974, alors qu'il est mort en 1984.