Est-il vraiment bien raisonnable de profiter d'un petit week-end en amoureux pour se plonger dans une thèse de doctorat d'histoire d'un peu plus de six cent pages ?
Peut-être serait-il nécessaire de revenir sur les circonstances du drame, de restituer le contexte de l'affaire ...
Flâner quelques jours de juillet sur le port de Saint-Vaast, petit port de pêche du Val de Saire en Cotentin, s'attarder lors d'un bel après-midi au salon du livre de la Hougue et en revenir, quelques livres sous le bras, par la digue des épis en se promettant dès que possible une fraîche mais agréable baignade.
Voilà qui augurait d'un d'un week-end sans lecture ...
C'était sans compter sur ce livre d'
Annick Perrot, "
Saint-Vaast la Hougue et ses gens de mer, une société littorale du Cotentin au XVIIIème siècle" !
Une solide mais attrayante étude d'un sujet qui promet car la mer, s'associant à la terre, représente toute l'histoire de
Saint-Vaast la Hougue.
Merci, en tout cas, à Pierrot et à Elizabeth de m'avoir glissé l'ouvrage sous le bras entre deux trop courtes visites ...
Annick Perrot, dès l'ouverture de son ouvrage, en situe le propos et semble vouloir l'inscrire dans une historiographie maritime moderne et académique.
Et, c'est tout naturellement donc en universitaire avisée, qu'elle tente de se démarquer de quelques uns de ses prédécesseurs taxés maladroitement de pittoresque !
Pourtant elle cite de nombreux ouvrages sous l'auspice desquels elle vient placer le sien.
La liste bibliographique et celle des sources ajoutées sont impressionnantes.
L'étude d'
Annick Perrot est solidement charpentée, érudite et étayée, semble-t-il, par une longue et soigneuse recherche.
Elle est appuyée par de nombreux graphiques, une foule de schémas et de tableaux.
Le fameux camembert y fait même un fugitif retour.
L'ouvrage est assez peu illustré, par quelques cartes et rares reproductions d'anciennes peintures.
L'ensemble est donc assez austère, et la lecture doit se faire lente et attentionnée.
Nous ne sommes pas là dans un passionnant ouvrage du pittoresque receveur des douanes
Jules Leroux !
Mais le livre d'
Annick Perrot contient une foule d'enseignements et de détails d'histoire à l'intention de celui qui en fera une lecture soutenue.
Et son mérite principal, après avoir exhumé ces derniers de l'oubli, est de les avoir replacés et alignés dans un récit historique cohérent et captivant.
Ainsi on déambule au fil du temps dans la rue de Verrüe qui porte encore le nom de l'abbesse Marie-Anne Scaglia da Verrua qui joua un rôle important dans le développement de la ville et de son petit port.
Ce livre est donc peut-être celui qu'il faut lire, aujourd'hui, lorsque l'on a dévoré avec plaisir les livres sur ce petit coin de côte chargé d'Histoire, lorsque l'on a dévoré "la légende de la Hougue" de G. de Raulin, "quand l'ennemi venait de la mer" d'
Edmond Thin, la monographie historique et sociologique de Joseph Leterrier, et lorsque l'on a traqué dans les oeuvres de
Paul Chack et de Jean de la Varende les détails sur cette fameuse bataille de la Hougue.
Sans oublier bien sûr le récent et magnifique album de bande-dessinée, "
les grandes batailles navales : la Hougue" de
Jean-Yves Delitte ...
Mais il reste un coin d'Histoire à soulever dans ce petit coin entre terre et mer, celle de ses constructeurs, de ses armateurs et capitaines aux longs cours du XIXème siècle, une histoire plus récente mais qui n'en est pourtant pas moins plus oubliée ...
Quel plaisir serait un second tome à venir derrière cette captivante et solide étude du XVIIIème siècle ! ...