AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : SIE281065_998
Gallimard (30/11/-1)
3.44/5   8 notes
Résumé :
Premier cahier de poésie
Que lire après L'âge de craie - Dans les années sordides - HederaVoir plus
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
LE PORT
  
  
  
  
Dites-moi le nom du port
Où vous êtes en souffrance.

Dites-moi le nom du vaisseau
Qui échoua devant un roc
Où quatre maures enchaînés
Sèment aux quatre coins des vents
La haine l'ennui le deuil et le délire.

Riez faites du bruit
Refusez la stupeur de ces places carrées
Vides sauf la statue d’un cheval sous un roi
Qui élève au soleil une épée toute noire
Et l'ombre de la statue
Qui abaisse une ombre d'épée vers des portiques sombres.

Ces maisons de briques sourdes
Éventées par tant de hardes
Ne vous ouvriront pas leurs portes

Où vous frappez violemment
Ni ces clairs palais de marbre
Fendus jusqu'au sol par la foudre
Marqués d'empreintes de mains rouges
Silencieux sous le fouet de midi
Ces caveaux scellés de plomb
Ces pieuses prisons souterraines
Où meurent vos reines.

Quelle que soit cette ville au nom problématique
Ses banlieues sont bornées de fossés et de bourbes
La fièvre et le mirage habitent ces marais.

Suivrez-vous la coureuse que du charbon dépare
Ou pare mieux que l’ocre et que le crayon gras
La sournoise qui fuit sans l'accord d’une œillade
Et que vous poursuivrez jusqu'au bout de ses forces ?

Caresseriez-vous l'enfant sale de suie
Qui va s'étendre entre des poissons morts
Pour être découverte ainsi qu'une Floride
Sur le sable irisé de pétrole et d’ordure
Au bord de l’eau tranquillement corrompue ?

Baiseriez-vous les pieds mortifiés par la route
Impurs mendiants poussiéreux et tendres
Précieux comme la cendre du pavot
Qui sert de passerelle au souverain oubli
Quand il prend le départ avec sa clientèle ?

Vous ne sauriez rien faire qui allège la nuit
Ni qui soulage la désolation
D'une plage veillée
Par les abois des chiens

Et la saison des orages est loin.
Commenter  J’apprécie          70
Morat
[...]
Le chat est sur le toit il regarde le ciel
On croirait à le voir qu'il veut taire une chose
Qu'il connaîtrait et qui serait désespérante.

Vous n'aimiez rien au monde autant qu'un chat rayé
Un chat tigre et très doux qui vous fuit maintenant.

Ce gros chat beige et brun qui ne vient plus manger
Et qui reste étendu dans la neige du faîte
Comme par volonté de mourir avant vous.
Commenter  J’apprécie          230
ÈVE LUCIFUGE


Elle est massivement présente
Elle est la plus vivante et la plus noire
Au milieu de cette foule consumée
Entre tous ces hommes pauvrement recueillis
Ces femmes sauvages ces enfants mornes
Unis à l'ombre d'un théâtre froid
Où ils sont venus voir d'autres hommes
Mourir
D'autres femmes d'autres enfants
Mourir encore.

Ses cheveux ont l'éclat de la peau
Ses yeux brillent comme des scarabées
Ses genoux remuent une lave élémentaire
Qui roule sur la peluche cramoisie
L'or éteint les taches de charbon
Le crin bestial jailli hors du fauteuil
Au contact habituel de ses jambes.

p.74

Commenter  J’apprécie          50
Une station
Tu es liée sur un îlot au milieu de la mer
Un lépreux te nourrit de ses mains pourries
A tes côtés un ours et un cerf sont liés
Tu es liée entre le cerf et l'ours
Et l'ours et le cerf t'ont dit pour te consoler
Que ce n'est là qu'une station.
Commenter  J’apprécie          134
Hedera ou la persistance de l’amour pendant une rêverie
À Meret Oppenheim


Extrait 2

Tu es longue et nue comme une anguille
Tu ris de te connaître belle à l’envers
De frêles feuilles noires qui te ressemblent
Après que l’automne a mouillé leurs flancs
Du frisson de ses pluies sauvages.

Tu chevauches un faisan plus haut que toi
Plus mûr que le velours d’un cèpe, plus roux
Plus fier qu’un éclat doré d’astre mort
S’il tourne le col en t’admirant tu ris
De petits poulains roses courent à tes côtés
Pour mordre ta poitrine quand ils te voient rire.

Tu es nue tu piétines l’abreuvoir
Où tu attires pour paître tes lions
Les tendres laines privées de défenses
Les bêlantes d’avoir une fois suivi
Ton pas sévère et ton parfum de renard gris.

Du milieu des roseaux couverts de sang
Que ton corps pâle et cet arroi muet
Font trembler comme une cape de cygne
Dans le déclin des bûches étincelantes
Grimpe au rivage en s’aidant de ses pinces
Un cerf rouge ou bien le roi des écrevisses
Qui va se mettre à l’orée d’une prairie
Sous le croissant de sa sœur la lune.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de André Pieyre de Mandiargues (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Pieyre de Mandiargues
André Pieyre de MANDIARGUES – Un siècle d'écrivains : L'amateur d'imprudence (DOCUMENTAIRE, 2000) Émission « Un siècle d'écrivains », numéro 249, intitulée « L’amateur d’imprudence », diffusée sur France 3, le 7 décembre 2000, et réalisée par Evelyne Clavaud.
autres livres classés : poésieVoir plus


Lecteurs (26) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}