LES FRONDES, LE CARDINAL, LA REGENTE ET LE ROI
1648-1653 : cinq ans de guerres factieuses...un ennemi commun haï comme peu le furent durant l'histoire de France : le cardinal
Jules Mazarin (1602-1661) tenant de la pratique du pouvoir selon la philosophie chère à Richelieu, un homme souple, ondoyant, très marqué par la pratique diplomatique, si peu guerrier bien que physiquement, courageux supportée par la Régente, Anne d'Autriche à la fois (pour son malheur) femme (donc très peu respectée dans un milieu aristocratique très masculin), et (pour son bonheur) mère de Roi.
Contre vents et marées, ce binôme supportera les avanies, les humiliations, les retours de fortune, les abaissements, tiendra le coup et amènera le Roi à prendre possession de son royaume en tant que monarque absolu, réduisant à néant les espérances des uns et des autres.
Qui sont donc ces groupes engagés dans un conflit de cinq ans avec la Royauté, attaquant la Régence, pour l'amener à abandonner le ministériat-c'est à dire l'héritage de Richelieu- et déléguer une partie du pouvoir royal à des groupes constitués ?
Les Frondes se divisent en vieille Fronde-
la Fronde parlementaire, qui souhaite une monarchie tempérée par les appartenants à la Haute magistrature, tous à terme, membres de la noblesse de Robe- et
la Fronde des Princes, menée par le Grand Condé, hautain, arrogant, détestable qui rêve de devenir le plus grand féal de son époque, doté d'immenses possessions, richesses, ivre de gloire.
Le frère du roi
Louis XIII, oncle de
Louis XIV,
Gaston d'Orléans, navigue entre la Cour et les frondeurs princiers. Paris tient un rôle majeur dans cette lutte politique, un Paris travaillé par un génie de l'intrigue, aspirant au cardinalat, à la place de ministre en lieu et place de Mazarin,un activiste de haut vol, doté d'une extraordinaire intelligence tactique, dépourvu de hauteur de vue qui l'empêche de d'accéder à la grande destinée qu'il se souhaite, merveilleux pamphlétaire, fabuleux mémorialiste :
Jean François Paul de Gondi, cardinal de Retz.
Cet épisode de guerre civile se présente sous la forme d'un jeu où se pratique le deux contre un...
Les alliances se font et se défont, les intérêts s'entrecroisent, les Grands visent plus la recherche de gain qu'autre chose (argent, titre, préséance), les Maisons se haïssent (Vendôme contre Condé).
A ce jeu là, la Cour sortira gagnante.
Bien sûr, il y a de quoi faire une Histoire à la fois à la Dumas (la tentative d'assassinat sur la personne de de Retz par
De La Rochefoucauld est extraordinaire ; les mouvements de foules, les passions amoureuses, les rebondissements romanesques, épiques ne manquent pas) mais cet épisode particulièrement violent se fait au détriment des civils, méprisés, assommés par les taxes, soumis à la disette, voire à la famine, à la maladie et aux horreurs les plus cruelles-celles que la guerre engendre à tout coup.
Cette lutte entre Puissants finit par lasser le Pays épuisé qui souhaite la paix ce que la majorité royale lui apportera.
Michel Pernot qui connaît son sujet sur le bout de son doigt, conscient de la difficulté de rendre compréhensible les différents temps du soulèvement des élites (un embrouillamini assez consistant), survenant dans un contexte historique et social oublié, accomplit un travail remarquable. Il réussit à rendre les choses claires, simples, extrêmement lisibles et intéressantes à lire .
On y trouvera notamment à travers un chapitre dédié comment la pratique polémiste écrite atteint des sommets de moquerie qui vaudrait aujourd'hui au rédacteur l'opprobre publique et la poursuite en justice.
Un grand moment d'histoire événementielle, politique et littéraire.