Les yeux, demain, pourront toujours profiter de la splendeur des orchidées
Dans son introduction, « Par-delà la superbe des grands arbres abattus par la tempête… » –
Benjamin Péret et la Commune noire des Palmares, Robert Ponge explique comment et pourquoi l'auteur choisit d'écrire sur les Palmares. Il présente aussi le parcours de « Benjamin l'impossible », sa participation « au combat historique pour émanciper l'humanité de toutes les formes d'oppression et d'exploitation politiques et sociales », l'intérêt des surréalistes pour les cultures précolombiennes, les pouvoirs qui sommeillent chez les vaincus de l'histoire, la liberté dans la perspective des opprimé-e-s…
« L'existence des Palmares et l'héroïsme du combat des Noirs contestent les versions lénifiantes de l'histoire du Brésil, soulèvent des questions-clés : l'essence esclavagiste du passé brésilien, la violence de la domination des maîtres, la constante résistance des esclaves »
Robert Ponge parle de la révolte et de ses limites, la non mise en avant de l'« abolition de l'esclavage ». Comme pour
Benjamin Péret, sa vision du marxisme, de la « méthode matérialiste », reste réductrice. Ce qui me semble caractériser les esclaves en fuite n'est pas « leurs déficiences stratégiques », ce qui caractérise la « société marronne » n'est pas « le degré de développement des forces productives et des relations sociales », mais bien la « lutte des hommes pour leur liberté ». Les possibles inscrits dans cette lutte ne sauraient simplement se heurter « objectivement » aux conditions socio-économiques, mais bien plus aux expériences concrètes et cumulatives des dominé-e-s. Et ce que pouvait-être une « société libre » au XVIIème siècle ne peut être abordée avec des notions élaborées pour analyser le capitalisme et les rapports sociaux futurs. Il n'y a pas de « liberté » sans histoire, sans inscription historique et contextuelle…
Benjamin Péret aborde, entre autres, l'histoire, le désir de liberté, « l'histoire pourrait se limiter à l'étude des attentats contre cette liberté et aux efforts des opprimés pour secouer le joug qui leur a été imposé », la dialectique de la fin et des moyens, la traite négrière transatlantique, le marronnage, les incendies de plantations de cannes à sucre, la colonisation portugaise, les chasses à « l'homme noir », la zone de Palmares…
L'auteur propose un essai d'interprétation, parle des sources des « vainqueurs ». Il analyse l'imbrication de l'esclavage et des sociétés marronnes, les fuites des fazendas, les rapports dans la société de Palmares, la présence de Noirs et de Mulâtres mais aussi d'Indiens, les expéditions contre les fazendas, la capture et l'enlèvement de femmes (et les viols), les mélanges de pratiques religieuses catholiques et de pensées magiques, le sacré et l'interdiction de la sorcellerie, l'autodéfense, l'esclavage interne, les modifications des conditions de vie…
Benjamin Péret pose la question de l'anticipation possible de l'abolition de l'esclavage. Il indique que la société marronne des Palmares « représente un épisode de la lutte des hommes pour leur liberté », une grande espérance…
« Partout, la vie et la mort s'engendrent mutuellement et, par-delà la superbe des grands arbres abattus par la tempête, les yeux, demain, pourront toujours profiter de la splendeur des orchidées »
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